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16 ans, grosse & moche!
30 septembre 2012

DIMANCHE 30 SEPTEMBRE 21h25

Soirée houleuse. La Vieille et le Vieux se sont encore engueulés à propos du blouson. J'ai cru entendre que ça lui faisait trop de mal, que ça remuait des souvenirs douloureux et qu'elle ne pouvait pas autoriser ça. Et il jette de l'huile sur le feu, ce blouson est devenu son arme pour la provoquer. Soit ils s'indiffèrent l'un l'autre, soit ils se détestent. Belle image du couple. C'est vraiment un concept bidon qui ne sert à rien.

Je sors de l'appartement pour me promener dehors quelques minutes avec mon cahier. Et je tombe sur l'horrible Alyssa qui arrive au coin de la rue. J'ai l'impression qu'elle ne me voit pas, je prends la fuite! C'est peut-être grâce à mes godasses de compétition! Qu'est ce que ça va être avec le blouson!

Et sur le retour, Yun So qui descend les poubelles dans le local et qui peste contre ses coloc' qui ne font rien. Et elle tilte sur mes shoes!!! Et elle m'annonce qu'elle a quelque chose pour moi...

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30 septembre 2012

DIMANCHE 30 SEPTEMBRE 18h50

Bilan de ces 3 semaines : tout mon bahut me croit lesbienne alors que moi-même je n'en sais rien. J'avais déjà une image de looseuse pas aidée par son physique! Je cumule. En cours, je suis perturbée par ces événements et la concentration est en berne, je vais me planter en beauté si ça continue! Je n'ai pas d'ami(e)s. J'ai au moins 2 ennemies. Ma famille d'accueil est strange et mystérieuse.

L'école est devenue un tel cauchemar que j'attends avec impatience les vacances de la Toussaint. C'est dans quatre semaines. Survivrai-je jusque là?

J'ai décidé de ne pas m'apitoyer sur mon sort. Pas trop.

Samedi j'étais une loque broyée par la méchanceté de l'humanité toute entière. La Vieille avait décidé de faire le ménage dans ma chambre. Je ne pouvais pas me vider de toutes mes larmes tranquille. Je suis donc allée me cacher dans la cage d'escalier, où un des voisins, Marco, m'avait déjà parlée. Et vlan je me suis faite choper par cette hypocrite de Yun So de retour de courses. A trois ils sont partout. Et rien ne l'arrête cette Yun So:
- Mais qu'est-ce qui t'arrive Sarah? Est-ce que c'est ta famille d'accueil qui te fait de la peine comme ça?
- C'est un tout, même vous! (Comprenne qui pourra)
- Qui te donne envie de pleurer?
- Tous des faux-culs! (C'est valable aussi pour toi)
- Bon passe nous voir quand ça ira mieux, c'est sincère. (Pourquoi elle s'acharne?)

Puis j'ai réfléchi : ils peuvent se moquer de mon physique, mais bien m'aimer quand même. On peut détester le physique et aimer l'âme? Boostée par cette attention même hypocrite, je l'ai aidée à monter ses sacs de courses sans lui demander son avis. Elle a souri. Une fois dans l'appartement, j'ai vu qu'elle avait un ordinateur, mes yeux m'ont trahi, YunSo a réagi : « Si tu as besoin de t'en servir et que je ne travaille pas dessus », a-t-elle lancé en désignant la machine du regard.

Là mon sang ne fait qu'un tour. C'est une occasion rêvée, même si mes voisins me cassent par derrière.

Du coup je ne les comprends pas vraiment mes voisins. Que pensent-ils de moi? Ont-ils pitié à ce point là? Peut-être qu'ils m'aiment bien.

La Vieille me cherchait alors partout : elle hurlait mon prénom sur le palier

Et puis un truc dans la conversation m'a fait naître le doute.
- Ils t'en font voir de toutes les couleurs, non?
- Un peu...
- On en parlait tous les trois l'autre jour après ton départ, c'est pas facile de vivre avec eux.

Je n'ai pas répondu mais je voyais très bien à quelle conversation elle pouvait faire allusion. Et je re-cite ici les phrases dont je me souviens :
- Marco : la pauvre, elle me fait pitié
- YS : c'est vrai qu'elle est pas gâtée
- Kamil : oui et de toute façon ça ne pourra pas s'améliorer.

Et si finalement ils parlaient de ma famille d'accueil et pas de mon physique? Ça pourrait se tenir!

