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16 ans, grosse & moche!
17 septembre 2012

LUNDI 17 SEPTEMBRE 22h30

C'est l'heure d'un repos bien mérité, je suis euphorique. Pour la première fois je me sens moins seule. Mais comment communiquer avec elle?
Résolutions du jour : 1 - trouver cette fille, j'ai deux indices de taille sur son physique, mdr / 2 - trouver une solution pour mon cahier d'écriture, je dois recopier son contenu pour être sûre de ne rien perdre et mettre mon blog en ligne. Mais sans ordinateur que faire?

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17 septembre 2012

LUNDI 17 SEPTEMBRE 18h30 : LE BLOG EST MORT, VIVE LE BLOG

A nouveau le destin s'en mêle comme si ce cahier était défendu par un ange gardien.

Lors de la pause de l'après-midi avant le dernier cours, les deux pestes me regardaient de loin et me déshabillaient du regard. Je rougissais de honte, tous mes tics-tocs revenaient en trombe, et je faisais semblant de ne pas les voir me dévisager. Puis le beau garçon les a rejointes puis a embrassé sa copine qui m'a montrée du doigt. Je me suis retournée face à une porte vitrée de manière à ce qu'elle ne commente que mon gros cul. Et pas ma tronche.

Mais je voyais leurs reflets dans la porte vitrée. Et une des pestes lui montrait quelque chose tout en me désignant du doigt au loin. Il s'est mis à rire, les pestes également.

Le gong de la sonnerie a mis fin à ce supplice. J'allais oublier cet événement peu reluisant quand j'ai aperçu toujours dans la porte vitrée qu'une des pestes chiffonnait quelque chose dans sa main puis jetait ce quelque chose dans la poubelle.

Pendant le dernier cours, ce quelque chose me travaillait le cerveau. Évidemment la prof d'anglais a décidé de m'interroger à ce moment-là et a pu souligner devant toute la classe hilare mon manque de concentration. Elle a sorti un truc en anglais à mon propos, que tout le monde semblait comprendre sauf moi. Tout ce que j'ai compris c'est « chicken ». Elle a dû sous-entendre que j'avais le cerveau d'une poule sans parler de la forme d'une poule. Rien de grave, une humiliation de plus. Mon voisin attitré m'a regardé avec compassion, non autant dire de la pitié. Et un tel sentiment de la part d'un type qui est au bas de l'échelle comme moi c'est encore plus humiliant.

Passé ce moment désagréable, j'ai décidé d'aller au bout de ma petite idée. Certains m'ont gentiment ou méchamment traité de « chicken-chicken » en sortant. Et me voilà à faire les poubelles quelques minutes plus tard. Hors de question que je ne sache pas ce que cette peste a jeté à la poubelle. Évidemment je me suis fait prendre par un élève qui n'était pas de ma classe (ouf) et qui m'a regardée comme une pouilleuse. Pas suffisant pour me décourager : des canettes de coca, un vieux sandwich gras, une anti-sèche de maths, et un papier tout chiffonné... Bingo, c'était bien le « mot doux » qui s'est retrouvé dans mon cahier.

Je l'ai lu une fois et mon cœur a failli faire une attaque... J'ai été lue... D'émotion je suis allée m'asseoir sur l'escalier de la sortie, seule dans ce bâtiment affreux. Et je retranscris ici le contenu du message
« Je t'ai lue, tu m'as réconfortée, n'abandonne pas. Je fais partie du même club, grosse et moche comme toi ».

Après plusieurs lectures, je me suis mise à chialer version torrent des montagnes. Vexée? Non rassurée, encouragée, galvanisée. Non je ne suis pas seule, une fille quelque part est aussi grosse et aussi moche que moi.

17 septembre 2012

LUNDI 17 SEPTEMBRE 13h30 : ADIEU BLOG

Ben voilà le destin a choisi. Je me disais ce matin en arrivant que c'était la dernière chance de retrouver mon cahier de notes. Et je repensais à tout ce que j'avais gratté sur un brouillon ce week-end. Une vraie furie de l'écriture. Et je pense que ça comble ma solitude. Ce cahier me manque en fait, j'aurais voulu relire les premiers jours.

Lors du dernier cour de la matinée, ma professeur de Français m'a dit que j'étais convoquée au secrétariat du Principal. Tiens qu'est-ce que j'ai fait cette fois!

