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16 ans, grosse & moche!

4 janvier 2013

VENDREDI 4 JANVIER 11h20 : NAISSANCE DES SHOES

J'ai dit que je ne voulais plus en parler, mais il manque un petit passage à mon histoire du passé...

Il reste une trace physique de ce semestre violent : mes shoes Newrock, délicatement compensées avec le bout métallique abimé (qui a crevé un ballon en cours de sport, cf post du 3 octobre 2012, à vos archives). Celles que je ne quitte plus jamais.

J'ai eu à un moment une roommate, un peu spéciale qui parlait pas et qui avait un look gothique. Mais elle me regardait souvent. Comme si elle essayait de me transmettre un message. J'étais tellement garnie de « boudins » dans la bouche des autres que son silence même horrifiant me faisait du bien. Jamais eu un problème avec cette fille.

Elle a fini par faire une fugue et n'est jamais revenue. Un mois plus tard, les éducateurs devaient revenir chercher ses affaires définitivement. Pour les foutre à la poubelle?

J'ai pas pu m'empêcher de fouiner et je suis tombée sur des pompes en cuir noires qu'elle portait tous les jours. J'ai mis mon nez dedans, ça sentait pas très bon. Et en secouant dans tous les sens, un mot est tombé par terre : « Prends les shoes, je n'en aurai plus besoin là où je vais ».

Hein? Qu'est-ce que ça veut dire? Partant du principe qu'elle devait tenir à ses godasses autant qu'à la prunelle de ses yeux, j'ai imaginé le pire, les prunelles étant HS...

Je me suis demandé si ce mot était pour moi alors qu'elle ne m'avait jamais sorti une phrase.

J'ai essayé les chaussures, elles m'allaient parfaitement. Les éducateurs sont rentrés à ce moment-là, pour faire le ménage. Je ne pouvais pas rendre les chaussures alors qu'elles étaient à mes pieds, j'aurais eu l'air trop idiote même si c'est une habitude chez moi. Et l'un d'eux dit à l'autre : « Tiens elle a pris ses shoes fétiches, elle doit être loin et peinarde la fille, t'inquiète! »

Je n'ai rien ajouté mais je devenais ainsi la seule au courant que son départ était bien plus désespéré que ça. Et ses « shoes » devenaient alors un bouclier de fortune contre les « boudins » du quotidien. Oui un vrai message : « viens pas me chercher ou les shoes vont te botter le cul !».

Pas tellement efficace.

J'oubliais, j'ai désinfecté les shoes et dégagé l'odeur avant de les porter, avec tout mon argent de poche du mois! Leur donnant ainsi une nouvelle vie : une adoption réussie en fait! Sans changer leur nom... les « Shoes ».

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3 janvier 2013

JEUDI 3 JANVIER 18h05 : EPILOGUE DU PASSE

Mon été 2012 fut atroce : le traumatisme de l'événement, le dégoût de moi-même, la honte d'avoir attiré ce genre de type, la honte de ne pas avoir su crier au bon moment... puis l'ambiance glauque du foyer o- j'échouai avec un ensemble de cas sociaux déprimants et terrifiants. Voilà avec quoi ils me rangèrent, avec les violents et avec les fous.

Et voilà comment naquit mon blog le 1er septembre 2012, dans cette ambiance et avec ces blessures. Les premiers jours de septembre, je ne savais toujours pas où j'allais atterrir. Rondin a dû vraiment faire les fonds de poubelle pour me trouver cette famille.

Il me vient une dernière question : que restera-t-il de tout ça? Aujourd'hui aucune blessure n'est refermée. Et dès la première alerte, je crois que Rémy revient me hanter pour me faire du mal et finir le travail commencé et jamais terminé.

Je n'en reparlerai plus jamais... mais tous les pourquoi de maintenant et du futur me ramèneront longtemps à cette dernière expérience de vie du 1er semestre 2012.

3 janvier 2013

JEUDI 3 JANVIER 12h25 : FONDATIONS SUITE ET FIN

Était-ce vraiment une bonne idée de remuer toute ces souvenirs poubelle? Un bon moyen de faire un cauchemar cette nuit.

Encore quelques appels en absence, qui apparaissent malgré mon téléphone éteint cette nuit. L'étau se resserre sur moi je le sens. Et tout ce harcèlement téléphonique ajouté aux Tarots me fait froid dans le dos. Mais il n'y a pas assez pour porter plainte... non?