C'est un déclic, soudainement j'ai pris conscience que les choses autour de moi avait la couleur que je voulais bien leur donner.

Dimanche j'ai réfléchi toute la journée à mon armure vestimentaire, il manque quelque chose. Je suis allée chercher le blouson dans le placard, discrètement, et j'ai mis les bottes. Je me suis admirée dans le miroir. Il faut un truc un plus. Un petit gilet gris, une jupette colorée? Mais comment je vais trouver ça? Sans un rond en poche?

28 septembre 2012

VENDREDI 28 SEPTEMBRE 19h : AU FOND DU FOND

Un calvaire que cette fin de journée. Je suis lessivée. Les deux pestes m'ont sauté dessus dès la pause en m'insultant : « garce, mammifère marin, veau ». Tout y est passé. Le mec d'Alyssa qui m'avait balancé de la purée à la cantine est intervenu pour les calmer et leur demander de passer à autre chose.

Puis à la cantine, Ashley a renversé mon plateau volontairement. Tandis que l'autre fouillait dans mon sac à la recherche de mon cahier-blog. Elle a vidé mon sac par terre. Deux harpies en furie. Mais elles ont fait chou gras!

Heureusement que j'avais eu la bonne idée de le cacher aux toilettes, dans la cuve, enrobé dans un sac plastique.

Le Monstre qui fermait sa caisse a vu la scène. Elle est venue m'aider à ramasser mes affaires. Je l'ai remercié. Puis je me suis enfuie dans la honte d'être devenue une telle victime. Une pauvre merde donnée en pâture à deux sorcières en rut.

La pression retombe et je n'arrête pas de pleurer. Mon corps se vide de tout son liquide, je me dessèche comme un désert. Dans quelques heures je ne serai plus que du sable. Ces deux pestes ont sucé toute ma sensibilité, toute mon humanité.

Et en plus Alyssa me poursuit : dans la rue je la vois, elle continue d'être énervée, et son mec lui roule un patin mouillé pour tenter de la calmer. Si elle découvre que j'habite ici, ça va être l'enfer, je n'aurai plus qu'à faire mon baluchon.

Si quelque part un ange gardien, un dieu existe pour moi, qu'il m'aide à affronter cette guerre des nerfs! Dois-je être offensive? Ou me cacher le temps que la tempête s'estompe?

A quoi bon écrire si ça se retourne si terriblement contre moi? Mes mécanismes de défense deviennent des armes contre moi.

Mais pourquoi je ne suis pas une fille comme tout le monde ? Avec des parents et un foyer bien à moi? Un physique sympa qui pourrait s'améliorer avec le temps, et qui ne générerait aucun commentaire. Qu'il est dur d'être grosse et moche à 16 ans...

S'il vous plaît, transportez-moi ailleurs, une autre galaxie, un univers lointain... je n'appartiens pas à cette planète...

La Vieille vient de hurler ! « A taaaaaaaaaaaaaaable! » puis elle a ajouté : « ras le bol de cuisiner pour des ingrats comme vous ».

28 septembre 2012

VENDREDI 28 SEPTEMBRE 11h15 : DES TRACES

J'écris en classe, c'est vital.

Quand je suis arrivée dans la salle ce matin, Ashley montrait un truc sur son téléphone portable à d'autres filles qui gloussaient au bout de quelques secondes. C'est sûr, elle montre mon chef d'œuvre dramatique d'hier soir. Je suis la risée c'est définitif. Même mon voisin David me regarde avec dédain. J'ai l'impression qu'il me méprise lui aussi.

Un mot vient juste d'arriver sur ma table : « keske t'écris encore? Tes malheurs? Pov sara! ». Puis un deuxième : « j'aimerais lire ta dissert', c'est sur ta vie? Tu parles de nous ?». Là j'ai renvoyé ma réponse par derrière « Tu pe crever ».
Réponse instantanée : « Dis le que tm alyssa! Chaudasse ». Ma réaction manuscrite : « bande de tarées décérébrées » avec un petit dessin d'une tête et une cervelle qui fuit.
Et là les pestes ont vociféré : « mais pour qui elle se prend celle-là? Comment qu'elle nous traite! La pourriture ».
Ce bruissement a réveillé le prof de sa torpeur monotone. Il s'est levé, est venu voir les deux pestes, est tombé sur le mot. J'ai rougi de terreur. Il a commencé à lire le mot à voix basse avant de de se taire, il a eu une réaction de désespoir : « Ça vole haut par ici, allez les deux filles, deux heures de colle»

Silence de Alyssa, réaction débile de Ashley :
- Putain, c'est pas juste monsieur. C'est la fille devant qui a écrit le mot
- Je veux pas le savoir, c'est vous qui m'avez dérangé, assène le prof
- Mais dis le toi devant!

