Pas de wifi à l'auberge de jeunesse, j'ai dû payer pour 15 minutes de connexion au cybercafé d'en bas. En pound ! J'avais oublié que l'Euro ne savait pas nager... Mais ça ne doit pas m'empêcher de donner quelques nouvelles à mon blog que je n'ai jamais délaissé une seule journée... Enfin si, il y a eu l'été dernier, mais toute cette escapade a été une erreur, et je me suis promis de ne jamais fuir de cette sorte... Donner une nouvelle par jour, c'est ma promesse de ne jamais re-commettre les mêmes bourdes... Alors me voici en temps très limité !

Comment condenser autant d'événements en 15 minutes ??? A mon retour, je vous raconterai ça avec les formes !

En attendant, je peux vous dire qu'il est insurmontable pour une brebis comme moi de suivre son troupeau aussi bêtement. Je suis née brebis égarée, et je le resterai ! Je sens que la brebis va s'échapper... et va semer la bergère qui nous a amenés ici !!!

La personne qui a annulé à la dernière minute son voyage à Londres n'est pas celle qu'on attendait. Alors au début ça m'a plutôt amusée... une bonne revanche !!! Mais finalement, c'est elle qui s'est vengée, quand j'ai vu dans quelle chambre de filles j'ai atterri... un nid de vermines assoiffées de sang, mon sang !

Fièvre de cheval tout au long de la journée, puis nuit blanche dans le nid de guêpes... J'ai perdu une bataille mais pas la guerre...

Tiens, de mon cybercafé, je vois Ash dans la rue, elle est en larmes... je vais aller la retrouver.

Bisou à tous mes blogués, mais surtout à mes deux bloguées préférées !!!

Dans 5 minutes mon train va passer sous la Manche... Je sens que je suis bien malade mais moi je suis venue... J'ai signé l'autorisation parentale : normal, je suis mon propre parent depuis bien longtemps.

Sur le quai, la prof m'a confirmé qu'il y avait une défection de dernière minute et une seule, que j'avais beaucoup de chance, mais qu'elle était déçue car c'était sa « meilleure élève » qui manquait à l'appel...

Advienne que pourra... Je suis là et je m'accroche...

C'est mon premier voyage à l'étranger... et j'en ai des frissons.

A bientôt mes blogués pour la suite de mes aventures... si j'arrive à trouver du wifi gratos !!!

8 7 6... vite en ligne...

Retour chez Cécile, over-débordée... Il était 17h15...

« Ah, Sarah... C'est un micmac ce voyage à Londres... Je me demande pourquoi ça tombe sur moi... Est-ce que j'ai une tête de tour operator moi ? Hein ? Non ! Gérer le surbooking, les annulations, la liste d'attente, ça me saoule... En plus mon fils a la grippe... Il faut que j'aille vite le chercher à la crèche, ils ne veulent pas le garder, ils ont peur qu'il contamine tous les autres petits. Et si c'était moi qui était contaminée, hein ? Tout le monde s'en fout. »

Cécile, s'il-te-plaît, accouche... je veux être fixée...

« Bon alors où j'en étais... Y a tellement de parents qui m'ont appelée aujourd'hui... je ne sais plus où donner de la tête... Ah attends, c'est mon grand fils qui m'appelle... »

Mais elle a combien d'enfants ? Elle décroche son téléphone, agacée.

« Oui, qu'est-ce qu'il y a ? Quoi ? Mais dis à ta sœur d'arrêter... Passe-la moi... Oui, pourquoi tu craches sur ton frère ? Quoi ? C'est pas vrai passe-le moi ! Pourquoi t'as fait pipi sur ta sœur ? Hein ? Je vais m'énerver tout rouge quand je vais rentrer, vous m'entendez ? Maman arrive dans trente minutes d'accord ? Enfin si y'a pas de panne sur le métro... »

Elle raccroche exaspérée. Et me parle tout en rangeant ses affaires.

« Bon Sarah, tu te pointes à la Gare du Nord à 6h45, et tu verras bien avec ta prof d'anglais. L'Eurostar est à 7h13. Moi je peux pas te répondre... Si tout le monde vient, y'aura pas de place de train et y'aura pas de lit ! Voilà, bah elle se débrouillera cette fainéante... C'est facile d'avoir des idées sans assumer derrière. »

Et hop, en une fraction de seconde, elle a disparu, me laissant dans le plus profond désarroi...

Puis elle est revenue, un espoir ? : « Pense à revenir avec ton autorisation parentale, ok ? Pas de départ sans autorisation ! Bon séjour, enfin si t'as de la chance ! »

Et hop volatilisée, définitivement cette fois.

J'ai trouvé sur le comptoir le modèle à remplir... par qui ??? Et pour quoi faire si je reste à quai... ?

La Vieille n'est pas en état de signer... et Mme Rondin me répondra trop tard demain... Ce n'est pas le principal obstacle, n'est-ce pas ?

Toute cette agitation me donne de la fièvre... à moins que ce soit la grippe ?

