David est venu frapper à ma porte vers 18h pour notre jogging hebdomadaire. Même si je lui en veux toujours, je préfère faire semblant de lui avoir pardonné afin de ne pas trop attirer son attention sur moi... ou plutôt sur la Mamie et moi...
Mais il devient quand même envahissant... Je lui avais dit qu'on se retrouvait en bas encore une fois... Mais non il n'en fait qu'à sa tête... Je suis obligée de cacher la Mamie dans les toilettes avant d'aller ouvrir...
- DAVID : Salut Sarah... T'es prête ?
- MOI : Oui oui oui, mais on n'avait pas dit en bas ?
- DAVID : Ouais mais c'est plus sympa maintenant que t'es seule, je peux venir te chercher ici...
A ce moment-là, on entend une chasse d'eau tirée... Je déglutis, hyper gênée...
- DAVID : Y'a quelqu'un chez toi ?
- MOI : Ben non, mais ici on entend tout ce qui se passe chez les voisins...
J'ai claqué la porte immédiatement pour éviter que ça dégénère... La Mamie a dû oublier pourquoi elle était aux toilettes, et elle a fait ce qu'elle a cru qu'elle devait faire... Et une fois qu'on a fini ce qu'on doit faire aux toilettes, on sort... surtout quand on a oublié qu'on n'y était pas pour faire ce qu'on doit y faire habituellement !
Mais les choses ne sont jamais aussi simples :
- DAVID : Mais t'as pas tes baskets aux pieds...
- MOI : Je vais courir comme ça...
- DAVID : En pantoufles ???
Coincée...
- MOI : Tu pourrais m'attendre en bas ?
- DAVID : Pourquoi ?
Invente, brode, rebondis, aie l'air crédible Sarah...
- MOI : Tu pourrais m'acheter un pain au chocolat pendant que je me change ? Je te rembourse après... J'ai trop faim là...
- DAVID : J'te l'offre si tu veux...
Ouf, bien joué ! Heureusement car la Mamie était revenue sur le canapé, en toute innocence...
- MAMIE : Mais tu es déjà revenue de ta marche ?
Hum... sans commentaire !
Lors de notre course, David a fait part de ses peurs et de ses doutes :
- DAVID : Je m'inquiète Sarah...
- MOI : Ben pourquoi ?
- DAVID : Tu veux pas m'inviter chez toi alors que t'es seule...
- MOI : J'ai du mal à respirer aujourd'hui...
- DAVID : Je me demande si tu caches pas quelqu'un...
- MOI : Ça doit être la pollution, ou bien les pollens...
- DAVID : Peut-être que tu as quelqu'un qui vit avec toi...
- MOI : Je sais pas si je vais pouvoir aller jusqu'au bout, j'ai le souffle coupé...
- DAVID : Tu esquives ?
- MOI : C'est ridicule...
- DAVID : T'as peut-être un copain... ou une copine ?
Je me suis esclaffée, de soulagement !
- MOI : Je t'ai pas complètement pardonné. Franchement, j'ai essayé. Mais là, y'a un truc qui reste bloqué...
- DAVID : Je suis pas parfait Sarah... j'ai peut-être eu tort. J'ai tout fait pour me rattraper.
- MOI : Ton aide c'était super...
- DAVID : Peut-être que tu m'en veux encore pour cet été...
- MOI : Aussi, oui... Mais c'est pas vraiment t'en vouloir... Je suis méfiante, je peux plus tout te dire...
- DAVID : Finalement on n'a jamais retrouvé notre amitié de l'année dernière hein ?
- MOI : Je crois que c'est ça...
- DAVID : Je comprends pourquoi tu portais plus le blouson. C'est moi qui ai le souffle coupé... Je te laisse...
- MOI : Mais non... tu te...
Il a disparu au coin d'une rue en triplant sa vitesse ! La preuve qu'il ralentit exprès pour moi.
Dur d'entretenir une amitié quand on ne peut plus tout se dire. Et il ne sait plus rien de moi, ni moi de lui désormais...
J'ai fini par manger le pain au chocolat qu'il m'avait acheté. Tout ratatiné dans ma poche, comme notre amitié.
Encore une gaffe tiens : je l'envoie acheter le pain au chocolat en urgence et je le range dans ma poche ! Je comprends ses doutes !!!