Pendant que les autres s'amusent et s'offrent des petits cadeaux, mon cerveau est assailli de plein de questions : qu'ont fait les Vieux pour se faire arrêter de la sorte ? Pour qu'il y ait un scellé scotché sur leur porte ??? Ont-ils commis un meurtre ? C'est scotchant...

Puis l'autre angoisse qui me fait tressaillir ce sont les derniers mots du Vieux... des menaces !!! S'adressait-il à moi ? C'est horrible ! Croit-il que c'est moi qui les ai envoyés en prison ? En les dénonçant ? Je ne sais même pas ce qu'on leur reproche... même si j'ai beaucoup de choses à leur reprocher...

Le seul acte répréhensible que je connais est la violence de la Vieille avec le Chien. Elle l'a battu à répétition au printemps dernier et je m'en suis rendu compte tardivement. J'ai dû l'emmener chez le véto avec la Mamie pour réaliser qu'il se passait quelque chose de louche. Mais là, le Chien qui roupille dans un coin, ne se rend compte de rien, il se prélasse. Bon, la maltraitance envers les animaux ça ne me paraît pas suffisant pour se faire traiter de la sorte par la police nationale...

Ensuite, je me dis que cette dispute violente de début d'après-midi entre les Jeunes et les Vieux n'est pas une coïncidence... Peut-être les Jeunes ont-ils dénoncé les Vieux sur une activité douteuse... réelle ou totalement inventée pour se venger ? Peut-être qu'un seul des trois est responsable de cette arrestation ? En tout cas ça expliquerait pourquoi ils ont été aux petits soins avec moi ce soir...

Enfin... je ne peux plus rentrer dans mon appart'... où vais je dormir ?

Yunso se rapproche de moi et s'inquiète de mon silence :
- Tout va bien Sarah ?
- Moi oui... mais pas pour les Vieux.
- Qu'est-ce qu'ils ont encore ceux-là ?
- Ils viennent de se faire arrêter et mon appart' est bloqué par un scellé !

Étrangement, à ce moment-là, tout le monde m'a entendue, ce qui m'a transformée de nouveau en star de la soirée...

Décidément, à cette heure avancée, je peux dire que le Père Noël est déjà passé pour moi... mais je ne sais pas à ce stade si ce dernier est « une ordure » ou pas ! Son cadeau 2013 me semble un peu empoisonné...

Je ne veux pas retourner au foyer, je veux rester à tout prix dans ce quartier, il me reste trop d'histoires à vivre ici, des amis, des ennemis, un bac, un blog, des mystères... J'ai peur.

Tant d'interrogations... Help !

La musique battait son plein, avec des classiques pop de Noël diffusés sur D17...

Je commence à entendre des bruits dans le couloir, mais sans rien distinguer. Et je n'y prête pas vraiment attention.

Puis des gens qui parlent, puis une porte qui claque, des hurlements... J'hésite un peu à ouvrir la porte, on ne sait jamais, je pourrais me prendre une balle perdue ! Faut pas exagérer, y'a pas de kalachnikov sur le palier...

Allez j'ouvre... Et là je reste stupéfaite : un ruban rouge « police nationale scellé ne pas ouvrir » a été collé sur ma porte sur toute la largeur. J'entends un mouvement à ma droite et je vois au fond du couloir vers l'escalier du bas le Vieux et la Vieille, encadrés chacun par deux policiers. Le Vieux se laisse guider mais la Vieille tente de se débattre, très hargneuse.

Je ne peux m'empêcher de pousser un cri de stupéfaction !!!

Le Vieux m'entend et se retourne puis lance : « Fais gaffe à toi... t'es en danger ». Un des policiers le réprimande : « A qui vous parlez là ? A qui ? C'est des menaces ça monsieur ? »

Un autre policier se tourne vers moi :
- Vous les connaissez mademoiselle ?
- Euh non, jamais vu...
- Alors rentrez chez vous !
Je claque la porte et je reviens dans l'appart' où je m'effondre dans le seul fauteuil disponible et dans l'indifférence la plus totale. Ils n'ont rien vu, rien entendu.