Je suis allée prier à l'église pour que ce ne soit pas LUI.

Les mois ont passé dans cette ambiance tendue au foyer dont je parlais hier. Je me suis pris de nombreuses remarques toutes plus subtiles les unes que les autres, jamais directement, mais à haute voix juste à côté de moi, comme si je n'étais pas là. C'est pire... Ce qui me revient là : « elle a trois seins », « personne voudra la secouer », « elle est gonflée non? Sur un bateau avec elle tu coules pas » « Non tu peux t'en servir comme ancre en cas de tempête », « on pourrait nourrir un petit éthiopien avec toute cette viande »...

Oh je pourrais me dire qu'ils ne parlaient pas de moi, mais la voix qui hausse le ton quand j'approche, les rires niais, l'absence de regard et la virulence de Rémy dans le débat...

J'avais quinze ans quand ça a commencé, puis seize ans, des années où on se pose des milliards de questions sur son physique, où on se juge, on se jauge. Que faire de ce bagage? Comment ne pas accumuler de la haine et du dégoût pour soi?

Mes notes ont baissé, je me suis recroquevillée petit à petit. Mon seul refuge, le plaisir solitaire de la bonne nourriture. A la fin de l'année, je n'avais pas d'autre choix que de passer en 1ère L. Aucune autre voie n'était possible à part les mots et leur science. Mon dernier trimestre de seconde a été particulièrement mauvais.

Fin juin, les élèves deviennent hystériques, et la fin des épreuves du bac marquent l'explosion après la surpression. Et Rémy achevait son année de 1ère...

Parallèlement Rémy m'ignorait depuis plusieurs semaines pour mon plus grand bonheur! La rumeur courait qu'il avait trouvé une copine! Ah voilà le secret du bonheur! L'explosion de la cocotte-minute « post-épreuves anticipées du bac » allait être pour sa copine... et heureusement pas pour moi!

Un soir après le dîner j'étais seule dans ma chambre, ma roommate étant partie en tout début d'été dans un camp de rétorsion censé la remettre dans le droit chemin après une altercation avec un éducateur. (C'est ce qu'elle m'avait affirmé... mais elle était un peu mytho, genre ma vie est un feuilleton). Je lisais et je me suis fait surprendre par une entrée discrète dans ma chambre. C'était Rémy, visiblement très éméché. Je sursautai, ce qui lui donna un ascendant supplémentaire sur moi :
- Viens là ma petite chérie, viens m'admirer, hein que je suis beau! bégaya-t-il lourdement.
- Casse-toi!
- Laisse-toi faire, tu reverras pas ça de sitôt chérie.
- Et ta copine ?
- Laisse tomber cette salope. Saaaaaalooooope, toutes des salopes.

Mon cœur monta en pression graduellement à chaque seconde passée. Chaque battement me donnait un spasme dans tout mon corps. En une seconde je sortis de mon lit en mode auto-protection, m'éloignant le plus possible de lui. Mais il s'approcha :
- Va-t-en tout de suite!
- Mmmmh t'as une paire de ... de tu vois ce que je veux dire...

Si l'alcool embrumait son cerveau, son corps était à l'inverse plus vif que d'habitude. En un instant il me plaqua contre ma table de chevet, je tombai avec lui au sol, il commença à passer sa main sous mon T-shirt et à toucher mes seins en tentant de m'embrasser. Je n'avais pas la force physique de le repousser. Et je cherchais une solution, j'hésitais entre m'abandonner à l'horreur de ce qui pouvait continuer à se passer ou réagir. Tout ce qui me vint à l'esprit était la paire de ciseaux qui était dans le tiroir de ma table de chevet juste au dessus de ma tête.

Abandonner semblait tellement plus facile que de réagir. Pendant un instant il prit l'ascendant sur moi alors que je détournais la tête pour ne pas le voir. Ses mains continuaient à toucher la peau de mon buste. Comme je me calmais, sa force baissait. Un bras salutaire se dégagea de son poids et arriva en une fraction de seconde à tirer et faire tomber le tiroir. A ce moment là, il reprit le dessus totalement avec sa force herculéenne. Mais les ciseaux, empruntés à la cuisine, et tombés du tiroir, étaient là, pointus, devant mes yeux, alors que ses mains se dirigeaient vers le bas de mon ventre.

