VENDREDI 21 AOÛT 2015 17H50 : DÉPART À 18H19 QUAI 12
Me voilà un jour plus tard à la Gare de Lyon, 30 minutes avant le départ du train...
Il y a une heure environ David a trouvé des billets d'occasion sur Internet, des Prem's pas chers du tout alors que chaque aller est à plus de 100€ en ce moment.
- DAVID : On part ce soir !!! J'ai trouvé des billets...
- MOI : C'est génial... Ça va nous rappeler des souvenirs...
- DAVID : Oui presque...
- MOI : Presque ? Pourquoi ? On va au même endroit !
- DAVID : Ben on sera 3...
Et voilà la mauvaise nouvelle, je vais tenir la chandelle. Car ce n'est pas Ash qui nous accompagne... C'est sa nouvelle copine ! Et elle a un prénom insupportable... Cristal !
Mais ce voyage dans le Sud est avant tout un vrai pas vers mon destin... Car mon entrevue avec Rémy m'a offert un rebondissement inattendu. Sauf qu'avec lui on ne sait jamais si on mange du lard ou du cochon.
Cette entrevue a été empreinte d'émotion dans un cadre presque normal... Puisqu'on était dans le bureau du commandant de police. Pas de prison, pas de parloir.
Rémy avait l'air fatigué, son regard m'a tout de suite demandé pardon. Sans parasite. Cette sincérité brutale m'a un peu déstabilisée, je ne savais pas où mettre les yeux. Le Commandant est resté quelques instants pour tâter un peu l'ambiance... Et puis il s'est éloigné discrètement... Rémy a entamé la conversation avec de grands yeux rédempteurs...
- RÉMY : Le flic, il m'a dit que tu m'avais pas enfoncé... Il m'a dit que si j'évitais la prison, ça serait grâce à toi... Je suis désolé... J'ai jamais voulu que ça se finisse comme ça... Je savais que je devais brusquer les choses pour les dépasser... Tu comprends ?
- MOI : C'est fini maintenant...
- RÉMY : Non ça je veux pas... Promets-moi qu'on gardera contact.
Il me sort cette supplication avec les larmes aux yeux et me bouleverse...
- MOI : Ne me demande pas trop...
- RÉMY : On est comme un frère et une sœur... Et Madame Rondin c'était comme notre vieille tante... Nos parents nous ont lâchement abandonnés... J'ai plus que toi...
Heureusement que je n'ai pas que lui. Je casse le moment mélodramatique.
- MOI : Tu voulais me voir... ?
- RÉMY : Je voulais t'avouer quelque chose à ce moment-là... Et puis ça s'est mal terminé. J'étais à la pharmacie pour toi... Et voilà, la police était là pour moi. Tout ça à cause de ton pote là... Il a tout gâché ce con !
- MOI : C'est ça que tu voulais me dire ?
- RÉMY : Tu te souviens que tu m'as fait craquer à un moment...
- MOI : Quand on était ensemble ? Je sais plus... Faut dire que j'étais pas nette... à cause de toi.
- RÉMY : Tu parlais d'en finir...
Ça m'est alors brutalement revenu. C'était au début de mon incarcération... : cf post L'AFFRONTEMENT - CHAPITRE I
Je l'avais menacé de me suicider... et il avait fondu en larmes. Je ne sais pas pourquoi il revient là-dessus.
- RÉMY : Parfois je me dis que c'est mon destin...
- MOI : C'est pour ça que t'as pleuré alors, ce jour-là ?
- RÉMY : Je t'ai jamais dit comment mes parents sont disparus...
- MOI : Un accident... Je sais plus.
- RÉMY : Non... Je mens parce que j'ai honte de ce qu'ils ont fait... C'était volontaire.
Cette révélation me fait trembler et me coupe le souffle. Je crois comprendre que ses parents ont commis le pire. Oui, c'est le pire abandon qui soit. Comment survivre à ça ? Je suis choquée.
- RÉMY : Des gens de ma famille éloignée m'avaient plus ou moins lâché le morceau... Mais quand j'ai lu mon dossier à ma majorité, j'en ai eu le cœur net... Des années d'espoir qu'on m'ait menti pour que tout soit vrai à la fin... C'est dégoûtant de faire ça à un enfant, c'est criminel de faire des gosses pour se tirer une balle ensuite....
Toute réponse me paraît alors futile. Cette horrible vérité lui donne tous les droits et toutes les excuses... Et me renvoie à mes propres doutes et questions. J'imagine que c'est le lot de tout orphelin... Mais Rémy n'en a plus, il a la pire réponse qui soit. Et il doit vivre avec ça. Son existence est par défaut vouée au drame. Ses parents égoïstes en ont donné le ton.
Je n'ai pas pu m'empêcher de le prendre dans mes bras... Un geste de paix.
« Merci d'avoir partagé ça avec moi », lui ai-je soufflé à l'oreille.
Comment imaginer que notre duo fait originellement de menace, de peur et de risques finirait ainsi. C'était donc ça sa vérité... Elle le concernait... et pas moi.
Alors comment en suis-je arrivée dans une gare 24 heures plus tard ???
Au moment où le commandant s'apprêtait à mettre fin à notre entrevue, Rémy a réclamé une petite minute supplémentaire...
« Je sais peut-être quelque chose qui pourrait t'intéresser. Je pensais te donner cette info si notre voyage à deux se passait bien, dans mon appartement. Ça s'est pas fini comme je pensais... Mais aujourd'hui je crois que tu me comprends... Peut-être c'est rien du tout, peut-être tu sais déjà, peut-être tu t'en fous... J'ai entendu cette conversation quand j'étais avec Alyssa... »
Ça tenait en une phrase, en 3 mots... De quoi remettre en cause mon programme calme de ces prochaines semaines.
Avec une résolution tranchée à la clé : le seul moyen d'en avoir le cœur net, c'est de se rendre sur place... Là où j'ai eu des nouvelles pour la dernière fois... Des nouvelles qui m'ont toujours laissé un doute... Un doute partagé avec mes blogués. Trop d'indices...
Nous dormirons dans le camping où nous avons passé l'été 2013 avec David... Revival ! Ou nostalgie ?
Un pèlerinage... Une enquête... Avec j'espère des retrouvailles... là-bas ou ailleurs.
Si Rémy dit vrai, c'est le plus beau des cadeaux qu'il me fait.
Alors je vous laisse mes blogués pour un long moment, le cœur serré. J'aurais trop de mal à vous raconter la suite si tout ça tombe à l'eau à la fin. C'est un voyage pour moi seule même si je tiendrai de temps en temps la chandelle...
La mort de Mme Rondin nous a rendus si tristes, Rémy et moi... Peut-être de tout ça renaîtra la vie...
Ces 3 mots vont me hanter durant les prochaines heures... voire les prochains jours. Pourvu que cette attente ne dure pas trop longtemps. Il n'y a rien de pire que les espoirs déçus. Croisez les doigts mes petits blogués...
« Elle est vivante... »
« Elle est vivante... »
« Elle est vivante... »
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