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16 ans, grosse & moche!
5 octobre 2012

VENDREDI 5 OCTOBRE 2012 19h25 : EXAMEN ET PEAU DE BANANE!

Je ne sentais pas bien cette journée quand je me suis réveillée. Une semaine trop calme à l'école, Rondin en fin de journée prévue à 17h30. Effectivement je dois toujours me fier à mon intuition.

Je suis arrivée en retard au lycée, je me suis donc précipitée sur ma chaise sous les ricanements habituels. Deux heures plus tard, envie pressante. Mais au moment de me lever, un truc n'allait pas. Ma jupette est restée collée à la chaise. Si je forçais plus, elle se déchirait à coup sûr. Alors je me suis abstenue malgré mon envie pressante. Aussitôt levée, aussitôt rassise.

J'ai passé ma main discrètement sous mes grosses fesses et le tissu était collé à un magma gluant. Mes doigts sentaient la menthe, du chewing-gum! Hasard ou coup monté?

Je regarde brutalement derrière moi, personne ne semble m'épier. Panique absolue, comment se sortir de ce faux pas? Pipi, ridicule, pipi, à poil devant tout le monde, vessie en ébullition... J'ai pris la règle de David sans lui demander son avis, et j'ai commencé à gratter sous mon cul pendant le cours. Il m'a zyeutée interloqué. Toujours sans se parler je lui ai montré ma feuille blanche, et sa feuille pleine de notes. Il a compris le message : prendre les notes à ma place. Il a pris sa mission très au sérieux pendant que je m'excitais sur la glue.

Mes voisins se sont rendus compte tardivement de mon manège, ouf! Mais quand même! Il a fallu raboter devant les ricanements les dix dernières minutes de cours. Puis la sonnerie retentit, David est parti alors qu'il me cachait un peu. J'avais toujours sa règle. Quelques minutes après la sonnerie, certains élèves tardaient dans la salle de cours. J'attendais pourtant qu'il n'y ait plus personne pour me lever. Parallèlement j'étais proche du pipi dans la culotte. L'envie a pris le dessus...

Crac? et non pourtant rien à part une grosse tache sur ma jupette. Et la règle fêlée à force de racler. Il n'y a pas eu de réaction autour des derniers élèves restants, j'ai filé aux toilettes. Une fois soulagée, je suis revenue pour voir à quoi ressemblait cette chose collante qui m'avait traumatisée ce matin. Et là stupéfaction, il n'y avait plus rien, plus aucune trace, ma chaise était nickel. Et c'était bien ma chaise, il n'y avait pas eu d'échange, je la reconnais à ses stries dans le bois verni. Et sur ma jupette il n'y avait pas non plus l'objet du délit. Soit la gomme était tombée en allant aux toilettes, soit un des coupables avait nettoyé le travail juste pendant mon absence. Il me restait quand même une preuve : la règle de David.

A la cantine, je suis allée parler à mon voisin et nous avons partagé notre première vraie conversation :
- Je suis désolée pour ta règle... lui dis-je en lui montrant l'objet cassé et tout collant.
- Pas de problème et j'ai pris tes notes.
- Tu veux que je te la rende quand même?

Il l'a prise, puis après l'avoir touchée, me l'a rendue :
- Elle est pleine de colle.
- C'est du chewing gum non?
- Il y a bien du chewing gum mais aussi de la colle, je déteste cette odeur!
- Tu as vu quelque chose?
Il a hoché négativement de la tête, et avait l'air navré. Je l'ai remercié.

Alors que je m'apprêtais à jeter sa règle, mon instinct me dicta de la conserver dans une serviette. Peut-être afin de me transformer en « Experts ». Je pourrais peut-être un jour retrouver l'origine. Ça sentait effectivement un produit chimique en plus de la menthe.

Nouvelle résolution : toujours vérifier sa chaise de fond en comble avant de s'asseoir désormais. L'ennemi rôde toujours et encore même si le pire a été évité.

Tout l'après-midi, j'étais stressée par la visite de Rondin et ce que la Vieille pourrait préparer dans mon dos. Il a fallu que j'aille plusieurs fois uriner, même en plein milieu du cours. Évidemment ça a suscité quelques commentaires gracieux :
- T'as tes règles?
- Elle a un problème d'incontinence!
- Tampax ou Tena?
Charmant. David s'est à nouveau retourné en leur envoyant un gros « chuuut » dans la figure. Et il s'est pris un tacle du prof. Je lui ai souri, ça l'a gêné.

