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16 ans, grosse & moche!

27 avril 2014

DIMANCHE 27 AVRIL 2014 18H55 : CRACHER SES POUMONS !

Vers 18h, David m'a envoyé un SMS : « Je suis là où je t'attends toujours »

Je le retrouve bien sûr sur notre banc, habillé en tenue de sport :
- DAVID : Je me suis habillé au cas où...
- MOI : Je suis pas d'humeur...
- DAVID : T'as l'air très fatiguée...
- MOI : Dure semaine...
- DAVID : Je voulais pas te déranger maintenant que tu vis tranquille avec la vieille dame...

Et là je fonds en larmes irrémédiablement... Il se rapproche de moi sans me toucher, je sens qu'il ne sait pas quoi dire, ni quoi faire...

« Et si tu me parlais en courant Sarah... Ça sera plus facile hein ? »

Je l'ai laissé monter pendant que je me changeais...

« Mais Sarah, qu'est-ce qui s'est passé ici ? Y'a eu le feu ou quoi ? Et où elle est ? »

Et là, re-fonte de larmes. Durant les premiers pas, chaque foulée s'est accompagnée d'un sanglot. Ce n'est qu'en haut de la Butte Montmartre, après avoir craché tout mon chagrin et tous mes poumons, avec un Paris lumineux plein de vie face à nous qui nous tendait les bras, que j'ai eu le courage de tout lui raconter, TOUT.

Un long récit sur le retour, sans qu'il m'interrompe, sans qu'on se regarde. Comme une confession.

Mon histoire l'a laissé pantois jusqu'au bout, presque gêné. Au moment de se séparer, il a été fuyant. Je sais pas pourquoi. Peut-être se sent-il responsable lui aussi ?

Résultat : fin des vacances en montagnes russes. Première semaine studieuse et affectueuse. Deuxième semaine au bout du rouleau désertée de tout être vivant.

Bilan : la solitude est mon destin, quoi que je fasse.

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27 avril 2014

DIMANCHE 27 AVRIL 2014 15H45 : SOURIRE CARBONISÉ

J'ai pratiquement laissé la cuisine en état depuis l'incendie, il y a de la suie noire partout. Mais tout fonctionne, sauf le four.

Je me dis qu'il serait peut-être temps de le vider... Je l'ouvre... Tout est carbonisé à l'intérieur... mais on reconnaît bien ce qu'il y avait dedans avant...

Je repense justement à la découverte de Paola qui était là lundi soir. La suite de mon post du MARDI 22 AVRIL 2014 2H10...
- PAOLA : Mon dieu, qu'est-ce qu'il y a dans ce four ? Mais c'est... mais c'est... C'est une tête de cerf ? Mais qu'est-ce que ça fout là c'te chose dégueulasse... ?
- MOI : Je me le demande aussi...
- PAOLA : La Mamie ?
- MOI : Ouais, elle voulait fumer l'agneau avec la paille qu'il y a dans la tête de cerf empaillée...
- PAOLA : Sauf qu'elle a mis la tête de cerf dans le four !!! Mais c'est dégueulasse... Qu'est-ce qu'il y a dans la tête de cerf... On dirait de la viande carbonisée... Oh mon Dieu, c'est un gigot !!!!!!!!!!!!!!!
- MOI : L'agneau pascal...

A ce moment-là, Paola était horrifiée, et moi avec ! Mais une semaine plus tard j'ai le sourire aux lèvres. La première fois depuis cette tragédie.

Peut-être ce qui me restera en tête après avoir tout oublié dans quelques années... un sourire.

27 avril 2014

DIMANCHE 27 AVRIL 2014 1H45 : MON TOUTOU TOUT CASSE

Tout ça s'est presque passé il y a une semaine, et pourtant je revis chaque jour tous ces événements...

Je n'ai pas aimé notre séparation, la façon dont la Mamie m'a rejetée... Mais le courrier qu'elle a fait à la Police m'a redonné du baume au cœur. Je suis un peu perdue malgré tout... Voulait-elle abréger notre séparation afin de ne pas pleurer devant moi ?