J'étais un peu stressée, la secrétaire m'a demandé qui j'étais, et n'a pas compris pourquoi j'étais convoquée et m'a demandé de repasser plus tard quand son autre collègue serait là. J'allais repartir quand j'ai vu sur un coin de son bureau mon cahier!! Et je ne voulais surtout pas qu'elle le lise... elle me prendrait pour une folle.

Alors j'ai renversé mon sac par terre, je lui ai dit que j'étais vraiment maladroite, elle est venue m'aider, j'en ai profité pour récupérer mon cahier à son insu. Et là malheureusement elle s'est rappelé...:
- Oui je me souviens maintenant, quelqu'un a retrouvé un de vos cahiers, c'est ma collègue qui me l'a dit, il est là sur le bureau...Ben tiens il a disparu. Vous l'avez pris?
- Hein quoi? Non non...

Comment se mettre dans une situation compliquée alors que tout était simple? Je me suis mise à bouillir de panique. Et puis elle a désamorcé la bombe :
- Bon ma collègue a dû le reprendre, repassez plus tard
- C'est pas grave vous inquiétez pas, ça valait rien, j'avais qu'un seul cours dedans...

Et voilà, mon cahier me manquait...je l'ai serré contre moi bêtement. C'est un double de moi-même et c'est la seule compagnie dans ma vie. Je l'ai feuilleté dans les couloirs à la vue de tous et là, les deux pestes passent et une m'arrache le cahier. Pas possible qu'il tombe entre de si mauvaises mains!!!! La voleuse tourne les pages et déblatère :
- Mais t'as vu ce qu'elle se trimballe la Nouvelle, on dirait un journal intime
- C'est vraiment un truc de gamine. Tu crois qu'elle parle de nous?
- Elle doit sûrement louer notre incroyable beauté
- Et surtout notre style comparé au sien
- C'est vrai qu'on doit l'impressionner
- C'est chiant, elle note tout, quand elle va aux toilettes ou quand elle se goinfre
- C'est sûr que sa vie doit être passionnante!
- Oh regarde elle a un petit mot doux, un fan sûrement...

A ce moment là j'ai réussi à leur reprendre le cahier des mains mais pas le mot dans le cahier. Une personne qui l'aurait retrouvé?
J'ai sauvé le principal, mais qu'est ce que cet inconnu peut dire, surtout s'il m'a lue?

Elles ont ri et se sont mises à courir dehors. Je n'allais pas leur courir après comme une idiote. Mais je reste inquiète sur ce mot.

Je m'étais dit que si je ne retrouvais pas ce cahier, j'arrêtais ce blog ridicule. Mais je ne m'étais pas dit que si je le retrouvais, je m'engageais à le continuer! Et ce qu'elles m'ont balancé m'ont découragée. J'ai honte de ce truc. Je vais le brûler ce soir c'est décidé.

16 septembre 2012

DIMANCHE 16 SEPTEMBRE 22h50

Les Vieux se sont pris le bec, sûrement à cause du blouson, mais j'avais beau tendre l'oreille, rien ne me paraissait compréhensible. A part une phrase où il lui a balancé à la figure, qu'elle ne pourrait pas survivre dans les souvenirs, dans la culpabilité. Un truc comme ça. Les portes ont claqué.

J'ai écouté à la porte des voisins de palier, juste avant le dîner, en remontant les poubelles vides. Mes deux pestes de l'école ne vivent pas là, j'en suis quasiment sûre. J'ai entendu des voix de garçons et une voix de fille. Ils ont l'air jeunes. Ils parlaient de sexe, j'ai rougi. Et pile à ce moment là je me suis fait surprendre par le Vieux qui m'a regardée en fronçant les sourcils. Je me suis sentie obligée de faire semblant de m'être trompée de porte (pour une gourde comme moi, je ne suis pas à ça près). Il m'a balancé en rentrant que ces « petits cons n'étaient pas fréquentables ».

La musique me manque, j'empruntais les mp3 avant. Je n'ai plus rien. Et mon portable n'est pas assez moderne pour écouter de la musique, les Services Sociaux n'ont pas les moyens de me payer un Iphone! Il faut que je m'organise de ce côté là. J'ai besoin de ça pour construire ma bulle.

Fuck, je viens d'oublier de faire un exercice pour demain! La panique! Trop envie de dormir...