Ma main attrapa les ciseaux, il me vit réagir, et se protégea d'une paume de main, mais c'était trop tard, mon mécanisme de défense était enclenché et je lui plantai l'objet coupant dans la main!

Bien sûr ma force ne me permit pas de l'enfoncer durablement, mais suffisamment pour le faire hurler et le faire se relever.

Trente secondes plus tard, un éducateur rentrait dans ma chambre et nous hurlait dessus en nous mettant dans le même sac. Le sang faisait paniquer tout le monde. Rémy était aux bords des larmes et criait que j'étais folle, mais son ivresse ne faisait aucun doute. Et moi je respirais comme un animal sauvage, le visage rouge et dur, sans larme.

Le soir-même Rémy fut emmené ailleurs et moi je fus considérée comme une pestiférée psychopathe. Mes justifications ne suffisaient pas, le doute restait : pour tout le monde nous étions responsables, Rémy et moi, de ce dérapage.

Je n'avais pas suffisamment d'argument pour me disculper lors de la confrontation avec Rémy qui joua parfaitement à l'ange séducteur. Deux éducateurs, et deux assistantes sociales assistaient à cette audience cinq jours après les faits :
- J'étais certes un peu éméché, mais je m'en souviens très bien.
- Tu puais l'alcool, tu bégayais!
- La menteuse! Je voulais faire la paix. Elle est partie en vrille car j'ai une copine super belle et que je me désintéresse d'elle depuis quelques temps.
- T'es taré. Tu me dégoutes...
- Y'a qu'à comparer son physique et le mien...
Un éducateur ne put s'empêcher de ricaner à cette dernière remarque mais les trois autres le regardèrent de travers.
- Voilà la blessure que m'a faite cette folle! J'ai failli perdre ma main!
C'est le seul élément qui jouait en ma faveur : sous le pansement, cinq jours après le drame, il restait une égratignure de fillette seulement! D'ailleurs Rondin qui comptait parmi les deux AS, leva les yeux au ciel en voyant la dernière trace.
- Je vais porter plainte pour tentative de meurtre contre cette dingue!
- Je vais porter plainte contre toi pour tentative de viol...
- Pfff dans ses rêves, avec ce qu'elle supporte comme poids, même bourré j'y arriverais pas...
- SUFFIT! lança l'autre éducateur. Vous êtes ridicules! Pourquoi t'as pas crié Sarah?
- Ben oui ça c'est vrai pourquoi elle a pas crié c'te fille?
- Tais-toi, tu t'en souviens même pas.

Malheureusement je ne pus jamais répondre à cette question : pourquoi n'avais-je pas hurlé au secours plutôt que de tenter de le poignarder en auto-défense. C'est vrai ça? Je n'ai pas crié, il l'a fait. La paralysie, la honte? Peut-être, avec le recul, c'est le fait que je n'avais jamais crié de ma vie, que je n'avais jamais entendu mon cri, que je ne m'en croyais pas capable. Ma voix ne pouvait pas sortir de mon corps.

On m'envoya chez le psy avec lequel j'eus du mal à coopérer. Le psy en conclut que je n'étais pas faite pour vivre en communauté et qu'il valait mieux me placer dans une famille d'accueil sans enfant. Il fut convenu que je serais celle qui change de foyer provisoirement avant d'aller dans une famille de dernier espoir.

Même si Rondin ne me dit jamais ce qu'elle pensait de tout ça, l'accumulation de casseroles contre moi fit naître un doute définitif dans sa tête. J'imaginais bien ses doutes : cette fille peut-elle passer à l'acte? Est-elle violente au fond d'elle?

Et je déçus la seule personne qui comptait un peu pour moi.

2 janvier 2013

MERCREDI 2 JANVIER 2013 16h20 : FONDATIONS

Je crains de plus en plus que ce harcèlement sur mon tel vienne de qui je pense et que je n'ai jamais mentionné ici... ah ben si j'ai déjà parlé de lui...

La bonne résolution de l'année est d'exorciser les pires souvenirs de l'année 2012. Et le pire moment date de l'été 2012 juste avant d'arriver ici. Il est temps de coucher ça sur papier.