Ou bien a-t-elle été perturbée par le bracelet ? Je ne le saurai peut-être jamais...

Un événement m'a achevée aujourd'hui.

Ce samedi je suis allée chez le Vétérinaire..., le Chien est toujours vivant, il m'a reconnue en ouvrant les yeux, il a sorti sa langue pour respirer quelques instants, il a cligné des yeux plusieurs fois avant de se rendormir...

Les nouvelles ne sont pas bonnes... et le Véto m'a mise devant un horrible dilemme : « Le pauvre, il est cassé de partout. Ce qu'il a subi avant cet accident n'arrange rien... Je lui donne des antidouleurs... Il passe son temps à dormir. Et il pourra pas remarcher sur ses pattes arrières... Le mieux c'est de le laisser partir tranquillement... »

...

Je vois bien ce qu'il veut dire, et c'est horrible.

« Quand est-ce que je peux le ramener à la maison ? » a été ma seule réponse.

Je ne sais pas comment je vais faire... Ni ce que je dois faire... Le vétérinaire m'a seulement dit qu'il fallait être deux pour le porter... Et je suis seule face à tout ça.

26 avril 2014

SAMEDI 26 AVRIL 2014 19H40 : L'INCENDIE - L'EPILOGUE

Dimanche en fin d'après-midi, j'ai pu dire au revoir à la Mamie... ou plutôt adieu. Elle était assise à l'arrière d'un taxi-ambulance. La famille Rinaldi me surveillait d'un coin de l'œil. Je suis venue m'asseoir à côté d'elle... Les larmes ont commencé à m'étrangler... La Mamie aussi...

- MAMIE : Oh Sarah, ma douce, tout est de ma faute...

- MOI : Non c'est moi qui suis venue...

- MAMIE : Sarah, ferme la porte, ces vautours écoutent notre conversation !

Je claque la portière assez violemment au nez de la mère Rinaldi qui hausse les épaules.

- MAMIE : T'es pas responsable de ma fuite, hein ! J'ai rêvé de notre petit foyer et nous l'avons fait... Après notre petite semaine de Noël, je savais que tout serait parfait, mais c'était encore mieux que je ne l'imaginais... C'est un miracle que nous ayons pu garder notre petit secret aussi longtemps. Mon rêve a été exaucé, je peux partir sereinement... Tu as embelli toute ma vie...

- MOI : Pourquoi tout mettre au passé...

- MAMIE : Je n'ai plus beaucoup d'espoir... On me sortira du placard de temps en temps pour faire croire qu'on ne m'a pas abandonnée... Je suis pas idiote ! Mais je me souviendrai jusqu'au dernier jour que tu es la seule à ne pas m'avoir abandonnée...

- MOI : Je veux pas... je veux pas... Comment je vais faire sans vous... ?

- MAMIE : Sarah, le plus beau cadeau que tu pourrais me faire c'est me tutoyer...

- MOI : Je vous oublierai jamais... Je viendrai vous voir...

- MAMIE : Je vais loin, très loin... Un sale coup pour éviter tout ça une nouvelle fois...

- MOI : Je vous verrai plus jamais alors ?

- MAMIE : Donne-moi ta main Sarah...

Elle la caresse pendant que je fonds en larmes...

« Han Sarah, ce bracelet... !!!»

Le matin de cette journée fiasco, je l'avais mis à mon poignet, ce bracelet, avec l'espoir de lui en parler après notre déjeuner de Pâques. Le bracelet que j'avais récupéré auprès de Paola quelques jours auparavant (cf MARDI 15 AVRIL 2014 18H45 : L'INFIDELE LECTRICE). Ce bracelet est une longue histoire que seuls mes plus anciens fidèles peuvent comprendre... La Mamie a offert une copie de ce bracelet à Alyssa lors de son anniversaire en 2012 puis en 2013 !

- MAMIE : Sarah, c'est une magnifique copie, ce bracelet... tu me laisses le toucher ? D'où le tiens-tu ?