16 septembre 2012

DIMANCHE 16 SEPTEMBRE 18h : LE VIEUX

Il pleut, le temps se refroidit, les jours raccourcissent un peu. L'été est fini, ça se sent. Et c'est aussi une page difficile qui se tourne. Je vois les parapluies déambuler dans la rue. Ma chambre et ma vue sont les seuls points positifs depuis mon arrivée. J'ai l'impression de pouvoir contrôler ce qui se passe dans le quartier et de posséder une tour de contrôle.

J'ai vraiment comaté aujourd'hui, un peu de devoirs, un peu d'espionnage par la fenêtre, par la porte. J'ai bouffé, beaucoup. Ça me détend, ça me fait du bien. J'ai l'impression d'exister, de profiter de la vie.

Malgré la dispute d'hier, j'ai quand même osé demandé à la Vieille si elle avait vu mon cahier « perso ». Je l'ai regardée droit dans les yeux pour voir si elle me baladait. Elle n'avait pas l'air concernée et m'a dit de mieux ranger mes affaires. Si demain je ne le retrouve pas, je jette l'éponge. Ça prouvera bien que je n'ai aucune résistance, aucune volonté.

Mais ça m'énerve beaucoup de ne pas savoir. Et j'ai tellement honte à l'idée que quelqu'un je connais me lise. Se dévoiler autant à quelqu'un qu'on connaît c'est comme un viol de mon cerveau.

Fuck, on frappe!

Une scène hallucinante vient de se produire. Le Vieux, qui m'avait peu adressé la parole jusqu'à maintenant, vient de frapper à ma chambre. Il m'a dit que je pouvais emprunter le Perfecto que j'ai trouvé hier, qu'il était plus utile que dans un placard et qu'il le laissait pour moi sur le porte-manteau dans l'entrée. Il m'a dit aussi qu'il en parlerait avec sa femme, qu'elle ferait un peu la gueule mais que ça passerait. Et enfin il m'a averti d'en prendre soin et que ce n'était qu'un prêt.

J'étais sans voix, j'ai à peine su dire merci. La panoplie n'est pas encore complète mais avance bien.

Je suis intriguée par le Vieux.

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15 septembre 2012

SAMEDI 15 SEPTEMBRE 23h05 : FRISSONS...

Je reprends là où j'ai laissé l'histoire de cet après-midi. Et quand j'y repense, j'en ai froid dans le dos.

En pleine phase de Pretty Woman gothique, on frappe à ma porte, je suis paralysée, la porte s'ouvre et la Vieille qui est rentrée de courses sans que je m'en rende compte me surprend avec le blouson volé. D'habitude le chien s'agite avant son retour : pas ce coup-ci, trop vieux le clebs! La Vieille se fige en même temps que moi, prise la main dans le sac. Je prends un air coupable malgré moi qui l'encourage à ne faire qu'une bouchée de la grosse et moche que je suis. Elle met sa main devant sa bouche, son visage esquisse une émotion, pour la première fois depuis mon arrivée, avant de sombrer dans le masque de pierre... et la colère.

Elle se met à hurler sur moi, j'ai oublié la moitié de ses paroles tellement j'étais paniquée : « Mais qu'est-ce que tu fais avec ça? Qui t'a permis? Tu fouilles une fois que j'ai le dos tourné? Tu voles? T'es une petite voleuse? C'est pour ça que personne ne veut de toi? » Des phrases qui résonnent douloureusement.

Elle se jette sur moi et m'arrache le blouson. Elle me donne une gifle. Je tombe sur mon lit après la violence du geste. Elle me menace à nouveau de prévenir Rondin. Et claque la porte en répétant les mêmes phrases violentes.

Je ne me remets pas de ce moment. Suis-je à nouveau tombée chez les fous? Ou bien c'est moi la tarée? Est-ce si mal ce que j'ai fait? Je voulais en savoir plus sur l'endroit où je vis et sur les gens avec qui je vis pour me sentir mieux. Me sentir un tout petit peu chez moi.

Conclusion : je me suis mise la Vieille à dos, le foyer à mon avis n'est pas loin! Et ça c'est pire que la solitude. Je regrette aussi de ne pas m'être défendue... Pourquoi cet air coupable tout de suite? Pourquoi ne pas avoir essayé de l'amadouer?

Ce soir elle n'a pas préparé de dîner et ne me parle plus. C'est pas grave, si je peux économiser quelques kilos.

Ça y est le Vieux vient de rentrer d'on ne sait où. J'essaie d'écouter ce qui se passe dans le salon. J'en reviens pas, elle lui répète tout, et il ricane. Et enfin le pire se produit, elle lui annonce qu'elle préfère se débarrasser de moi...

