VENDREDI 5 OCTOBRE 2012 19h25 : EXAMEN ET PEAU DE BANANE!
Je ne sentais pas bien cette journée quand je me suis réveillée. Une semaine trop calme à l'école, Rondin en fin de journée prévue à 17h30. Effectivement je dois toujours me fier à mon intuition.
Je suis arrivée en retard au lycée, je me suis donc précipitée sur ma chaise sous les ricanements habituels. Deux heures plus tard, envie pressante. Mais au moment de me lever, un truc n'allait pas. Ma jupette est restée collée à la chaise. Si je forçais plus, elle se déchirait à coup sûr. Alors je me suis abstenue malgré mon envie pressante. Aussitôt levée, aussitôt rassise.
J'ai passé ma main discrètement sous mes grosses fesses et le tissu était collé à un magma gluant. Mes doigts sentaient la menthe, du chewing-gum! Hasard ou coup monté?
Je regarde brutalement derrière moi, personne ne semble m'épier. Panique absolue, comment se sortir de ce faux pas? Pipi, ridicule, pipi, à poil devant tout le monde, vessie en ébullition... J'ai pris la règle de David sans lui demander son avis, et j'ai commencé à gratter sous mon cul pendant le cours. Il m'a zyeutée interloqué. Toujours sans se parler je lui ai montré ma feuille blanche, et sa feuille pleine de notes. Il a compris le message : prendre les notes à ma place. Il a pris sa mission très au sérieux pendant que je m'excitais sur la glue.
Mes voisins se sont rendus compte tardivement de mon manège, ouf! Mais quand même! Il a fallu raboter devant les ricanements les dix dernières minutes de cours. Puis la sonnerie retentit, David est parti alors qu'il me cachait un peu. J'avais toujours sa règle. Quelques minutes après la sonnerie, certains élèves tardaient dans la salle de cours. J'attendais pourtant qu'il n'y ait plus personne pour me lever. Parallèlement j'étais proche du pipi dans la culotte. L'envie a pris le dessus...
Crac? et non pourtant rien à part une grosse tache sur ma jupette. Et la règle fêlée à force de racler. Il n'y a pas eu de réaction autour des derniers élèves restants, j'ai filé aux toilettes. Une fois soulagée, je suis revenue pour voir à quoi ressemblait cette chose collante qui m'avait traumatisée ce matin. Et là stupéfaction, il n'y avait plus rien, plus aucune trace, ma chaise était nickel. Et c'était bien ma chaise, il n'y avait pas eu d'échange, je la reconnais à ses stries dans le bois verni. Et sur ma jupette il n'y avait pas non plus l'objet du délit. Soit la gomme était tombée en allant aux toilettes, soit un des coupables avait nettoyé le travail juste pendant mon absence. Il me restait quand même une preuve : la règle de David.
A la cantine, je suis allée parler à mon voisin et nous avons partagé notre première vraie conversation :
- Je suis désolée pour ta règle... lui dis-je en lui montrant l'objet cassé et tout collant.
- Pas de problème et j'ai pris tes notes.
- Tu veux que je te la rende quand même?
Il l'a prise, puis après l'avoir touchée, me l'a rendue :
- Elle est pleine de colle.
- C'est du chewing gum non?
- Il y a bien du chewing gum mais aussi de la colle, je déteste cette odeur!
- Tu as vu quelque chose?
Il a hoché négativement de la tête, et avait l'air navré. Je l'ai remercié.
Alors que je m'apprêtais à jeter sa règle, mon instinct me dicta de la conserver dans une serviette. Peut-être afin de me transformer en « Experts ». Je pourrais peut-être un jour retrouver l'origine. Ça sentait effectivement un produit chimique en plus de la menthe.
Nouvelle résolution : toujours vérifier sa chaise de fond en comble avant de s'asseoir désormais. L'ennemi rôde toujours et encore même si le pire a été évité.
Tout l'après-midi, j'étais stressée par la visite de Rondin et ce que la Vieille pourrait préparer dans mon dos. Il a fallu que j'aille plusieurs fois uriner, même en plein milieu du cours. Évidemment ça a suscité quelques commentaires gracieux :
- T'as tes règles?
- Elle a un problème d'incontinence!
- Tampax ou Tena?
Charmant. David s'est à nouveau retourné en leur envoyant un gros « chuuut » dans la figure. Et il s'est pris un tacle du prof. Je lui ai souri, ça l'a gêné.
