Ce matin en cours, Ash m'envoie un sms étrange :

« ca sen 1 drol dodeur... »

« tu sen pa ? »

Je ne sens rien, franchement. Après c'est peut-être ma propre odeur, la plus difficile à sentir... Je mets du déo consciencieusement chaque matin. Mais bon... on ne sait jamais.

« Nouvelle odeur ? Jamais sentie ? »

« non Bizar ! Ekeuran ! »

Si c'est mon odeur, elle l'aurait déjà sentie, et s'en serait déjà plainte non ?

J'ai ensuite oublié à l'heure du déj... Mais en cours d'arts plastoc, Rosette la Gothique a relancé le doute...

« Ca schlingue la mort, le rat crevé... je suis sûre que c'est toi la grosse... » s'exclame-t-elle dégoûtée. Elle se rapproche de moi, inspire et se pince le nez.

Seraient-ce mes vêtements que je change régulièrement ? Une odeur de mal séché ? Je me mets à me sentir partout. Évidemment la Gothique prend une photo pendant que je suis en train d'humer mes aisselles...

Mais je ne trouve pas... Et pourtant je suis d'accord, il y a un fond de quelque chose... qui me rappelle quelque chose d'autre... un je-ne sais-quoi de « déjà senti ».

Pfff je viens de trouver... la honte !!

Aujourd'hui j'ai plané sur mon nuage tout en digérant cette belle leçon de vie : le pardon s'obtient plus par des actes que par des mots. Reste à trouver ce que je vais accomplir pour Yunso...

Pleine de motivation, je me suis dit que je devais reprendre toutes mes enquêtes, que j'étais peut-être douée pour ça. En tout cas, que le destin me mettait peut-être tout sous le nez et que je n'avais qu'à me servir. Pour les cambrioleurs, c'est exactement ce qui s'est passé, alors pourquoi pas plus ? Encore et encore ?

Et ma première enquête très chaude est cette histoire de bracelet offert deux années de suite par la Mamie. Je veux m'assurer que ce n'est qu'un coup d'Alzheimer ou consorts.

Mais il y aussi la chute de la Vieille, son changement d'attitude, cette pièce secrète qui contient peut-être des animaux sauvages exotiques (bon je m'avance un peu sans preuve là) et puis cet escalier de service si propre entre le 2ème et le rez-de-chaussée et condamné au-dessus...

Allez petits indices, venez jusqu'à moi ! Je suis prête, l'INSPECTRICE SARAH est sur le pont !

J'ai fait une longue nuit sereine et profonde après les révélations de la nuit dernière... D'où ce post tardif.

Mrs Lawson m'a tout de suite prise en charge, elle m'a proposé de m'emmener à l'hôpital... mais bon comme je n'avais rien, elle m'a ramenée chez elle.

Elle a couché la petite Jessica qui était avec elle dans la voiture pendant que je retrouvais mes esprits sur son canapé.

- Mrs LAWSON : Je rentrais tout juste from the countryside... It's horrible, I could have harmed you seriously... te blesser...

- MOI : I am sorry...

- Mrs LAWSON : J'aurais pas supporté de te faire mal, you helped us so much...

Sa gentillesse, ses yeux m'ont calmée, la pression est retombée et j'ai fondu en larmes comme jamais. Sans fin. Une fontaine... Un mélange de peur, de honte, de culpabilité, lié à l'accident et tous ces derniers jours.

- Mrs LAWSON : Don't cry Sarah... Oh no... please !

- MOI : Je peux pas m'empêcher...

Elle me ramène un chocolat chaud préparé en 3 secondes et me met 3 sucres dedans. Il est crémeux, rassurant, réconfortant. Elle me connaît bien... Je ressens tout son instinct maternel. Oui elle est une maman dans l'âme...

Je me calme un peu, je reprends mes esprits en douceur. Et je repense aux questions que je voulais lui poser il y a quelques semaines sur le cambriolage, son cambriolage.

En effet la rumeur est partie dans tous les sens : une ado de quinze ans aurait élucidé le cambriolage... à moins que ce ne soit une petite fille qui aurait barré la route des cambrioleurs... ou un habitant du quartier très musclé !

A cette heure avancée, j'hésite à poser la question :

- Mme Lawson, can I ask you something ?