Journée aquatique comme tous les mercredis. Mais une journée un peu particulière... La prof est malade, comme pleins d'élèves tels que Sonia, Fatima... Mais Tina est là et va me permettre de digérer la pastille du jour : Grégoire, tout en s'occupant de nous, tient sa promesse envers Alyssa. Il lui apprend une nage très complexe...

Et visiblement, elle a bien choisi sa nage celle-là. Grégoire n'arrête pas de lui toucher le haut des fesses pour lui montrer le mouvement idéal... Et les deux ont l'air d'apprécier ce moment de proximité.

Impossible de ne pas baver avec Tina, abandonnée par sa sœur jumelle des cités :
- TINA : La tepu... T'as vu, meuf ?
- MOI : En tout cas, elle a pas mis ses faux seins en plastique de la semaine dernière !
- TINA : Lol mdr, ça tenait pas dans son maillot de fillette... C'est tellement plat devant, on dirait un terrain de basket...
- MOI : On dit plutôt « plate comme une limande ! »
- TINA : Hein, c'est quoi ace ?
- MOI : Ou plutôt une morue...
- TINA : Ça vit pas dans la mer la morue ?
- MOI : Je sais pas moi, tu sais toi ?
- TINA : La morue c'est du cabillaud salé...
- MOI : Comment tu sais ça toi ????
- TINA : Mon daron, il est poissonnier...
Alors là elle me scie ! Tina a un semblant de culture générale, et pas seulement la maîtrise parfaite du recueil du langage caillera !!

Pendant ce laps de temps, la morue d'eau douce semble avoir été pêchée dans les filets d'un beau pêcheur. Il est loin d'imaginer que le poisson du jour arbore un S de trop... Cette fille n'est qu'un poison et son atout premier est sa langue venimeuse...

Deux consolations tout de même en fin de cours...

Grégoire m'a dit un mot gentil : « Sarah, qu'est-ce que t'as progressé en un an... tu m'épates... un vrai poisson dans l'eau. » Il a enrobé ça d'un sourire blanc et d'un regard à tomber. Au moins il ne m'oublie pas totalement. S'il savait que ce qui m'intéresse dans la natation c'est lui... et ne pas le décevoir.

Autre consolation : en fin de cours, Alyssa a été prise d'éternuements compulsifs avant de tousser... Si elle pouvait être malade aussi celle-là... je me récupérerais une chambre anglaise pour moi toute seule...

En attendant, je suis chez Cécile, la secrétaire du Proviseur, et je redoute son verdict pour la capitale anglaise qui n'attend pas que moi...

Résultat de mon mouchard anti-Vieille ce jour : elle s'est absentée pendant cinq minutes aujourd'hui entre 14h55 et 15h. Mais qu'est-ce que je peux bien faire de ça ???

L'idée de David était finalement assez nulle... comme lui ! Qui m'a snobée une fois de plus à la sortie du lycée alors que je lui offrais un sourire sympa... Pfff... Nul !

Liste des absents au lycée :
ce matin confirmation de l'absence de Ash pour le 2ème jour
Sonia figure aussi sur la liste des abandonnistes
enfin cet après-midi, la Gothique appartient aussi à la catégorie des fantômes au cours d'Arts Plastoc...

A ce rythme-là, je vais finir par partir à Londres sans l'ombre d'un doute et je partagerai la même chambre qu'Alyssa qui aura été abandonnée par ses deux cerbères pestiférées. Ce n'est pas ce dont j'ai le plus rêvé, mais Alyssa est désormais un vieux combat presque révolu. Je connais trop de choses sur elle, sur ses blessures, sur sa famille... Si le destin m'envoie dormir avec elle, j'en fais mon affaire.

Oui je sens que je suis prête à affronter cette nouvelle expérience...

Je me décide à envoyer un SMS à Ash pour m'enquérir de sa santé chancelante... Elle m'a répondu dans les deux minutes, elle doit dormir sur son portable.

« Sui grav explosé, fievre et toux, cata... »

« Mince tu vas pas pouvoir venir à Londres ??? »

« Non mé ta fumé tes cheve ??? Moi raté londres pour rien o mond, quit a en crevé sur plas »

Je suis pas mécontente de la retrouver là-bas... mais si tous les absents se disent la même chose, c'est moi qui vais rester en plan.

Je réalise la quantité de posts que j'ai écrite sur Londres... l'énergie... les angoisses... les conjectures... Tout ça ne peut pas finir en eau de boudin devant la télé pendant quatre jours à côté d'une Vieille moisie en train de ronfler et de râler au fond de son lit...

J'imagine que mes blogués en ont ras le bol de mes histoires sur Londres... Tout ceux qui ont déjà voyagé et quitté la France doivent se dire que je suis une sombre gourde pas très évoluée. Mais ce petit pas pour tous les autres, est un immense pas vers le monde pour moi. Je m'en fais peut-être toute une montagne... mais on ne pourra pas dire que je suis une blasée de la vie ! C'est tout le contraire, ce monde inconnu m'émerveille et me terrifie...