17h05, je n'ai pas traîné, j'arrive sur mon palier. Je croise Marco qui sort de son appart', il me dit que j'ai l'air stressée, j'acquiesce sans parler. Puis je m'arrête quelques secondes à la porte d'entrée, figée sur place par des voix. Et si Rondin était déjà arrivée? Je tente d'écouter ce qui se trame. Mais la porte des Vieux est blindée et épaisse, ca limite les infos. C'est la voix aigüe de la mère Rondin qui transperce alors la porte : « D'accord on va lui en parler tout de suite, c'est vrai que c'est inacceptable... rien n'est définitif... dès ce soir si vous le voulez... c'est un cas difficile ».

A ce moment là, j'hésite... je rentre ou je m'enfuis pour toujours. La deuxième option est ma préférée. Je commence à descendre les marches, mais je réfléchis... Si je fais une fugue, c'est définitivement foutu. Je remonte puis je m'immobilise à nouveau et là j'entends la Vieille : « elle sait même pas être à l'heure, vous allez voir, on va la voir dans une heure, c'est la même chose pour les repas! » Ouh quelle menteuse! C'est arrivé une fois quand j'étais chez les voisins sinon je suis hyper ponctuelle, elle me fait trop peur la Vieille. Et là je la prends en flagrant délit de pipeautage ! La Vieille m'avait dit que Rondin serait là à 17h30... il est 17h08. La Vieille m'aurait piégée??? Mon sang ne fait qu'un tour, je fais irruption dans le salon!!!

Et la Vieille s'arrête net en faisant la moue, déçue d'avoir raté son coup! C'est vrai que généralement je traîne un peu dehors après l'école, je me balade, je m'imprègne du quartier et la Vieille a l'habitude me voir revenir à 17h30-45 alors que les cours finissent à 16h55 pile.

C'est l'heure de la confrontation, j'ai eu raison de ne pas m'enfuir pour ne pas donner raison à cette mégère de Vieille, Mme B. (je ne peux communiquer son vrai nom de famille, c'est la loi non?). Je serre la main de Rondin (elle je cite son nom, j'ai rien à craindre, personne pour faire le lien, elle gère des centaines de cas sociaux comme moi) que j'aime beaucoup et qui me le rend bien et j'ignore la Vieille effrontément.
Rondin engage la conversation :
- Tu as bonne mine Sarah, tu n'aurais pas perdu un peu de poids? positive-t-elle.
- C'est normal je lui fais des repas diététiques que je prends sur Internet, coupe la Vieille.
- Comment vas-tu Sarah?
- Oh elle va très bien moi je vous le dis!
Mais est-ce qu'elle peut me laisser répondre la mégère? :
- Sarah, Mme B. m'a parlé un peu de ce qui n'allait pas...
- Oui je me suis excusée (je m'empresse de répondre)
- Ah Mme B. me disait que ...
- Ce n'est pas bien grave (ça y est elle noie le poisson)
- Tu sais Sarah tu es en période de test ici et...
- Je sais, c'est pas facile, mais je fais des efforts, beaucoup...
- Mme B. et M. B peuvent te renvoyer à tout instant chez nous si tu n'es pas irréprochable alors qu'eux le sont.
A ce moment là, la Vieille s'apprête à ajouter quelque chose de négatif, mais je la fusille du regard, et je me caresse la joue pour bien lui rappeler la claque inadmissible qu'elle m'a balancée. :
- Oui Mme B. vous vouliez ajouter quelque chose?
Silence de plomb, Rondin se retourne vers moi :
- Et toi Sarah?
- Je suis prête à poursuivre mes efforts
- Tu sais donc ce qu'il te reste à faire, intervient la Vieille...
Le malaise est interrompu par l'arrivée du Vieux qui salue l'assistante sociale jovialement :
- On n'avait pas rendez-vous à 17h30?
- Ah on avait dit 17h, il y a eu une incompréhension, ajoute Rondin
- Moi je voulais vous dire que je suis ravi de la présence de Sarah, elle est sage, agréable, pleine de bonne volonté et elle égaie notre quotidien.