Évidemment j'ai fait la morte innocente. Et le prof, exaspéré lui a donné une heure de colle supplémentaire! Alyssa a ordonné à Ashley de la fermer.

Ça sonne, j'ai peur des représailles.

27 septembre 2012

JEUDI 27 SEPTEMBRE 21h : COUP DE MASSUE

J'espère que jamais personne ne lira ce que je vais retranscrire ici.

Finalement sur un coup de tête j'y suis allée, je suis arrivée avec cinq minutes de retard. J'ai fait semblant d'aller aux toilettes. Il n'y avait personne mais une porte était fermée. Je me suis enfermée dans les toilettes d'à côté puis j'ai attendu. Quelques filles ont passées puis reparties. Je me suis décidée à abandonner : soit elle était venue et n'avait pas attendu ou pire avait jeté l'éponge. C'était trop beau. Mais je me sentais aussi soulagée.

En sortant je me suis mise de l'eau sur la figure, j'ai entendu un bruit dans le couloir. Puis un chuchotement venant de la porte fermée : « c'est toi? Tu es là? »

Je me suis demandé si j'allais répondre ou m'enfuir, cette situation me paraissant être le comble du chelou.

Mais elle insistait :
- T'en va pas! J'ai besoin qu'on parle
- Tu es sûre que c'est à moi que tu veux parler? jouant l'incrédule
- Oui on avait rendez-vous, mais j'ai peur de me montrer...
- Pourquoi tu as peur?
- Je suis vraiment moche, et toi tu es très belle
- Hein, moi? Mais personne n'est plus moche que moi!
- J'entends des sanglots qui pourraient ressembler à des rires.
- Tu pleures?
- Oui je suis triste moi aussi et toi seule peux me comprendre!
- Qu'est-ce qui va pas?
- Je suis malheureuse, je suis amoureuse et j'ai peur que ce soit pas réciproque.
- Mais tu as l'air géniale...
- Tu penses que quelqu'un peut m'aimer? Demande-t-elle naïvement.
- Je penses que tu es belle intérieurement.
- C'est vrai tu le penses vraiment?
- Je le sens...
- Est-ce que toi tu pourrais m'aimer?
- Je te connais pas...
- Si! tu me regardes tout le temps...
- Non je...
- Je t'excite? Tu me désires?
- Hein? Mais tu m'as lue non? Et ça t'a plu...
- J'ai adoré tes mots d'amour
- C'était pas des mots d'amour mais c'était sincère
- Tu m'aimes, avoue-le! Insiste-t-elle avec un ton agressif.
-Tu es bizarre, montre-toi s'il te plaît
- Dis-moi que tu m'aimes ou on se parlera plus jamais et tu ne sauras jamais qui je suis!
- Mais..mais oui...je t'aime ... mais comme une amie virtuelle
- A nouveau des sanglots douteux sortent des WC. Et je commence à paniquer :
- Sors de là s'il te plaît, tu me fais peur

Et là la porte s'ouvre violemment. C'est une vision d'horreur qui s'offre à moi. Derrière la porte se cache... Alyssa!!!!!
- Mais c'est pas toi? Non c'est pas possible! dis-je complètement abasourdie de la supercherie
- Si c'est moi, gourdasse...
- Non c'est pas toi qui a lu mon journal...
- Mais de quoi tu parles... Fleur999 ça te dit quelque chose?
A ce moment là, j'entends des gloussements sur ma gauche et j'aperçois la présence d'Ashley qui filme tout avec son téléphone, cachée dans un recoin. Celle-ci a dû entrer dans la pièce au cours de la conversation sans que j'y prête attention. J'étais trop absorbée par ce moment intense et bizarre. Les deux rient comme des démons et je vis un cauchemar. Je mets ma main sur la bouche pour masquer les tremblements, les larmes me montent. Et tout s'éclaircit!