- MOI : Je sais pas, depuis toujours...

Elle me regarde alors avec interrogation puis détresse, sa respiration s'accélère. Ses yeux finissent par se voiler... Elle tourne la tête pour ne plus voir...

« Sarah, va-t-en, ça suffit maintenant ! »

Je ne comprends pas cette brutale réaction...

« S'il te plaît laisse-moi, je ne veux pas que tu me voies dans cet état-là, je veux que tu gardes une bonne image... Fiche le camp... Ouste »

Et pourtant, elle continue à me tenir le bras. Elle serre le bracelet avec une force incroyable...

« Enlève ça de ma vue, je suis en train de devenir folle Sarah, pars vite... »

Elle me lâche. Ne pouvant supporter son agressivité plus longtemps, je m'enfuis en courant...

Je remarque quelques minutes plus tard que le bracelet a laissé une trace sur mon bras avec la force de la Mamie, on voit même sur ma peau la marque de l'inscription intérieure grattée de mon bracelet...

26 avril 2014

SAMEDI 26 AVRIL 2014 12H10 : ET SI

J'ai annulé une visite à la prison avec le Vieux. Je ne suis pas d'humeur à reprendre mes petites enquêtes qui m'ont l'air un peu superficielles après ce que je viens de vivre...

Beaucoup de « Et si... »

Et si je n'avais pas ramené cet agneau de malheur ?

Et si je n'avais pas laissé la Mamie toute seule ce dimanche ? Elle n'aurait pas fait n'importe quoi avec le four...

Et si je ne l'avais pas forcée à regarder Top Chef tous les lundis ? Elle n'aurait pas eu cette idée de recette débile !!!

Et si j'avais fait plus attention au Chien il n'aurait pas foncé sur la route...

Ça me fend le cœur tout ça... Je suis très malheureuse et encore ébranlée par ce dimanche d'horreur. Malheureusement, je n'ai personne à qui raconter tout ça... Les voisins ne voudront plus jamais me parler, David me dira que je l'ai bien mérité ce revers de médaille, les copines du lycée ne me croiront jamais, et la seule personne qui pourrait me comprendre et me consoler doit être barricadée dans un asile gériatrique et ne souhaite plus me parler...

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26 avril 2014

SAMEDI 26 AVRIL 2014 3H10

Je me sens seule, mais presque soulagée de tout avoir dit à la Police. J'attends maintenant la visite de Rondin qui va m'allumer comme jamais. Mon seul argument est que dans deux mois je suis majeure...

Je pense que j'ai désormais la force de conclure le récit de cet abominable dimanche de Pâques. Car l'histoire ne s'arrête pas là... La famille Rinaldi a accepté que je dise adieu à la Mamie qui attendait dans un taxi-ambulance, dimanche en fin d'après-midi...

Et puis l'épilogue, la tête de Paola quand elle a découvert ce qu'il y avait dans le four...

Promis mes blogués. Demain, la fin.

J'ai une envie de sommeil, terrible...

25 avril 2014

VENDREDI 25 AVRIL 2014 17H30 : LA SENTENCE

Je me suis dit qu'il me restait ma dignité, ma bonne foi, mon blog... et qu'il était temps d'affronter la vérité. Je me suis pointée au rendez-vous au commissariat à l'heure avec la ferme volonté de tout déballer...

Un commissariat que je connais bien... Cf posts du 3/09/2013 14h50 et 19h55, 7/09/2013 23h20, 13/10/13 17h55 et 21h55...