J'étais bouche bée, la Vieille aussi. Cette dernière avait visiblement monté le coup de l'heure de rendez-vous pour laver le cerveau de Rondin avant notre arrivée. Et le Vieux finit par clouer le bec à tout le monde : « c'est la plus sympathique de nos adolescents accueillis, et je pense que l'année scolaire peut bien se passer ! »

Incroyable, Rondin était décontenancée, la Vieille enrageait et moi j'étais soufflée. Rondin finit par conclure en bredouillant : « Ah bah alors si vous êtes content, tout le monde est content, tu es contente Sarah? »
J'ai acquiescé de mon beau sourire le plus hypocrite.

Le Vieux est un allié pour le moment, même si je ne suis pas dupe : je suis toujours un moyen détourné de faire enrager sa femme. Et ben si je peux être utile à quelque chose, banco!

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4 octobre 2012

JEUDI 4 OCTOBRE 2012 18h05 : SALUT DAVID!

C'est bizarre cette relation que j'ai avec mon voisin de table. On s'échange des « salut » et on copie l'un sur l'autre quand il y a un retardataire, un ordre mal compris. On s'échange des regards aussi désormais, mais sans se parler.

Il y a des regards gênés qui se détournent. Peut-être quand l'un aimerait savoir ce que l'autre pense et que l'autre ne le souhaite pas.
Il y a des regards d'observation, de curiosité, pour savoir à quoi ressemble l'autre, ce qu'il porte comme vêtement aujourd'hui. Surtout quand l'autre ne peut pas voir que le premier regarde.
Il y a des regards perdus qui durent un centième de seconde quand on se retourne vers l'arrière, vers la fenêtre pour lui, vers la porte d'entrée pour moi. Et souvent un détail minuscule éveille ma curiosité dans ce cas.
Il y a des regards complices qui durent une poignée de secondes. Surtout quand c'est pour se moquer d'un prof, d'un élève qui a sorti une grosse bêtise. C'est le seul moment d'échange entre nous deux.

C'est bizarre comme je viens de me rendre compte de ça après un mois de cohabitation. Et j'ai l'impression que les regards complices se renforcent. Mais à ce jour il n'y a pas eu de conversation. Trop de timidité? Trop de méfiance de ma part après mes mésaventures récentes, notamment avec les 2 Pestes? Ou sa mauvaise odeur persistante, effet anti-Axe garanti!

Ce n'est pas un ami (encore que j'aurais du mal à définir ce que c'est) évidemment, mais ce n'est sûrement pas un ennemi. Et on a des points communs évidents : pas gâtés par la nature, caste des pestiférés!

Encore qu'on n'est pas au même niveau : je ressens qu'il inspire un minimum de respect comme si les fauves se refusaient à lui sauter au visage. Moi je suis une proie, pas lui. Pourquoi?

Il déjeune souvent à la cantine et semble avoir un partenaire d'assiette. C'est un geek, qui est en 1ère S. David est un des rares garçons de la classe (sur 26 ils sont 6), comment-a-t-il échoué là alors qu'il a une tête de matheux scientifique?

Physiquement, je vais être franche, je me trouve mieux que lui! C'est donc pas glorieux : une tignasse grasse, des boutons sur le front et sur les joues, des vêtements larges qui noient sa maigreur et des lunettes cul-de-bouteille. Il doit faire 1m80 pour 60kg, un haricot vert. Mais il a des beaux yeux bleus qu'il dévoile quand il enlève ses lunettes. Il a des tâches de rousseur, j'avais pas remarqué au début.

Peut-être que dans six mois, on s'échangera autre chose que des « salut ». Mais de quoi pourrait-on parler? De l'école oui c'est possible. Mais de nous? C'est pas envisageable. Nous sommes deux extra-introvertis!

Depuis que le cuir est ma nouvelle armure, le comportement autour de moi a changé : les Pestes complotent toujours mais au loin, les gens me regardent toujours mais font semblant de poser leur regard ailleurs. Je reste un sujet d'attention mais moins frontal!

3 octobre 2012

MERCREDI 3 OCTOBRE 2012 20h30 : LECON DE BAISER VENTOUSE

Définitivement Alyssa et moi sommes voisines car elle passe sans cesse dans la rue. Elle embrasse son copain juste devant chez moi entre 17h12 et 17h28 tous les jours. C'est un cérémonial, répétitif, très mécanique, très concentré, presque rébarbatif pour l'un et l'autre. Ils se posent sur un banc, adoptent la même position et se tordent le cou. Ensuite une langue sort, elle attend l'autre, inerte. L'autre s'humidifie un peu les lèvres, vérifie ses dents pendant que la première se dessèche d'impatience. Puis la ronde commence. Il lui nettoie les dents, le palais puis la langue. Elle se laisse faire, tente de lui faire la même chose un peu maladroitement. Lui il n'a pas l'air d'aimer qu'elle pénètre sa bouche comme si son orgueil de mâle en prenait un coup. Il coupe court. Elle lui fait des petits bisous sur la bouche, pose sa tête sur son épaule. Ashley se ramène, les deux tourtereaux se disent adieu, les deux pestes repartent ensemble. Le petit ami part en s'essuyant la bouche et en prenant un chewing-gum dans le dos d'Alyssa.

