Je suis allée rendre visite à la Mamie ce matin, comme je lui avais promis. Mais je me suis assez mal débrouillée, je suis arrivée pendant le déjeuner... : « Ici on mange à 11h30 pour être sûr de faire la sieste à midi ! », lance avec ironie la Mamie en me voyant arriver...
Je m'assieds juste à côté d'elle pendant qu'elle finit son repas en grognant.
« Ils font exprès de mettre du sel nulle part, pour être sûrs que ça n'ait aucun goût... parce que si on avait le goût, on mourrait d'une crise cardiaque... C'est un coup de vice... »
« Je suis sûre qu'ils mettent des somnifères dans la nourriture... j'ai envie de dormir toute la sainte journée ! »
« J'adore le chocolat... c'est pour ça qu'ils m'en donnent jamais... ça leur plaît pas que je me fasse plaisir...»
De quoi saouler tout le monde... moi y compris. Je ne la connais pas vraiment sous cet angle-là et ça me fait un peu peur... On dirait un peu Tatie Danielle... non ? Peut-être que sa maladie la rend plus agressive...
Elle parle beaucoup, elle mange lentement... du coup on lui enlève son assiette alors qu'elle n'a pas fini !
- MAMIE : Bah vous gênez pas...
- AIDE-SOIGNANTE : Faudra vous dépêcher la prochaine fois Madame Rinaldi... On n'est pas au restaurant ici...
- MAMIE : J'ai encore faim...
- AIDE-SOIGNANTE : Vous mangerez plus ce soir... Allez c'est l'heure du dodo...
Tiens...
Direction sa chambre...
Une infirmière inconnue au bataillon est venue lui faire gober 6 pilules d'un coup avec un grand sourire pour faire passer le tout... Trente minutes plus tard, elle s'est endormie en me parlant des Feux de l'Amour. Ronflements sonores au bataillon ! C'est radical...
J'ai commencé à sortir un livre en me disant que j'allais attendre qu'elle se réveille... J'ai alors entendu des chuchotements féminins dans le couloir :
- Elle a rien mangé, elle va dormir comme un bébé comme ça...
- Tu lui as bien enlevé son chocolat dans son tiroir...
- Ouais sinon ça lui donne la pêche... elle finit par faire chier tout le monde...
- Bon c'est le moment hein... on sera tranquilles jusqu'à ce soir...
Tiens, de qui parlent-elles... de la Mamie peut-être ?
Et là, la conversation est devenue inaudible. D'un coup. Plus aucun bruit venant du couloir... Je me suis levée et j'ai remarqué que la porte s'était fermée toute seule. Un courant d'air ?
Je me précipite sur cette fichue porte pour la rouvrir... et là le choc !!! Je suis enfermée à double tour avec la Mamie... Alors ça ! Un courant d'air... oui mais volontaire !!!
Je n'ose pas hurler par crainte de réveiller la Mamie et toute la maison par la même occasion... mais je frappe à la porte... personne ne vient me libérer. Ça c'est gonflé...