J'ai passé Noël 2011 au foyer, virée quelques jours plus tôt par ma famille d'accueil qui croyait que j'avais mis le feu aux rideaux de la chambre alors que c'était les sales jumeaux « parfaits » à leur papa. (cf mes posts des 29 et 30 octobre intitulés FONDATIONS) Mais on va dire que je m'en suis sortie avec les honneurs. J'étais tellement terrifiée que Rondin a eu des doutes sérieux sur le comportement du père. Je ne suis pas sûre qu'ils soient restés sur la liste de la DDASS. Et Rondin ne m'a jamais fait de reproche, on n'en a jamais reparlé.

Mais c'était déjà la deuxième grosse tache dans mon parcours de famille d'accueil, après la fausse gifle à Céliane, la gamine starlette. Heureusement que personne ne sait pour la bougie en cours d'arts Plastoc, sinon quelqu'un aurait fait le lien avec les rideaux. Et là j'étais bonne pour obtenir le statut définitif de pyromane.

J'ai fini ma scolarité de l'année au foyer : chambre à deux, douches communes, télé pour 10. Certains jours j'imaginais que les centres pour délinquants n'étaient pas pires.

Au foyer il y a vraiment d'autres cas sociaux et je peux me noyer dans la masse. Bon, je ne peux pas éviter les « boudins », « bouboules », « pelotes de laine », « grosse bouée ». Bah c'est amical et tendre non?

Pas d'ami, ça tourne trop. Il ne vaut mieux pas s'en faire sinon ça devient trop dur le changement de foyer.

Mais j'ai retrouvé une tête qui m'était familière... Rémy, le garçon qui avait partagé la même famille d'accueil, celle de la petite starlette de 9 ans, Céliane, qui n'avait fait qu'une bouchée de moi. Ce garçon était très timide et nous n'avions rien en commun. Il était très « mec » dans ses loisirs : le sport, la F1, les jeux vidéos de voiture, etc... un monde opaque pour moi. De même je devais être pour lui totalement insaisissable : un look bizarre, aussi grasse qu'il est maigre et des goûts de fille bien marquée quand même surtout à la télé.

Bref on a vécu ensemble quelques mois sans se parler, mais sans se détester non plus. Il y avait de la pudeur et du respect. Et l'absence totale de curiosité l'un pour l'autre.

Quelle ne fut pas ma surprise en le retrouvant au foyer, quelques jours après mon arrivée. D'autant plus qu'il me semblait avoir passé l'âge limite. Majorité oblige.

Je ne l'ai pas reconnu tout de suite : il avait changé physiquement. Pris du muscle, pris des boutons aussi. Un vrai homme. Lui m'a tout de suite aperçue et reconnue, preuve que je n'ai pas beaucoup évolué en deux ans. Il était était super à l'aise pour m'aborder, là aussi son comportement s'était radicalement transformé. Après quelques banalités d'usage, la conversation s'engagea :
- Mais tu n'as pas la majorité maintenant? lancai-je comme sujet pas très intéressant.
- Non, pourquoi, j'ai 17 ans. J'avais à peine quinze ans quand on a partagé la même famille d'accueil.
Il faisait déjà plus vieux alors à cette époque! J'ai dû le vieillir dans ma description rapide précédente.
- Tu deviens quoi ?
- Je suis devenu très sportif, comme tu peux voir, c'est ma passion...
Il m'exhiba alors ses muscles en relevant ses manches et son T-shirt, dévoilant, il est vrai, quelques belles tablettes de chocolat. Mais il attendait quelque chose, un compliment? Bah c'est pas mon genre et les muscles ça ne m'excitait déjà pas à l'époque.
- Pas mal non?
Mais quel narcissique!
- Je fais 2 heures de sport par jour environ..., insiste-t-il.
- Et le lycée, t'en es où?
- Ben j'ai redoublé ma première, le sport me prend trop de temps.
- T'aurais dû faire un lycée style Sport-Études non ?
- Ouais mais t'es pas assez libre là-dedans, moi j'aime faire du sport pour que ça se voie.

Bref, ça ne volait pas haut. Il a voulu par la suite continuer à cultiver le contact. Et je me suis laissée faire sans entrain, par défaut, par faiblesse au début. Mais j'ai vite senti qu'il envahissait un peu trop mon espace vital. A cette période j'étais, peut-être, encore plus fermée qu'aujourd'hui. D'où cette sensation d'étouffement rapide...