- Ça te plait qu'une fille te drague?
- Tu les mates toutes! renchérit Ashley.
- Mais qu'est ce que ça veut dire? réponds-je dans un dernier élan d'incompréhension
- T'es vraiment naïve! sort l'une des pestes.
- Mais pourquoi?
- Parce que c'est drôle! Et qu'on n'aime pas ton regard lubrique de lesbienne ! sort l'autre peste.
- et qu'on s'est fait punir par la prof de sport à cause de toi! Conclut Alyssa

Je suis figée par la honte, par tant de méchanceté gratuite envers moi. Mais une dernière menace vient semer le doute :
- Donne-nous ton cahier de l'autre jour, on aimerait bien le lire...

Et là je m'enfuis en courant. Je comprends que Fleur999 est un piège grossier. Cette copine potentielle n'existe pas, elle n'est que dans mes rêves, et ces deux pestes ont créé un leurre. Mais dans quel but? S'amuser tout simplement? Et se venger d'une broutille en cours de sport? Et pourquoi me demandent-elles mon cahier si elles l'ont lu? Pourquoi l'ont-elles ramené au secrétariat ?

Et je comprends enfin un truc. Tous ces regards méfiants en sport, toutes ces allusions étranges, le mot balancé en classe à David ramènent à mon orientation sexuelle qu'elles pensent avoir décodée. Mais ont-elle raison? Je n'en sais rien : ni les garçons ni les filles ne m'attirent. Je ne suis ni hétéro, ni homo, je ne suis rien pour le moment. Mais même si elles avaient mis le doigt sur une vérité, ce n'est pas ça qui me fait honte.

J'ai honte d'y avoir cru, d'avoir pensé un instant trouver une amie, quelqu'un comme moi. Mais non, personne n'a lu mon journal à part elles deux, et elles ont monté tout ce stratagème par pur plaisir sadique, puis le cour de sport a tout accéléré. Il vaut mieux que la déception arrive maintenant plutôt que dans un mois.

Mais le pire est qu'elles ont tout filmé. Ça y est c'est officiel je suis un bouc émissaire. Qui va faire le buzz.

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27 septembre 2012

JEUDI 27 SEPTEMBRE 13h20 : IRA, IRA PAS

Je ne sais toujours pas si je vais aller à ce rendez-vous incongru entre deux moches et grosses. Je préférerais rester dans l'ombre. Et ce dilemme me coupe encore une fois l'appétit. Le monstre, encore punie, m'a vu songeuse et est venue vers moi : « tu vas pas encore tout jeter, qu'est ce qui t'arrive? ». Puis elle est partie nettoyer des tables.

C'est bizarre, c'est comme si elle m'avait repérée. Elle a l'air de se souvenir que je bouffe comme quatre le midi et surtout que je ne mange plus rien depuis deux jours. D'habitude personne ne fait attention à moi. Elle ne doit avoir que ça à faire, de contrôler les assiettes. Tellement elle s'ennuie dans sa punition. Vivement qu'elle retourne à la caisse! Oups non ça c'est pas une bonne idée.

Non je pense que je vais pas y aller. Je ne sens pas tout ça. Trop mal à l'aise.

26 septembre 2012

MERCREDI 26 SEPTEMBRE 18h : TCHAT...

J'ai à la fois peur et je suis excitée aussi. Mes échanges avec mon double anonyme avancent plus vite que prévu. En effet les ordinateurs n'étaient pas surveillés aujourd'hui, le pion habituel étant réquisitionné pour un DS des Terminales. Et la fille me répondait en direct, ça veut dire qu'elle a un smartphone :
- keski va pas? Je pe t édé? disait son message laissé hier soir
- les gens sont cruels

Quelques minutes après commençait un premier échange live :
- Je suis avec toi, dis moi tout
- C'est mon destin
- On peut toujours changer son destin, qui te fait du mal?
- Des pestes de ma classe
- J'aimerais te consoler
- Koman?
- Devine
- Je sé pas
- Ça te plairait?
- De koi?
- Qu'on se rencontre.
- Tu m'as pas dit qui tu étais.
- Je croyais que tu savais, le regard ne trompe pas.
- Désolée, je suis pas sûre
- Un endroit discret?
- Pourkoi tu t'intéresses à moi?
- Je suis comme toi, les mêmes envies, les mêmes problèmes, c'est dur à vivre.
- Je te cherche partout.
- Moi osi je t'ai lontam cherchée.
- Ah bon?
- Demain aux wc des filles à 17h. Viens sans fot.
- Suis pas sûre.
- Si tu viens pas je veux plus te parler!
- Koi? Ultimatum?
- Koi? Cé koi? Dois y aller. Mille baisers »

Han mon dieu des paroles gentilles. Ça me donne des frissons. Mais je ne suis pas sûre d'oser y aller. Je vais pas en dormir de la nuit. C'est bizarre, ça fait rendez-vous secret, presque amoureux! Mais sur qui je vais tomber??? J'espère qu'elle sera sensible comme moi. Peut-être qu'on pourra devenir amie et chatter toute la journée??? Ça serait super. Mais elle me paraît bizarre, elle fait des mystères comme si ça lui plaisait, comme une sorte de jeu. J'espère qu'elle ne joue pas avec moi. En tout cas elle aime écrire en langage SMS donc fo kje fas paraye!