Et c'est une copie conforme chaque jour. C'est très intéressant à regarder pour apprendre si un jour une bouche se présente. Mais ça ne fait pas envie. Je ne comprends pas quel plaisir ils y trouvent. Ils ont vraiment l'air de s'ennuyer au bout de quelques minutes. Ça devient une obligation démonstrative. Enfin c'est peut-être la jalousie qui me fait parler.

Rondin vendredi, brrrrr

3 octobre 2012

MERCREDI 3 OCTOBRE 13h20 : UN ELEPHANT A VOTRE SERVICE

J'avais trop de devoirs hier, pour raconter le cours de sport. Comme d'habitude, je suis un poisson dans l'eau.

Je n'ai pas hérité de la même pesanteur que les autres. Ils sont sur la lune et moi je subis l'attraction terrestre comme un astronaute de retour sur Terre après six mois dans Mir. Je me sens lourde, extrêmement pataude, ils rebondissent, je m'écrase, ils volent je m'enfonce grassement dans l'écorce terrestre, ils chassent les nuages, je creuse l'érosion de la Terre à chacun de mes pas.

Ils descendent des oiseaux, moi des dinosaures! Hey si c'était vrai?

Mon cours de sport mardi après-midi a encore été au top. Acte manqué, j'avais oublié mes baskets (trouées de toute façon). Du coup je me suis retrouvée sur le terrain avec mes godasses... la dégaine. Tout le monde s'est foutu de ma gueule. Je suis allée demander discrètement à la prof si je pouvais sécher, parce que j'allais tuer quelqu'un avec mes Newrock. Elle n'a rien voulu entendre.

Déjà qu'en temps normal, je suis pas alerte, mais avec ça je suis clouée au sol. Et ce mardi c'était volley, mon sport préféré. Un coup de cœur sportif, un épanouissement de chaque instant, un moment de « prise de confiance, de partage, d'intensité et de dépassement de soi ». (je cite les mots de la prof quand elle parle de ce sport qu'elle adore et qu'elle tient en haute estime).

Deux événements ont marqué cette souffrance d'1h30.

1/ A un moment en pleine partie je me suis retrouvée à côté de David le Moche, mon voisin. Il n'est pas plus passionné que moi par cette compétition de sauvage. Le ballon a rebondi sur ma tête avant de rebondir sur sa tête à lui et d'atterrir dans notre terrain. Sifflement de notre équipe, ricanement d'en face. Pourtant j'ai fait l'effort de bouger ma tête pour accentuer le rebondi (« le plus loin possible de moi telle est ma devise ») mais David était inerte. Sur l'échelle sportive de l'effort j'étais à 3/10 et lui à 0/10. Et pourtant personne ne lui a rien dit. Tout l'agressivité s'est retournée vers moi :
- Ah l'engin
- Le repousse-balle, t'as vu ça?
- Elle est en élastique non?
- Miss caoutchouc
Pourquoi rien pour lui?

2/ Il y a une partie métallique un peu abîmée sur mes shoes. Je n'ai pas bien compris comment la balle a atterri à mes pieds. C'est pas le bon sport. Et par un réflexe sportif incroyable qui m'épate encore, mon pied a shooté dedans. (je serais peut-être douée en foot) Le ballon est parti à l'autre bout de la salle de sports très violemment puis a heurté une structure métallique puis le plafond en faisant un bruit lancinant de pet interminable. Les filles se sont mises la bain sur la bouche, les mecs ont ricané. Le ballon a fini crevé au pied du filet. Et quelques secondes plus tard, un petit bout de la tôle ondulée qui fait office de verrière lumineuse s'est écrasé sur le terrain. La prof qui était occupée sur un autre terrain a ramené ses fesses. La délation n'a pas tardé:
- C'est la grosse avec ses bottes
- Elle a cassé la bâtiment, c'est un danger la fille
Et évidemment mes deux copines les Pestes, sur un autre match et autre terrain de jeu lointain, ont mis leur grain de sel empoisonné dans la conversation :
- Alyssa : Madame, ça mérite de la colle
- Ashley : Ça vaut deux heures!                                                                                                                                                                                - Alyssa : elle rougit de honte, elle est grave coupable!

