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16 ans, grosse & moche!

6 février 2014

JEUDI 6 FEVRIER 2014 12H : LONDRES CHAPITRE 8

Déjà le dernier chapitre londonien... Durant la nuit de samedi à dimanche, nous avions entendu beaucoup de gens aller aux toilettes... chasses d'eau à la chaîne... et surtout quelques nausées bien audibles... Et ça continuait le matin...

En sautant la journée du samedi, j'ai comme l'impression que Ash et moi avons aussi avantageusement évité cette maladie...

Résultat de ce dimanche matin : la moitié du troupeau manque à l'appel... La prof est navrée... : « Pourtant j'avais prévu une sortie sympa et ludique pour le dernier jour... C'est bête alors... Mme Tussaud ça plaît aux jeunes d'habitude... ». Je ne sais pas de quoi elle parle, mais Ash tilte : « Ça alors, j'avais envie de faire ça aujourd'hui, je crois qu'on va suivre le groupe hein ? On n'est plus malades hein ? »...

Je lui ai fait confiance... et j'ai bien fait. On s'est fait prendre en photo avec Beyoncé, Victoria Beckham, Rihanna... mais aussi la Reine d'Angleterre, Harry et William, Kate... Pas les vrais !!! Tussaud c'est l'équivalent du Musée Grévin mais à Londres... Vraiment fun... On s'est marrées comme des vraies copines. Étrange sensation...

Dire que les brebis égarées du jour ont manqué ça... sûrement le meilleur moment du séjour... en compagnie de la prof en tout cas !!!

Lors du déjeuner dans un fast-food, Ash m'a fait quelques révélations :
- ASH : Je peux être franche... ?
- MOI : Hésite pas, je suis blindée...
- ASH : Je voulais pas être dans la même chambre que toi... trop la loose...
- MOI : Si c'est que ça... je m'en doutais...
- ASH : C'était top de passer ces deux jours avec toi...
- MOI : C'est vraiment ce que tu penses...
- ASH : J'avais déjà essayé qu'on devienne copines à Paris, mais tu voulais pas...
- MOI : Quand ça ?
- ASH : Ben le jour de Gravity, la place dans la salle de ciné que t'as donnée à ton pote... et puis le jour où je t'ai rejointe pour aller au ciné... et tu m'as plantée à la dernière minute...
- MOI : Oui je me souviens... je suis désolée... c'était pas un acte désespéré de ta part?
- ASH : Pour qui tu me prends ?
- MOI : Bah tu m'as parlé par SMS pendant 3 mois pour éviter de me parler face à face...
- ASH : Ouais bon, t'as raison. Toute façon t'as toujours raison... Mais regarde aujourd'hui, m'en fous qu'on me voie avec toi... Tu sais quoi, je te trouve assez branchée comme fille, t'es comme personne... et puis t'as peur de personne... Tu t'es jamais laissé marcher sur les pieds... Tu sais quoi, y'a des fois j'aimerais être comme toi...

Le choc... Si elle savait ce que c'est d'être moi, elle rebrousserait chemin tout de suite. Si elle savait comme je me suis fait traiter comme un paillasson par Sonia et Rosette en début de séjour...

Je me suis dit qu'elle méritait aussi un peu de franchise de ma part...
- MOI : Je voudrais bien avoir ton physique...
- ASH : Ouais, bon ça je comprends... Et puis qui voudrait de mon cerveau... ?
On a éclaté de rire. On peut pas nier que cette drôle de relation entre opposées est avant tout fondée sur une vraie cash attitude un peu décoiffante, et une certaine auto-lucidité. C'est peut-être ça l'amitié aussi...

- ASH : Bon, faut que je t'avoue autre chose... j'ai peut-être fait une bêtise...
- MOI : Mince, c'était trop beau...
- ASH : Je me suis un peu vantée de notre plan d'hier...
- MOI : A qui ?
- ASH : A Quentin...
- MOI : Bravo tout le monde est au courant alors... Han !!! Tu veux dire que...
- ASH : Oui je crois qu'on nous a copiées...
Et là on est passées de la panique au rire... On a fichu un sacré bordel dans le troupeau...

La prof qui était blanche comme un linge après le repas a donné ses dernières directives : « Bon j'avais prévu une visite de musée de l'histoire de l'uniforme anglais à travers les âges, mais je crois que moi aussi je suis malade, alors je vais vous emmener chez Harrod's hein... de toute façon, vu le nombre qu'on est cet après-midi, on peut faire ce qu'on veut... »

Effectivement, après le déjeuner, on avait encore perdu dix personnes... Plus de la moitié du troupeau s'était égarée. Qui l'aurait cru ? Que les premières brebis égarées seraient les premières à rentrer dans le rang ?

