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16 ans, grosse & moche!
1 janvier 2013

MARDI 1er JANVIER 2013 0h22 : LA MAIN DANS LE SAC

La Vieille ronflait déjà sur le canapé, et le Vieux m'a fait un petit clin d'œil complice. J'ai été bien accueillie et mise à l'aise par les trois voisins. Il y avait déjà une dizaine de personnes.

Kamil m'a proposé un verre, j'ai dit oui sans faire gaffe à ce qu'il mettait dedans, et en testant je me suis brûlé la langue. Berk de l'alcool. C'est vraiment ringard de ne pas en boire, mais pour l'instant mon corps de fillette ne l'accepte pas, ça me brûle le tube digestif et j'ai des nausées dans la minute avant d'avoir une envie irrémédiable de dormir.

J'ai discrètement versé le contenu de mon verre dans celui de Kamil. Il doit avoir une bonne descente. Puis je me suis servi du coca. Ce soir c'est fête, ni du light ni du zéro, que du classic!

Mais je me suis vite ennuyée. Après quelques mots à Yunso et Marco, je comprends que je n'appartiens pas à leur cercle de jeunes étudiants. Quel intérêt de parler avec une gamine comme moi...ou bien c'est l'aspect physique, oh je m'en fous!

Vers 23h30, la musique est forte, il y a vingt personnes que j'ai recompté bien trois fois pour être sûre et précise dans mon blog. Dans la description qui me vient à l'esprit, le style pourrait s'appeler hippie chic. Ouais des bobos quoi : des cheveux longs chez les filles, en pétard chez les garçons...et ça se passe la main dans les cheveux tout le temps, et ça fume. Voilà deux exercices de la branchitude : tenir sa cigarette qu'on crapotte tout en passant l'autre main dans ses cheveux. Même mes trois Voisins rentrent dans ce moule, ils se fondent dans l'uniformisation sociale de la soirée dont je suis simple spectatrice.

Finalement cette observation m'occupe, même si j'ai l'air idiote. J'apprécie ma transparence ce soir. Mais un mec bourré me voit et vient me causer. Je n'entends rien, il n'est pas bien cohérent puis demande à boire dans mon verre. Je lui donne de bon cœur, mais il n'apprécie pas le petit soft simple qui y réside, il peste et va tituber vers le bar.

J'entends qu'on sonne à la porte, mais personne d'autre n'entend. Sûrement un nouvel arrivant? Je ne bouge pas, mais ça insiste. Faudrait pas que cet invité passe le cadran sur le palier. Alors je décide d'ouvrir.

Ma mâchoire se décroche, c'est le Vieux. Il me fusille du regard et serre la mâchoire. C'est un combat de mâchoire, la mienne démantibulée contre la sienne carrée prête à mordre. Il commence à parler, je comprends rien et je suis paralysée.
- Je te prends la main dans le sac!
- Quoi?
- C'est pas une fête pour toi ici avec ces dégénérés.
- Je serais rentrée à l'heure...
- Et qu'est-ce que tu bois?

Il attrape mon verre et je me laisse faire en bonne coupable. Il sent le contenu : « Ah ça pue l'alcool ». Comment ça? Je fais l'innocente...mais non je ne FAIS pas... je SUIS innocente. Il me fait sentir mon verre et effectivement il y a une odeur d'alcool...mais...

Oui évidemment c'est l'autre épave qui est venu mettre sa gueule de poivrot dans mon verre et il a parfumé tout le verre. Il a peut-être craché dedans.

Le Vieux m'attrape par la manche et fait signe aux Jeunes de baisser le volume. Sûrement la raison de sa visite. C'est vrai le son est très fort. Marco fait mine d'accepter et me regarde partir, navré. Personne d'autre n'a fait vraiment attention à ce moment de honte : une gamine poursuivie par son « papa » en colère.

Une fois dans l'appart' je tente de me défendre :
- Sentez ma bouche y'a pas d'alcool!
- J'aime pas que tu baratines. T'es privée de sortie jusqu'à nouvel ordre.

La Vieille, sortie de sa torpeur, ricane bien. Je suis vraiment le dindon de la farce ce soir. Je m'enfuis dans ma chambre et je ferme la porte à double tour. Le Chien vient gratter mais je le laisse dehors pendant que je digère ce sale moment.

Ça hurle dans la rue pluvieuse, ça hurle dans l'immeuble. C'est un décompte. Trois deux un zéro... Je n'ai personne à qui dire bonne année. Seule, désespérément seule, entourée de cadavres vivants.

Et je n'ai personne à qui penser. Je touche mon bracelet et je m'y accroche avec rage. Puis je suis apaisée en pensant soudainement à la mamie Rinaldi du bar, et puis à la gentille Jany qui m'a écrit un message d'espoir sur mon blog il y a quelques semaines. Encore merci Jany, je m'accroche à ces quelques mots d'une personne qui croit plus en moi que moi-même.

Je me couche tout habillée, puante de cigarettes.

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