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16 ans, grosse & moche!
30 octobre 2012

MARDI 30 OCTOBRE 18h20 : FONDATIONS

J'étais dans une famille d'accueil habituée à l'exercice. Une usine d'accueil! Les parents avaient des grands enfants qui avaient quitté récemment le foyer. Restait leur benjamine âgée de 9 ans. La petite fille était belle, craquante, intelligente, vive. Et tout le monde s'extasiait devant elle, la petite Céliane. Une petite star bien dans sa peau.

Il y avait une autre pièce rapportée avec moi. Un ado de 16 ans nommé Rémy, qui partageait avec moi le statut de figurant dans ce foyer rythmé par la Céliane. Rémy était plutôt réservé et hyper mal à l'aise en public. Un peu comme moi. Mais c'est tout ce que nous avions en commun. Il adorait le sport à la télé, la F1, les scooters, des trucs de mec hyper cliché! Et moi, même si je ne suis pas un exemple de féminité, j'ai horreur de tous ces codes virils où on ne parle que de mécanique, de cylindrées et de transfert de joueur de foot décérébré. Bref un fossé. Et puis je suis un peu autiste naturellement.

Céliane, la gamine girly complètement orientée par la télé était obsédée par les « amoureux ». Et malheureusement elle s'est réveillé un beau matin avec l'envie de nous caser ensemble Rémy et moi. Un petit cupidon bienveillant? Mmmh plutôt une petite peste lourdingue qui se fait passer pour un ange.

Nous marier est devenu son petit jeu préféré avec le temps. Une situation inédite pour moi : une petite fille de 9 ans prenait le pouvoir sur moi! Un harcèlement de mineure à mineure avec la bénédiction gâteuse des parents en admiration devant tant de « bonne volonté ». « Plus tard je serai marieuse » : voilà qui générait un tonnerre d'applaudissements.

Elle nous enfermait lui et moi dans une pièce pendant une heure en espérant qu'il se passe quelque chose. Elle insistait lourdement pendant les repas et sans se lasser. Et un jour elle a dépassé les limites : elle a ouvert la porte de ma chambre pile au moment au j'étais en train de me changer et cette petite peste tenait Rémy par la main. Les deux m'ont vu en culotte et le haut tout nu. Rémy est devenu tout rouge et elle a gloussé!

Cachée par un T-shirt saisi en catastrophe, je me suis précipitée vers elle en lui hurlant dessus. Au début elle faisait la fière impassible et muette, réfugiée dans un sourire malicieux, presque pervers. Rémy, sentant la situation dégénérer a pris la poudre d'escampette. La petite m'a sorti alors innocemment :
- Je voulais qu'il te voie toute nue
- Tu m'espionnes?
- Ben par le trou de la serrure, c'est facile! assura-t-elle se croyant plus intelligente que tout le monde
- Tu veux une claque?
- Essaie pour voir!

Et là, ce fut plus fort que moi, je l'ai poussée sans la gifler. Un compromis entre la colère et la raison.

Céliane s'est mise à pleurer en hurlant et quand sa mère est arrivée, Céliane a mis sa main sur sa joue en frottant fort. Sa mère n'a même pas eu besoin de lui demander ce qui s'est passé et s'est jetée sur moi :
- T'as pas honte de frapper une gentille petite fille sans défense? Elle veut que ton bien et toi tu la bats?
- Mais enfin j'aurais jamais fait ça...

La petite fille avait tellement frotté sa joue, que la preuve était bien là... Ma vie dans la famille n'a pas duré très longtemps après ça. Et j'ai été cataloguée « fille violente ».

Un peu de foyer et une nouvelle famille marquée par l'autorité et la discipline. J'ai découvert l'angoisse, l'anxiété au quotidien, la boule au ventre qui ronge l'énergie du matin au soir.

Le père était d'une sévérité incroyable : son physique en imposait, sa voix résonnait, et je sentais la violence dans ses gestes rapides quand il s'énervait contre une table, une chaise, le canapé et parfois contre sa femme. Je le sentais sur le fil du rasoir sans avoir jamais rien vu de réel, de physique. Ses jumeaux et sa femme ne mouftaient pas! La peur commençait à m'empoisonner à tel point que je préférais être à l'école. Une peur toxique dans l'attente d'un événement dramatique imminent.

Un jour il m'a demandé de babysitter les jumeaux tout un samedi après-midi lors d'une absence avec sa femme. Une fois partie, les monstres de 11 ans se sont déchaînés : c'était un espace rare de liberté dans une vie étouffante. Évidemment je n'avais aucune autorité sur eux d'autant plus que je vivais la même chose : une envie folle de me lâcher!

Pendant que les gamins jouaient au ballon dehors dans la boue puis dans la maison, les pieds crottés partout, je me goinfrais devant la TV, dévalisais le frigo, dansais sur la musique comme une petite folle déchaînée et sans aucune conscience du résultat de ce lâcher-prise.

3 heures plus tard, la maison était ravagée : moi je m'étais occupée du frigo, de la cuisine et du canapé, les jumeaux du reste de la maison... Et j'avais testé du sirop pour dormir offert par les garçons, mmmh sucré et planant... autant dire que j'étais pas fraîche.

Jusqu'à ce que ça sente la fumée de cigarettes, puis le brûlé... j'ai alors remarqué de la fumée venant des chambres. Je suis allée voir, j'ai croisé les jumeaux qui sortaient de la chambre des parents, tout honteux. J'ai jeté un œil... le cauchemar : une poubelle en feu était en train d'embraser les rideaux!