J'ai passé une heure au Foodhall de Harrod's à rêver sur les plats, les odeurs, les décors... pendant que Ash faisait du shopping aux étages supérieurs. On a fini au rayon jouet où on est tombées sur une micro-Ferrari pour enfant qui valait 30 000 pounds... de la folie !

Dans ce rayon, je me souviens qu'une petite-fille bruyante est passée avec un chien en laisse... sauf que c'était un faux chien habillé en costume écossais... Est-ce le dernier message que mon Chien m'a laissé ? Qu'il s'est réincarné en peluche éternelle... ?

Pathétique !

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5 février 2014

MERCREDI 5 FEVRIER 2014 14H : LONDRES CHAPITRE 7

Le samedi matin, Ash et moi avons joué les dissidentes...
- ASHLEY : J'en peux plus de la prof, j'en peux plus des autres...
- MOI : C'est pareil... Et si on fichait le camp ?
- ASHLEY : Ça va se voir non ?
- MOI : Oui... mais si on a une excuse ?
- ASHLEY : Une excuse pour toutes les deux ?
- MOI : Vas-y plie-toi en deux et souffre...
- ASHLEY : Oh j'ai mal, que j'ai mal...

Je me dirige vers la prof :
- MOI : Madame... Ash a vomi toute la nuit, je lui ai tenu la tête au-dessus des toilettes...
- LA PROF : Mon dieu c'est horrible...
- MOI : Et là, elle continue à souffrir...
- LA PROF : Faut l'emmener à l'hôpital, on va pas rigoler avec ça...
- MOI : Et moi je commence à avoir mal au ventre...
- LA PROF : Oh pourvu que ça ne tombe pas sur tout le groupe...
- MOI : C'est peut-être une gastro... c'est hyper contagieux...
- LA PROF : Bon, bon bon, je préviens un surveillant qui va vous accompagner... Quel dommage que vous manquiez mon programme de ce matin... j'avais prévu une superbe visite en exclusivité de l'ancienne usine désaffectée de Battersy...
- MOI : Pfff c'est pas juste...
- LA PROF : La santé avant tout !

Quinze minutes plus tard, nous étions toutes les deux dans le métro avec un surveillant qui n'avait pas l'air d'être rassuré d'être avec nous... Il n'osait pas se rapprocher de nous et n'arrêtait pas d'envoyer des sms... Une fois à l'hôpital, dans la salle d'attente, le pion donnait des signes d'impatience.

« C'est bon, on va se débrouiller... vous pouvez revenir nous chercher plus tard si vous voulez... » Lol...

C'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Il a fini par nous larguer là en nous assurant qu'il repasserait nous chercher dans une heure...

L'occasion rêvée de faire faux bond à l'hôpital et au surveillant...

Ashley feuillette un vieux guide de Londres qu'elle a piqué dans la bibliothèque de sa mère : « Direction Camden, on va se faire tatouer !!! » Hein ???

Nous avons pris deux bus avant d'arriver à un genre de puces, un endroit totalement différent du Londres que nous avions vu jusqu'à maintenant... Des tatoueurs, oui, mais aussi des fripes, des tambouilles à se choper des vraies gastros... Nous y sommes restées jusqu'à la nuit !!!

« Il faut qu'on aille faire acte de présence à l'hôtel si on veut continuer notre expédition... ». Bingo, le surveillant nous y attendait...
- MOI : On vous a attendu à l'hôpital...
- ASH : Mais j'avais trop mal...
- MOI : On est rentrées à l'hôtel...
- ASH : Là on était sorties juste 5 minutes...
- MOI : Au cybercafé, pour donner des nouvelles à nos mamans...
- ASH : Ben t'as pas de maman...
Je lui ai donné un gros coup de coude. Son idiotie n'est jamais loin. Mais le surveillant, à peine plus vieux que nous, n'avait pas l'air d'être intéressé par notre histoire...
- LE PION : Vous venez dîner au self-service ?
- ASH : Oui d'accord...
- MOI : Oh non, le médecin nous a dit de pas trop manger... surtout pas des trucs gras... et puis il pense qu'on a eu une intoxication alimentaire...
- LE PION : Ah bon ? A cause du self ? Mais c'est pour ça que j'ai mal au bide...

Et voilà les deux dindes en cavale dans Londres un samedi soir... Ash a rouvert son guide : « Viens on va voir ce qui reste... »

Métro, puis kiosque de vente de billets à moitié prix pour une comédie musicale... Bon dans nos moyens, y'avait pas ce qu'on voulait... pas de Billy Elliot... mais le Roi Lion en 4ème catégorie !!!