J'attends dans la salle d'attente avec des clochards à la mine patibulaire. Puis débarque un visage familier... Un inspecteur, toujours le même ! A croire qu'il n'y a qu'un seul policier dans tout Paris !
- INSPECTEUR : Mais je vous ai déjà vue, vous... Je me souviens plus trop... Vous êtes venue à plusieurs reprises de mémoire... Vous faites quoi ici ?
- MOI : J'ai été convoquée par quelqu'un avec un gros accent... Je vous reconnais aussi...
- INSPECTEUR : C'est vous Sarah Nicolas ???
- MOI : Ben oui Inspecteur...
- INSPECTEUR : Moi c'est Lieutenant !
- MOI : Ah bon ? Désolée...
- LIEUTENANT : J'avais pas fait le rapprochement avec vous!!! Vous avez rendez-vous avec moi en fait...
- MOI : Moi ? Vous ?
- LIEUTENANT: Vous êtes seule ? Et votre famille d'accueil ?
- MOI : Ben justement...
- LIEUTENANT : Justement quoi ?
- MOI : J'en ai plus vraiment...
- LIEUTENANT : On va arrêter de jouer aux devinettes... Ils sont où ?
- MOI : Ben le père vous l'avez mis en prison pour trafic de cannabis, enfin je crois. Mais bon il faisait ça pour la bonne cause. Et puis la mère de famille, ben elle était complètement folle, elle se prenait pour sa fille, elle a pété les plombs, elle a même failli me tuer !! Je crois qu'elle est partie dans un hôpital psychiatrique...

Il écarquille les yeux et ne semble pas me croire...
- LIEUTENANT : Euh vous vous fichez de moi là , mademoiselle...
- MOI : Pas du tout ! Vous avez qu'à lire mon blog. Je suis tombée sur la pire famille d'accueil qui soit !
- LIEUTENANT : Soit ! Bon vous savez pourquoi on vous convoque ?
- MOI : L'incendie...
- LIEUTENANT : Quel incendie ?
- MOI : Ah...
- LIEUTENANT : Pffff, ça me revient maintenant, avec vous c'est toujours des histoires à dormir debout. Le pire c'est qu'elles sont vraies... L'été dernier, vous avez fugué avec un adolescent violent qui avait agressé et volé son père...
- MOI : Il a été innocenté...
- LIEUTENANT : Oh puis le micmac avec les cambriolages, c'était vous aussi tiens... Vous êtes partout en fait ! Vous avez fini par reconnaître le visage des cambrioleurs tout en étant cachée dans une cave. Sauf que ça vous est revenu quelques semaines plus tard... Hallucinant. Tout ça parce que vous mentionnez tout dans un blog...
- MOI : Ben ils ont été arrêtés les cambrioleurs, non ? Ma voisine a retrouvé ses meubles...
- LIEUTENANT : Ah bah vous parlez de Madame Lawson ?
- MOI : Oui je la connais bien...
- LIEUTENANT : Pfffff... Dans quel guet-apens vous vous êtes encore fourrée... ? Vous connaissez Madame Rinaldi ?
- MOI : Oui, aussi...
- LIEUTENANT : Elle est venue porter plainte contre vous, pour enlèvement, séquestration et abus de faiblesse...
- MOI : N'importe quoi ! La Mamie elle est venue de son plein gré, même si Madame Rinaldi dit qu'elle est folle et qu'elle a la maladie d'Alzheimer...
- LIEUTENANT : Elle dit ça Madame Rinaldi ?
- MOI : A tout le monde...
- LIEUTENANT : Han la la la, mais pourquoi ça n'arrive qu'à vous ce genre de choses-là, c'est pas possible...
- MOI : Je suis désolée...
- LIEUTENANT : Parce que j'ai un certificat médical là, qui me confirme que la Mamie, comme vous l'appelez, Madame Gina Rinaldi...
- MOI : Elle a Alzheimer ?
- LIEUTENANT : Non. Le certificat confirme l'inverse !
- MOI : Ah !!!! Alors pourquoi sa belle-fille raconte l'inverse hein ? Mais pourquoi vous avez demandé un certificat médical au fait ?
- LIEUTENANT : Parce qu'elle nous a écrit une lettre, et on voulait savoir si elle était saine d'esprit... Si vous voulez savoir, elle vous lave de tout soupçon, elle dit que vous l'avez choyée pendant plusieurs semaines et que personne n'a jamais autant pris soin d'elle... Elle dit qu'elle voudrait que vous soyez sa petite-fille et qu'elle vous considère comme telle. Enfin, bref, on se croirait dans les Feux de l'Amour...

