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16 ans, grosse & moche!
23 septembre 2012

DIMANCHE 23 SEPTEMBRE 18h30 : LIPOSUCCION!

J'ai écrit hier que je trouvais ce nouvel univers supportable. C'est vrai à une exception, l'ambiance à l'école. Je pense que je vis là un nouveau calvaire. Et j'angoisse chaque jour des crasses qu'on pourrait me faire. Les deux pestes sont à mes trousses. Et l'une d'elle habite définitivement dans le quartier, c'est Alyssa.

Hier après le cinéma, j'ai décidé d'aller boire mon coca... non pas chez les voisins, mais au bar du bas, le Rialto. Ambiance confortable et moderne, on est loin du bar à poivrots du coin. Au moins j'étais entourée, et personne ne me regardait d'un air louche. J'étais un numéro, un client parmi tant d'autres. Et moi je décortiquais le monde qui m'entoure. Les patrons du bar se parlent en italien. Il y a un paquet d'habitués. Et j'y ai même vu Alyssa qui avait l'air de se sentir un peu comme chez elle. Ouf elle ne m'a pas remarquée. Je m'étais fait un pari perso : si elle ne me voyait pas, j'allais perdre 5 kilos en un mois. Chic! Puis j'ai croisé un de mes jeunes voisins, il a vu que j'étais seule et m'a demandé pourquoi je ne passerais pas dimanche pour faire connaissance. Il a conclu par : « on ne te mangera pas, moi c'est Marco ».

Je ne me suis pas éternisée, fallait pas tomber sur la reine Alyssa.

Durant la nuit rien à signaler à part mon panneau pharmacie qui clignote dans ma chambre à travers les volets. Et puis mon rêve habituel de famille fantôme. Mais le chien ne me saute pas dessus, il grogne, prêt à attaquer. Je me retrouve dans le couloir de cet appartement, le chien est derrière moi, je tente d'ouvrir chaque porte une à une, j'entends le Vieux qui tape sur son clavier, je lui demande de m'ouvrir, en vain et je finis pas me réfugier dans la chambre sanctuaire, je vais me cacher dans le placard et là j'y trouve la Vieille qui porte le blouson Perfecto. Elle m'éjecte violemment et le chien enragé me bouffe. Et là réveil! En sueur, le cœur en chamade. Et je n'ose pas me lever par crainte de retrouver le couloir. Je préfère garder ma vessie pleine pour la lueur du jour.

Mais c'est cet après-midi que l'événement tant redouté a eu lieu : le coca chez les voisins. Yun So, Marco et Kamil. J'ai jamais eu l'habitude de ces rites sociaux, boire et parler en même temps, et de quoi? Moi je ne sais pas faire la conversation, je n'ai rien à dire et je n'ose rien demander. Ils ont dû me trouver pathétique, vide, et surtout adolescente! Ce sont des adultes, ils ont l'air bien dans leur peau, parlent de sexe, de leur vie d'étudiants, de leur petit boulot. C'est bien au moins je n'avais pas besoin d'imaginer des questions. Je me suis détendue. Mais quand le sujet revenait à moi, je restais très concise.
- YS Tu viens d'où?
- Bah pas d'endroit précis.
- K Tu vas rester longtemps chez eux?
- Bah je sais pas.
- M Ça faisait longtemps qu'ils n'avaient eu personne.
- YS Tu t'entends bien avec eux?
- Moyen, on se parle pas trop.
- K Faut dire qu'ils ne sont pas très bavards.
- YS Et toi non plus visiblement.
- M On doit t'ennuyer avec nos questions?
- Non non.
- K Tu parles! c'est nous qui devons l'ennuyer avec nos histoires!
- Non j'aime bien.
- Qu'est ce qui m'a pris de répondre ça? Un moment de spontanéité, un cri du cœur! Ça les a fait marrer, je pense qu'ils se moquaient un peu.

Un moment étrange en fait qui me faisait du bien, mais qui est resté très superficiel.