A un moment il y avait un danseur déguisé en truc sauvage qui pouvait ressembler à un chien : mon Chien m'a-t-il envoyé un message subliminal à ce moment-là ? Un message qui aurait voulu dire, « SOS, c'est la jungle ici... » ?

Fabuleux, même derrière un poteau au 3ème étage : le son, l'ambiance, les costumes... de quoi en prendre plein les yeux et les oreilles !!! Un vrai étourdissement de plaisir.

Ash voulait aller en boîte... mais je ne voulais pas tuer notre « poule aux œufs d'or... ». De retour à l'auberge, la prof nous attendait...
- LA PROF : Mais c'est à cette heure-ci que vous rentrez alors que vous êtes censée être malades ???
- MOI : On est restées sur la cuvette des toilettes toute la journée madame...
- LA PROF : Est-ce que je dois vous croire ?
- ASH : Oui madame...
- MOI : Vous avez l'air pâle madame, et le médecin nous a dit qu'on avait subi une intoxication alimentaire...
- LA PROF : Mais je vais très bien...
A ce moment-là, nous avons entendu quelqu'un vomir bruyamment aux toilettes... De quoi se débarrasser de la prof !

Nous sommes revenues sur nos fauteuils avec nos vieilles couvertures, comme deux mémés... La fatigue a pris le dessus... et le bien-être de faire les 400 coups toutes les deux... et aussi de se sentir libre...

A ce moment-là, j'avais oublié tous mes soucis, la Vieille... ses secrets... et même l'existence de mon Toutou... quelle honte !!!

Nous sommes mercredi et je ne sais pas s'il est mort ou vivant, errant quelque part... je pense que je ne le reverrai jamais.

5 février 2014

MERCREDI 5 FEVRIER 2014 9H : LONDRES CHAPITRE 6

Discussion nocturne sur les bords de la Tamise...
- ASHLEY : J'ai fait une bêtise...
- MOI : Et tu te sens coupable ?
- ASHLEY : Ouais c'est un peu ça... j'aurais pas dû...
- MOI : Et tu te sens coupable envers qui ?
- ASHLEY : Envers moi-même je crois...
- MOI : Tiens c'est pas ton genre...
- ASHLEY : Oui mais là, c'est particulier, c'est intime...
- MOI : Est-ce que ça a un rapport avec ces deux garçons qui te tournaient autour ?
- ASHLEY : Ouais... comment tu sais ? De toute façon tu devines tout... J'aimerais être aussi intelligente que toi...
- MOI : Toi t'es belle, c'est déjà pas mal...
- ASHLEY : Pour ce que ça me rapporte...
- MOI : Enfin je te rassure, j'ai pas deviné la suite...
- ASHLEY : Bien sûr que si tu sais...
- MOI : Non... si ? Non...
- ASHLEY : Si... et je suis pas fière...
- MOI : Tous les trois ?
- ASHLEY : Oui...
- MOI : Toi et ces deux garçons... ?
- ASHLEY : Oui...
- MOI : En même temps ?
- ASHLEY : Oui... bon arrête de me juger...
- MOI : Je te juge pas, je me dis que t'as de la chance de pouvoir faire ce que tu veux avec qui tu veux...
- ASHLEY : C'était pas bien... pas bien du tout...
- MOI : C'était pas ta première fois ?
- ASHLEY : Non... enfin si, à trois si...
- MOI : Et ça s'est pas passé comme tu l'attendais ?
- ASHLEY : Non... c'était pas beau, c'était pas respectueux... ils m'ont prise pour une actrice de porno...
- MOI : Tu t'es pas laissée faire !
- ASHLEY : Si...
- MOI : Pourquoi ?
- ASHLEY : Je voulais leur faire plaisir, et puis je voulais faire comme tout le monde... Résultat je me sens mal... Et en plus ils sont allés se vanter à d'autres mecs ensuite...

J'étais surprise de la voir dans cet état... je la croyais insensible, superficielle... je viens de changer d'avis sur elle définitivement. Je crois que je la respecte...

- ASHLEY : En plus, ils dorment dans la même chambre que moi... et je veux pas les revoir, je veux pas retourner dans cette pièce... je me sens sale...
- MOI : Je veux pas non plus redormir dans ma chambre cette nuit...
Ce point commun lui a redonné le sourire...

