VENDREDI 11 JUILLET 2014 16H : LE PLUS BEAU MOMENT

Retour à la cérémonie d'hier, jeudi... Je suis encore sur scène avec Cécile et le Proviseur. La salle se congratule dans le désordre le plus complet. Je savoure ces quelques minutes trop courtes...
- CECILE : Bon Sarah, c'est pas tout ça mais je vais foutre le camp à l'île d'Oléron moi...
- MOI : Mais vous deviez pas déjà y être... ?
- CECILE, chuchotant : IL avait besoin de moi comme toujours... et puis je voulais pas rater ta remise de diplôme... C'est trop beau... J'adore ces moments-là... En plus tu avais l'air surprise...
- MOI : C'était un peu le cas...

Puis le Proviseur vient vers moi...
- PROVISEUR : Je veux que tu prennes confiance en toi...
- MOI : C'est pas inné chez moi...
- PROVISEUR : C'est l'apanage des plus grands... Heureusement certains savent lire en toi ce que tu ne vois pas...

Oh surprise... Mme Rondin débarque sur scène, le visage bouffi de larmes, son mascara a coulé partout, on dirait Halloween ! Elle n'arrive même pas à parler. Elle me prend dans ses bras, bafouille, m'embrasse, se remet à pleurer quelques secondes, puis parviens enfin à sortir quelques mots intelligibles :
- RONDIN : On est peu de chose à l'Aide Sociale... C'est difficile pour les jeunes... Un exemple, tu es un exemple...
- MOI : Euh... un exemple pour qui ?
- RONDIN : Qui est cette Conchita ? Monsieur le Proviseur, y a-t-il un enregistrement de la comédie musicale ? Sarah ne m'avait rien dit bien sûr... C'est comme pour cette cérémonie... Hein tu ne m'avais rien dit...

Elle se remet à renifler. Irrécupérable ! Mais ça me fait bien plaisir qu'elle soit fière de moi... C'est une belle fin d'histoire entre nous.

Des inconnus viennent me féliciter... des lycéens jamais vus... des parents... des professeurs qui découvrent que j'ai un visage. La paria est soudainement de bonne compagnie...

Puis j'entends une conversation lointaine entre les Pestes...
- ALYSSA : T'es vraiment trop conne Sonia... J'ai l'air de quoi ?
- SONIA : C'est pas de ma faute, ça ressemblait beaucoup, Sara Nicolas, c'est presque pareil...
- ALYSSA : Faut vraiment être idiote pour croire qu'ils s'étaient trompés sur son nom...
- ROSETTE : Il y avait écrit Sara Nicolaï exactement...
- ALYSSA : Mais c'est encore pire...
- SONIA : T'as été la première à y croire...
- ALYSSA : Tu m'avais parlé que du H manquant... le nom de famille c'est trop énorme... Et vous pouviez pas lire la liste en entier...
- ROSETTE : Ben elle était en fin de liste, l'autre Sara...
- SONIA : Et puis on n'est pas passées à l'autre liste... et voilà !
- ROSETTE : C'est drôle quand même, on lui a fait croire qu'elle l'avait pas...
- ALYSSA : C'est pas drôle puisqu'elle l'a avec la meilleure note des L... Avec vos conneries, vous avez ruiné ma réputation...
- ROSETTE : Qu'est-ce qu'on s'en fout de ta réputation...
- SONIA : J'en ai marre que tu nous traites comme ça...
- ASH : Salut les morues... !!!
- SONIA : Casse-toi...
- ROSETTE : T'as même pas ton bac... alors la ramène pas !
- ASH : Et toi tu l'as eu l'année dernière connasse... ???
- ALYSSA : Bon ça suffit, vous me faites toutes chier... aucune digne de moi ! Je me tire...

Et oh surprise, Alyssa qui remarque que j'ai entendu la conversation se rapproche de moi en me fixant droit dans les yeux... : « T'as gagné, t'es contente ? T'as tout gagné... »

Et elle prend la fuite... Tout ça ne lui ressemble pas, j'ai presque eu l'impression qu'elle avait envie de pleurer... Elle vient pourtant de décrocher une mention Très Bien qui doit faire envie à tout le monde, même moi...

Ah bah non, je l'ai aussi cette maudite mention. J'ai bien fait d'aller dans la banque qui offre 160€ aux mentions Très Bien... Putain, 160€ !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! J'ai le melon, j'ai une melonite aiguë !!!! Ça gonfle, ça gonfle et ça fait du bien....

Pour une fois que le lycée me rapporte quelque chose !!! Bon j'arrête, je deviens aussi prétentieuse que la Reine des Morues... Enfin à mon avis, après cette conversation houleuse, la Reine n'a plus de royaume... A part un royaume de dissidents.

Ash est toujours en train d'argumenter avec Sonia et Rosette, peut-être un nouveau club en perspective... Je n'entends rien, mais Sonia et Rosette se tournent vers moi, je leur fais un énorme sourire hypocrite, chaque dent représentant une lame de couteau dans le cœur de mes pires ennemies. Mais je n'en ferai pas plus... Ma mention me suffit...

Les deux Cailleras me sautent dessus et deviennent des supporters de foot. Elles répètent à tout-va « On est les championnes, on est les championnes, on est on est on est les championnes. »

Mais ce qui conclut en beauté ce feu d'artifice, c'est la Mamie... qui m'attend discrètement dans un coin... Je me rue dans ses bras, je lâche la pression...
- MOI : Vous êtes venue...
- MAMIE : J'ai reçu ton courrier, je ne pouvais pas manquer ça... Je suis tellement fière de toi... tellement, ma chérie...
- MOI : Vous êtes venue comment ???
- MME RINALDI : Elle est venue par ses propres moyens, mais nous allons la ramener par les nôtres, ça ne va pas recommencer... moi vivante jamais !
- MAMIE : Sois fière de toi ma Sarah...

Puis la mère Rinaldi la prend énergiquement par le bras afin de l'éloigner de moi. L'ombre au tableau...

Yunso vient m'embrasser après cette scène : « Bravo, toi au moins tu réussis... C'est pour ça que tu m'as tout de suite plu quand t'es arrivée... T'es une gagnante qui s'ignore... T'inquiète, pour la Mamie, je vais me rancarder... Au fait, la Mamie, elle est venue frapper à ma porte... J'ai tout de suite su où la conduire... Marco était là dans un coin... Si ça peut l'énerver un peu... »

Je la remercie chaleureusement de m'avoir offert ce beau cadeau, même s'il n'a duré que quelques instants...

Ash, à son tour, vient me faire la causette alors que je m'accroche à l'estrade... : « On part ensemble à la fête ce soir ? Je peux venir chez toi à 19h ? ».

Je crois que je ne vais pas être seule et que je ne vais pas pouvoir éviter le bal de fin d'année façon USA...

Une heure plus tard, j'ai eu besoin d'exulter, de crier à l'air libre... Mais afin d'éviter qu'on me prenne pour une folle, je suis allée courir au Bois de Boulogne, seule, en plein milieu de la nature...

J'ai crié, j'ai pleuré, j'ai juré... Ma manière à moi de digérer ce rebondissement génial dans ma vie... J'ai virevolté sur moi-même pendant de longues minutes jusqu'à en perdre l'équilibre... dans le fossé.

« Sarah ? Sarah c'est bien toi ??? Elle est de retour... la petite belette !!! »