17h05, je n'ai pas traîné, j'arrive sur mon palier. Je croise Marco qui sort de son appart', il me dit que j'ai l'air stressée, j'acquiesce sans parler. Puis je m'arrête quelques secondes à la porte d'entrée, figée sur place par des voix. Et si Rondin était déjà arrivée? Je tente d'écouter ce qui se trame. Mais la porte des Vieux est blindée et épaisse, ca limite les infos. C'est la voix aigüe de la mère Rondin qui transperce alors la porte : « D'accord on va lui en parler tout de suite, c'est vrai que c'est inacceptable... rien n'est définitif... dès ce soir si vous le voulez... c'est un cas difficile ».
A ce moment là, j'hésite... je rentre ou je m'enfuis pour toujours. La deuxième option est ma préférée. Je commence à descendre les marches, mais je réfléchis... Si je fais une fugue, c'est définitivement foutu. Je remonte puis je m'immobilise à nouveau et là j'entends la Vieille : « elle sait même pas être à l'heure, vous allez voir, on va la voir dans une heure, c'est la même chose pour les repas! » Ouh quelle menteuse! C'est arrivé une fois quand j'étais chez les voisins sinon je suis hyper ponctuelle, elle me fait trop peur la Vieille. Et là je la prends en flagrant délit de pipeautage ! La Vieille m'avait dit que Rondin serait là à 17h30... il est 17h08. La Vieille m'aurait piégée??? Mon sang ne fait qu'un tour, je fais irruption dans le salon!!!
Et la Vieille s'arrête net en faisant la moue, déçue d'avoir raté son coup! C'est vrai que généralement je traîne un peu dehors après l'école, je me balade, je m'imprègne du quartier et la Vieille a l'habitude me voir revenir à 17h30-45 alors que les cours finissent à 16h55 pile.
C'est l'heure de la confrontation, j'ai eu raison de ne pas m'enfuir pour ne pas donner raison à cette mégère de Vieille, Mme B. (je ne peux communiquer son vrai nom de famille, c'est la loi non?). Je serre la main de Rondin (elle je cite son nom, j'ai rien à craindre, personne pour faire le lien, elle gère des centaines de cas sociaux comme moi) que j'aime beaucoup et qui me le rend bien et j'ignore la Vieille effrontément.
Rondin engage la conversation :
- Tu as bonne mine Sarah, tu n'aurais pas perdu un peu de poids? positive-t-elle.
- C'est normal je lui fais des repas diététiques que je prends sur Internet, coupe la Vieille.
- Comment vas-tu Sarah?
- Oh elle va très bien moi je vous le dis!
Mais est-ce qu'elle peut me laisser répondre la mégère? :
- Sarah, Mme B. m'a parlé un peu de ce qui n'allait pas...
- Oui je me suis excusée (je m'empresse de répondre)
- Ah Mme B. me disait que ...
- Ce n'est pas bien grave (ça y est elle noie le poisson)
- Tu sais Sarah tu es en période de test ici et...
- Je sais, c'est pas facile, mais je fais des efforts, beaucoup...
- Mme B. et M. B peuvent te renvoyer à tout instant chez nous si tu n'es pas irréprochable alors qu'eux le sont.
A ce moment là, la Vieille s'apprête à ajouter quelque chose de négatif, mais je la fusille du regard, et je me caresse la joue pour bien lui rappeler la claque inadmissible qu'elle m'a balancée. :
- Oui Mme B. vous vouliez ajouter quelque chose?
Silence de plomb, Rondin se retourne vers moi :
- Et toi Sarah?
- Je suis prête à poursuivre mes efforts
- Tu sais donc ce qu'il te reste à faire, intervient la Vieille...
Le malaise est interrompu par l'arrivée du Vieux qui salue l'assistante sociale jovialement :
- On n'avait pas rendez-vous à 17h30?
- Ah on avait dit 17h, il y a eu une incompréhension, ajoute Rondin
- Moi je voulais vous dire que je suis ravi de la présence de Sarah, elle est sage, agréable, pleine de bonne volonté et elle égaie notre quotidien.
J'étais bouche bée, la Vieille aussi. Cette dernière avait visiblement monté le coup de l'heure de rendez-vous pour laver le cerveau de Rondin avant notre arrivée. Et le Vieux finit par clouer le bec à tout le monde : « c'est la plus sympathique de nos adolescents accueillis, et je pense que l'année scolaire peut bien se passer ! »
Incroyable, Rondin était décontenancée, la Vieille enrageait et moi j'étais soufflée. Rondin finit par conclure en bredouillant : « Ah bah alors si vous êtes content, tout le monde est content, tu es contente Sarah? »
J'ai acquiescé de mon beau sourire le plus hypocrite.
Le Vieux est un allié pour le moment, même si je ne suis pas dupe : je suis toujours un moyen détourné de faire enrager sa femme. Et ben si je peux être utile à quelque chose, banco!