Nous nous sommes retrouvées sur deux fauteuils cabossés sur un palier de l'auberge face à deux fenêtres sans rideau et sans volet. Nous avons demandé deux couvertures à la fille de l'accueil et on s'est confortablement installées avec vue sur la rue... En cours de nuit j'ai eu une hallucination : j'ai eu l'impression de voir, chez la fille qui mangeait des muffins le matin à sa fenêtre, deux clients râleurs que je n'arrête pas de voir au KFC... Anecdotique mais troublant.

C'était pas le meilleur lit ces deux fauteuils, mais on était bien toutes les deux, sans les autres.

4 février 2014

MARDI 4 FEVRIER 2014 21H : LONDRES CHAPITRE 5

Le vendredi a été barbant : il pleuvait tellement qu'on n'a fait que des visites intérieures...

British Museum avec sa collection égyptienne... toute la matinée à entendre la prof déblatérer l'histoire des rois égyptiens et du savoir-faire anglais en matière d'archéologie... J'ai rien retenu. Mais je me suis baladée et je me suis mise à imaginer que les momies allaient se réveiller... comme dans le film LA NUIT AU MUSEE.

Sur une représentation égyptienne, on voyait un dieu avec une tête de chien... Un signe d'alerte de mon Chien que j'aurais manqué ?

Je me suis posée sur un banc et j'ai fait une sieste.

Déjeuner au « flunch » : Kidney Pie..., pâte molle, sauce épaisse et viande bizarre... Une fille demande à la prof ce qu'est un kidney... : « A kidney... c'est un rognon... un rein si vous voulez ».

Hurlements de dégoût dans tout le resto low-cost... J'ai quand même goûté, c'était aussi mauvais que ça en avait l'air... et ça sentait le pipi !!!

Après-midi à la Tate Modern, un musée vide... ça c'est original mais on s'ennuie vite... En tout cas on avait une belle vue là-haut.

Puis on a fini dans une église, où la prof nous a raconté de long en large l'histoire de la religion anglicane...

Puis « flunch » anglais à 19h: poisson pané et frites panées... trop de pané tue le pané...

A 22h, alors que j'étais en train d'écrire un post dans un cybercafé, non loin de l'auberge de jeunesse, j'ai vu Ashley qui était en pleurs. Je suis sortie immédiatement pour discuter avec elle...
- MOI : Qu'est-ce qui va pas ?
- ASH : Tu peux pas comprendre...
- MOI : Ben tu sais pas si t'essaies pas de me dire...
- ASH : C'est moche...
Je l'ai regardée dans les yeux et j'y ai vu de la tristesse, de la déception... mais surtout de la profondeur... Un sentiment nouveau pour elle. Elle m'a regardée en retour, ses yeux cherchant quelque chose dans les miens. Je ne sais pas si elle a obtenu ce qu'elle y cherchait, mais elle s'est alors jetée dans mes bras en pleurant. Je ne savais pas comment la prendre, la serrer, mais ça ne la gênait pas, elle s'accrochait à moi malgré mon immobilisme.
- MOI : Tu veux qu'on aille se balader ?
- ASH : Ouais....Ouais...

Après cinq minutes d'air frais, elle m'a tout déballé comme si j'étais sa meilleure amie... Apprêtez-vous à être un peu choqués... moi je l'ai été, mais je ne l'ai pas montré.

4 février 2014

MARDI 4 FEVRIER 2014 15H : LONDRES CHAPITRE 4

Je me suis quand même assoupie dans mon tapis... jusqu'à ce que j'entende des rires... et des commentaires...
- INCONNU 1 : Elle est trop chelou votre meuf...
- SONIA : Elle est timbrée...
- ROSETTE : A l'asile et hop... je l'ai toujours dit qu'elle était pas nette...
- INCONNU 2 : Vous faites quoi là ? Vous admirez un tapis ?
- SONIA : On observe la limace qui est dedans...
- ROSETTE : C'est comme une émission de télé-réalité...
- INCONNU 1 : Ouais bon on se fait chier devant votre programme, on va au petit-déj... vous venez ?

Une fois tout le monde parti, je me suis dégagée de ma camisole... Un peu honteuse de me laisser faire comme ça. Pendant que tout le monde mangeait au salon, j'ai caché mes affaires au sous-sol. Hors de question que je repasse une seule nuit avec ces deux pétasses.

Mais je me sentais coupable de ne pas avoir mieux réagi, ou plus réagi. Une seule idée spontanée m'est venue à l'esprit : balancer les affaires de ces deux morues par la fenêtre. Oh la jolie robe de soirée, oh la brosse à cheveux pleine de pellicules, oh la petite culotte ridicule... Tout ça par la fenêtre... Une fille qui habitait dans l'immeuble d'en face, de l'autre côté de la rue, et qui était en train de se goinfrer de scones ou de muffins, m'a regardée, interloquée. Mais la fenêtre qui tenait mal s'est refermée sur moi, m'éraflant assez profondément l'avant-bras.