25 septembre 2012

MARDI 25 SEPTEMBRE 17h : ROULADE AVANT!

Je suis partie avant la fin. Aux vestiaires, toutes les filles m'évitent comme une pestiférée et complotent contre moi.

Pas de volley aujourd'hui, c'était endurance puis gymnastique. Et là ça fait moins le malin. Je traîne en endurance, mais il y a des filles qui sont pires que moi, et même des types. Et ça se plaint, ça trouve toutes les excuses possibles et imaginables pour ralentir. Certains qui faisaient le coq en volley n'en mènent pas large sur l'épreuve. Et la prof m'a fait un « bien, continue ». Et rien que ce minuscule encouragement au détriment d'autres (« Alyssa, Ashley, on se croirait dans un troupeau de vaches qui regardent les trains passer ») a généré une incroyable rancœur contre moi comme si c'était la pire insulte du siècle.

Une fille qui traîne avec mes deux pestes est même venue me demander si « la prof me plaisait ». Qu'est-ce qu'elle sous-entend?

Une fois en gym (roulade avant, roulade arrière, poirier), les choses se sont gâtées. La prof m'a demandé d'ajouter un peu de grâce dans mes mouvements. Et ça a dégénéré : « elle peut pas madame », « c'est dans sa nature madame ». Voilà une discipline qu'ils détestent tous, et ils ont besoin de se défouler. Puis à un moment que la prof avait le dos tourné et que je tentais de faire une roulade arrière gracieuse dans mon coin, Alyssa m'a attrapé les pieds et m'a fait rouler à l'avant. De l'autre côté, Ashley m'attendait pour saisir mes pieds et me renvoyer en arrière. Je me suis transformée en leur « chose » qu'elles se balançaient de l'une à l'autre en riant à gorge déployée. Et je n'arrivais pas à contrôler mon mouvement, la force de mon poids ne m'appartenant plus. J'aurais dû mieux suivre les cours sur la force mécanique l'année dernière.

A force de rouler-bouler, j'ai eu des nausées très audibles par tout le monde : un gros beuhhh. Et la prof a sévi sur les deux sorcières car elle avait assisté à la fin de la scène : « Dis donc les Miss fashion, ça va se finir en tour de gymnase. Au trot! Et en heure de colle aussi! ». Et là Ashley a craché son venin : « tu pouvais pas être plus discrète, tu vas nous le payer »

Je me suis relevée, la tête dans une machine à laver. Je titubais, et tout le monde riait. Et j'ai sorti un gros « connasse » en direction des pestes. Et la prof m'a envoyée aux vestiaires en me disant qu'on ne parlait pas comme ça dans son cours.

Juste avant de partir, je suis allée vérifier ma boîte, pas de réponse. J'ai renvoyé un mail un peu désespéré : « bad day, réponds moi vite! » Là j'ai quitté l'école, je déambule dans ma rue comme un fantôme sans âme en me disant que j'aimerais être à la place de tous ces gens, n'importe lequel : la boulangère, le marchand de tapis, l'herboriste, qui vivent leur vie avec bonheur.

Dans le hall d'entrée de mon immeuble très calme, je me suis effondrée dans l'escalier. Et un de mes voisins est tombé sur moi. Pas le moment.
« Ben qu'est ce qui t'arrive? J'espère que c'est pas les Vieux qui te font des misères, ils peuvent être très durs. Viens nous voir si ça va pas avec eux. »

Je me suis calmée en pensant aux Vieux. Pourquoi les jeunes voisins et eux se détestent-ils? Pourquoi les premiers sont-ils si gentils avec moi en façade avant de me descendre par derrière?

Je vais lire, j'ai tellement de trucs à lire. Je l'ai voulu, je suis en 1ère L. Faut dire que le reste ne m'intéressait pas beaucoup non plus : la physique, la chimie, les maths, les SVT. Écrire est ma bouée.