S'ensuit un long moment de solitude honteuse : le fait qu'on repère mes rougeurs n'a fait que les accentuer. Un vrai problème chez moi.

La prof m'a fait sortir du terrain, véner comme jamais : « on voit que c'est pas toi qui gère le budget sportif, et en plus je vous achète le meilleur matériel. C'est du Super Thunderball acheté aux US. Quelle massacre. Ils sont neufs! La prochaine fois que tu reviens avec ces chaussures c'est en colle direct...» Elle a continué à grogner alors que je mettais les voiles.

Ok je me suis prise la honte de la semaine MAIS :
- j'ai réussi à amputer 20 mn de sport.
- je n'ai pas eu d'heure de colle.
- je l'avais prévenue cette connasse de prof.
- comment peut-on être fan de ses ballons de volley??

Comme la salle est à 5 mn de l'école, je n'y suis pas retourné. Et j'ai senti comme un vent de liberté dans ma vie, presque un quart d'heure de rébellion. Je suis allée poser mon cul de baleine au Rialto, et j'ai rêvassé pendant 45 minutes à tout ce que j'allais pouvoir faire dans ma vie quand je me serais échappée de cette vie-prison.

Mais la chance a tourné. Un gros sac de sport rose adidas est venu s'écraser sur ma table renversant le reste de mes glaçons sur mes genoux. Au début j'ai cru à un simple accident. Tu parles!

La coupable : cette venimeuse Alyssa qui passait par là et m'a repérée cette fois. Et elle ne m'a pas épargnée : « La grosse, t'es pas la bienvenue ici, remballe tes lipides et va polluer ailleurs ».

J'étais trop surprise pour pouvoir me défendre. Et un glaçon tombé entre mes cuisses mouillait ma... mon... mes... Enfin bref vous aurez compris!

J'ai mis les voiles lâchement. Quelle sorcière! Mais pourquoi se croit-elle chez elle dans ce bar?

En rentrant à l'appartement, la Vieille m'a sèchement lancé que Mme Rondin allait passer vendredi à 17h30. Comme une phrase de vengeance! J'en suis sûre, elle l'a prévenue que ça ne se passait pas bien. Rondin va me récupérer, me ramener au foyer... Je suis allée vomir aux toilettes d'émotion.

D'un côté je me suis dit que vomir m'aiderait à maigrir. Mais de l'autre je me suis dit que c'était vraiment dégoûtant, épuisant, et acide pour ma gorge et mes dents. Et moi qui vomis très rarement et qui m'étais déjà posé la question d'utiliser cette méthode pour maigrir, j'ai compris que je n'étais définitivement pas boulimique-anorexique vomitive. C'est un peu long comme explication : c'est vrai parfois je me sens un peu boulimique, je me détends en bouffant, parfois je me sens anorexique car je mange rien pendant trois jours de stress et d'émotion. Mais jamais je pourrais me mettre un doigt, berk... enfin pas dans la gorge je veux dire. Oups je viens d'avoir une autre pensée tout aussi dégoûtante en même temps. Celui qui lit aura compris. Désolée.

Bref j'ai mal dormi. Un jour je devrai raconter un pan de mon histoire, de ce passé. Pour l'exorciser?

Ce matin j'ai eu ma première conversation avec David mon voisin de table. Il m'a dit « Salut! ». Et j'ai répondu « Salut ».

2 octobre 2012

MARDI 2 OCTOBRE 19h45 : NAISSANCE D'UN BLOG

Je suis chez les voisins, je tape sur le clavier, j'éponge les blessures, je réfléchis à l'avenir. Il y a une effervescence dans cet appart'. Ça vient, ça repart. Ils me disent bonjour, me font sentir que je ne les gêne pas même si on ne se parle pas.

Je dois maintenant faire quelque chose de cette tranche d'âme numérique qui ne pèse pas bien lourd en kilo-octet. L'excitation des Pestes sur mon cahier, hier, montre bien qu'elles ne l'ont jamais lu en détail. Mais si elles ont monté de toute pièce cette fleur999, c'est qu'elles ont lu le message anonyme. Et en plus comme elles sont ignobles, elles ne me l'auraient jamais rendu. A moins qu'elles l'aient carrément écrit?? Un pur stratagème pour me faire enrager, orienter ma vie, observer l'impact de leurs actes dans ma vie? Mais quelle perversité! Je suis un rat de laboratoire pour elles?