En plus, je me méfiais beaucoup de lui car, quand il parlait de filles avec ses potes, il devenait graveleux. Tout pour faire fuir une fille définitivement. Et le jour où j'ai découvert qu'il échangeait des vidéos porno avec ses potes, j'ai souhaité fermer la porte, au sens propre comme au sens figuré. Et les termes lointains qui ressortaient de leurs conversations viriles ne m'encourageaient pas : une « double », « triple », « qu'est-ce qu'elle prend la salope »... Bref, je m'arrête là, mon imagination aussi. La pauvre fille... oui l'actrice quoi... STOP!!!

Mais c'était trop tard, il commençait à prendre ses aises autour de moi. Je me suis mise à imaginer qu'il me draguait, et qu'en tout cas, il espérait quelque chose de moi, et notamment un petit truc que je ne voulais absolument pas lui donner. D'abord zéro attirance pour lui, et puis surtout zéro attirance pour personne.

Je lui ai finalement annoncé avec diplomatie (enfin dans la mesure de mon possible) qu'on n'avait pas beaucoup d' affinités et qu'il devait me laisser respirer. Las, sa réaction ne tarda pas : « ben tu fais la fine bouche, tu te la joues grande princesse, t'en retrouveras pas un comme ça, boudin! ». Bien sûr aucun humour, aucun tact, seulement un macho blessé dans sa virilité égocentrique.

J'ai ouvert la porte de ma chambre afin de lui faire comprendre qu'il n'était plus jamais le bienvenu. Il s'est exécuté. Fin de l'histoire...?

Non, il a alors construit sa petite revanche perverse en montant tous ses potes contre moi. J'étais la risée des machos, mon poids étant leur principale arme...

J'écrirai la suite demain... J'ai déjà envie de vomir en me rappelant tous ces souvenirs. Je suis mal à l'aise et je vais aller respirer. C'est une résolution douloureuse d'exposer ça...

1 janvier 2013

MARDI 1er JANVIER 2013 20h15 : MES VOEUX, COMME JE PEUX, COMME JE VEUX!

Nombre de « bonne année » :
- reçus : 2, le Vieux et la Mamie du bar que j'ai croisée dans la rue. Mais elle m'a étrangement demandé en quelle année on était... Je vais pas me moquer, il m'a fallu quelques secondes pour retrouver l'année...
- donnés : bah zéro... Oui tiens c'est bizarre. Au Vieux, j'ai répondu « Merci » et à la Mamie j'ai répondu « Vous de même ».

Ben voilà, à qui je vais dire bonne année maintenant? Je vais pas retourner chez les Jeunes de sitôt, j'ai trop la honte, j'ai failli foutre leur soirée en l'air. David c'est OUT FOR EVER. J'ai écoulé toutes les possibilités orales. Non je vais pas souhaiter une « bonne année » à la Vieille qui me cherche des poux, elle risquerait de m'en trouver! Non je vais pas aller chercher ceux qui m'ont déjà souhaité la bonne année, trop pathétique...

Et encore des appels masqués par contre. Et un message avec un bruit de chasse d'eau, puis un avec un rot. Non mais c'est une blague? Le cinglé ne peut pas se passer de moi...

Et si c'était David qui appelle à l'aide?

Je vais travailler, ça va me faire oublier cet horrible réveillon. Et si je faisais des vœux par écrit, allez j'envoie un mail à Rondin, pour la 1ère fois ça viendra de moi. Elle sera contente. Qui d'autre... Le mail des Jeunes je suis pas censée l'avoir, donc on va s'abstenir... Oui what else?...Mmmh...bah...euh... hein...

Ben oui, BONNE ANNEE A TOUS MES FIDELES LECTEURS QUE J'ALLAIS OUBLIER. VOTRE SOUTIEN, VOS REACTIONS, VOTRE GENTILLESSE (pas tout le temps hum) ME VONT DROIT AU COEUR. QUE LES MOTS, QUE L'IMAGINATION, QUE LE REVE NOUS GUIDENT TOUS VERS UN AVENIR MEILLEUR.