Tous les jurons passent dans mon cerveau et ma bouche que je masque dans mes mains : « *** de ***, ***, j'ai été exaucée... »

Et peut-être même un peu trop... avec ce ruban, je ne peux plus rentrer chez moi !!! Je suis SDF le soir de Noël...

Joyeux Noël à tous les SDF du soir de Noël...

Je ne pouvais pas imaginer que ce réveillon de Noël allait finir comme ça... Un vrai rebondissement de Noël... Mais pas forcément comme dans les téléfilms de cette semaine...

Les invités des jeunes sont arrivés vers 20 heures, des amis assez sages et déracinés, sans famille à Paris. Un vrai repaire d'orphelins quoi, de fait ou géographiques !

Même si je n'étais plus au centre de toutes les attentions, je me sentais pas abandonnée : je parlais un tout petit peu avec les inconnus ou avec mon Chien ! Je regardais la télé en zappant d'une chaîne à l'autre. Je me goinfrais, je buvais mon champomy ridicule sans honte. D'ailleurs un invité m'a demandé à en avoir, il adore !

Pour moi un fabuleux moment. Mais la réalité commençait à me rattraper un peu, le blues montrant le bout de son nez. Pas envie que ça s'arrête, pas envie de rentrer en Corée du Nord, pas envie de quitter les jeunes, pas envie de passer le 25 décembre toute seule...

J'ai engagé une petite conversation avec Kamil sur un bout de canapé :
- MOI : Qu'est-ce qui s'est passé tout à l'heure avec les Vieux ?
- KAMIL : C'est ton Vieux, il m'a cherché...
- MOI : Mais y'a bien une raison...
- KAMIL : Une histoire de poubelle qui a fait une trace de gras sur le tapis du palier, ben ouais, je l'ai oubliée hier et le sac a fui pendant la nuit...
- MOI : Et c'est tout ?
- KAMIL : Il nous en faut pas beaucoup plus pour se prendre la tête avec ces cons...
- MOI : J'ai pas envie d'y retourner...

Il n'a pas relevé. Intérieurement je me suis surprise à prier pour qu'il se passe quelque chose ce soir, un petit truc qui change ma vie quotidienne. J'en peux plus des Vieux, et d'avoir peur du quotidien. Avec tout ce qui s'est passé ces derniers jours (disparition du bracelet bis, voix d'ado dans la chambre de la fille, mystère du frigo X dans la chambre secrète qui s'épaissit, intrus possible dans ma chambre en pleine nuit, agressivité du Vieux qui croit que j'ai poussé sa femme dans l'escalier, etc, etc...)

Je ne pensais pas que j'allais être exaucée au centuple...

Joyeux Noël à tous ceux qui veulent changer de vie !

Le Vieux s'est absenté immédiatement après le déjeuner, il avait l'air soucieux. La Vieille faisait une sale tête et me regardait de travers.

Il s'agissait alors pour moi de passer de la Corée du Nord à la Corée du Sud en un saut de palier sans qu'on me remarque.

J'ai attendu que la Vieille aille s'enfermer dans sa nouvelle chambre, le sanctuaire de sa fille disparue. J'ai pris le Chien avec moi comme si c'était la dernière fois que je mettais les pieds ici. Oui au fond de moi, j'allais passer la frontière vers la liberté. Je n'imaginais pas de retour possible !

Je me suis retrouvée en un rien de temps chez mes voisins où l'ambiance était joyeuse. Ils avaient visiblement oublié tout ce qui s'était passé trois heures avant. Alors que moi j'en étais encore toute glacée. Mais ils m'ont réchauffée très vite...

Ils étaient seulement en train de décorer le sapin synthétique, le même que l'année dernière. Yunso s'occupait des couleurs des guirlandes et des boules, Kamil du branchement des guirlandes électriques et Marco du placement de la guirlande électrique. J'étais sur le canapé à les observer, et surtout à leur donner mon avis : plus à droite, plus à gauche, plus haut, plus bas...

Je suis devenue la designer en chef du sapin pendant que le Chien secouait sa truffe dans mon entre-jambe.

Puis les trois m'ont portée (il fallait au moins ça pour surélever la baleine) vers le haut afin que j'accroche l'étoile finale.