Au bout de quelques minutes, ils s'occupaient moins de moi, ça ne me dérangeait pas de les observer sans rien dire, mais je me suis dit que moi je les dérangeais. Alors j'ai prétexté des devoirs. Ils m'ont quand même dit de repasser quand je voulais. En partant, j'ai été très curieuse, je suis restée derrière leur porte :
- K Elle est un peu sauvage
- YS Pas plus que moi
- K Oui mais toi c'est au lit que t'es sauvage (rires de débiles)
- M La pauvre, elle me fait pitié
- YS C'est vrai qu'elle est pas gâtée
- K Oui et de toute façon ça ne pourra pas s'améliorer.

C'en était trop. La vérité ça va un peu, mais vaut mieux rester dans l'ignorance. Évidemment ils sont tellement beaux, qu'ils ne pouvaient que mépriser une grosse et moche comme moi et surtout aussi jeune par rapport à eux. Et surtout quels faux-culs! Ou alors ils disaient vrai, ils m'aiment bien malgré mon extraordinaire mocheté? Et seraient prêts à me revoir? Pour vérifier si je suis encore plus laide avec le temps? Et s'ils avaient raison? Et si mes boutons doublaient, et si mes bourrelets prenaient du volume, si mes cheveux tombaient? Personne ne se bonifie avec le temps, alors quand on part avec un tel handicap, le ravage du temps est peut-être encore plus rapide? Et dans cinq ans je serai affreuse! Chouette, en relatif je suis belle par rapport à ce qui m'attend dans cinq ans. Alors il faut que j'en profite...

Tout ça me donne envie de me cacher sous ma couette. Ou d'attendre qu'une émission de télé vienne me relooker et me transformer physiquement par de nombreuses opérations de chirurgie : une rhinoplastie, une liposuccion de tout le corps, une reconstruction du menton, un changement de couleur des yeux...

Stupide! Ce genre de programme n'existe pas en France. Pas de chance, j'aurais pu être abandonnée aux Etats-Unis et passer dans Relooking Extrême, et ensuite sur W9 en France. Mais pourquoi mes idiots de parents biologiques ne sont pas américains! Mais de quel pays viennent-ils pour m'avoir donné un tel physique?

J'ai la boule au ventre pour l'école, l'étau se resserre. Je suis trop faible, mais surtout j'ai l'AIR trop fragile. Une petite chose à écraser du pied gauche et dont tous les signaux appellent à ça.

La Vieille m'appelle pour dîner, je vais lui vomir son dîner tellement j'ai pas faim! Chouette cette angoisse invivable va me faire maigrir. Il y a toujours du bon dans chaque moment horrible. Ce soir film à la télé si le Vieux veut bien, puis extinction des feux.

Fuck, j'ai oublié de finir ma dissert' sur Candide. Je ne suis qu'une gourde, grosse et moche. Il fait étrangement chaud et moite ce soir. La nuit va être chaude à gratter du papier.

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22 septembre 2012

SAMEDI 22 SEPTEMBRE 15h25 : BILAN ET OBJECTIFS

Ces week-ends sont souvent l'occasion terrible de se regarder le nombril. Ça fait deux semaines que j'ai atterri là un peu par hasard. Et pour combien de temps? Dois-je m'impliquer ou rester en retrait?

Je n'ai jamais vu venir le drame dans les familles précédentes et au foyer. Alors y-a-t-il ici aussi les germes de la mauvaise herbe qui me poursuit? Est-ce que la vie est une collection de mésaventures jusqu'à la mort? Ou bien y a-t-il un système de vases communicants ? Je suis peut-être en train de manger mon pain noir...

Ici c'est un purgatoire sans saveur. Je suis en attente de je ne sais pas quoi. Mais je me dis pour l'instant que cet endroit, cet appartement, cette rue, ce quartier, les voisins, tout ceci est un monde supportable. Si l'après est mieux.