L'émotion me noue la gorge
- MOI : C'est exactement ça, les Feux de l'Amour...
- LIEUTENANT : En tout cas, son écriture et ses propos ont l'air crédibles et le certificat le confirme...
- MOI : Pourquoi vous m'avez convoquée alors ?
- LIEUTENANT : La routine mademoiselle. J'avais besoin d'éclaircir certains points, mais vous l'avez fait avant... Je comprenais pas pourquoi vous viviez seule... Je vais être obligée de prévenir votre assistante sociale... Ah si dernière question : votre Mamie, elle s'excuse pour la chose dans le four... Ça a quelque chose à voir avec l'incendie que vous mentionniez...
- MOI : Ben oui... Enfin elle voulait me faire plaisir en fumant un agneau dans la paille...
- LIEUTENANT : Hein ? Ça recommence... Comprends rien...

Il me fait signer une déclaration en râlant...
- LIEUTENANT : Quelle perte de temps tout ça... Et pourquoi faut toujours que ça me tombe dessus, ces histoires alambiquées... Je vais encore faire des heures supp' pour rien...
- MOI : Je peux partir ?
- LIEUTENANT : Vous êtes mineure mademoiselle...
- MOI : De toute façon, si je retourne au foyer, je vais m'enfuir, et pire, je peux faire pire...
- LIEUTENANT : J'imagine que je vais devoir attendre deux heures le passage de l'Aide Sociale...
- MOI : Vous avez vu ce qu'ils ont fait pour moi l'Aide Sociale ? Me coller dans une famille de cinglés...
- LIEUTENANT : Pfffff

Il se lève de son bureau, va vérifier qui est dans le couloir et se retourne vers moi :
- LIEUTENANT : Vous allez dormir où ?
- MOI : Bah dans l'appartement de ma famille d'accueil...
- LIEUTENANT : Allez, ouste, et vite, je veux plus voir... Et je dirai à l'Aide Sociale de vous retrouver là-bas... Allez, hop ! On ferme !

J'ai l'impression que j'ai eu chaud. Je repense aux mots de la Mamie cités par le policier... Elle me manque tellement depuis dimanche. Comme mon Toutou toujours en observation chez le Véto.

25 avril 2014

VENDREDI 25 AVRIL 2014 12H30 : LE JOUR DU JUGEMENT DERNIER

Non ça n'a rien à voir avec la Mort... Mais on n'en est pas loin...

Comme vous pouvez le voir sur l'heure de mes posts, j'ai du mal à dormir la nuit... mais je m'effondre quand le jour se lève. J'étais donc au milieu de ma nuit vers midi quand le téléphone fixe a sonné...

Un téléphone que plus personne n'utilise à part le Vieux pour me contacter. Je me suis donc décidée à répondre, embrumée entre quelques rêves et beaucoup de cauchemars. Bien mal m'en a pris...

- MOI : ALLO !!!!
- VOIX : Bonjour ici le commissariat du 17ème. Je souhaiterais parler à Monsieur ou Madame B. ...
- MOI : Euh oui... Euh ben c'est moi !

Je ne sais pas ce qui m'a pris. Comme je sais que je risque d'avoir des problèmes avec la Police, je me suis peut-être dit que je préférais être quelqu'un d'autre. Oui ça doit être ça. L'instinct de survie sûrement.

Le policier a un fort accent du Sud, on se croirait dans Les Marseillais, j'ai même l'impression qu'il va m'appeler Fraté !
- VOIX : Est-ce que vous pourriez venir au commissariat cet après-midi ?
- MOI : Euh... c'est pour quelle raison ?
- VOIX : On vous en parlera sur place, madame.
- MOI : Oui ok alors...
- VOIX : Est-ce que vous pourriez venir avec votre fille adoptive, Sarah Nicolas ?
- MOI : Ah ça je suis pas sûre...
- VOIX : C'est important madame, à moins que vous vouliez qu'on vienne la chercher...
- MOI : Ah...bah si j'ai pas le choix...

Gloups.