Premières conclusions du « mouchard infrarouge qui informe ma tablette en bluetooth » de l'ouverture de la porte d'entrée de mon appart' et que mon ami David a installé vendredi soir pendant que la Vieille ronflait :
1/ Je passe mon temps à ouvrir cette porte, sûrement parce que j'ai besoin de m'échapper...
2/ Inversement, la Vieille ne sort plus de l'appart'...

Il y a une sorte d'horodatage des ouvertures... et tout correspond à mon va-et-vient depuis les trois jours de suivi. Grrrr... Ce n'est donc pas bien concluant pour la suite du plan.

On aurait fait tout ça pour rien ? Mes grandes idées pas encore dévoilées tombent à plat...

Le suspense continue... Il y a des quintes de toux dans toute la classe... Ça me rappelle Rosette la Gothique qui a laissé un souvenir organique sur mon chef d'œuvre mardi dernier... Elle a dû contaminer tout le lycée... ça ne m'étonne pas d'elle !!!

Pourquoi je raconte ça ? Ben c'est autant de défections possibles pour Londres qui se rapproche peu à peu de moi... C'est un mélange de terreur et d'excitation qui bouillent dans la marmite du futur... Beaucoup de premières fois à vivre pour une pauvrette comme moi...

Tiens, Quentin est en train de s'étouffer et part à l'infirmerie... Oh la, Sonia crache ses poumons et s'enfuit hors de la classe... Ça en fait des possibilités soudainement. Ce voyage devient de plus en plus réel...

Du calme Sarah... Je me sens pas très bien cet après-midi... Comme si je couvais un rhume ou une grippe... Et si c'était moi la principale défection ???

Heureusement le lycée a quelques bons côtés, comme le lavage de cerveau et la dépersonnalisation du lundi matin. Vous arrivez déprimé, déstabilisé, déboussolé, découragé... ouf le lycée est là pour vous faire oublier tous vos problèmes personnels et les remplacer par d'autres beaucoup moins compliqués... le bac... le voyage à Londres... un ou une remplaçant(e) pour le prof de philo... le changement de couleur de cheveux de Quentin...

Bref, plein d'interrogations superficielles, impersonnelles qui ne remettront sûrement pas en cause votre existence. C'est la survie par le vide : le quotidien sans âme et sans émotion efface les vraies questions de la vie qui trottent dans votre cerveau. C'est triste mais cruellement efficace...

Et l'inquiétude qui me prend ce matin, c'est l'absence d'Ashley... Et si sa maladie l'empêchait de partir à Londres ? Et si son absence débloquait une place pour moi ? Je serais triste de ne pas retrouver cette chipie hystérique au pays du bœuf bouilli ! Mais sa chambre n'est sûrement pas la pire : Quentin et deux autres garçons... Bon, si les deux inconnus sont aussi gays que Quentin, alors je n'ai aucun souci à me faire. Ce genre d'ambiance, même si je n'y participe pas, me met à l'aise... Ils parleront garçons entre garçons. Mais si les deux autres sont plutôt dans un état d'esprit viril genre « chasse à la meuf » et « elle est bonne », alors j'irai à reculons... Bref cette chambre est un pis-aller...

Beaucoup de conjectures pour pas grand chose...

Mais au moins toute cette réflexion de seconde zone jette un voile sur le bouleversement que j'ai connu ce week-end... et je ne veux plus jamais connaître ce sentiment indescriptible qui m'a rongé le cœur et le corps...

La Mamie boudait quand je suis arrivée... Elle était dehors comme à son habitude...
- MOI : Vous avez pas l'air contente aujourd'hui...
- MAMIE : Oh je suis très heureuse que tu sois là... Mais c'est mon fils... il n'est pas venu...
- MOI, inquiète : Il va peut-être passer aujourd'hui ?
- MAMIE : Il commence déjà à m'oublier... Bientôt il va aller me perdre en forêt de Fontainebleau...
- MOI : C'est horrible...
- MAMIE : Je suis désolée de te raconter tout ça...
- MOI : Je vous abandonnerai pas... moi... jamais !
- MAMIE : Tu es trop mignonne...
Elle me croit pas... le jour venu elle sera surprise !

Notre conversation est devenue plus légère. J'ai passé presque deux heures avec elle... je ne pouvais pas partir. Au fond de moi, j'appréhendais le départ, la peur de la peur survenue dans la nuit de vendredi à samedi rôdait.

Mais elle devait dîner : « On mange comme des viocs ici, ou des Amerloques ! A 6 heures, tout est fini, c'est l'heure d'aller mourir ! Mais j'ai faim que veux-tu... »

Ça n'a pas raté... une fois dans le RER, j'ai senti le « manque » à nouveau, et les larmes sont montées. J'ai préféré annuler mon jogging du dimanche soir, la peur encore...

Le « manque » est mon nouvel ennemi... un ennemi insidieux, tapi au fond de moi qui n'a pas encore dévoilé toutes ses intentions.