Nouveau contact avec les voisins, je suis tombé sur la fille qui m'a demandé quand je venais boire un coca. J'ai tellement peur que ça cache un piège où ces jeunes tellement parfaits se foutraient de ma gueule comme dans Le dîner de Cons. Et puis ce que le Vieux me raconte sur eux me fait peur. Ce monde est bourré de guet-apens. Mais après tout qui pourrait s'intéresser à une gamine transparente comme moi?

En parlant du Vieux, je lui ai demandé si je pouvais utiliser un ordinateur dans l'appartement... il m'a regardé avec suspicion comme si je commençais à envahir son espace vital. Étrange alors qu'il me paraissait plus avenant avec moi. Il m'a simplement répondu qu'on verrait ça, qu'il devait réparer l'ordinateur avant et qu'il y avait un virus. Mais qu'est-ce qu'il tape alors dans son bureau? C'est un bruit de clavier j'en suis sûre.

Rappel de mes objectifs à la maison :
découvrir ce qui se cache derrière les portes closes du couloir. Pas facile car il y a toujours quelqu'un, je suis épiée même par le chien-chien.
découvrir à qui appartenait la pièce sanctuaire et le blouson Perfecto. Je n'oserais jamais demander.
Avoir accès à un ordinateur pour sauvegarder mon blog.

J'ai décidé de me faire un ciné tous les samedis après-midi. Je vais voir The Secret. Ciao mon cahier bavard.

22 septembre 2012

SAMEDI 22 SEPTEMBRE 0h25 : MA CATEGORIE

J'ai réussi à utiliser un ordinateur de l'école en vitesse, à ouvrir ma boîte mail, totalement vide à part quelques spams débiles. Aucun ami ça ne m'étonne pas. Puis j'ai envoyé un message à l'adresse mail fleur999@gmail.fr : « ki é tu? Coman me koné tu? Cé koi kon a en com1? »

J'ai envoyé le message après la cantoche, et j'y suis retourné à 17h, mais pas de réponse.

J'ai fait le tour des grosses encore aujourd'hui et je peux dire qu'il y a une échelle sociale de la grosse :
-il y a la ronde, ultra-rigolote que tout le monde adore et qui est entourée de gays masculins assumés ou non. Genre à se faire élire déléguée de classe car elle est neutre.
-il y a la grosse obèse masculine que tout le monde respecte car elle pourrait envoyer dans le décor 2 pestes et leur prince. Elle n'a pas trop d'ami mais pas d'ennemi non plus. C'est un peu la grosse Zizes dans Glee pour les connaisseurs. (hé je lui ressemble... physiquement en tout cas)
-il y a la baleine, asociale, mal dans sa peau, tête de turc : c'est ma catégorie et je suis seule dedans. J'ai du boulot avant de remonter l'échelle. Mais je me dis que je ne peux pas tomber plus bas. Et puis je suis ma propre patronne, pas de modèle, pas de rivale, pas de pression. Une catégorie de loose rien que pour moi.

Tout ce week-end je vais penser au message, au mail. A mon inconnue aussi bas que moi dans l'échelle.

Les vieux sont couchés, je vais me mettre devant mon amie la télé car samedi demain, je vais l'écouter avec un casque, un peu de musique. Ça me manque, je n'ai rien pour m'évader. Je suis dans mon placard sans âme. Ma seule distraction est mon miroir de papier. Ainsi que mon miroir de glace qui me rappelle chaque jour l'injustice physique.

21 septembre 2012

VENDREDI 21 SEPTEMBRE 13h40 : CREME BEAUTE

Le déjeuner se transforme en cauchemar.

D'abord à la caisse, le Monstre m'a hurlé dessus car une de mes assiettes, trop remplie, débordait du plateau. Ah ben qu'est-ce que j'avais pas fait! Et toute paniquée, j'en ai profité pour faire tomber et casser mon verre. Le Monstre soupirait, la file s'amoncelait. Tout le monde se marrait. La risée de l'école, ma réputation va sortir de ma classe pour s'étendre à tout l'établissement. Je deviens une grosse et moche de renom, option reine des maladroites.