J'ai fermé la porte. J'ai pris les gosses par la main et je les ai fichus dehors avant de me rendre chez la voisine pour appeler les pompiers en pleurs.

15 mn plus tard, les pompiers débarquaient, défonçaient la porte de la chambre pour découvrir que les rideaux avaient flambé sans autre dégâts. Et bien sûr les parents sont rentrés plus tôt pile au moment du départ des pompiers. Les parents ont serré leurs jumeaux tendrement sans même faire attention à moi. Cette trêve dura quelques secondes avant que le père sévisse...

Il m'a hurlé dessus prétextant que j'étais presque une adulte par rapport à eux et que j'étais dans tous les cas seule responsable. Puis il a voulu connaître le fin mot de l'histoire en nous réunissant de force sur le canapé enduit de chips. Je ne suis pas du genre à la délation mais face à un tel ogre, je n'ai pas traîné à balancer :
- C'est les jumeaux ils ont foutu le feu dans votre chambre.
- Non c'est pas vrai, elle ment! répondit illico un des deux.
- Elle a fumé une de tes cigarettes... , répondit l'autre du tac au tac.
- Avant de la jeter dans la poubelle qui a pris feu!
- Han les menteurs! trouvai-je lamentablement comme argument.

Face à ce foutoir, il a monté en pression, encouragé pour une fois par sa femme. Il nous regardait tour à tour furieux, puis a levé la main prêt à nous gifler à tour de rôle. Il a fait mine de battre un des jumeaux qui s'est recroquevillé, puis s'est rapproché de moi et a amplifié son geste. La gifle est partie mais je me suis jetée en arrière dans un élan de survie. Puis j'ai fui dans ma chambre en sanglotant de peur. Cette violence faisait écho à quelque chose d'indicible, de flou, de traumatisant.

Le père tenta d'ouvrir la porte mais je l'avais fermée à clé. A l'époque je disposais d'un petit téléphone portable offert par la famille. Ça ne pouvait plus durer, j'ai appelé Rondin en urgence en lui demandant de me sortir de là. Le père qui continuait à s'acharner sur la porte entendit la conversation et finit par abandonner.

Quand Rondin est arrivée, j'étais prostrée. Je n'osais même pas ouvrir la porte. Après un quart d'heure, je me résignai tremblante à affronter le monde. Je me suis jetée dans ses bras, et elle a compris que quelque chose n'allait pas.

La mère caressait le visage de ses fils et me foudroyait du regard au loin. Et le père rejetait toute la faute sur moi : « elle a fumé, elle a mis le feu, c'est une pyromane! ». La mère ajoutant : « on ne s'est absenté qu'une heure »

En partant je leur ai hurlé à la figure entre deux sanglots : « vous savez que j'ai rien fait à part mettre des chips sur le canapé! J'ai rien fait. Je fume pas, c'est vos fils là que vous terrifiez à longueur de journée qui ont besoin de se défouler »

Heureusement que Rondin était là, je me sentais protégée et libre de parler pour la première fois. Ma valise était faite, 5 minutes plus tard je quittais cet enfer pour de bon. C'était en décembre 2011... il y a moins d'un an.

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Commentaires
C
Encore un souvenir qui m’interpelle. Une impression de déjà vue. En fait, mes parents ont longtemps étaient famille d'accueil. Il y a eu deux enfants qui sont venus habité avec nous successivement. 3 ans chacun environ. Le premier était un garçon. Très gentil et intelligent, mais très turbulent. Une fois, on était aller chez une cousine à ma mère qui avait des enfants en bas âge. Il avait piqué une cigarette et l'avait allumé. Puis il l'avait jeter derrière le canapé. (ou peut être était elle tombé. On a jamais vraiment sût les circonstance) J'étais plutôt petite à cette époque. Peut être 7 ans et lui 9 ans. Mais ça m'avait marqué. Les adultes disaient que ça sentait le brulé. Ils étaient tous paniqué. Finalement ils ont retrouvé l'objet du délit et se sont retourné forcément contre lui. Moi j'avais peur du feu. Mon frère était trop petit et les deux autres filles encore plus petite. Il ne voulait pas avouer que c'était lui. Mon père s'est mis dans la pièce d'à côté et il a discuté calmement avec lui pendant une éternité pour le faire avouer, tendis que les adultes n'arrêtais pas de faire des commentaire sur cet incidents. Ils nous racontait combien un feu peu aller très vite et tous nous tuer. (Ca m'a tellement marqué que j'ai l'impression d'avoir la conversation encore dans la tête. Tout ça pour un petit mégot :/) Le problème avec ce genre d'incident, c'est que ça fait tellement flipper les adultes qu'ils en deviennent fou sur les bords. Et nous les enfants, nous n'avons pas autant conscience du danger et leur réaction nous semblent absolument démesuré. C'est injuste pour les enfants, mais en même temps, compréhensible pour les adultes. <br /> <br /> Bon je raconte un peu ma vie là alors que c'est ton blog lol. Je vais m'arrêté là! Je vais pas trop oser commenter ton histoire à toi. C'est très personnel. Cela a du être terrifiant. Si moi cela m'avait déjà marqué alors qu'on ne m'avait pas accusé, que les adultes avait tout prit en charge et qu'il n'y avait même pas eu de feu, toi je n'ose même pas imaginé ta peur face à tout cela.
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