J'envoie un petit clin d'œil personnalisé à 2 posteurs bien sympas qui m'ont donné un sérieux coup de fouet pour continuer à bloguer en 2013 ... il y a Baladeur et Goobye C.
Je fais aussi ici une spéciale dédicace émue à quelqu'un qui me suit plus particulièrement et dont les conseils valent de l'or. Jany, votre expérience n'a pas de prix et votre implication me touche beaucoup. C'est à vous que je souhaite personnellement une merveilleuse année 2013!

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1 janvier 2013

MARDI 1er JANVIER 2013 13h10

Je viens de me réveiller, j'ai dû dormir 12h. Douze heures de désespoir, tous les cadrans de l'horloge pour oublier que cette année 2013 commence mal.

Par la fenêtre, j'aperçois la poubelle du verre du quartier qui déborde de bouteilles de champagne : au dessus, au pied, dans les orifices. C'est presque une sculpture de verre.

Je vérifie mon téléphone, aucun vœu de personne. On ne va pas s'apitoyer, de toute façon c'est la même chose chaque année. Dans 2 jours j'aurai droit au « bonne année » de la mère Rondin. Mon ange gardien.

1 janvier 2013

MARDI 1er JANVIER 2013 0h22 : LA MAIN DANS LE SAC

La Vieille ronflait déjà sur le canapé, et le Vieux m'a fait un petit clin d'œil complice. J'ai été bien accueillie et mise à l'aise par les trois voisins. Il y avait déjà une dizaine de personnes.

Kamil m'a proposé un verre, j'ai dit oui sans faire gaffe à ce qu'il mettait dedans, et en testant je me suis brûlé la langue. Berk de l'alcool. C'est vraiment ringard de ne pas en boire, mais pour l'instant mon corps de fillette ne l'accepte pas, ça me brûle le tube digestif et j'ai des nausées dans la minute avant d'avoir une envie irrémédiable de dormir.

J'ai discrètement versé le contenu de mon verre dans celui de Kamil. Il doit avoir une bonne descente. Puis je me suis servi du coca. Ce soir c'est fête, ni du light ni du zéro, que du classic!

Mais je me suis vite ennuyée. Après quelques mots à Yunso et Marco, je comprends que je n'appartiens pas à leur cercle de jeunes étudiants. Quel intérêt de parler avec une gamine comme moi...ou bien c'est l'aspect physique, oh je m'en fous!

Vers 23h30, la musique est forte, il y a vingt personnes que j'ai recompté bien trois fois pour être sûre et précise dans mon blog. Dans la description qui me vient à l'esprit, le style pourrait s'appeler hippie chic. Ouais des bobos quoi : des cheveux longs chez les filles, en pétard chez les garçons...et ça se passe la main dans les cheveux tout le temps, et ça fume. Voilà deux exercices de la branchitude : tenir sa cigarette qu'on crapotte tout en passant l'autre main dans ses cheveux. Même mes trois Voisins rentrent dans ce moule, ils se fondent dans l'uniformisation sociale de la soirée dont je suis simple spectatrice.

Finalement cette observation m'occupe, même si j'ai l'air idiote. J'apprécie ma transparence ce soir. Mais un mec bourré me voit et vient me causer. Je n'entends rien, il n'est pas bien cohérent puis demande à boire dans mon verre. Je lui donne de bon cœur, mais il n'apprécie pas le petit soft simple qui y réside, il peste et va tituber vers le bar.

J'entends qu'on sonne à la porte, mais personne d'autre n'entend. Sûrement un nouvel arrivant? Je ne bouge pas, mais ça insiste. Faudrait pas que cet invité passe le cadran sur le palier. Alors je décide d'ouvrir.

Ma mâchoire se décroche, c'est le Vieux. Il me fusille du regard et serre la mâchoire. C'est un combat de mâchoire, la mienne démantibulée contre la sienne carrée prête à mordre. Il commence à parler, je comprends rien et je suis paralysée.
- Je te prends la main dans le sac!
- Quoi?
- C'est pas une fête pour toi ici avec ces dégénérés.
- Je serais rentrée à l'heure...
- Et qu'est-ce que tu bois?

Il attrape mon verre et je me laisse faire en bonne coupable. Il sent le contenu : « Ah ça pue l'alcool ». Comment ça? Je fais l'innocente...mais non je ne FAIS pas... je SUIS innocente. Il me fait sentir mon verre et effectivement il y a une odeur d'alcool...mais...