Puis j'étais à ma table d'exil habituel, mais avec un retard inhabituel et je voulais surtout pas gâcher mon dessert crémeux en le gobant. Et bien un con a décidé à ma place. Un mec que je n'avais jamais vu ni dEve ni d'Adam m'a dit que le dessert crémeux puait la pisse, il m'a dit de sentir. Je me suis dit, tiens un sympa, je suis dans une bonne dynamique. Je lui ai fait un sourire confiant, j'ai senti la crème. Aucune odeur répulsive, à part du bon chocolat!

Shplock! La gueule dans la crème, aidée par ce sympathique pervers. Deuxième coup d'éclat de la journée : le visage dégoulinant, entouré de rires méchants. Le gars m'a sorti un « sans rancune ma grosse, ça sera ça de moins sur la balance ». J'ai tiré la langue, ça a projeté quelques postillons crémeux. Et il s'en est plaint : « la conne elle a taché ma chemise Abercrombie ».

Il m'a fallu quinze minutes pour tout nettoyer aux toilettes. Et j'avais faim, frustrée par mon dessert crémeux qui s'est transformé en crème beauté. Suis-je devenue plus belle pour autant ?

20 septembre 2012

JEUDI 20 SEPTEMBRE 19h10 : LES VOISINS...

J'ai demandé à la Vieille si je pouvais utiliser un ordinateur ici. Voici sa réponse : « T'as pas un accès à l'école? C'est pas un cybercafé ici. On peut très bien vivre sans. J'en suis la preuve vivante ». En tout cas il n'y a pas de cybercafé dans le quartier. Faut que je demande au Vieux, mais je ne le vois pas beaucoup en ce moment. Et son bureau est toujours fermé comme les 2 autres portes mystérieuses du couloir, j'ai réessayé ce soir discrètement, en vain.

Je suis là depuis dix minutes à écouter les conversations des jeunes du palier, le dos collé à leur porte, mon cahier à la main. Ils sont trois à vivre en colocation, une fille et deux garçons. La fille se plaignait qu'un des mecs ne faisait rien, puis ils se sont marré. Le type semble draguer la fille qui a l'air d'adorer ça. Le troisième larron a l'air plus réservé. Ils ont l'air cool.

Évidemment, je me suis fait choper : un des voisins a ouvert la porte, je suis tombée la tête en arrière. La honte absolue. Ils m'ont demandé qui j'étais :
Je suis en face là..., dis-je en balbutiant.
Ah ben bon courage! Ils sont pas « fun »! Me lance la fille. Tu t'appelles comment?
Sarah.
Moi c'est Yun So, les deux idiots qui vivent avec moi c'est Marco et Kamil.
Bon bah je vais rentrer... (encore une passionnante répartie)
Plutôt que de rester sur le palier, collée à notre porte, viens boire un coca! M'invite un rebeu au loin dans le salon, Kamil sûrement.
Oui une prochaine fois!
Et voilà je m'enfuis comme une idiote lâche et immature.

Mon dieu, je viens de rencontrer des gens sympas! Ça m'a fait chialer devant la télé. Le Vieux est rentré à ce moment là et n'a pas compris pourquoi j'avais les larmes aux yeux devant un jeu télé. Il m'a taquinée en me disant que j'étais ultra-sensible. Mais en général il ne sait pas trop quoi me dire, il est un peu gêné comme moi d'ailleurs. Et il a conclu : « si tu veux reprendre le blouson, il est dans la chambre où tu l'as trouvé, la porte est ouverte ». Puis il est parti dans son bureau. Je n'ai pas osé réclamer pour l'ordinateur.

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19 septembre 2012

MERCREDI 19 SEPTEMBRE 22h30 : FLEUR999

En rangeant mon sac, je suis tombé sur un petit bout de papier. A l'ère numérique, c'est ringard. Et le contenu est très ambigüe : « Nous avons beaucoup en commun, tu peux me retrouver sur Fleur999@gmail.fr ». Serait-ce ma Grosse et Moche qui aurait lu mon cahier blog?