- Anything...

- Il y a une rumeur sur votre cambriolage... qui semble-t-il a été élucidé puisque vous avez récupéré tous vos meubles...

- A rumor ? Which rumor ? There is no rumor... a witness girl found out who the burglars were, and you know her perfectly !

- Euh... un témoin... que je connais... ?

- Yes... une jeune fille très curieuse who likes sneaking behind the doors...

Et elle me montre la « porte », celle que j'ai forcée pour aller explorer l'inconnu il y a quelques mois. Cette porte qui m'a dévoilé cet escalier de service inconnu, ces étages poussiéreux jusqu'au 2ème étage. Bref...

Quand elle me désigne, je comprends qu'elle me désigne moi !

- Moi ?

- But of course !

Mais comment croit-elle que j'ai barré la route des cambrioleurs, élucidé le vol et ramené les meubles...

- I sent you a postcard from New-York, do you remember ?

- Yes yes

- C'était pour vous remercier...

- I didn't do anything...

- You did ! You recognized the burglars !

Et là je comprends tout enfin presque... Souvenez-vous : j'ai reconnu les voleurs de la cave de David ce qui a permis de l'innocenter alors que son père le croyait coupable du vol de toutes les bouteilles de vin. Mais je me suis aussi souvenu plus récemment que j'avais déjà vu leurs visages (leur mine patibulaire reconnaissable entre mille), grâce à mon blog j'ai même retrouvé la date et je suis allée le dire au commissariat... à reculons il est vrai ! (cf les 3 posts du 13 octobre 2013). Et c'est peut-être ça qui a déclenché cette résolution...

Mais de là à imaginer que quelqu'un a barré la route, etc...

- Comment savez-vous Mme Lawson que c'est moi qui ai reconnu les voleurs ?

- My husband... il a demandé à la police... He was so happy to get his furniture back...

- Et qu'est-ce qu'elle a dit la police ?

- That it was thanks to a young teenager... My husband, il a demandé le nom pour la remercier... et il m'a ramené un petit bout de papier écrit par ses amis de la police...

Elle ouvre un tiroir, sort une feuille de papier, me la déplie... et je vois mon nom et mon adresse...

Je suis absolument scotchée !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! J'ai jalousé cette Mlle X pendant toutes ces semaines... et je viens de découvrir que c'est moi. Ma fidèle lectrice Jany avait presque compris ! Mrs Lawson enchaîne :

- Je me suis fait gronder by my husband d'avoir un peu trop parlé au début because the burglars were not arrested yet... I was supposed to wait the case was clear...

D'où cette conversation ubuesque avec elle mi octobre où elle disait des trucs bizarres sans rien dire. (cf posts du 14 et 15 octobre).

- Et vous en avez parlé à d'autres personnes ?

- A little bit...

Et j'imagine que ça a ensuite été déformé par la rumeur pour devenir cette « Mlle X » qui savait tout faire et qui avait tout dénoué par elle-même.

In-croy-able...

Le destin est assez génial...

Je sèche mes larmes, je souris. Même si je suis consciente que je n'ai pas révolutionné l'affaire, j'ai contribué un tout petit peu à ma manière. Les policiers ont du faire des liens quand je leur ai dit que je les avais déjà vus dans le quartier quelques mois auparavant. Les coupables ont dû avouer... le reste s'est décanté, la planque a été trouvée.

Pour la première fois depuis le spectacle de début juillet, j'éprouve ce sentiment de fierté qui change la vie. Tout en restant modeste... Mais qui va me croire ??? La seule à savoir est Mrs Lawson... Ce sera donc un triomphe en petit comité cette fois...

Et elle conclut : « I Am sure that the day tu as ouvert la porte, c'est parce que tu avais entendu un bruit. I am sure the burglars were there but they heard you and they ran away that day... »

Je n'ose même pas la contredire même si c'est faux, complètement faux. Mais c'était quand même pour une bonne raison... Sortir du placard les petits mystères juteux des Vieux.

Alors je vais la laisser avec cette réalité arrangée sans me sentir coupable pour une fois.

