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16 ans, grosse & moche!
23 septembre 2012

DIMANCHE 23 SEPTEMBRE 18h30 : LIPOSUCCION!

J'ai écrit hier que je trouvais ce nouvel univers supportable. C'est vrai à une exception, l'ambiance à l'école. Je pense que je vis là un nouveau calvaire. Et j'angoisse chaque jour des crasses qu'on pourrait me faire. Les deux pestes sont à mes trousses. Et l'une d'elle habite définitivement dans le quartier, c'est Alyssa.

Hier après le cinéma, j'ai décidé d'aller boire mon coca... non pas chez les voisins, mais au bar du bas, le Rialto. Ambiance confortable et moderne, on est loin du bar à poivrots du coin. Au moins j'étais entourée, et personne ne me regardait d'un air louche. J'étais un numéro, un client parmi tant d'autres. Et moi je décortiquais le monde qui m'entoure. Les patrons du bar se parlent en italien. Il y a un paquet d'habitués. Et j'y ai même vu Alyssa qui avait l'air de se sentir un peu comme chez elle. Ouf elle ne m'a pas remarquée. Je m'étais fait un pari perso : si elle ne me voyait pas, j'allais perdre 5 kilos en un mois. Chic! Puis j'ai croisé un de mes jeunes voisins, il a vu que j'étais seule et m'a demandé pourquoi je ne passerais pas dimanche pour faire connaissance. Il a conclu par : « on ne te mangera pas, moi c'est Marco ».

Je ne me suis pas éternisée, fallait pas tomber sur la reine Alyssa.

Durant la nuit rien à signaler à part mon panneau pharmacie qui clignote dans ma chambre à travers les volets. Et puis mon rêve habituel de famille fantôme. Mais le chien ne me saute pas dessus, il grogne, prêt à attaquer. Je me retrouve dans le couloir de cet appartement, le chien est derrière moi, je tente d'ouvrir chaque porte une à une, j'entends le Vieux qui tape sur son clavier, je lui demande de m'ouvrir, en vain et je finis pas me réfugier dans la chambre sanctuaire, je vais me cacher dans le placard et là j'y trouve la Vieille qui porte le blouson Perfecto. Elle m'éjecte violemment et le chien enragé me bouffe. Et là réveil! En sueur, le cœur en chamade. Et je n'ose pas me lever par crainte de retrouver le couloir. Je préfère garder ma vessie pleine pour la lueur du jour.

Mais c'est cet après-midi que l'événement tant redouté a eu lieu : le coca chez les voisins. Yun So, Marco et Kamil. J'ai jamais eu l'habitude de ces rites sociaux, boire et parler en même temps, et de quoi? Moi je ne sais pas faire la conversation, je n'ai rien à dire et je n'ose rien demander. Ils ont dû me trouver pathétique, vide, et surtout adolescente! Ce sont des adultes, ils ont l'air bien dans leur peau, parlent de sexe, de leur vie d'étudiants, de leur petit boulot. C'est bien au moins je n'avais pas besoin d'imaginer des questions. Je me suis détendue. Mais quand le sujet revenait à moi, je restais très concise.
- YS Tu viens d'où?
- Bah pas d'endroit précis.
- K Tu vas rester longtemps chez eux?
- Bah je sais pas.
- M Ça faisait longtemps qu'ils n'avaient eu personne.
- YS Tu t'entends bien avec eux?
- Moyen, on se parle pas trop.
- K Faut dire qu'ils ne sont pas très bavards.
- YS Et toi non plus visiblement.
- M On doit t'ennuyer avec nos questions?
- Non non.
- K Tu parles! c'est nous qui devons l'ennuyer avec nos histoires!
- Non j'aime bien.
- Qu'est ce qui m'a pris de répondre ça? Un moment de spontanéité, un cri du cœur! Ça les a fait marrer, je pense qu'ils se moquaient un peu.

Un moment étrange en fait qui me faisait du bien, mais qui est resté très superficiel.

Au bout de quelques minutes, ils s'occupaient moins de moi, ça ne me dérangeait pas de les observer sans rien dire, mais je me suis dit que moi je les dérangeais. Alors j'ai prétexté des devoirs. Ils m'ont quand même dit de repasser quand je voulais. En partant, j'ai été très curieuse, je suis restée derrière leur porte :
- K Elle est un peu sauvage
- YS Pas plus que moi
- K Oui mais toi c'est au lit que t'es sauvage (rires de débiles)
- M La pauvre, elle me fait pitié
- YS C'est vrai qu'elle est pas gâtée
- K Oui et de toute façon ça ne pourra pas s'améliorer.

C'en était trop. La vérité ça va un peu, mais vaut mieux rester dans l'ignorance. Évidemment ils sont tellement beaux, qu'ils ne pouvaient que mépriser une grosse et moche comme moi et surtout aussi jeune par rapport à eux. Et surtout quels faux-culs! Ou alors ils disaient vrai, ils m'aiment bien malgré mon extraordinaire mocheté? Et seraient prêts à me revoir? Pour vérifier si je suis encore plus laide avec le temps? Et s'ils avaient raison? Et si mes boutons doublaient, et si mes bourrelets prenaient du volume, si mes cheveux tombaient? Personne ne se bonifie avec le temps, alors quand on part avec un tel handicap, le ravage du temps est peut-être encore plus rapide? Et dans cinq ans je serai affreuse! Chouette, en relatif je suis belle par rapport à ce qui m'attend dans cinq ans. Alors il faut que j'en profite...

Tout ça me donne envie de me cacher sous ma couette. Ou d'attendre qu'une émission de télé vienne me relooker et me transformer physiquement par de nombreuses opérations de chirurgie : une rhinoplastie, une liposuccion de tout le corps, une reconstruction du menton, un changement de couleur des yeux...

Stupide! Ce genre de programme n'existe pas en France. Pas de chance, j'aurais pu être abandonnée aux Etats-Unis et passer dans Relooking Extrême, et ensuite sur W9 en France. Mais pourquoi mes idiots de parents biologiques ne sont pas américains! Mais de quel pays viennent-ils pour m'avoir donné un tel physique?

J'ai la boule au ventre pour l'école, l'étau se resserre. Je suis trop faible, mais surtout j'ai l'AIR trop fragile. Une petite chose à écraser du pied gauche et dont tous les signaux appellent à ça.

La Vieille m'appelle pour dîner, je vais lui vomir son dîner tellement j'ai pas faim! Chouette cette angoisse invivable va me faire maigrir. Il y a toujours du bon dans chaque moment horrible. Ce soir film à la télé si le Vieux veut bien, puis extinction des feux.

Fuck, j'ai oublié de finir ma dissert' sur Candide. Je ne suis qu'une gourde, grosse et moche. Il fait étrangement chaud et moite ce soir. La nuit va être chaude à gratter du papier.

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C
C'est fou comment ce que tu écris et raconte évoque quelque fois ce que j'ai pu vivre. Tu évoques le fait d'avoir l'impression de dérangé. D'aimer qu'on pose de simple question. Depuis le collège j'ai souvent ressentit ça. Mais j'ai appris au fils du temps que c'est lorsque l'on pense qu'on est ennuyeux, qu'on le devient. Ce que l'on pense de nous se retranscrit dans notre façon d'être.
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