Il est urgent de trouver un ordinateur, un smartphone. Bref de se connecter au monde.

Le blouson Perfecto a disparu du porte-manteau, endroit où le Vieux l'avait laissé pour moi. La Vieille a dû le ranger dans le placard du sanctuaire. Et elle a dû l'enfermer à double tour!

19 septembre 2012

MERCREDI 19 SEPTEMBRE 16h : PETITS PAPIERS!

Premier blogline en plein cours tellement je m'ennuie. On va me prendre pour une lèche-botte qui écrit tout ce que dit le prof! Même mon voisin, qui ne m'accorde aucune attention, tente de lire ce que je peux bien gratter. C'est bizarre, on est à 50 cm de l'un de l'autre et on ne se parle pas, même pas bonjour. Je ne sais même pas si je pourrais le reconnaître dans la rue. Mais pourquoi?

D'abord je ne parle à personne, j'ai peur de me prendre un vent.

Et lui est un zombie, il se traîne comme un vieux, et personne ne semble lui accorder d'importance dans la classe. Et il ne m'accorde aucune importance. C'est évident qu'il n'est pas très élevé dans l'échelle sociale de la classe, mais je crains qu'il me considère encore plus bas que lui. Il me regarde encore là tout de suite, je vais lui jeter un regard noir.

Il a eu peur, et il s'est remis droit face au prof. Et il se gratte le visage de nervosité. J'avais jamais remarqué qu'il avait des boutons comme ça! Une tête de geek, qu'est ce qu'il fait dans une classe littéraire? Fuck, il vient de voir que je le décortiquais. Il m'a lancé à son tour un regard noir, des pics à glace. Hey il a pas l'air aussi mou en fait! Ce qui me gêne le plus c'est son odeur, c'est un mélange de lessive bon marché mal séchée, et un mix sophistiqué de déo de supermarché avec de la pure sueur d'adolescent. Mais au fait qu'est ce que je sens moi? Je me renifle discrètement. Ah ça y est : ça sent le déo de supermarché pour fille, sans paraben, sans alcool, à la pierre d'alun. Peut-être qu'il déteste mon odeur écolo.

Oups un papier vient d'arriver sur notre bureau. A qui est-il destiné? Le geek et moi on s'observe. Ça ricane derrière nous. Le prof ne voit rien, n'entend rien, la classe n'écoute rien. C'est la foire!

David, mon voisin se décide à ouvrir le message secret. Il le lit, me regarde avec dégoût et se transforme en pivoine. Je me décide a lire le mot : « Vous feriez un beau couple! »

Un deuxième mot arrive, sur le bureau de David : il se marre. Tiens il sait sourire. Ça doit être drôle... mais en lisant le mot je déchante : « Tu mérites mieux, de toute façon elle n'est pas pour toi lol mdr »

Les sanglots montent tout seuls et je tremble en regardant le morceau de papier. Une écriture de fille, ça sent la peste! Je me décide à répondre sans inspiration : « Pétasse, tu pues le toc ». Et hop je renvoie le mot par derrière, au pif. Dix secondes suffisent, c'est l'explosion de rire derrière.

Le prof intervient, demande ce qu'il se passe et si c'est la maternelle par ici. Et une peste vend la mèche : « la fille devant elle balance des messages ». Le prof me regarde, me demande si c'est vrai. Je suis tellement tétanisée que je bredouille une réponse incompréhensible. La classe est hilare. Sonnerie.