Oui évidemment c'est l'autre épave qui est venu mettre sa gueule de poivrot dans mon verre et il a parfumé tout le verre. Il a peut-être craché dedans.

Le Vieux m'attrape par la manche et fait signe aux Jeunes de baisser le volume. Sûrement la raison de sa visite. C'est vrai le son est très fort. Marco fait mine d'accepter et me regarde partir, navré. Personne d'autre n'a fait vraiment attention à ce moment de honte : une gamine poursuivie par son « papa » en colère.

Une fois dans l'appart' je tente de me défendre :
- Sentez ma bouche y'a pas d'alcool!
- J'aime pas que tu baratines. T'es privée de sortie jusqu'à nouvel ordre.

La Vieille, sortie de sa torpeur, ricane bien. Je suis vraiment le dindon de la farce ce soir. Je m'enfuis dans ma chambre et je ferme la porte à double tour. Le Chien vient gratter mais je le laisse dehors pendant que je digère ce sale moment.

Ça hurle dans la rue pluvieuse, ça hurle dans l'immeuble. C'est un décompte. Trois deux un zéro... Je n'ai personne à qui dire bonne année. Seule, désespérément seule, entourée de cadavres vivants.

Et je n'ai personne à qui penser. Je touche mon bracelet et je m'y accroche avec rage. Puis je suis apaisée en pensant soudainement à la mamie Rinaldi du bar, et puis à la gentille Jany qui m'a écrit un message d'espoir sur mon blog il y a quelques semaines. Encore merci Jany, je m'accroche à ces quelques mots d'une personne qui croit plus en moi que moi-même.

Je me couche tout habillée, puante de cigarettes.

31 décembre 2012

LUNDI 31 DÉCEMBRE 21h22

Je m'habille comment? J'arrive en retard? Je vais vers qui? Y'aura combien de gens? Vais-je avoir l'air d'une conne solitaire ou bien d'une ombre qu'on ne voit pas? Je ramène quelque chose? Cette soirée commence à m'angoisser. Il y a de l'excitation et du stress. Suis-je faite pour cette foule?

Allez j'y vais, je tremble. A l'année prochaine mon petit blog chéri! (lourd, tout le monde la fait celle-là, je suis comme tout le monde comme ça)

31 décembre 2012

LUNDI 31 DÉCEMBRE 18h22 : 2222222222...

Ben oui je viens de réaliser que tous mes posts de ce matin sont en xxh22. Ça y est je deviens folle. Donc j'ai décidé de faire ce post à 18h22 pour bien continuer sur la même voie.

Encore des appels masqués cet après-midi et un long message complètement vide. Sauf à un moment j'ai l'impression d'entendre un bruit de chasse d'eau. On veut se débarrasser de moi et tirer la chasse?

Et si David avec un trop plein de produits et de fumette avait basculé du côté des cinglés...?
Et si le traumatisme de mon foyer d'accueil refaisait surface... mon « problème » serait de retour... je n'y survivrai pas, pas cette fois... Je ne préfère pas y penser ce soir, mais je vais devoir mettre des mots sur ce moment délicat...

Zut je voulais avoir toute ma tête pour New Year's Eve party! Mais je suis timbrée aujourd'hui...

31 décembre 2012

LUNDI 31 DECEMBRE 13h22 : TAROT MYSTERE...

Sur mon lit... du courrier pour moi! La première fois! Je vais demander à la Vieille qui ne sait rien. C'était dans la boîte aux lettres. Ce n'est pas timbré. Une carte de vœux? Un message de David? Heu c'est une carte de tarot... Le Pendu et la Maison Dieu. Qu'est ce que ça veut dire ça? C'est pas du tarot comme j'en ai joué, pas du tout une gueule d'atout, mais plutôt un signe annonciateur fait par un(e) perverse? Après quelques recherches, je découvre que c'est du Tarot de Marseille. Le Pendu a la tête à l'envers mais n'a pas l'air malheureux, en revanche cette Tour qui se casse la gueule avec ses habitants ça fait très peur. C'est très morbide tout ça... Et il n'y a rien d'autre dans l'enveloppe.

Avec ce présage et le téléphone qui sonne 20 fois en masqué ce matin, je me demande si un fou ne me veut pas du mal. Et je commence à imaginer qu'on m'a enfermée volontairement hier dans le local poubelle...

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