Mon sang ne fait qu'un tour, je vais exploser.

Je n'en reviens pas de ce que je viens de faire. Je me suis précipitée hors de ma chambre et j'ai réagi bouillonnante comme un volcan en fusion :
- C'est n'importe quoi votre réaction, tout ça parce que j'ai essayé un blouson devant un miroir! Je suis pas une voleuse et ça Mme Rondin le sait. Mais par contre elle risque de ne pas aimer la claque et encore moins le geste contre le lit. Adieu votre statut de famille d'accueil...
- Han espèce de petite menteuse! a-t-elle réagi, visiblement surprise et dérangée par cette nouvelle facette de la petite grosse transparente.

Les deux restaient bouche bée après une semaine de gentille Sarah, fragile prête à être écrasée comme un chewing-gum. La peur de retourner au foyer m'a fait sortir de mes gonds. Le Vieux semblait presque satisfait de cette scène car après la surprise, le rictus!

Je suis repartie m'enfermer dans ma chambre. Ils ne doivent pas comprendre ce qui se passe. J'ai mis des boules quies sur mes oreilles, et retranscrit tout de suite ces quelques mots pour ne pas oublier qui je peux être, parfois.

15 septembre 2012

SAMEDI 15 SEPTEMBRE 18h30 : HANTE!

Un mystère en moins, un scandale en plus, une ambiance explosive. Je fais que des boulettes dans ma vie.

Le Vieux s'est absenté dans l'après-midi. Il a l'air d'être à la retraite. Puis la Vieille est partie faire des courses. L'antre était accessible, l'occasion trop bonne.

Porte de leur chambre ouverte, ça ne m'intéresse pas vraiment. Ça sent la Vieillesse. Pas de mystère, je le sens. A part une grande sécheresse, un désert du cœur.

Porte du dressing, je l'ouvre, j'observe. Très bien rangé. Terne, dégage des mauvaises ondes. Je fiche le camp illico.

Je passe devant la porte avec le dessin. On dirait un dessin d'ado. Un manga? Je n'ose pas frapper ou tenter de rentrer. Je décide de passer le tour provisoirement.

Porte du bureau (enfin ce que j'imagine être un bureau), de toute façon fermée, et puis ça pue le tabac.

Je tente les portes anonymes : je mets ma main sur la première, j'écoute mon courage d'ado peureuse, et hop je tente le coup. Argh, fermée! Puis celle tout au fond du corridor sans fin : même méthode, une seconde de préparation, et hop! Fermée.

L'explo tourne au vinaigre. Mais je n'ai pas eu mon compte de sensations fortes... Retour vers la porte mystère. Je colle mon oreille indiscrète, je n'entends rien. Un rire, je sursaute! Ou serait-ce un sanglot? Je frissonne, je retourne vers ma chambre, je m'enferme à double tour.

Puis un nouveau rire me fait tressaillir. Mais ça vient de la rue, qui pullule le week-end d'adolescents gloussants. Et si je m'étais trompée? Un bruit de la rue? Je suis tellement lâche qu'une ombre me ferait hurler.

Allez, ma fille, bouge ton gros cul de moche et grosse, surmonte l'angoisse! Je me lance alors un défi débile : si tu n'ouvres pas cette porte, tu resteras grosse et moche toute ta vie!

Qu'est-ce qui faut pas faire pour devenir belle et mince!

Je me transforme en Terminator, galvanisée par l'enjeu vital de ce défi, ma citrouille pourrait devenir un carrosse. Est-ce que c'est possible? Est-ce que je peux signer un accord comme ça avec Dieu, ou le Diable, ou un ange gardien?

Je me lève, j'avance comme un chat à pas feutré jusqu'à mon défi. Je frappe! Comme une idiote! C'est sûr que si un psychopathe se cache derrière, il aura le temps d'aiguiser son couteau et de m'embrocher comme dans les films d'horreur. Qui m'attend derrière? Le masque de Scream, de Jason, de Freddy, de Michael Myers?

La poignée se tourne... c'est équivoque, non bien sûr c'est moi qui la tourne. La porte s'ouvre...sur une pièce lumineuse, dans un brouillard de poussière ensoleillé. Quel étrange sensation... je n'ai plus peur... il n'y pas de serial killer, pas de fantôme vengeur a priori. Je vois de vieux posters de ringards que je n'ai jamais connus. La peinture blanche est jaunie et marquée par les posters. Un lit, un bureau, une moquette tachée... et si c'était du sang? Je me fais un nouveau film dans ma tête. Et si la Vieille était une tueuse d'enfant...