Une fois le chef d'œuvre accompli, les trois se sont mis en quatre pour me nourrir (toasts au foie gras, toasts au saumon fumé) et me faire boire (Champomy pour moi, ils ont retenu que l'alcool, c'était pas mon truc). J'étais au centre de toutes les attentions... un pur moment de plaisir et de bonheur...

Un vrai Noël simple... mais sincère... où pendant un instant on oublie les tornades passées et les tsunamis à venir...

Joyeux Noël à tous ceux qui n'y croyaient plus et qui découvrent que ce soir la magie de Noël existe encore...

A l'heure du déjeuner, alors que je m'apprêtais à me mettre à table le ventre affamé, j'ai commencé à entendre une grosse engueulade venant du palier. J'ai reconnu la voix du Vieux et celle de Kamil :
- VIEUX : Mais vous vous prenez pour qui ? Vous êtes qu'une bande d'emmerdeurs, de morveux mal léchés...
- KAMIL : Ça fait des années que vous nous faites chier ! Vous aimez pas les jeunes, vous êtes aigri !
- VIEUX : Vous êtes mal élevés avec vos deux acolytes... Et vous avez des mœurs bien étranges tous les trois ensemble...
- KAMIL : Et alors ? On a encore le droit de coucher avec qui on veut dans ce pays...
- YUNSO : Mais de quoi je me mêle le vioc ? Vous avez pas autre chose à faire que d'épier vos voisins...
- KAMIL : Espèce de sale voyeur !

La Vieille, qui était avec moi et qui commençait à piaffer d'impatience, s'est précipitée sur le palier en pleine ébullition, à ce moment précis, rien que pour le plaisir de jeter de l'huile sur le feu...
- VIEILLE : Mais fichez le camp, ça fait trente ans qu'on habite ici... on est chez nous ici, vous êtes qui, vous pour parler comme ça à mon mari ???
- YUNSO : On a le droit de vivre madame-la-morale !
- VIEILLE : Mais vous venez de quel pays vous ? Hein ? Et vous là ?
- MARCO : Moi je viens d'Italie, ça vous gêne ?
- VIEUX : Traitez nous de racistes tant qu'on y est !
- YUNSO : Je suis sûr que vous votez extrême droite...
- VIEILLE : Et vous extrême gauche !
- VIEUX : Vous êtes une bande de bolcheviks !
- KAMIL : Et vous, vous êtes une bande de Thénardiers racistes conservateurs !
- YUNSO : Vous avez cette pauvre Sarah rien que pour l'argent, vous avez rien à foutre de sa pomme.
Bien parlé Yunso, c'est ma pote !
- VIEILLE : Je l'aime comme ma fille !
Oh elle est gonflée celle-là ! D'ailleurs elle l'a peut-être tuée sa fille, alors si elle m'aime autant qu'elle, je suis mal partie.
- YUNSO : Espèce de menteuse... on se demande bien ce qu'elle est devenue votre vraie fille...
- KAMIL : Elle a pas l'air de trop vous manquer...
- VIEILLE : Vous êtes une bande de mécréants puants !
- KAMIL : Et vous des coincés du cul, et de la cervelle !
- VIEUX : Vous m'insultez là ! Hein vous m'insultez ?
- VIEILLE : On va vous faire virer de cette résidence...
- MARCO : Essaie donc vieux con...
- VIEILLE : J'appelle la police !

A mon tour de débarquer sur le palier : ils étaient tous survoltés, rouge pivoine, les trois jeunes alignés côte à côte face aux Vieux. Ça ne pouvait pas durer sans se terminer en pugilat, c'était imminent, il fallait que je trouve une solution : « Bon ça suffit, j'ai faim moi et je vais tomber dans les pommes ! D'ailleurs ça commence là... j'ai la tête qui tourne ! »

Tout le monde s'est soudainement senti bête sauf moi. Je n'ai pas eu besoin de m'évanouir... Tout le monde s'est quitté sans se parler, sur le champ.

Silence de mort à table. Sauf pour le Vieux qui avait besoin d'exprimer sa colère : « Toi, t'as pas intérêt à aller traîner tes guêtres chez ces connards ou je te fiche dehors à coups de pied au cul ». Sympa, c'est moi qui désamorce, c'est moi qui trinque... En temps normal, j'aurais répondu, mais là il fallait absolument apaiser la tension. J'ai fermé ma grande bouche.