En me ramenant à la porte de mon appart', elle me dit : « Think, Sarah, Think...réfléchis à un cadeau et tu l'auras... and no censorship... WHATEVER you dream of... Mon mari et moi ferons le maximum »

Elle m'a déjà fait le plus beau cadeau en me pardonnant d'avoir abandonné sa fille lors de mon escapade dans l'escalier de service.

Je me suis endormie comme un bébé, fière de moi. Pleine d'espoir. Pour la 1ère fois depuis si longtemps.

J'ai failli mourir ce soir... et je ne m'en remets pas.

Non on n'a pas tenté de m'assassiner... Un poulet mort ne s'est pas réveillé pour me paner, me frire et me croquer à sa place... Non du tout ! Ni un bain d'huile qui aurait tenté de me brûler en giclant... encore non !

Sur le chemin du retour, j'étais tellement dans mes pensées, que j'ai failli me faire renverser par une voiture. Une berline aux vitres teintées, comme dans les séries !

La voiture m'a quand même effleurée à la fin du freinage, je suis tombée. Enfin je ne suis plus trop sûre... si je suis sûre d'être tombée, mais pas sûre d'avoir été même effleurée !!!

A l'inverse des séries, le conducteur secret n'a pas pris la fuite et est sorti de sa voiture pour me porter secours alors que j'étais en train de me relever... un accent américain... une voix de femme... c'est Mrs Lawson qui a failli me renverser !!!

La soirée ne s'est pas arrêtée là...

Mais là je suis trop épuisée pour raconter... je ne sais même pas si quelqu'un va croire ce qui s'est passé. Même moi je n'y crois pas.

Mon emploi du temps a été un peu chamboulé.

A 16h25, dans le couloir, Yunso m'a adressé la parole, enfin si on peut dire ça : « Je veux plus te voir, t'existes plus ». Tiens ça me rappelle quelque chose...

A 16h35, le manager de KFC me convoque en urgence par téléphone : « Tu ramènes tes fesses fissa si tu veux continuer à travailler ici ! ». Il est d'humeur exécrable... Je ne vais pas dire non.

A 16h40 sur le chemin du poulet frit, je reçois un SMS : « Sarah je souhaiterais qu'on parle tous les deux aujourd'hui, est-ce que c'est possible ? Marco ». Ça y est, il sait tout, Yunso lui a tout dit, je vais passer à la casserole, il va m'insulter, me transformer en chair à pâté. J'ai gâché sa vie.

Je ne suis pas la plus courageuse... Mais sur ce coup j'aurais préféré l'affronter maintenant pour me débarrasser de toute cette merde qui me colle à la peau depuis une semaine...

Mais je me suis engagée... alors j'ai été obligée de lui répondre : « Désolée Marco je travaille aujourd'hui... plus tard ? ». Il n'a pas dû me croire... Et je dois avoir l'air d'une grosse lâche...

Toujours pas de réponse, CQFD : option balance, mention grosse lâche !

Je suis alors allée m'asseoir sur mon banc, pour observer cette trouvaille sous toutes ses coutures.

Oui c'est bien lui... les serpents qui se joignent par la langue et par la queue, le nombre 2882 inscrit à l'intérieur, le métal... C'est la copie de mon bracelet ! Et surtout c'est le bracelet d'Alyssa...

Celui qu'Alyssa a offert gracieusement à Ashley, celui que David a volé pour moi par la fenêtre d'Ashley à Saint-Ouen, celui que j'ai gardé caché sous mon matelas, celui qui a disparu le jour du cambriolage de mon appart', celui qu'Alyssa n'aimait pas et qu'elle a fait expertiser, celui qui selon elle ne vaut rien, celui qui selon le bijoutier de Yunso est l'original du mien.

Je déchante vite finalement car c'est bien le modèle d'Alyssa mais je doute que ce soit vraiment le même... Celui que je viens de trouver est parfaitement neuf, celui d'Alyssa avait si je me souviens bien quelques rayures à l'intérieur.

Ce n'est peut-être pas la trouvaille du siècle du coup... mais ça renforce l'idée que le bracelet d'Alyssa était une version industrielle.

Je comprends encore mieux la réaction de la famille lors du petit anniversaire hier... La Mamie n'a pas offert une boîte vide à sa petite-fille... mais le même cadeau que l'année dernière !!!! Je me demande ce qui est pire...