Je sais que Fleur999@gmail.fr n'existe pas. Mais peut-être que l'auteur du message anonyme existe bien? Il y a bien peut-être quelque part, une autre « grosse et moche » comme moi? Si cette personne me lit et me confirme chaque jour qu'elle me comprend, quel bonheur! C'est pour ça que je dois faire l'effort de partager ma vie avec des inconnus, qu'on se soutienne. Je veux que quelqu'un se reconnaisse en moi, mais je ne veux pas que quelqu'un me reconnaisse. Est-ce que j'y arriverai?

C'est le propre d'un blog anonyme. Je vais l'appeler « grosse_et_moche.quelquechose».

Vite c'est Mentalist. La Vieille est couchée, le Vieux dans son bureau, la télé est à moi! Je veux savoir qui est John le Rouge. Je suis trop fan de cette série. J'aimerais trop que le mentaliste embrasse la fliquette. On en est loin. C'est toujours tellement beau un baiser américain. Ça n'existe que là-bas : ici les adultes ne s'embrassent pas on dirait, et les jeunes se broutent la langue comme des moutons.

Ah House et Cuddy, Nicolas Newman et Sharon, Booth et Bones, Grey et Dr Mamour... c'est tellement beau à voir ces couples qui se cherchent, se perdent, se retrouvent, se volent un baiser... Faut habiter à Hollywood pour faire des beaux baisers et être amoureux. Pas chez nous!

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1 octobre 2012

LUNDI 1er OCTOBRE 21h15 : REINE DU SKATE

Je viens de vivre une fin de journée en montagnes russes.

Je sentais que les deux Pestes lorgnaient depuis quelques temps sur son mon cahier d'écriture. Juste à la sortie du lycée, alors que je réorganisais un peu mon sac et que je tenais provisoirement mon cahier dans la main, un type me bouscule violemment, la cahier vole de trois mètres et tombe dans une flaque d'eau. Les Pestes, toujours au bon endroit et au bon moment, mettent la main dessus et s'enfuient dans la rue. Je repère la direction qu'elles prennent. C'est sûr qu'avec ma graisse je vais pas avancer vite! Je suis pas la reine du marathon. Mais le type qui m'a bousculé vient s'excuser, il a un skate à la main. Avec mes shoes ça ne marchera pas. Je demande au type de me prêter son skate quelques instants en échange de mon pardon. Simultanément, j'enlève mes chaussures et je lui demande de m'attendre avec mon sac et les chaussures.

Dix secondes plus tard me voilà sur le skate, en bas, en pleine vitesse. Et je repère facilement ces deux gourdes qui se dirigeaient dans mon quartier. Alyssa ne sait toujours pas qu'on semble être voisines. Je les vois en train de tourner les pages, dire que j'écris comme un porc qu'on ne comprend rien, et Alyssa se demande « comment ce torchon a pu intéresser quelqu'un ». Comme j'arrive en skate, elles ne me voient pas venir et je fonce tout droit dans leur petit conciliabule :
- Rendez moi ça les pétasses!
- Han mais comment elle a fait pour nous suivre? s'interroge cette idiote d'Ashley
- Mais comment tu nous parles toi! Qui nous dit que c'est à toi ce torchon? réagit Alyssa.
Je lui arrache des mains et elle tombe dans une flaque d'eau. Trois élèves qui passaient par là applaudissent.
Ashley ne sait plus quoi dire.

Alors que je remonte sur le skate, le courroux d'Alyssa se transforme en orage :
- Décidément, t'as pas compris à qui t'avais affaire. On va te faire la misère. Tu regretteras de t'attaquer à nous. T'es qu'une truie, grosse et moche!
- Je le sais déjà, t'inquiète et je vis très bien avec (ce qui est bien sûr totalement faux)
- On ne s'acharne pas sur nous en toute impunité! renchérit la gourde Ashley
- C'est l'hôpital qui se fout de la charité!
- Mais de quel hôpital elle parle? répond cette idiote!
Alyssa donne une tape méprisante à Ashley, soulignant bien le rapport de force et le déséquilibre du duo : Alyssa est le cerveau, Ashley son bras exécutif au QI en dessous du niveau de la mer.