L'heure du départ, en bas du « youth hostel » a sonné. Et le troupeau s'étonne de trouver des vêtements par terre sur le trottoir... Jusqu'à ce que leurs propriétaires réagissent...
- SONIA : Non mais c'est à moi ça... Et c'est ta culotte Rosette avec la petite Sirène dessus ?
- ROSETTE : Chuuuuuutttt... je vais la tuer... je te le promets...
- LA PROF : Shall we go now ? We have a big busy day...
- SONIA : Madame, quelqu'un a jeté toutes nos affaires par la fenêtre...
- ROSETTE : Quelqu'un ? Mais on sait très bien qui a fait ça...
- LA PROF : Who has done such a stupid act ?
- ROSETTE : C'est...
A ce moment-là, j'ai montré discrètement mes égratignures toutes fraîches sur mon bras à Rosette et Sonia :
- MOI, tout bas : Si vous affirmez quoi que ce soit, je dis à la prof que vous m'avez agressée et que j'en garde des traces...
- SONIA, bas et exaspérée : Elle est machiavélique...
- ROSETTE, bas : Tu vas me le payer... Tu vas voir tes vêtements... Je vais te faire une tête au carré...
- MOI, bas : Oubliez pas qui a commencé... Et puis je suis peut-être grosse et moche mais j'ai sûrement plus de jugeote que vous deux réunies...
- LA PROF : Bon personne n'est coupable ? Je suis excédée par vos gamineries. Pouvez-vous vite récupérer vos affaires jeunes filles ?

Ash est venue me voir et me parler pour la 1ère fois du séjour, pendant qu'on attendait que les morues retrouvent leurs petits :
- ASH : C'est toi Sarah ?
- MOI : Non... moi ? Non...
- ASH : T'es impressionnante... Tu les as bien eues, les deux...
- MOI : Chuuutttt...

Dès le départ vers le centre ville, Ash est retournée avec ses soupirants. Sonia et Rosette n'ont plus osé m'approcher de la journée. Une solitude reposante en somme.

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4 février 2014

MARDI 4 FEVRIER 2014 10H  : LONDRES CHAPITRE 3

Quand je repense à cette nuit, je n'en dors plus...

Elles ont déballé ma valise, jeté mes vêtements partout dans la chambre puis dans le couloir, commenté mon goût douteux pour la mode. Comment se défendre face à deux furies ?

« Arrêtez vous avez pas le droit... »
« C'est vraiment pas juste ! »
« Vous êtes vraiment méchantes ! »
« Vous avez quel âge ? »

Comment perdre toute sa répartie acquise durement ces derniers mois ? La peur, l'infériorité numérique, la perte des repères dans un pays étranger... me revoilà vulnérable à la merci de tous...

J'ai dû tout ranger. Ensuite, alors que je revenais des toilettes après m'être mise en pyjama, elles ont barricadé la porte. Mais il me semblait qu'il n'y avait pas de verrou dans notre chambre de 3, alors j'ai forcé la porte en mode bélier, ça marché, mais elles m'ont repoussée aussi violemment dans le couloir en rigolant. Guerre de force pendant dix bonnes minutes : au moment où je m'apprêtais à défoncer la porte avec toute ma rancœur accumulée, elles ont ouvert cette maudite porte.

Je me suis retrouvée la tête dans le tapis, les quatre fers en l'air... je dirais même au tapis ! Ne manquant d'aucune inspiration, les deux pestes m'ont alors enroulée dans ce tapis puant. Puis elles m'ont prise en photo par le haut et le bas du rouleau de printemps.

- SONIA : On va envoyer ça à Alyssa, elle sera trop contente...
- GOTHIQUE : A tout le lycée ouais, ils vont adorer.
- SONIA : On dirait un hot-dog !!!
Éclats de rire, il était sûrement 1h du matin.

Elles se sont couchées comme si j'étais pas là. J'ai réussi à me libérer une heure plus tard, après avoir appelé à l'aide en vain. A ce moment-ci, elles dormaient. L'heure de la vengeance ?

J'ai tiré leurs deux couvertures en même temps. Sacrilège... J'ai vu que la Gothique avait un pyjama avec des motifs dessus... bien familiers : des princesses Raiponce !!! Sonia s'est fichue d'elle...