Ce qui est amusant, c'est que déjà l'année dernière Alyssa n'avait pas aimé son cadeau puisqu'elle l'avait refourgué sans scrupule... Et cette année, elle se récupère le même modèle... j'adore !

Bon ben voilà ! Je fais quoi de tout ça... ? La Mamie perd de plus en plus la boule, voilà ce que ça prouve. Mais quand même offrir la même chose deux années de suite... elle a un coup de foudre pour le bracelet c'est sûr.

C'est peut-être le moment d'en reparler avec elle... Si son esprit veut bien.

J'ai été assez bouleversée par la journée d'hier...

D'abord par la réaction de Yunso. Avouer ne me guérit définitivement pas de mon sentiment de culpabilité, c'est même pire ! Je m'arrête là, tant pis pour Marco, Yunso lui dira le moment venu.

Mais j'aurais pu sombrer dans le chagrin toute la soirée jusqu'à cette découverte assez intrigante. Ma curiosité a pris le dessus...

J'ai pris hier soir mon courage à deux mains -c'est le cas de le dire- en les plongeant dans la poubelle où Alyssa venait de jeter la boîte...

Berk, des peaux de bananes, un coca qui s'est vidé, des mouchoirs tout collants, du métal... Ah ça y est je l'ai ! La boîte est d'un genre imitation cuir bas de gamme. Je l'ouvre avec mes mains puantes et poisseuses... la boîte est vide !

Je comprends mieux la réaction de la famille. La Mamie a offert à sa petite-fille un cadeau vide ! C'est assez ignoble !!!! Mais bon elle n'est pas capable de faire ça... C'est sa tête... sa pauvre tête qui lui joue des tours, pauvre Gina.

Je rentre alors piteusement vers mon immeuble et je jette la boîte vide dans la poubelle suivante. En la lançant je remarque que le boîtier se ferme et s'ouvre tout seul, le mécanisme est un peu cassé.

Je suis alors prise d'un doute, je retourne à la 1ère poubelle, je replonge mes mains dedans, je me demande alors si quelqu'un n'a pas vomi entre-temps dans cette poubelle. Comme il fait nuit noire, mon toucher est mon seul allié afin de trouver peut-être ce quelque chose...

Des vieilles frites, un truc tout mou qu'il ne faut pas imaginer visuellement, du métal, du...

Le métal encore... je l'attrape solidement... c'est circulaire, et très fin... je le sors de la poubelle...

Mon cœur s'arrête net... J'ai le plus gros choc de ma vie. Le plus gros !!!

Cette journée aurait pu se finir de cette manière... Mais il s'est passé une anecdote troublante sur la terrasse du Rialto.

Je suis restée plusieurs heures à ma place du fond du bar à me morfondre. Je m'apprêtais à partir quand j'ai vu toute la famille d'Alyssa se réunir autour d'elle sur la terrasse couverte et chauffée... me rappelant un événement ayant eu lieu il y a un an : sa petite fête d'anniversaire ! Même lieu, presque même date... Il y a le père, la mère qui s'appelle Livia ou Francesca, la grand-mère paternelle qui est la Mamie de mon blog que j'adore et qui s'appelle Gina... et qui perd un peu la boule quand ça l'arrange ! Et il y a bien sûr l'horrible Alyssa...

Il manque Marco, c'est pas étonnant.

Il y a beaucoup d'amour autour d'elle, je le sens d'ici, même à travers la vitre. Et je pense qu'ils sont aux petits soins avec elle cette année, à cause du vendredi 1er novembre... S'ils savaient qu'Alyssa n'est pas seulement une victime...

Sa mère lui offre une tablette hybride, elle saute de joie. Son père lui offre des feuilles de papier... euh... il y a des photos... Ça a l'air de lui plaire encore plus que la tablette... On dirait qu'il y a un poney sur une photo... Non ? Il lui offre un poney ??? Le cadeau ringard... Mais bon c'est pas donné non plus !!! Elle est très gâtée celle-là...

Sa mère lui donne un autre cadeau qu'elle lui rend brutalement. Hmmm et si c'était le cadeau de Marco ?

