MERCREDI 19 SEPTEMBRE 16h : PETITS PAPIERS!
Premier blogline en plein cours tellement je m'ennuie. On va me prendre pour une lèche-botte qui écrit tout ce que dit le prof! Même mon voisin, qui ne m'accorde aucune attention, tente de lire ce que je peux bien gratter. C'est bizarre, on est à 50 cm de l'un de l'autre et on ne se parle pas, même pas bonjour. Je ne sais même pas si je pourrais le reconnaître dans la rue. Mais pourquoi?
D'abord je ne parle à personne, j'ai peur de me prendre un vent.
Et lui est un zombie, il se traîne comme un vieux, et personne ne semble lui accorder d'importance dans la classe. Et il ne m'accorde aucune importance. C'est évident qu'il n'est pas très élevé dans l'échelle sociale de la classe, mais je crains qu'il me considère encore plus bas que lui. Il me regarde encore là tout de suite, je vais lui jeter un regard noir.
Il a eu peur, et il s'est remis droit face au prof. Et il se gratte le visage de nervosité. J'avais jamais remarqué qu'il avait des boutons comme ça! Une tête de geek, qu'est ce qu'il fait dans une classe littéraire? Fuck, il vient de voir que je le décortiquais. Il m'a lancé à son tour un regard noir, des pics à glace. Hey il a pas l'air aussi mou en fait! Ce qui me gêne le plus c'est son odeur, c'est un mélange de lessive bon marché mal séchée, et un mix sophistiqué de déo de supermarché avec de la pure sueur d'adolescent. Mais au fait qu'est ce que je sens moi? Je me renifle discrètement. Ah ça y est : ça sent le déo de supermarché pour fille, sans paraben, sans alcool, à la pierre d'alun. Peut-être qu'il déteste mon odeur écolo.
Oups un papier vient d'arriver sur notre bureau. A qui est-il destiné? Le geek et moi on s'observe. Ça ricane derrière nous. Le prof ne voit rien, n'entend rien, la classe n'écoute rien. C'est la foire!
David, mon voisin se décide à ouvrir le message secret. Il le lit, me regarde avec dégoût et se transforme en pivoine. Je me décide a lire le mot : « Vous feriez un beau couple! »
Un deuxième mot arrive, sur le bureau de David : il se marre. Tiens il sait sourire. Ça doit être drôle... mais en lisant le mot je déchante : « Tu mérites mieux, de toute façon elle n'est pas pour toi lol mdr »
Les sanglots montent tout seuls et je tremble en regardant le morceau de papier. Une écriture de fille, ça sent la peste! Je me décide à répondre sans inspiration : « Pétasse, tu pues le toc ». Et hop je renvoie le mot par derrière, au pif. Dix secondes suffisent, c'est l'explosion de rire derrière.
Le prof intervient, demande ce qu'il se passe et si c'est la maternelle par ici. Et une peste vend la mèche : « la fille devant elle balance des messages ». Le prof me regarde, me demande si c'est vrai. Je suis tellement tétanisée que je bredouille une réponse incompréhensible. La classe est hilare. Sonnerie.