Et j'ai encore raté une occasion de monter au créneau sur les bracelets, la fille disparue, leur changement de comportement, le frigo X dans la pièce secrète : mais on va dire que les Jeunes l'ont un peu fait pour moi...

Joyeux Noël à tous les frustrés, les belliqueux et les boucs émissaires !

Réveil un peu difficile, j'ai beaucoup rêvé ou cauchemardé, je ne sais plus...

J'ai du mal à accepter ce baiser volé de David hier... D'abord parce que j'aurais voulu que mon premier baiser ressemble à quelque chose, et que je choisisse au moins le partenaire... non mais ! Ça ne ressemble pas du tout à l'épisode de série américaine que j'aurais voulu vivre...

Mais ce qui me blesse le plus... ce sont toutes les arrière-pensées de David. Je relis chaque instant de notre amitié sous une nouvelle lumière pas très flatteuse... Alors, oui, il y a déjà eu quelques ambiguïtés entre nous, mais c'était pour moi les situations difficiles que nous vivions l'un et l'autre qui nous rendaient à fleur de peau. Le besoin de soutien nous a rapprochés fortement à plusieurs reprises. Hier soir, nous n'étions ni l'un ni l'autre dans une situation délicate qui nous aurait fragilisés.

En fait je me demande si c'était prémédité, ou sous le coup d'une impulsion. Tiens, ça me fait penser à un tribunal américain où on punit plus les actes prémédités que les autres actes répréhensibles... Comme si ce baiser était un vol et moi le juge du Tribunal, tout en étant la partie lésée... Mmh c'est pas bête ce que je viens d'écrire pour une fois. En tout cas c'est mon ressenti sur mon ressenti LOL !

Je ne suis pas sur la bonne voie... Ma première réaction matinale n'est pas la bonne. C'est la conclusion intelligente du jour. Mais je ne sais pas bien où aller...

Je vais mettre une cloche sur ce baiser, je veux pas gâcher mon Noël...

Joyeux Noël à tous les torturés !

Je suis restée là, hagarde. A côté de mes pompes.

Il m'a fallu une bonne demi-heure pour réagir et prendre mon tableau. En rentrant dans le hall de mon immeuble, j'ai eu la surprise de tomber sur Yunso, assise sur une des premières marches de l'escalier.
- MOI : Yunso...
- YUNSO : Je t'attendais Sarah...
- MOI : Ah bon...
- YUNSO : Je t'ai vue quand ce garçon t'a embrassée...
- MOI : Il m'a juste effleurée...
- YUNSO : J'ai senti que t'en avais pas très envie... effectivement. Mais ça m'a donné envie de te parler, moi...
- MOI : Je me sens pas très bien là... je sais pas si c'est le bon moment...
- YUNSO : Allez viens t'asseoir à côté de moi...
Une fois assise à côté d'elle, elle me donne un petit coup d'épaule amical. Et je commence à renifler et à arrêter de refouler l'émotion que je contiens...
- YUNSO : Quand je t'ai vue tout à l'heure, ça m'a rappelé que l'attirance ne se commande pas, ni dans un sens, ni dans l'autre... Et t'as pas à payer pour mon vent avec Marco...
- MOI : Je suis désolée...
- YUNSO : Je le sais... C'est vrai que j'aurais préféré que tu me dises que tu savais pour Marco et les garçons... mais en même temps je me suis jamais complètement confiée à toi... j'ai grave craqué sur lui... et voilà patatras, il est inaccessible... c'est comme ça c'est la vie. Et c'est pareil pour ce garçon que tu viens d'envoyer paître...
Je fonds en larmes dans ses bras : ouf j'ai encore un cœur... ou peut-être même deux vu la quantité de larmes qui sort...
- YUNSO : Ce que je voulais te dire aussi, c'est qu'on t'attend demain soir pour le réveillon du 24. On sera tous les trois et quelques autres. Comme l'année dernière. Et on sera content que tu sois avec nous et loin de ces vautours qui te servent de famille d'accueil...
- MOI, en pleurant : Et ils sont affreux en ce moment !
- YUNSO : Raison de plus... dis oui dis oui....
- MOI, toujours en pleurant : Comment je pourrais dire non ???

