La Vieille n'a pas changé... Avant d'ouvrir la porte, j'ai entendu des insultes : « T'es qu'une merde tu m'entends, tu vas crever, je vais te faire la peau. »

Son ton de voix était hargneux, comme je l'ai toujours connu. Le naturel revient vite au galop, surtout quand je quitte le nid.

Je me dis que je vais aller dormir chez les voisins d'en face, mais j'hésite... Yunso me fait la tête. Et si la Vieille s'en prenait de nouveau au Chien, il n'y survivrait pas.

Je décide de faire irruption dans l'appartement !

Surprise...

Il n'y a personne... ni dans la cuisine, ni dans le salon.

Le Chien dort dans ma chambre, paisiblement. Il soupire comme la mort puis pète. Tout va bien.

J'avance de pièce en pièce... J'entends des sanglots. Ils viennent de la chambre de la fille des Vieux... J'entends une voix d'ado...

Ça me terrifie... Je prends mes cliques et mes claques et je me tire. Il ne vaut mieux pas être ici quand on n'est pas censé l'être...

Je vais filer retrouver Paola et lui rendre le bracelet... Je me sentirai moins folle après. Parce que là...

- TINA : Hé la chanteuse !
- FATIMA : Branche le matos meuf !
- TINA : Ah c'est dégueulasse, elle dort dans son assiette...
- FATIMA : C'est quoi le menu aujourd'hui ?
- TINA : Spaghetti bognolaise...
Hein ? Je me serais endormie dans mon plat de pâtes ? Quand je me relève elles sont parties, mon plateau aussi. Il n'y a plus personne dans la cantine... ai-je rêvé ? Quelle heure est-il ? Mince, le cours a commencé...

Je n'ai aucune trace de spaghetti sur mon visage, ni bolognaise, ni bognolaise...

Je suis trop fatiguée, je rentre...

- ASH : Tu dors ? Allez réponds !
- MOI : Oui je dors...
- ASH : Qu'est-ce qui se passe dans ton cerveau ?
- MOI : Encore moins de choses que dans le tien aujourd'hui !

Pas dormi. Je suis épuisée. Mes cernes s'étendent jusqu'à ma bouche. La lumière m'agresse. La journée va être dure...

Je ne dors pas. Je suis terrifiée. Et si c'était vraiment une présence humaine ?

Le Vieux qui ne me parle plus ? Peut-être souhaite-t-il me régler mon compte une bonne fois pour toutes ? La Vieille qui me cire les pompes depuis la rentrée ? Peut-être pour mieux m'étrangler la nuit ?

Ou alors un inconnu qui se cacherait dans l'appartement ? Qui vivrait dans la pièce secrète du fond ? Avec les animaux exotiques ? Ou bien qui rentrerait ici comme dans un moulin par l'escalier de service que je suis la seule à connaître dans cet immeuble et qui semble entretenu parfaitement jusqu'à mon étage ? (cf posts de la nuit du 8 juin 2013). Mais pourquoi cet inconnu se donnerait-il tout ce mal pour venir jusqu'à ma chambre ? Les psychopathes ont tendance à s'en prendre à des belles filles, moi de ce côté je suis tranquille, merci mon Dieu ! C'est déjà ça de pris !!!

Bon si aucun psychopathe ne veut ma peau, alors je vais pouvoir dormir...

Je viens de me réveiller en sursaut. Et là j'ai encore le cœur palpitant à l'extrême...

J'ai senti une présence dans ma chambre. Était-ce un rêve ? Non j'ai l'impression que quelqu'un est entré, a fait tout pour ne pas faire de bruit... mais j'ai entendu une respiration...

Pfffff ça doit être le Chien... Allez je me rendors. Bonne nuit mon blog dormeur.

Paola m'a répondu, je vais enfin pouvoir lui rendre le bracelet, je la vois demain !

Il est temps que j'arrête de m'inquiéter qu'on me le vole, ou qu'on le voie sur moi... Je dois déconnecter.

Finalement je ne sais plus à qui il appartient mon vieux bracelet... encore un peu à moi, déjà un peu à Paola... Non ce que je ressens c'est qu'il est en pension chez elle jusqu'au jour où j'aurai besoin de lui de nouveau.

Ce soir je vais dormir les deux bracelets aux poignets en guise d'adieu, avant de (re-)passer à autre chose...

Après les cours, je suis allée m'imprégner de la ferveur de Noël...

Sur les Champs-Elysées parés de leur hula-hoop lumineux, flottant dans les arbres. Puis sur la place du rond-point des Champs-Elysées avec ses sapins blancs et ses boules volantes... Et enfin le Marché de Noël qui s'étend jusqu'à la place de La Concorde et La Grande Roue qui conclut la fête...