Il m'a donné rendez-vous à 15h. Ce n'est qu'après avoir raccroché que j'ai réalisé le bourbier qui m'attend. A cela s'ajoute l'usurpation d'identité que je viens d'opérer !!!

Je suis dans les sables mouvants et je m'enfonce sans fin.

25 avril 2014

VENDREDI 25 AVRIL 2014 4H25

J'ai probablement passé la pire semaine de ma courte vie :
- Dimanche soir, je suis rentrée chez moi vers 18h après avoir erré dans la ville sans que je me souvienne de quoi que ce soit. L'appartement était dans un état !!! Je me suis dit dans mon malheur que j'avais de la chance : les pompiers n'ont pas eu à défoncer ma porte, je l'ai laissée grande ouverte. Du coup ma porte se ferme !!! Tant mieux je ne la rouvrirai jamais.
- J'ai dormi immédiatement, toute habillée, dans ma chambre puante. Pour me réveiller en pleine nuit lundi vers 4 heures du matin, paniquée à l'idée que le quartier me déteste. C'est fini je ne suis plus la bienvenue ici, je suis celle qui a enlevé une Mamie innocente à sa gentille famille.
- Lundi de Pâques, je me suis recroquevillée sur moi-même, en disant adieu à mes blogués. Sûrement pas la meilleure chose à faire. Un zombie partagé entre la télévision, des pleurs chronométrés et réguliers, et du sommeil.
- Mais vers 19 heures ce lundi Paola a débarqué. Finalement une chance qu'une de mes blogués me connaisse plus que virtuellement. Elle m'a secouée et forcée à mettre mon blog à jour. Un acte de survie qui s'est égrainé sur 3 jours...

Je ne suis pas guérie, je reste dans l'attente du pire. Je dors le jour, j'écris la nuit. Je me sens déconnectée du présent, je vis dans le passé. Je relis avec amertume les derniers jours partagés avec la tendre Mamie. Et je pleure jusqu'à ce que mon cœur se vide. Épuisée, je m'endors jusqu'aux prochaines larmes.

Je n'étais pas préparée à cet attachement, même si je savais que nous étions connectées toutes les deux. Déboussolées l'une et l'autre, moi face à l'immensité glaçante de ma vie future et elle face à l'érosion quotidienne d'une miette de vie qu'un merle peut gober du jour au lendemain.

Tout ceci résume bien ces derniers jours. Je ne me rappelle plus quand j'ai mangé, si j'ai mangé, ce que j'ai pu manger...

Mes émissions de télé-réalité restent mes principaux repères avec la réalité... tu parles d'une réalité.

Je passe du découragement à l'abandon puis à l'envie vitale de tapoter sur mon clavier pour revivre encore et encore ces courtes semaines passées avec elle.

D'ailleurs je réalise que mon blog est resté bloqué sur ce dimanche pendant 3 jours... et que je n'arrive pas à conclure l'histoire. Comme si mettre un terme c'était lui dire adieu pour toujours.

Je vais lui écrire une lettre, oh oui, j'en ai trop envie. Je vais lui dire à quel point elle me manque, à quel point elle a transformé mon quotidien et peut-être ma vie.

Mais je n'oublie pas mon pauvre toutou entre la vie et la mort... Tous mes êtres chers m'ont quittée le même jour. Un crève-cœur. Personne ne sait, à part mes blogués.

