J'ai décidé de sortir David de chez lui aujourd'hui car il avait tendance à se calfeutrer. Et ça me permet d'occuper le terrain. Pendant ce temps-là il fume pas et il a le souci d'être frais à chaque fois que je viens. Et en plus il continue à m'envoyer un message chaque jour pour me confirmer qu'il a pas fumé. Oui je suis partout dans sa vie, et il n'a pas l'air de détester ça.
Et je suis fière de lui.
Bon cette sortie n'était pas très glamour, un déjeuner au KFC. Et j'avoue que j'ai une petit faiblesse pour ce fast food. Un poulet fondant, une panure croustillante. Et en plus c'est pas si gras que ça (méthode coué).
En sortant du resto, j'aperçois au loin quelqu'un de familier... mon beau maître-nageur ! Il s'avance vers nous, mais il est de l'autre côté du trottoir.
J'hésite, soit je l'évite et je reste sur mon trottoir. Peut-être la meilleure solution car je suis avec David et j'ai pas trop envie qu'il me voie dans cet état bizarre que me provoque Grégoire. Soit je n'écoute que moi et je fonce vers le maître-nageur.
Bam, j'ai même pas eu le temps de réfléchir, Grégoire m'a vue et vient vers moi. Comme il est sympa ce Grégoire. Et il me fait même la bise, j'adore.
- Hé Sarah ! Ça fait plaisir de te voir...
- Oui oui, moi aussi.
- Tu vas bien ?
- Oui oui je vais bien, trop bien.
- Bon tu reviens dans mon groupe la prochaine fois ?
- Oui oui, sans hésiter.
- Comme tu progresses bien je t'apprendrai le crawl si tu veux.
- Oui oui, j'adore le crawl.
- Ça me fait plaisir que t'aies pris goût comme ça à la natation.
- Oui oui, c'est mon sport préféré maintenant.
- Ça fait du bien de servir à quelque chose.
- Oui oui, t'es indispensable.
- Bon bah je te laisse Sarah, bonne fin de vacances.
- Oui oui toi aussi je te souhaite des super vacances.
Il rit un peu nerveusement et fronce les sourcils. Il a dû me trouver bizarre... Je comprends pas pourquoi !
Une fois Grégoire disparu, je me souviens enfin que David est juste à côté de moi, qu'il vient de faire potiche pendant 5 minutes et que je l'ai complètement zappé. Je l'ai même pas présenté à Grégoire alors qu'il était juste derrière moi. Du coup Grégoire a fait comme si David n'était pas là ou alors il ne l'a même pas vu !
Peut-être que mon beau maître-nageur ne voyait que moi et que j'éclipsais le soleil... n'importe quoi ! En tout cas, quand moi je le vois, il éclipse tout le reste. Il m'a dit que je nageais tellement bien que je pouvais apprendre n'importe quelle nage et qu'il n'avait jamais eu une aussi bonne élève. Non il n'a pas dit ça complètement. Qu'est-ce que je suis cruche.
Ça y est, même quand j'écris, Grégoire éclipse le reste de mon histoire. Car mon histoire parlait de David avant tout et pas... de qui on sait.
Bref.
10 minutes plus tard, après une pause d'écriture pendant laquelle je regardais le plafond, béate, je reprends le fil ! Sans digression.
« C'est qui ? » entame David, un poil agressif. Ouh la la terrain glissant s'il réagit mal.
- C'est mon prof de natation en cours de sport.
- Ah... et tu es bonne en natation ? Je croyais que t'étais nulle en sport.
- C'est une exception. Et puis je suis dans la catégorie des « bébés nageurs », ceux qui savent pas nager... alors...
- Et tu m'as pas dit que t'étais dispensée de sport à la rentrée ?
Oups j'avais oublié. Mais je peux pas planter Grégoire comme ça il a besoin de moi pour se sentir utile. Vais-je vraiment mettre ma dispense de sport tant désirée à la poubelle ?
- Ben oui, je vais pas rater cette occasion, tu me connais. Si je peux éviter de voir la sale gueule de la prof... Tiens je t'ai jamais demandé pourquoi je te vois pas en sport ?
Pas mal Sarah, c'est un bon détournement de conversation.
- Ah je t'ai jamais dit ? J'ai une dispense permanente à cause de mon dos.
- Bah qu'est-ce que t'as au dos ?
- Une scoliose.
- Ah ça se voit pas.
- Bah c'est presque fini, moi aussi j'en profite, je déteste le volley ou la gym, toutes les conneries qu'adore ta prof.
J'ai vraiment bien joué, mais dans ces propos une certaine agressivité résiste.
C'est sûr qu'il a de quoi ne pas être content. Je me plains qu'il change de personnalité quand il fume, mais là, il a dû halluciner sur ce pan de personnalité qu'il ne connaissait pas chez moi... et moi non plus il y a encore quelques semaines. Cruche et idiote, voilà ce que Grégoire me fait comme effet. Un peu comme l'alcool ou la drogue quoi ! Un truc qu'il faut vite arrêter avant d'être accro.
La tension a mis un peu de temps à disparaître. Mais comme je suis vite redescendue de mon nuage, ça l'a rassuré.