Les tiroirs du bureau sont vides et bloquent la suite de l'histoire.

Une grande penderie close attire et attise ma curiosité. Mon défi ne sera pas parfait si je n'ouvre pas cette penderie maléfique. C'est la clé de mon destin. Après je serai une héroïne. Je tourne la petite clé de la serrure, elle me résiste la garce! Puis avec un peu de doigté la caverne s'ouvre.

Quelle déception, ou plutôt quelle horreur, des vêtements, des chemises, une robe. Rien de moderne. Et si la Vieille rangeait simplement ses vieux vêtements, encore moins mettables que le reste, ici. Comme un vieux trésor qui n'aurait de valeur que pour elle. Pfff c'est pas avec ça que j'ai réussi mon défi, adieu la beauté mince que j'aurais dû devenir. Ni Dieu, ni Diable pour me récompenser.

Un seul truc attire mon œil fashion : oui c'est bien ça, un blouson, un Perfecto? Est-ce que la Vieille pourrait porter ce genre de chose? A-t-elle été une rockeuse dans sa jeunesse? Ou bien le Vieux? Je suis atteinte de gourmandise aiguë, je décroche le blouson comme s'il me persuadait de l'emmener avec moi...

J'efface toute trace de mon passage... je referme la porte ... j'emporte mon butin dans ma chambre et je décide illico d'essayer le blouson avec les Newrock. Quelle classe! De la distinction, de la rébellion, et même une pointe d'autorité qui pourrait faire peur.

Je n'arrêtais pas de tourner sur moi-même comme une fashion victim narcissique, et le reste du monde s'effaçait. Je m'aimais enfin pour quelques instants volés à ma nature profonde. Je n'entendais pas ce qui pouvait se passer autour de moi. Et pourtant le pire se préparait...

15 septembre 2012

SAMEDI 15 SEPTEMBRE 13h20 : EXPLORATION

Une semaine après mon arrivée, il est temps que j'explore l'appartement. Nous sommes au 2ème étage qui donne sur une rue semi-piétonne. L'entrée donne très vite sur la pièce principale, un grand salon-salle à manger qui donne lui-même sur un comptoir ouvert de la cuisine taillé dans le mur. Le Vieux peut ainsi à tout instant mater la télé et sa femme aux fourneaux.

Un couloir part du salon vers mon débarras transformé en chambre, et il y a une collection de portes dans ce couloir qui mènent je-ne-sais-où. Je compte 8 portes en plus de mon cagibi-dortoir. Alors je connais deux portes, salle de bains et toilettes. Pour le reste je n'ai pas été présentée! Et j'en ai rêvé la nuit dernière de ce couloir, j'essayais d'ouvrir toutes ces portes inconnues et la Vieille me prenait en flagrant délit. Elle me disait qu'elles étaient fermées pour mon bien. Ce qui excitait encore plus ma curiosité et ma peur aussi.

J'ai donc décidé de suivre les allées et venues. J'ai facilement retrouvé leur chambre et la porte n'est pas toujours fermée. Une chambre austère et ringarde. Le lit est encastré dans un meuble. J'aurai peur que l'étagère me tombe sur la tête pendant la nuit.
J'ai repéré un dressing poussiéreux. Tous les vêtements des Vieux. Il reste quatre portes inconnues.

Évidemment du parquet pour entendre qui fait quoi à toute heure. Un chien qui malgré son âge avancé surveille ce qui se passe. Pas facile d'explorer en toute discrétion. Il y a une porte avec un dessin et je l'ai vue, la Vieille, rentrer une seule fois dans cette pièce. Et là aujourd'hui bingo, elle y retourne. J'ai l'impression qu'elle parle avec quelqu'un là-dedans. Mon dieu si elle maintenait une pauvre fille comme moi enfermée, depuis des siècles dans cette pièce. J'ai repéré que le Vieux avait un bureau qu'il prend soin de refermer à clé. J'ai l'impression qu'il fume là-dedans.

Comme il y a du trafic dans ces pièces, il faudrait que j'aille jeter un œil, surtout dans la pièce secrète de la Vieille. Il reste deux portes anonymes totalement, qui peut-être ne dévoileront jamais leur histoire. Et qui resteront source d'horribles fantasmes pour moi.