Reste le cadeau de la Mamie : Alyssa déchire le papier cadeau avec avidité, puis voit la petite boîte qu'il contient et déchante un peu. Puis elle ouvre la boîte et se décompose... La mère masque son visage avec une main, sûrement pour dissimuler son désarroi. Le père, livide, se lève brutalement, le visage sombre et revient à l'intérieur du bar. Sûrement une excuse pour ne pas assister à ça...

Je me demande alors ce qu'il y a dans cette boîte pour générer un tel malaise.

Alyssa dit deux ou trois mots, puis embrasse tout le monde. Alyssa ramène ensuite sa grand-mère dans l'immeuble d'à-côté. Pendant ce temps, le père et la mère Rinaldi semblent avoir une conversation douloureuse au comptoir. Le père n'arrête pas de hocher négativement la tête alors que la mère le harcèle de mots agressifs.

Quelques minutes plus tard, Alyssa ressort de l'immeuble de sa grand-mère, et revient chercher tous ses cadeaux. Elle va ranger soigneusement sa tablette et les photos de son poney virtuel dans l'arrière-salle, puis en repassant elle prend la boîte offerte par sa grand-mère, sort de la terrasse... et la jette dans la 1ère poubelle venue ! Avant de disparaître dans la pluie sombre...

Quelle petite vipère celle-là... jeter le cadeau de sa grand-mère !

Fin de la journée... Oui ? Non ?

J'ai beau être au 36ème dessous... Vous pensiez vraiment que j'allais en rester là ?

On s'est placées derrière la terrasse, devant la vitrine, dans le fond du bar. C'est elle qui est allée spontanément vers ce nid caché...

Elle s'est mise face à la salle... et moi face à elle et face au mur...

Mais j'ai tout de suite vu dans son regard qu'elle cherchait quelque chose, quelqu'un... elle me regardait par intermittence seulement.

- MOI : Alors comment ça va Yunso ?

- YUNSO : Ma mère n'arrête pas de me demander...

- MOI : Elle s'inquiète pour toi, comme moi...

- YUNSO : Pourquoi s'inquiéter ? Y'a pas de problème...Il s'est rien passé vendredi dernier...

- MOI : Oui, enfin un petit truc quand même... mais tu t'en doutais peut-être...

A ce moment, elle se fige, son regard suit quelqu'un qui passe dans mon dos, et s'illumine quelques secondes avant de s'éteindre. Dans le miroir, je remarque évidemment Marco qui vient de passer. Ma grande bouche prend le contrôle...

- MOI : Non tu t'en doutais pas...

- YUNSO : Mais bien sûr que si... mais j'y croyais encore un petit peu...

- MOI : Tu m'en as jamais parlé...

- YUNSO : Appelle ça l'intuition...

- MOI : Kamil a pas l'air trop perturbé, lui !

- YUNSO : Tu parles il est aux anges, il m'horripile, je vais pas tenir de vivre avec ces deux mecs...

- MOI : Ouh la, prends le temps de réfléchir...

- YUNSO : Tout ça me fout en colère...

- MOI : Qu'est-ce qui te met dans cet état ? C'est Marco ?

- YUNSO : Non je suis déçue, mais je suis pas en colère contre lui ou ce qu'il est... En fait, j'aurais tellement aimé que ça se passe dans d'autres conditions ce coming-out... je comprends pas comment ça a pu tourner comme ça... Mais ma mère me dit d'accepter le destin... la faute à pas de chance...

Oh, c'est terrible ce qu'elle me dit, c'est le moment de tout dire...allez Sarah !

- MOI : Je sais que c'est pas la malchance... quelqu'un a tiré les ficelles... à cause d'une autre...

- YUNSO : Quoi ? Mais qu'est-ce que tu veux dire ?

- MOI : Ce coming-out devant trente personnes... Marco qui a annulé à la dernière minute... Tout est trop parfait ! Qui avait intérêt à ce que ça se passe comme ça ?

- YUNSO : Tu veux dire que quelqu'un y trouve de l'intérêt ?

- MOI : Quelqu'un qui est aussi très impliqué...

- YUNSO : Le mec qui était avec Marco ?

- MOI : Non, lui c'est qu'un dommage collatéral...

- YUNSO : Je vois pas... crache le... Non... c'est Alyssa ???

- MOI : Évidemment !

- YUNSO : Comment tu le sais ? T'en es sûre ?

- MOI : Elle ne le nie pas...