24 avril 2014

JEUDI 24 AVRIL 2014 20H20 : LA GUILLOTINE

Nous sommes dimanche de Pâques, je fais face à un tribunal terrifiant. Le visage des jurés m'est familier. Ils portent tous le même nom de famille... RINALDI ! Je suis sur un fauteuil miteux face au canapé raide du Trio. Même ici, la fumée nauséabonde a envahi l'air...
- MME RINALDI : Tu l'as kidnappée la pauvre femme !!! Elle devient folle et t'as profité de sa faiblesse... Je me doutais bien que t'étais dangereuse depuis l'agression de ma fille l'année dernière...
- MOI : Votre fille, vous savez très bien que c'est elle qui m'a agressée, tout le monde sait comment elle est...
- M. RINALDI : Oh on se calme, et on revient au sujet... Depuis quand est-elle chez toi ?
- MOI : Depuis quelque temps...
- MARCO : Mais où est ta famille d'accueil Sarah ???
- MME RINALDI : Elle les a peut-être rôtis au four... han !
- MOI : C'est la Mamie... enfin Mme Rinaldi qui a... euh... cuisiné...
- M. RINALDI : Pendant que vous festoyez, c'est toute une famille qui se ronge les sangs. Ton comportement est irresponsable !!!
- MARCO : Je comprends pas que tu nous aies caché sa présence alors qu'on s'inquiétait, on est ami non, enfin je le croyais...
- MME RINALDI : Ami avec cette peste ? Pourquoi tu l'as séquestrée hein ?
- MOI : C'est elle qui est venue à moi... en pleine détresse...
- MARCO : Mais c'est pas une raison...
- MME RINALDI : Elle a besoin de soins, c'est criminel !
- MOI : J'ai pris soin d'elle...
- M. RINALDI : Mais t'es pas compétente...
- MOI : Elle va très bien...
- MARCO : Et qui a le mis feu au four ? Et qui a mis ce truc bizarre dans le four ?

Kamil et Yunso commentent au loin sans que j'entende quoi que ce soit. Yunso finit par m'apporter un verre d'eau, sans un regard. Un maigre soutien.

- MME RINALDI : Ça va pas se passer comme ça, je vais prévenir la police, je vais prévenir le Proviseur de ton lycée... Je vais prévenir la DDASS qu'il faut t'enfermer...
- M. RINALDI : Du calme Livia...
- MME RINALDI : Comment veux-tu que je garde mon calme ? Tu sais très bien pourquoi...
- M. RINALDI : Est-ce que ma mère t'a raconté des choses rocambolesques...
- MOI : Je vois pas de quoi vous parlez...
- MME RINALDI : Des choses sur notre famille...
- MOI : Je vois pas où vous voulez en venir...
- MARCO : Moi non plus d'ailleurs...
- MOI : Elle est où là ? Qu'est-ce que vous en avez fait ?
- MME RINALDI : Mais elle s'enfonce !!!
- MOI : Dites-moi où elle est, s'il vous plaît...
- M. RINALDI : Je crois pas que ce soit une bonne idée...
- MOI : Elle est retournée là-bas ? Elle va pas le supporter... Vous allez la tuer... elle mérite mieux que ça. Oui, je suis d'accord, elle a des absences... mais bon... vous pouvez pas comprendre...

Yunso me ramène une canette de coca. Un geste symbolique.
- MME RINALDI : T'as aucune excuse, tu crois qu'on va s'apitoyer...
- MOI : Elle va beaucoup-beaucoup-beaucoup me manquer,...
- MARCO : On peut la laisser lui dire au revoir non ?
- MOI : Elle est encore là ?
- MME RINALDI : Mais vous êtes fous...
- M. RINALDI : Laisse tomber Livia...
- MME RINALDI : Arrête avec tes Livia ! Moi c'est Claudia ok ?
- MOI : Laissez-moi la voir une dernière fois... je vous en supplie...

Quand je repense à ce moment-là, les larmes reviennent. Je dois m'arrêter là. Quatre jours plus tard je n'ai pas fait le deuil de son départ. Je me retrouve dans un taudis noirci, seule. J'attends que la Police vienne m'interroger, j'attends que Rondin revienne me chercher une bonne fois pour toutes, j'attends que le vétérinaire m'annonce la mort du Chien. J'attends que tout ça se termine.

Certes, raconter tous ces horribles événements me fait beaucoup de bien : je promets à mes blogués d'aller jusqu'au bout. Mais je suis à bout. Et seule. Dans l'attente d'une suite qui ne vient pas et qui me semble pourtant inéluctable.

Mes blogués, merci pour votre gentil soutien.

J'en ai fait des conneries Et je dois maintenant en payer le prix.

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