Rosette la Gothique a alors décidé de me donner une gifle, me paralysant quelques secondes. Sonia est alors venue me tenir les bras. Rosette a tenté de soulever mon haut de pyjama, je me suis débattue. Sonia a fini par tirer le bas, dévoilant mes parties intimes aux deux pestes.

- ROSETTE : Attends on va la prendre en photo !!!
- SONIA : C'est trop un film d'horreur, je veux pas garder de trace de ça...
J'ai remonté le bas et remis le haut en place pendant qu'elles me dézinguaient :
- ROSETTE : T'es vraiment moche...
- SONIA : Qu'est-ce que t'as fait à ta mère pour qu'elle accouche d'un monstre comme toi ?
- MOI : Parlez pas de ma mère ou je vous...
- ROSETTE : Ou tu nous quoi ? Hein... ?
- SONIA : Tu pues la lose... t'as rien pour toi... Tu m'as ruiné ma note de CPE pendant que tu te faisais la meilleure note de toute ta vie...
- ROSETTE : Tu te crois plus intelligente que nous ? Tu te crois meilleure en arts plastiques en claquant des doigts ?
- SONIA : Je me suis renseignée, t'as des mauvaises notes en fait... t'es pourrie du cerveau...
- ROSETTE : Ouais surtout dans mon cours...
- MOI : Je vous intéresse à ce point-là ? Pourquoi vous vous en fichez pas de moi ? Moi je m'en fiche de vous... Tout le monde a le droit de vivre tranquille...
- SONIA : Après ce que tu nous as fait en CPE connasse ?
- ROSETTE : Moi ta tête me revient pas, j'ai trop envie de te faire chier... T'es mon punching-ball...
- SONIA : Ouais tu sers qu'à ça, tout le monde le dit, t'es qu'une pauvre fille, t'es moche et bête... Tu mérites pas de vivre...
- ROSETTE : Non tu mérites pas...

Comment réagir à ça... Comment comprendre ça... Comment expliquer ça... Dans la surenchère, elles s'entraînent... et je vois dans leur regard que si je me défendais, elles pourraient déborder... Elles s'égarent dans la haine, mais ne se rendent pas compte... Elles me traitent d'inhumaine, mais ce sont elles les plus sauvages...

Elles avaient envie que je continue à me battre pour que ça finisse mal, elles en rêvaient... Pas question de leur offrir ce cadeau...

J'ai senti l'odeur de chien venir du tapis... Je me suis allongée dessus puis je l'ai enroulé autour de moi...

- SONIA : Mais qu'est-ce qu'elle fait là ? C'est à nous de le faire...
- ROSETTE : Elle croit qu'on a fini cette discussion ? J'ai encore envie de lui mettre des torgnolles...
- SONIA : Il est tard, on lui fera sa fête demain à cette truie... Laisse-la dormir par terre, c'est tout ce qu'elle mérite...

Je suis restée dans mon tapis jusqu'au petit matin, sans fermer l'œil, pendant que les deux pestes monstrueuses ronflaient grassement.

Je me dis avec le recul que si Alyssa avait été là, elles n'auraient jamais débordé comme ça... Pourquoi ? Parce que leur reine est plus intelligente qu'elles. Et la bêtise se développe chez les gens les plus bêtes...

La discrimination, le racisme, le sexisme... même combat contre la Bêtise qui m'a attaquée et ébranlée ce soir-là comme jamais.

3 février 2014

LUNDI 3 FEVRIER 2014 23H

Quand j'ouvre la porte, mes infâmes roommates sont déjà là, et se décomposent en me voyant...

- SONIA : Tu t'es trompée de chambre Bouboule ?
- GOTHIQUE : Ah pas elle, non... elle pue la...
- MOI : Non je crois que c'est bien là...
- SONIA : Ah non, je refuse, déjà qu'on a perdu notre copine Alyssa, mais là ce serait coup double de se récupérer le boulet du lycée...
- GOTHIQUE : De toute façon si tu restes, on va t'en faire baver...
- SONIA : Ouais, tu sais pas à quel point j'en ai envie...
- GOTHIQUE : Reste donc avec nous...

Leurs yeux sont devenus démoniaques. Un courant d'air est venu claquer la porte derrière moi comme dans un film d'horreur. Bon, elle était presque fermée, il suffisait d'une petite pichenette.

A ce moment-là, je me souviens m'être dit ça sentait le chien. Peut-être que le Chien m'a envoyé un signe ce soir-là ??? Ou était-ce simplement l'odeur animale de la haine que j'allais devoir affronter ?