19 septembre 2012

MERCREDI 19 SEPTEMBRE 13h30 : PAOLA

Je ne sais même si je vais continuer à manger à la cantine. D'abord je mange toute seule comme une pauvre conne, près de la poubelle. Ensuite c'est vraiment dégueu. Et pourtant je mange quand même, alors s'empiffrer et grossir avec de la bouffe pas bonne c'est vraiment du gâchis. Autant s'enrober avec de la top qualité. Et puis enfin je vois bien que c'est ringard de manger à la cantine, les premiers jours c'était salle comble (ou quand c'est pizza), mais là ça baisse à vue d'œil, il ne reste que les has been comme moi et mon voisin de table en classe. En plus, et c'est le pompon on se fait enguirlander par la caissière, Paola, elle s'appelle. Je croyais au début qu'elle ne m'aimait pas mais tout le monde y passe : « il manque trente centimes sur la carte, remets ton plateau et dégage», « ton bol de fromage blanc déborde, remets ou je te le fais lécher», « vous me faites tous chier bande de chiards! », « dis donc le sucre c'est pas à volonté »... Un vrai feu d'artifice. Une hystérique qui dégage de mauvaises ondes. Parfois elle se fait punir par le responsable et finit par servir les plats, et ça elle déteste, elle se plaint encore plus, transpire à grosses gouttes, râle, s'engueule avec tous les élèves et finit par pleurer. Son calvaire dure trois jours et hop retour en caisse, où elle peut se remettre à tyranniser la terre entière. Faut dire qu'elle est pas gâtée par la nature.

En parlant de has been, j'ai une idée sur ma fan. Elle mange à la cantine tous les jours comme moi, dans un coin avec un mec vraiment obèse, elle a dû me repérer. Oui elle est un peu ronde, mais moche pas du tout! Par rapport à moi, elle est féminine, classe, elle est belle. Je n'arrête pas de la regarder, je la surveille de plus en plus près. Si c'est elle, je suis touchée. Qu'une fille comme ça s'intéresse un petit peu à mon blabla, c'est incroyable.

18 septembre 2012

MARDI 18 SEPTEMBRE 22h : AMBIANCE...

Quelque chose de louche est en train de se préparer chez les deux pestes. Je ne sais pas où elles veulent en venir, mais il y a un truc.

Le pire moment de la semaine, c'est le cours de sport du mardi après-midi. Je déteste ça, je vomis sur l'esprit de compétition et tout ce que ça génère : chauvinisme, sauvageries, engueulades, méchanceté... C'est le moment où je me sens la plus vulnérable : d'abord je suis ronde, empâtée dans ma graisse, molle, et mon survêt (acheté ce week-end à la va-vite chez Décathlon, premier prix made in Sri-Lanka, de toute façon l'ancien ne m'allait plus il avait rétréci ou bien...), souligne mes formes, mes bourrelets. A cette occasion, je me transforme en cible de fléchette: si la baballe n'atterrit pas au bon endroit c'est de ma faute, si la prof est de mauvaise humeur c'est de ma faute, si une tache a une mauvaise note ce matin c'est de ma faute. Un vrai punching-ball à disposition, c'est ma fragilité qui attire : soit elle énerve les forts, soit elle est une occasion facile pour les faibles d'avoir l'air un peu plus forts. Je suis très utile pour les revaloriser. Et ça se déchaine, et je ravale ma fierté. Mais ça bout intérieurement et la cocotte siffle. Je ne veux pas recommencer les erreurs du passé, mais je n'en suis pas loin. Carrie au bal du diable!!!

A la fin de ce calvaire animalier, le zoo retourne au vestiaire remettre ses habits humains. Et là les pestes chuchotent avec d'autres filles et me regardent. Je suis au centre d'un buzz... et j'entends des « fais attention », « si elle te regarde t'es bonne pour la casserole », « moi je me sens nue c'est la première fois que ça m'arrive ». Mais qu'est ce qu'elles mijotent...

Résolutions du jour :
1- trouver un moyen de sécher le sport
2- décrypter ce qui se trame chez les pestes A&A

Du côté de l'ordinateur, j'ai entendu que le Vieux tapait dans son bureau. Ca m'étonnerait que ce soit une machine à écrire, derrière cette porte se tient peut-être un moyen de sauver mon blog! Restera à trouver ensuite une connexion internet quelque part.