Il y avait un monde de fous, des odeurs de merguez-frites, des touristes en-veux-tu-en-voilà, des vendeurs de babioles, une patinoire de trois mètres de long, des stands de fête foraine et même des manèges ! On finit par ne plus trop savoir où on est... C'est Noël ou la Foire du Trône ?

Je commence à avoir faim quand je tombe sur un truc que j'aurais préféré ne pas voir...

A priori je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée d'immersion en fin de journée, et cette envie de plonger la tête la première dans l'ambiance de Noël. Et splash !

David est avec ses potes et une fille... Ils sont en train de tourner en rond dans la micro-patinoire... Et le spectacle n'est pas très beau à voir... On dirait une bande de mouches autour d'un morceau de viande...

Alors oui elle est belle, et je m'y connais en beauté ! Mais c'est pas une raison pour baver comme ça... C'est un concours de testostérone autour d'un trophée. Et David n'est pas le dernier à la toucher... Une déception de plus pour moi sur David... Où est ce garçon sensible, timide, fragile et solide en même temps, que j'ai rencontré il y a plus d'un an ?

Et si c'était moi qui avais changé et pas les autres ? Comment le savoir ? Mmmh relire mon blog pourrait m'aider à répondre à cette question...

En tout cas, cette patinoire me donne une idée... moi aussi j'ai le droit de m'amuser avec des copines ! Seul hic, j'en ai pas...

J'ai désormais, en début de cours de sport, une petite pensée systématique pour mes deux grosses cailleras. Je regrette de ne pas avoir su les apprécier plus tôt, les veaux de haute mer, Tina et Fatima !

J'ai un peu l'impression de revenir quelques mois en arrière dans ce cours de piscine, avec la prof hargneuse et « grossophobe » (si quelqu'un connaît le bon terme...), avec Alyssa qui se pavane en maillot de bain avec son corps parfait, avec les regards qui jugent, avec l'eau qui pue la javel, avec la lumière des néons oranges qui se reflètent à la surface des lignes de natation.

Comme je n'avance pas vite, je me fais bousculer sans cesse... Ils ont pas compris ? C'est de l'endurance pas de la vitesse !

« On n'est pas là pour se laisser flotter », « Y'a un mannequin de sauvetage qui bloque le passage ou quoi ? », « Je me suis heurté à un mammifère marin au beau milieu de la piscine... ».

Charmant accueil ! Le pompon c'est Sonia qui a soufflé un jet d'eau sur ma tête encore sèche... Celle-là ne perd rien pour attendre...

Après cet échauffement plutôt inutile, la prof nous a fait un speech de vingt minutes pendant que nous grelottions sur le bord de la piscine... Elle n'aurait pas pu faire ça avant... et bien non ! Encore une sadique...

Tout ça pour nous raconter une histoire de feuille d'objectifs à remplir chaque semaine...

Une fois que nous étions tous gelés grâce à un rafraîchissant courant d'air venant de l'extérieur où il fait un agréable 4°, la sadique prof nous a renvoyés à l'eau...

Mais à un moment, elle m'a totalement perturbée : « Changement de nage... » a-t-elle hurlé. Mince j'en connais qu'une...

Je me suis vraiment trompée d'option...

Pour finir en beauté, elle a fait l'appel à la fin du barbotage, et quand elle est arrivée sur mon nom et que j'ai répondu, elle a eu l'air très surprise, puis déçue, puis a levé les yeux aux ciel... A moins que je ne sois parano ?

Ça y est l'esprit de Noël est en train de pénétrer tout le lycée... Il y a un sapin minable en plastique dans la cantine, avec des guirlandes oranges qui piquent et qu'on ne voit plus trop ces derniers temps.

Noël c'est un peu ça : des vitrines opulentes qui font rêver, des sapins parfaitement décorés dans les grands magasins, des illuminations dans la rue qui font briller les yeux et le cœur. Mais à côté, il y a le Noël de monsieur et madame tout-le-monde que ce sapin immonde de la cantine Sodexo représente bien... Un Noël un peu moche, un peu sale, un peu toc et sans âme. Un rite forcé qui a perdu son histoire et son sens.

Si c'est pour fêter Noël aussi mal, autant ne rien faire ! Mais il me reste une petite lueur d'espoir que quelque part, un grand et beau Noël m'attend.

L'ambiance est euphorique, ça sent les cadeaux, la famille, le bonheur des retrouvailles et de la bonne bouffe, le chocolat chaud pour se réchauffer. Un beau programme qui n'est pas au programme pour moi cette année !!!

Je détaillerai bientôt l'ambiance terne qui plombe mon foyer et qui brûle abondamment l'oxygène, rendant l'air irrespirable.... presque toxique. Sans parler de cette terrible odeur de cadavre qui remplit ma chambre à chaque fois que j'ouvre la fenêtre.

Mais je ne suis pas d'humeur à la tristesse. Plutôt à l'observation du monde. Et au sport. Barbotage cet après-midi au menu ! Chouette alors...