- YUNSO : Mais comme elle a fait ?

- MOI : Elle a plein de ressources...

- YUNSO : Mais quelle salope celle-là !!!

- MOI : Faut pas oublier qu'elle en a bavé quand elle a découvert ça... Elle était folle de son Kevin...

- YUNSO : Mais ça excuse rien... mais comment on peut être aussi machiavélique ???

- MOI : Moi je le savais déjà...

- YUNSO : Qu'elle était machiavélique ?

- MOI : Oui aussi...

- YUNSO : Hein... attends... t'es en train de me dire quoi là ?

- MOI : J'étais au courant...

- YUNSO : Tu savais depuis longtemps ?

- MOI : Oui non, enfin un peu, assez...

- YUNSO : Quand ? Dis moi !

- MOI : Mars...

- YUNSO, bouillante : Hein tu sais tout depuis ce temps ?

- MOI : J'étais pas sûre, je voulais pas m'immiscer... mais le pire c'est qu'Alyssa a découvert la vérité grâce à moi...

- YUNSO : Tu lui as dit à elle en premier ???

- MOI : Non pas directement...

- YUNSO, exaspérée : Vas-y explique là, je veux comprendre...

- MOI : Tu te souviens le soir de mon spectacle début juillet... J'ai remplacé au pied levé, une autre fille qui devait interpréter Fleur de Lys... Elle avait été exclue suite à son comportement envers Alyssa... Hé bien la fille ne l'a pas bien digéré et pendant la deuxième partie du spectacle, elle a tenté de saboter des cordes qui tenaient des spots ou des rideaux, je sais pas...

- YUNSO : Tu t'embrouilles là...

- MOI : Non tu vas voir... Je l'ai vue et j'étais la seule à la voir, c'était une question de secondes avant qu'elle commette un acte dangereux, peut-être irrécupérable. Alors je lui ai donné de la matière à se divertir... à oublier son sabotage... et à se venger de son ennemie jurée, Alyssa.

- YUNSO : On se croirait dans Gossip Girl...

- MOI : Fleur de Lys a tout de suite oublié les cordes... elle a dû s'empresser d'aller tout répéter à Alyssa, qui a perdu sa voix et pleuré tout le reste de la soirée...

- YUNSO : D'accord... et t'es contente de toi ?

- MOI : Si je te raconte tout, c'est que je me sens pas bien...

- YUNSO : Tu veux quoi ? Un pardon ? D'avoir gardé tout ça pour toi, de m'avoir laissé sur mon petit nuage durant tout ce temps... Tous ces déjeuners où je me confiais... Ça t'a bien amusée de me laisser rêver alors que j'en avais pas la moindre idée ? Tu m'as vraiment prise pour une pauvre idiote... Tu t'es bien marrée dans mon dos...

- MOI : Mais... tu m'as dit tout de suite que... que tu t'en doutais que Marco aimait les garçons...

- YUNSO : Ben non Sarah, en fait non, ça m'a jamais effleurée, et j'ai toujours pensé qu'il attendait le bon moment pour moi...

- MOI : Je suis désolée... vraiment...

- YUNSO : Sarah, t'es vraiment aussi pourrie qu'Alyssa. Ça m'apprendra à me confier à une ado...

Elle s'est levée verte de rage, me laissant rouge de honte.

Résultat : game over ! Je viens de perdre la seule amie qu'il me restait encore, la seule qui ne m'ait jamais trahie.

J'ai été naïve. Comment imaginer qu'avouer expierait mes fautes ? Évidemment le fait que j'aie vendu la mèche à Alyssa, Yunso s'en fiche. L'effet ricochet elle s'en moque royalement... Non... elle m'en veut de quelque chose de plus grave...

Comment j'ai pu zapper la plus grosse de mes fautes : celle de l'avoir laissée entretenir un espoir d'amour avec Marco..., celle de l'avoir laissée dans l'ignorance sans scrupule...

Elle a raison, l'amitié c'est se soutenir et tout se dire.

C'est pour ça que je n'ai plus aucun ami...

J'ai croisé Yunso dans le couloir, elle avait l'air d'aller mieux et m'a proposé d'aller boire un verre au Rialto... vers 16h... Une idée étrange, puisque c'est le bar de la famille de Marco...