Après un truc terrible, il arrive toujours un truc génial. C'est la loi des vases communicants, ou une autre loi inconnue qui régit ma vie à moi !!! Mais pas la loi des séries en tout cas...

Joyeux Noël à tous les solitaires comme moi ! Et à tous les dévastés du cœur...

Je suis la première à arriver sur le banc, et je vois débarquer David au coin de la rue avec un objet plat, rectangulaire, encombrant... Il sourit, je suis intriguée même si je commence à avoir une petite idée...

Il plante sur le banc l'objet emballé dans du papier cadeau avec un petit sourire malicieux...

- DAVID : Je suis sûr que t'as aucune idée...
- MOI : Tu m'avais dit que c'était pas un cadeau de Noël... mais quand je vois le papier...
- DAVID : C'est pas un cadeau de Noël, c'est juste un petit cadeau tout court... allez déchire...

Je m'exécute et je reconnais immédiatement ma toile d'Arts Plastoc vendue aux enchères par le prof ce vendredi (cf posts des 20 et 21 décembre 2013). Cette fameuse toile qui a lancé une guerre d'enchères sans merci avec la Gothique puisque nos deux toiles étaient vendues en lot associé et qu'aucune de nous ne souhaitait que sa toile finisse entre les mains de son ennemie... Une guerre d'égo ridicule avec le recul, écourtée par le Père Noël tout maigre...

Mais cette maigreur, et les garçons qui l'entouraient m'avaient fait penser un instant que ça pouvait être David... Mais sans pouvoir le confirmer et sans y croire vraiment !!!
- MOI : C'était donc toi le Père Noël ???
- DAVID : Ben oui, ça te surprend hein ?
- MOI : Encore plus que ça, je peux pas t'imaginer te prêter au jeu...
- DAVID : C'était un pari à la base... mais je me suis vraiment amusé à le faire !
- MOI : Je te reconnais pas...
- DAVID : Je suis le même Sarah mais en mieux...
- MOI : Qu'est-ce que tu as fait de l'autre toile ?
- DAVID : J'ai tout de suite compris que vous vous battiez pour récupérer vos toiles...
- MOI : Comment tu as deviné que c'est la mienne celle-là ?
- DAVID : Ouf... tu vois je te connais bien... mais bon j'ai pas de mérite, l'autre toile te ressemblait vraiment pas ! C'est sûr que c'était celle de la Gothique, t'as vu la tronche de son sapin ? Je suis sûr qu'elle a le même chez elle, il a aucune épine !!!
- MOI : Je suis soufflée...
- DAVID : A aucun moment t'as pensé que c'était moi ?
- MOI : Presque pas, j'ai même suivi le Père Noël aux toilettes...
- DAVID : Oui je t'ai entendue... tu parlais avec un type... je suis sorti à ce moment-là, et j'avais enlevé mon costume...
- MOI : Je comprends pourquoi j'ai perdu la trace du Père Noël...
- DAVID : Ouais, mais je voulais te montrer qu'il existe encore un peu...

Je suis émue, ça va sans dire. Ce mec me surprendra toujours. Finalement, nous passons notre temps à nous trouver, nous éloigner, nous retrouver encore... c'était déjà comme ça l'année dernière. C'est encore plus tranché cette année.

A ce moment-là, un chœur de Noël passe par là, sublimant ce moment...
- MOI : Le Père Noël est en avance cette année ! Je me sens coupable maintenant...
- DAVID : Ben pourquoi ?
- MOI : J'ai rien pour toi...
- DAVID : T'inquiète, je le fais pas pour ça, j'essaie de me faire pardonner un petit peu...
- MOI : Mais je t'ai déjà pardonné...
- DAVID : C'est vrai ça ? Tu me le jures ?
- MOI : Ben oui, j'étais bête de te faire la tête comme ça pour une histoire de volets...
- DAVID : Non t'avais raison Sarah, je t'ai menti pour être sûr que tu me suives dans ma cavale... Je savais sinon que tu serais restée là.
- MOI : Tu m'as beaucoup manqué ces derniers mois...
- DAVID : A moi aussi, et tu sais pas à quel point...