3 février 2014

LUNDI 3 FEVRIER 2014 18H : LONDRES CHAPITRE DEUX

Arrivée à Londres à 8h40, tiens on a perdu une heure ! La prof hurle dans tous les sens pendant que les pions soupirent.

A un moment, elle met sa main sur mon épaule : « Sarah tu as bien ton autorisation parentale ? ». Je lui ai sorti le document en bonne et due forme... avec une belle signature de ma main. Elle n'a pas tiqué puisqu'elle n'a rien vérifié.

Tout le monde est déjà en train de s'extasier sur Londres : « C'est vachement plus mieux ». Sauf qu'on est dans la galerie marchande de St Pancras, qu'il y a un Marks & Spencer comme à Paris, que tout est écrit en français et qu'on n'y rencontre que des Français ! Pas trop dépaysée...

On finit par prendre le métro qui est aussi long qu'un RER mais très bas de plafond. Et on descend à la station Pimlico dans le quartier Pimlico... Premier contact à l'air libre... C'est vide à mort ! Alors que le métro était bondé.

Direction l'auberge de jeunesse pour déposer nos valises dans un sous-sol qui pue. C'est crasseux. La répartition des chambres sera officialisée le soir... enfin tout le monde sait avec qui il va tomber... sauf moi !

Puis nous avons commencé le périple touristique en troupeau avec les commentaires passionnants et exhaustifs de la prof, et en anglais bien sûr :
- Hyde Park sous la pluie : la prof nous raconte l'histoire d'une statue.
- Kensington Garden sous les nuages : la prof nous explique que Lady Diana n'habitait pas loin. Tout le monde s'en fout, elle est morte avant notre naissance.
- Buckingham Palace et la relève de la garde sous le crachin : la prof nous détaille l'histoire des costumes pendant que le temps s'égrène lentement...
- Westminster dans le vent : trop de file d'attente pour rentrer dans l'abbaye, la prof laisse tomber et nous explique que de toute façon c'est plus beau à l'extérieur qu'à l'intérieur. Menteuse.

C'est l'heure de déjeuner et nous nous engouffrons dans une cafétéria réservée pour nous. Des saucisses panées et des fritées panées, dégueulasses ! Je réalise à l'occasion de ce repas qu'Alyssa a l'air absente...

Suite des visites :
- Big Ben sous la grêle avec des millions de touristes: la prof nous parle architecture en anglais, de quoi faire fuir tout le monde.
- 10 Downing Street avec des policiers devant : la prof nous parle politique, personne ne sait qui est le 1er Ministre anglais. Quelqu'un répond Margaret Satcher, ça ne fait rire que la prof... c'est qui d'ailleurs ?
- Trafalgar Square : la prof nous fait l'épitaphe de Nelson, la statue en haut de la colonne. Plus personne n'écoute... Nelson... c'est pas un personnage Disney ?
- Piccadilly sous les néons : le troupeau se réveille pour en rejoindre un bien plus gros... de la bière, du monde, du bruit tapageur, de la musique tonitruante, des affiches lumineuses éblouissantes de comédie musicale... La prof nous avoue que c'est le seul endroit de Londres qu'elle déteste alors que c'est sa ville préférée... Tout l'inverse de nos jeunes surexcités qui trouvent enfin un endroit clinquant à se mettre sous la dent. Elle nous a laissé 15 minutes de temps libre... ça a duré 2h de retrouver tout le monde !!! Elle était furax.

Bilan : personne ne m'a parlé de la journée. Je pourrais aussi dire que je n'ai parlé à personne.

Nous avons fini au même « flunch » que le midi : Viande bouillie à la Marmite avec légumes à l'eau, navrant. Alyssa n'est pas là... Ça sent le roussi pour moi...

De retour à l'auberge vers 21h, je me dirige vers ma chambre en tremblant, je sais ce qui m'attend, mais m'attendent-elles, elles ?

3 février 2014

LUNDI 3 FÉVRIER 2014 12H : LONDRES CHAPITRE 1

Retour à mercredi dernier... Le passé me donnera peut-être des réponses...

Le message laconique de Cécile me laisse dans le plus profond désarroi au moment de faire ma valise en mode « ptet ben qu'oui ptet ben qu'non », « tu veux ou tu veux pas »... Tout emmener, ou se borner au strict minimum ? Je me suis répétée plusieurs fois ce soir-là que si je faisais une valise parfaite, je resterais en plan sur le quai de la Gare du Nord.

Alors j'ai mis n'importe quoi dedans et j'ai mis mon réveil le plus tard possible, à 6h15 !!! J'allais pas me réveiller à 5h pour revenir me coucher à 7h30.