Je suis irrésistiblement attirée par ce couloir et ces portes. Et je tremble à chaque fois à l'idée de tout ce qui s'y cache. Les Vieux, je ne les connais pas, et ils ne parlent pas beaucoup. C'est leur appart' qui s'exprime pour eux avec tous ses mystère.
Et puis la déco est vieillotte de bout en bout. On dirait qu'on a laissé l'appart' tel quel depuis 30 ans et ça exacerbe encore plus mon imagination...

14 septembre 2012

VENDREDI 14 SEPTEMBRE 23h : SOS DISPARITION

C'est un cauchemar. Mon cahier sur lequel je notais toutes mes réflexions a disparu. Je crois que je l'ai perdu à la cantine. Je me demande si je ne l'ai pas posé à un moment sur mon plateau en voulant attraper un chewing-gum au fond de mon sac. Et puis comme je quitte toujours la cantine précipitamment juste avant le passage du troupeau, j'ai pas fait gaffe...

Non, mes premiers jours sont dans la poubelle avec la macédoine et les restes du troupeau. C'est sûrement ce que ça méritait, le caniveau.

Ou bien c'est la Vieille qui me l'aurait piqué pour voir ce que je pense d'elle. Elle va être servie.

En attendant, j'écris sur des feuilles simples au cas où je pourrais recoller les morceaux avec le début. Si je ne retrouve rien, c'est un signe que cet exercice n'est pas pour moi. Il ne sert à rien et il ne servira à personne. Ben voilà j'ai la réponse que j'attendais après une semaine de blabla. 7 jours pour rien.

Mais qu'est ce que je vais faire ce week-end si je peux plus me regarder le nombril? Je peux peut-être m'engueuler avec la Vieille! Chanter pour le Vieux! Et je vais épier les voisins de palier. Le Vieux se plaint qu'ils font trop de bruit, « des gamins irrespectueux et insolents » selon lui. Ça me fait penser aux pestes, peut-être qu'elles sont mes voisines?? Berk.

13 septembre 2012

JEUDI 13 SEPTEMBRE 19h10

J'ai recroisé les deux pestes avec le beau garçon dans le couloir, ce qui confirme le lien. Alors que je les dévisageais par derrière, une des deux pestes m'a vue. J'ai détourné le regard, mais en vain : la peste - celle qui ne semble pas être avec le beau garçon- m'a tiré la langue et m'a crié « envieuse! ». Puis ils ont tous ri. Pourquoi je fais des trucs qui se retournent contre moi et sans m'en rendre compte.?

Je suis moche, bon ça c'est un premier constat. Mais je le sais depuis longtemps. Un peu grosse aussi. Moche et grosse en même temps c'est déjà pas facile. Mais en plus je suis un bras cassé. Mais pourquoi j'ai toutes les tares? Est-ce que j'ai au moins une qualité?

Je me suis promenée dans mon quartier, j'ai découvert plein de boutiques. Une herboristerie bizarre tenue par des asiatiques souriants. Un magasin de déco, un peu oriental je crois. Un bar assez sympa qui s'appelle le Rialto et qui a le wifi. Peut-être qu'un jour j'y retrouverai tous mes amis. C'est une idée très conne! Ce quartier foisonne, c'est une fourmilière. Personne ne me voit et ça me plait bien.

La Vieille vient de m'enguirlander car mes vêtements étaient tachés de purée. Elle m'a demandé ironiquement quel âge j'avais.

Je viens de relire tous mes premiers mots et j'ai honte. Je trouve que je n'ai pas de style, mes idées sont creuses, contradictoires. Parfois je parle comme une femme de 40 ans puis après comme une gamine de 10 ans. Ce blog ne ressemble à rien. J'ai failli tout déchirer. J'attends ce week-end pour savoir ce que je fais. J'ai l'impression d'être comme ces deux pestes, de me regarder le nombril. C'est vrai que j'ai besoin de le voir ce nombril car il est caché par mes bourrelets de grosse.

J'ai chantonné en rentrant une chanson que j'aime bien, et le Vieux m'a dit que je lui cassais les oreilles et qu'il voulait regarder tranquillement la télé. Mais qu'est ce qu'il fait de ces journées celui-là.

En résumé, je suis un boulet à vivre, un boulet à entendre, et puis un boulet à regarder mais ça je le savais déjà.

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