Et la chorale continue à chanter, à nous euphoriser.... et voilà patatras.

David se jette sur mes lèvres et pose sa bouche dessus... cassant tout ce beau moment de retrouvailles sincères !!!!!!

J'étais tellement surprise que j'ai sursauté. Je pense que c'était pas la réaction qu'il attendait. Mais je ne sais pas comment j'aurais pu réagir autrement. Je ne suis pas habituée à ce qu'on rentre dans ma sphère intime... dans mon espace vital comme ça.

David m'a regardée avec désolation, avec gêne. Son visage s'est liquéfié en une fraction de seconde. Il m'a souhaité joyeux Noël et a tourné les talons sans se retourner.

La chorale continuait à chanter désespérément à dix mètres de moi. Mais l'effet grisant s'était envolé, ne laissant que les fausses notes amères. Notre amitié ne se remettra jamais de ça. Non jamais.

Et si je dois être honnête avec moi-même, j'aime beaucoup David, j'aime son cœur et son âme... mais ça ne suffit pas. Je devrais m'estimer heureuse que quelqu'un s'intéresse à moi, je devrais en profiter... mais je ne peux pas me trahir... je ne peux nous mentir, on mérite mieux lui et moi qu'un truc par défaut.

Il ne me plaît pas physiquement et je ne peux rien contre ça. Je suis dévastée.

David me rejoint sur notre banc à 17h, j'ai hâte de savoir ce qu'il va me ramener... un truc rigolo, un truc utile, un truc touchant, un truc ridicule qui va me mettre de mauvaise humeur ?

En attendant je cherche sur Internet les animaux qui auraient besoin de froid... et je trouve des magnets à frigo en forme d'animaux... Pfff tu parles d'une enquêtrice...

Mais j'essaie de me tenir aux bonnes résolutions du jour... Et je n'oublie pas que mon regain de curiosité maladive est né de cette disparition, encore, d'un bracelet ressemblant comme deux gouttes d'eau au mien. Deux disparitions en moins d'un an... à moins que le Chien aime le métal... Ouais c'est louche.

Alors je tire tous azimuts sur les secrets bien gardés des Vieux en espérant que quelque chose aboutira... Et je sais que je vais devoir pousser le couple dans ses retranchements, mais j'avoue que je préfère avancer en sous-marin là, j'ai peur et je repousse la confrontation. Noël ne m'aide pas... l'overdose de bons sentiments qui coulent à flots de partout émousse ma volonté et ma combativité...

Dans la nuit, après avoir patienté une bonne demi-heure, je suis allée soulager ma vessie. Le Vieux ronflait de nouveau, mais plus la Vieille... et une lumière traversait le cadre de la porte... De quoi m'inciter à rentrer très vite dans ma chambre et à me barricader.

Le Chien a dû se demander ce qui m'arrivait quand j'ai poussé mon bureau devant la porte de ma chambre. De quoi dormir plus tranquillement depuis la fameuse nuit où j'ai senti une présence... (cf post du vendredi 13 décembre).

Grâce à cette idée lumineuse, j'ai dormi comme un bébé jusqu'à 11h. Mais ce matin, le Chien m'a fait un sale cadeau de Noël...

Quand j'ai posé mon pied par terre, c'était mouillé... je n'ai pas eu besoin de réfléchir longtemps. Le Chien n'a pas dû apprécier d'être cloisonné de la sorte...

Pendant que j'essuie mon pied gauche plein de pipi, je fais le point dans ma tête de linotte : que pouvait bien être ce bip-bip qui a résonné dans la chambre du Vieux pile au moment où j'ai fait disjoncter son frigo secret dans la chambre secrète ?

Mais oui... c'est évident. Une alarme... pour l'avertir en cas de problème... Ce qu'il cache doit être très important pour lui...

Maintenant je dois concilier mon hypothèse du trafic d'animaux exotiques avec celle d'un frigo surpuissant... Y a-t-il des animaux qu'on met au frigo ??? Je suis perdue de nouveau...