DIMANCHE 30 SEPTEMBRE 18h50
Bilan de ces 3 semaines : tout mon bahut me croit lesbienne alors que moi-même je n'en sais rien. J'avais déjà une image de looseuse pas aidée par son physique! Je cumule. En cours, je suis perturbée par ces événements et la concentration est en berne, je vais me planter en beauté si ça continue! Je n'ai pas d'ami(e)s. J'ai au moins 2 ennemies. Ma famille d'accueil est strange et mystérieuse.
L'école est devenue un tel cauchemar que j'attends avec impatience les vacances de la Toussaint. C'est dans quatre semaines. Survivrai-je jusque là?
J'ai décidé de ne pas m'apitoyer sur mon sort. Pas trop.
Samedi j'étais une loque broyée par la méchanceté de l'humanité toute entière. La Vieille avait décidé de faire le ménage dans ma chambre. Je ne pouvais pas me vider de toutes mes larmes tranquille. Je suis donc allée me cacher dans la cage d'escalier, où un des voisins, Marco, m'avait déjà parlée. Et vlan je me suis faite choper par cette hypocrite de Yun So de retour de courses. A trois ils sont partout. Et rien ne l'arrête cette Yun So:
- Mais qu'est-ce qui t'arrive Sarah? Est-ce que c'est ta famille d'accueil qui te fait de la peine comme ça?
- C'est un tout, même vous! (Comprenne qui pourra)
- Qui te donne envie de pleurer?
- Tous des faux-culs! (C'est valable aussi pour toi)
- Bon passe nous voir quand ça ira mieux, c'est sincère. (Pourquoi elle s'acharne?)
Puis j'ai réfléchi : ils peuvent se moquer de mon physique, mais bien m'aimer quand même. On peut détester le physique et aimer l'âme? Boostée par cette attention même hypocrite, je l'ai aidée à monter ses sacs de courses sans lui demander son avis. Elle a souri. Une fois dans l'appartement, j'ai vu qu'elle avait un ordinateur, mes yeux m'ont trahi, YunSo a réagi : « Si tu as besoin de t'en servir et que je ne travaille pas dessus », a-t-elle lancé en désignant la machine du regard.
Là mon sang ne fait qu'un tour. C'est une occasion rêvée, même si mes voisins me cassent par derrière.
Du coup je ne les comprends pas vraiment mes voisins. Que pensent-ils de moi? Ont-ils pitié à ce point là? Peut-être qu'ils m'aiment bien.
La Vieille me cherchait alors partout : elle hurlait mon prénom sur le palier
Et puis un truc dans la conversation m'a fait naître le doute.
- Ils t'en font voir de toutes les couleurs, non?
- Un peu...
- On en parlait tous les trois l'autre jour après ton départ, c'est pas facile de vivre avec eux.
Je n'ai pas répondu mais je voyais très bien à quelle conversation elle pouvait faire allusion. Et je re-cite ici les phrases dont je me souviens :
- Marco : la pauvre, elle me fait pitié
- YS : c'est vrai qu'elle est pas gâtée
- Kamil : oui et de toute façon ça ne pourra pas s'améliorer.
Et si finalement ils parlaient de ma famille d'accueil et pas de mon physique? Ça pourrait se tenir!
C'est un déclic, soudainement j'ai pris conscience que les choses autour de moi avait la couleur que je voulais bien leur donner.
Dimanche j'ai réfléchi toute la journée à mon armure vestimentaire, il manque quelque chose. Je suis allée chercher le blouson dans le placard, discrètement, et j'ai mis les bottes. Je me suis admirée dans le miroir. Il faut un truc un plus. Un petit gilet gris, une jupette colorée? Mais comment je vais trouver ça? Sans un rond en poche?