Je mets les voiles. Au loin j'entends une remarque que je suis pieds nus sur le skate. Dès que je passe l'angle de la rue et que je deviens invisible aux yeux des deux filles, mon skate dérape, je tombe sur le côté, je file le bas noir que m'avait refilé Yun So, je m'écorche.

Dix minutes plus tard, le type du skate qui m'avait attendu me voit revenir et se fiche de moi : « faut pas en faire quand on sait pas, et puis c'est pas pour tout le monde! ». J'apprécie la remarque. Je le remercie quand même. Et de tout ça je suis fière, même je ne suis pas sûre que ça redore mon blason.

En arrivant dans l'immeuble je vais frapper chez les 3 coloc'. Kamil ouvre et constate que je me suis bien amochée. Et il s'occupe de moi : eau oxygénée et pansement sur le genou.
La conversation s'engage :
- Tu pourras dire à Yun So que j'ai filé ses bas?
- T'inquiète pas, elle n'en a pas besoin, elle adore montrer ses jambes. (sous entendu que moi j'ai intérêt à les cacher)
- Yun So m'a dit que je pouvais utiliser son PC quand elle était pas là.
- Fais comme chez toi!

A partir de là, j'ai commencé à retranscrire tout mon cahier dans un fichier, et j'ai arraché chaque page qui était finalisée de sorte que mon cahier ne porte plus que les traces du jour lorsque je suis au bahut.

Je tape comme une secrétaire, mais avec deux doigts. J'avance pas vite, mais petit à petit le cahier se réduit. C'est comme une nouvelle vie qui commence, une ancienne qui s'efface. Si ça pouvait être vrai.

Le fait de l'avoir écrit, tapé puis arraché c'est comme un soulagement, une page qu'on tourne définitivement et presque sereinement.

J'ai caché le fichier au milieu des documents de Yun So, j'ai mis un mot de passe.

Toute cette effervescence m'a fait oublier l'heure du dîner chez les Vieux. Je me suis fait passer un savon par la Vieille qui ne cherchait qu'une excuse pour se déchaîner sur moi. Le Vieux lui n'était pas là. : « Tu te crois à l'hôtel? Tu vas voir quand tu seras au foyer si c'est un hôtel. J'ai bien compris moi ta situation, c'est ça ou rien! Personne ne veut de toi. Je te vois te pavaner là avec ton accoutrement qui ne ressemble à rien. Et ce blouson là tu le déshonores! Tu comprends? Fais gaffe à toi qu'il ne t'arrive pas la même chose que la personne qui le portait »

Comment ressortir intacte de ce déballage? Alors que je me sentais libérée aujourd'hui de mon carcan, la Vieille me ramène à mes vieux démons.

Une heure après le dîner, l'angoisse revient : l'abandon, la solitude, le danger qui rôde. Mon cœur bat la chamade, je mourrai sûrement à 20 ans, je suis trop angoissée.

A la fin de la semaine, mon cahier sera vierge, ma vie aussi?

1 octobre 2012

LUNDI 1er OCTOBRE 15h50

Les lentilles restées collées dans mes cheveux semblent avoir excité les bavardages de mes voisins arrière cet après-midi. C'est vrai qu'avec l'armure de cuir, j'ai aussi remodelé la serpillère qui me sert de chevelure donnant ainsi plus de prise et d'accroche aux lentilles volantes. Ce qui m'inquiétait surtout, c'est le retour des Pestes sur l'obsession de mon journal. Elles disent à tout le monde que j'ai un journal intime : « C'est Secret Girl... mon cher journal » avec un ton bébé!

J'ai peur qu'elles arrivent à me le piquer, encore une fois! Mais l'ont-elle lu finalement? Car elles auraient pu rebondir sur certains éléments pas glorieux à leur propos. Je dois apprendre à me méfier de mes conclusions hâtives et des faux-semblants, j'imagine trop vite des choses.

1 octobre 2012

LUNDI 1er OCTOBRE 13h25 : NOUVEAU LOOK NOUVELLE VIE

Changement de mois, changement de look, changement d'ambiance.

Hier soir en me voyant Yun So a pensé à un petit quelque chose pour moi. Elle est étudiante en stylisme m'a-t-elle dit. Ça existe ce genre d'études? Elle a tout de suite trouvé ce qui manquait. Des bas noirs et la jupette grise qui me trottait dans la tête. Et une babiole à mettre autour du cou. On en était scotchées toutes les deux. Elle s'extasiait et je riais.