Couchée tôt mais endormie tard... Quand le réveil a sonné, je n'avais pas l'impression d'avoir dormi. Il me restait en tête un rêve de tronc d'arbre creux échoué sur la plage en train de se remplir d'eau de mer... Un signe que l'Eurotunnel allait s'effondrer sur moi ???

Je suis arrivée à la gare vers 7h... et la prof d'anglais était là en train de hurler sur tout le monde et dans tous les sens, et en anglais en plus : « Where's everybody ? Who's got the list ? I need the list ! Where am I ? Where is Cécile ? Why didn't she come to help ? »

Quoi ? Elle espérait que Cécile, la secrétaire du Proviseur aux multiples rejetons épuisants, se lèverait en pleine nuit pour faire l'appel à la Gare ? La prof a pourtant la chance d'être accompagnée d'autres adultes, des jeunes pions du lycée, qui sont là souvent en renfort pour les sorties scolaires ou les examens.

Après s'être égosillée à appeler les cinquante élèves issus de deux classes qu'elle emmène à Londres, elle se morfond : « Oh what a pity ! Is she sick ? Can someone call her parents ? Does someone have the phone number ? I don't have a phone book in my head »

Stressée et stressante...

Elle a fini par faire exécuter ses ordres sans utiliser un téléphone de sa propre main, puis par avoir la confirmation de l'annulation d'une élève.
PROF : C'est qui Sarah Nicolas ?
MOI : Ben c'est moi madame...
PROF : Ah oui c'est vrai... ça ne vous fera pas de mal !
MOI : De quoi ?
PROF : D'embarquer avec nous pardi... Allez, dépêchez-vous... Courez au portail de sécurité comme tous les autres.

Je croyais qu'on ne faisait ça que dans les aéroports... j'ai dû montrer ma carte d'identité à une douanière anglaise aussi aimable qu'une porte de prison, puis j'ai passé ma micro-valise -un baluchon- dans une machine à rayon-X. Stricte l'entrée au Royaume-Uni, alors qu'on est encore au 1er étage de la gare du Nord à Paris.

Dix minutes avant le départ, on doit redescendre sur le quai pour embarquer dans un train qui ressemble beaucoup au TGV... Pourquoi on l'appelle Eurostar alors ?

Je cherche dans la foule de jeunes surexcités qui composent mon groupe, des têtes familières... Il y a Sonia, il y a la Gothique, mince... Il y a Ash, youpi ! Mais cette dernière se fout de moi totalement, elle est entourée de deux mecs et rigole à gorge déployée. En résumé, elle est en plan drague.

Dans les wagons, on est complètement mélangés, et je me retrouve seule du groupe dans un wagon de Russes fortement alcoolisés, ça va pas être terrible pour finir la nuit.

Le train démarre... et là j'ai un sursaut d'angoisse... Non ce n'est pas le tunnel sous la Manche qui me fait peur... Ni la chambre à partager avec des inconnus... Mais c'est l'acte d'abandon que je viens d'accomplir... Est-ce qu'une mère partirait en vacances au soleil en abandonnant ses trois enfants en bas âge seuls à la maison ??? Bien sûr que non...

Pourtant c'est exactement ce que je viens de faire... Je suis partie aux aurores sans penser à lui une seconde, sans lui dire au revoir et sans organiser sa vie pendant quatre jours... Horreur malheur...

Quand le train est entré dans le tunnel, je n'ai rien senti ! Rien compris. Tiens c'est ça le tunnel sous la Manche ? C'est sombre non ? Bon qu'est-ce qu'il fait mon Chien en ce moment ? Mon pauvre Chien que je viens de larguer aux vautours....

3 février 2014

LUNDI 3 FEVRIER 2014 9h05 : AILLEURS

Ce matin, pendant qu'ELLE buvait un litre de thé très foncé, je l'ai interrogée :
- MOI : Qu'est-ce que vous avez fait de lui ?
- VIEILLE : De qui de quoi ?
- MOI : Vous savez très bien que je parle du chien...
- VIEILLE : Ah... il est bien mieux là où il est aujourd'hui...
- MOI : Où ça ? Où ? TU vas parler ?
- VIEILLE : Il est ailleurs... et c'est bien mieux pour tout le monde...
Elle a allumé la télé sans sourciller, et s'est mise à regarder Télématin sans montrer aucun sentiment.

Elle doit jubiler d'avoir de nouveau pris l'ascendant sur moi. Mais elle ne sait pas à quoi elle s'expose...

Je suis partie pleurer dans ma chambre. Incapable d'aller au lycée après cette nouvelle...

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