A l'école, il y a bien une salle, mais devant les embouteillages de l'année dernière, l'accès a été restreint, c'est écrit sur la porte et les ordi ne sont accessibles que pour le travail, un pion fait le mouchard en accédant au hasard à chaque écran depuis sa tour. Une surveillance à la big brother!

La Vieille ne m'adresse plus la parole et en veut fortement à son mari. Il a l'air d'aimer ça. J'ai l'impression qu'il a trouvé avec moi le moyen de la faire enrager, pour ne pas dire, la faire iech! Sympa d'être au milieu de ça! Un outil à vengeance! Je suis sûre que la Vieille va trouver un moyen de m'utiliser contre lui.

Si la mère Rondin savait tout ça, elle me laisserait pas forcément ici. Mais je suis prête à tout pour ne pas y retourner. Ici je ne crains rien, enfin je pense.

Mais c'est l'austérité monacale : lève-tôt, couche-tôt, communication au minimum, repas à heure fixe, une seule télévision, pas d'ambiance. C'est la survie.
En revanche, côté mystère on est garni : secrets cachés dans le passé, squelettes dans les pièces fermées à double tour, que fait-il dans la vie, que fait-elle, comment ont-ils pu devenir famille d'accueil, à qui appartient la pièce sanctuaire de l'autre jour... Bref tout ça va m'occuper pas mal de temps. Ça tombe bien je n'ai que ça à faire.

Bizarrement ce mot-doux dans mon cahier, m'a redonné un nouveau souffle. J'ai envie de croire à une vie meilleure, un jour peut-être. Les jeunes du palier ont l'air tellement heureux, moi aussi je serai un jour comme eux... si j'arrive à passer toutes ces années de plomb.

Ce qui lie le Vieux et la Vieille c'est la haine envers les jeunes du palier : « idiots, immatures, bruyants, subventionnés par les parents, végètent dans leur merde », voilà ce que j'ai déjà entendu. Ce sont les seuls moments où je vois les Vieux ressentir une émotion forte et s'accorder. Sinon ils me font penser à des zombies qui subissent la vie.

18 septembre 2012

MARDI 18 SEPTEMBRE 13h15 : TRAQUE

Je suis en alerte, je regarde tout le monde, toutes les filles, surtout les rondes. Après moche ou belle, je ne sais pas, c'est plus difficile. Je les trouve toutes belles par rapport à moi, c'est relatif... pourtant étant moche, je devrais être une spécialiste de la mocheté. Mais comme je ne suis pas belle, je n'y connais rien en beauté. Et du coup je ne sais pas où s'arrête la beauté et du coup où commence précisément la mocheté. La mocheté très moche ça je sais où ça commence, par moi!

Du coup je scrute, parfois de manière indiscrète tout ce que je croise. Tout en vérifiant sans arrêt si mon cahier est bien toujours dans mon sac. J'ai peur de l'avoir sur moi à l'école, peur de le laisser à la maison aux mains de la Vieille. Bref il n'y a pas de solution!

Je me suis fait prendre en flagrant délit de matage de grosses par les Pestes et leur Prince. Et ça commente dans mon dos...

Au fait je sais enfin comment s'appellent les deux Pestes! D'habitude les profs font circuler un papier de présence, mais un a décidé de faire de la résistance face aux fausses signatures, et il a décidé de faire l'appel à l'oral. Et je me retournais sur tous les noms de fille appelés, dur de tout repérer. Mais j'ai pu choper le « présent » de Alyssa (Peste n°1, la chef, le cerveau, la machiavélique) et en déduire le « présent » de Ashley (peste n°2, la suiveuse, la méchante gratuite). Des prénoms pareils ça ne s'invente pas. Et le pire c'est le nom de famille de Ashley, c'est Victor, Ashley Victor. Énorme clin d'œil à un feuilleton bien connu...

Bizarrement quand je me suis retournée sur Alyssa, Ashley m'a fait un bisou langoureux des lèvres. Berk, qu'est ce que ça veut dire? Ça a fait rire Alyssa. Ouh je les hais!

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