Ce soir mon cœur balance entre le Mentalist et le Mistral. Ben je vais aller m'aérer au Mistral, le Mentalist ils rediffuseront bien les épisodes dans 3 mois ou l'année prochaine.

25 septembre 2012

MARDI 25 SEPTEMBRE 13h15 : LE MONSTRE

Je n'ai rien mangé, ce sport me coupe l'appétit. Je vais être humiliée, comme d'habitude. Un tas de graisse qu'on se renvoie comme la peste. J'ai envoyé mon message et j'ai mis « bisou » à la fin sur un coup de tête. Avec ça elle ne va jamais me répondre : « bisou », c'est trop niais.

Quand j'ai mis mon plateau, le Monstre de la caisse, qui était punie au décrassage des tables aujourd'hui, m'a lancé une vanne : « sert à rien de prendre à manger pour tout jeter, quand on pense à tous ces petits Africains qui crèvent la dalle »
De quoi je me mêle? Franchement ! C'est sûr que elle, vu son gabarit, elle ne doit rien jeter! Peut-être qu'elle finit tous les restes de la cantine. La grosse vache!
Tout le monde la déteste en fait et se fout de sa gueule par derrière, mais c'est de sa faute puisqu'elle agresse tout le monde sans ménagement.
Moi tout le monde se fout de moi, mais je ne suis pas responsable, je n'ai rien fait... et si finalement j'étais responsable de la façon dont on me traite?

24 septembre 2012

LUNDI 24 SEPTEMBRE 17h30 : L'INCONNUE

J'ai eu une réponse à mon mail! Quelle histoire! C'est palpitant! J'ai peut-être quelque part une amie potentielle qui se reconnaît dans mon horrible physique et dans les quelques lignes de mon âme qu'elle a pu lire?

« Coucou contente que tu me répondes. Je crois que nous sommes connectées. J'ai croisé ton regard plein de fois et je pense que tu as compris. »

Mais ça veut dire qu'elle fait partie de mes pistes? Si je l'ai regardée avec insistance à ce point. Et pourtant, je me creuse le cerveau et la mémoire, rien ne me revient. Aucun coup d'œil de complicité entre 2 grosses et moches. Faut dire que je me sens seule sur le créneau! Je deviens parano. Et si elle n'était que grosse et superbe, ou bien moche et très maigre. Et qu'ai-je fait avec mes yeux pour qu'elle me repère? Cette histoire me rend hystérique et ça se voit. Ashley m'a fait une remarque avec un œil pervers: « Dis donc toi la nouvelle t'as l'air heureuse! Ça te ressemble pas. Qu'est-ce que tu caches? ». Évidemment je l'ai ignorée en lui jetant des éclairs. « Ouh j'ai peur » a-t-elle conclu, ironiquement avant de prendre la poudre d'escampette.

Ben oui ça me fait quelque chose qu'une personne quelque part se retrouve en moi et ce que j'ai écrit. Ça signifie qu'elle n'a pas trouvé mes mots idiots, ridicules. Ça m'encourage à continuer à me confier à ce bout de papier. Mais ai-je vraiment envie de partager mon âme avec quelqu'un qui me connait physiquement et qui pourrait mettre la piste de toute l'école sur moi? C'est trop personnel et surtout qu'en penseraient Ashley et Alyssa?

Je n'ai pas eu le temps de répondre à ce mail, car le pion informatique est toujours sur notre dos et qu'on doit pouvoir justifier que notre accès est pour un cours. Il faut que je réfléchisse à une réponse intelligente et concise. Et c'est pas mon fort.

Je suis tombée sur Yun So dans la rue, elle m'a gentiment parlé. Mais quelle hypocrite après tout ce qu'ils ont balancé sur moi après mon départ. Et ben moi aussi j'ai fait mon hypocrite, je lui ai fait un sourire niais. Et ça l'a mise mal à l'aise. Elle a dû voir que je me foutais de sa gueule. Même hypocrite je ne sais pas faire. Mais je veux pas revoir ces petits cons. Je ne pensais pas que j'allais être déçue à ce point. Pourtant je n'en attendais rien mais en partageant ce soda avec eux, j'y ai cru pendant quelques secondes. Je dois comprendre une bonne fois pour toutes que je ne suis pas faite pour avoir des amis.

Ma réponse va prendre cette forme-là : « Fais moi un signe, je suis perdue. Sommes-nous pareilles? Tu es sûre? »

Nouveau cours de sport demain, j'angoisse.

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