Mince c'est la première fois que je ris en 2012.

Ce matin la Vieille a fait une syncope. Elle m'a fusillé du regard en voyant mon nouvel accoutrement dont la star est le blouson Perfecto qui lui fait si mal. Elle m'a laissée seule au ptit déj et est partie s'enfermer dans sa chambre, furieuse, sous l'œil réjoui du Vieux qui sortait de son bureau. Il est venu se goinfrer avec moi et m'a trouvée superbe. Le chien était anormalement surexcité comme s'il sentait l'électricité dans l'air. Ou bien c'est la sortie du blouson qui le réveille??? Un mystère de plus?

En arrivant sur le parvis du lycée, j'ai fait sensation. Bon pas d'enthousiasme mais de la sidération, ceux-là me découvraient. J'ai même entendu un type dire : « mais elle est nouvelle la grosse gothique? » Et dans la classe à 8h27, syncope de ceux qui étaient déjà là : cris de terreur, rires nerveux, rires moqueurs, chuchotements.

Même David en est resté bouche bée, il ne contrôlait plus son regard, il bloquait sur moi, décomposé. Évidemment les Pestes qui arrivent toujours en retard ne m'ont pas vue, mais elles en ont été informées par radio-bruissement.

Lors de l'intercours, elle se sont positionnées à l'entrée de la classe et ne m'ont pas lâchée du regard, me décryptant de la tête aux pieds. Je lisais sur leurs lèvres : « mauvais genre », « pute », « horreur ». Derrière leur apparat de star de l'école qui masque toute perturbation, elles s'inquiétaient, elles fomentaient, elles adoptaient une attitude défensive, reconsidérant leur premier fichage tyrannique de mon identité profonde.

Mais j'ai vite compris que j'étais loin d'une quelconque victoire, ni d'une minuscule ascension sociale. Vers 11h, je reçois un mot sur mon bureau :
« C'est Carnaval ?»
Je ne réponds pas. Puis les quolibets continuent, à l'oral.
« C'est Scream 5? Scary Movie 12? »
« Famille Addams, sors de ce corps »

Tous ces messages très fins venaient probablement du fond, antre des Pestes maudites. Mais au passage, les autres débiles lisaient, écoutaient et se marraient.

Réaction surprise de David qui s'est retourné et a fait « chut » ce qui a déclenché des « Oh l'autre! », « l'autiste se réveille », « mais c'est la pleine lune ou quoi? ».

A la sortie du cours elles me sont passées devant, et face à leurs yeux méprisants, je n'ai trouvé comme réponse que de leur tirer la langue bruyamment. C'est récurrent chez moi comme défense. On aurait dit un pet. Et là, évidemment...:
- Ah bah ça, c'est pas surprenant
- On a changé l'emballage...
- mais pas le cerveau!
- Toujours la même greluche!
Gloussements humiliants.

J'ai décidé d'accélérer, et là ce fut le drame. Mon pied, désormais chaussé de Newrock de guerre, a malencontreusement écrabouillé le pied d'Alyssa. Elle a hurlé de douleur (mon poids + les shoes, une tonne), Ashley s'est inquiétée gravement pour son amie (qui serait sûrement condamnée à une amputation), et m'a menacée d'un magnifique doigt d'honneur.

C'est pas de ma faute, c'est mon pied gauche qui s'est exprimé! Attiré comme un pied de la chance vers une salutaire crotte de chien!

J'ai mis les voiles, direction la cantine. A la caisse, mes deux canettes de Coca non light que j'avais maladroitement empilées sont tombées dans la saucisse-lentilles du jour éclaboussant au passage le Monstre, revenu de sa punition à sa place habituelle. Sans me regarder, elle s'apprêtait à me hurler dessus. Mais son œil a bloqué net, et elle m'a demandé si j'étais nouvelle ici? Est-ce qu'elle était sérieuse?

Mon look est un des sujets n°1 à la cantine aujourd'hui, et ceci malgré l'absence des Pestes (qui préfèrent aller manger une salade au McDo, c'est plus chic qu'une vulgaire cantoche)

Et bizarrement je repense à David, ce petit être chétif, moribond qui a réagi aujourd'hui. Comme si mon déguisement lui avait donné la force de sortir de sa coquille.

Je ferme mon cahier, une bataille de lentilles se prépare!

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