- MME PHAMVAN : Oh la la, ça se voit dans ton regard, tu as changé.
- MOI : Mon regard ?

Elle se met alors à toucher mon crâne, mon cou, mes épaules... et annonce son verdict : « Il y a de la tension, mais aussi de la détermination ! C'est New York qui t'a fait cet effet-là ? J'ai l'impression que tu as découvert un sentiment nouveau, celui de la confiance en soi ! Bon j'espère que tu aimes le végétarien, c'est steak de soja ce soir et tofu fumé! »

Typique, elle adore mélanger révélation existentielle avec les conversations du quotidien.

J'ai retrouvé son mari, son fils et ce moment familial m'a ramené à Noël 2013... Rappelez-vous j'avais passé le 25 décembre dans la famille de Yunso suite à la visite de la police qui avait emmené la Vieille et le Vieux en prison ! Ça fait toujours bizarre de raconter ça lol !

Yunso est arrivée plus tard, de bonne humeur... et m'a prise à part.

- YUNSO : J'ai enquêté pour toi ! Bon ça a pas été facile...
- MOI : Vite vite une révélation !
- YUNSO : J'ai cuisiné Marco sur sa grand-mère...
- MOI : Et ?
- YUNSO : Ben il s'est refermé comme une huître.
- MOI : Mince...
- YUNSO : Mais il était très ému. Et il m'a balancé un truc du genre « on en parlera une autre fois ».
- MOI : Ah ok... bon... bah... et ?
- YUNSO : Ben c'est tout, c'est déjà pas mal, pour réagir comme ça, elle doit vraiment être mal...
- MOI : Tu crois... ?
- YUNSO : Sinon rien de bien passionnant, j'ai vu qu'Alyssa avait un nouveau mec... Et je crois que c'est le même mec qui sortait avec Ash en août...
- MOI : Putain de merde !
- MME PHAMVAN, au loin : Pas de juron ici, ça pollue les chakras et ça déséquilibre le Monde.
- YUNSO, levant les yeux au ciel suite à la remarque de sa mère : C'est important ça ?
- MOI : T'imagine même pas, c'est la révélation du jour...

Mon hypothèse est en train de se valider... et je crains le pire. Mes blogués les plus attentifs savent déjà de quoi il s'agit...

Le « présent » est imminent, ce dîner c'était hier soir vendredi...

J'ai entendu une horrible conversation l'autre jour entre la Sorcière (sa nouvelle belle-mère) et David...
- SORCIÈRE : C'est pas l'hôtel ici...
- DAVID : Ben non c'est chez moi...
- SORCIÈRE : Tu pourrais débarrasser ton assiette, laver ton verre, ranger ton set de table, comme un adulte quoi...
- DAVID : J'ai toujours fait comme ça, je laisse le matin et je débarrasse le soir...
- SORCIÈRE : Ben non c'est fini...
- DAVID : Vous êtes pas ma mère...
- SORCIÈRE : Heureusement que t'es pas mon fils !
- DAVID : J'ai hâte que vous déguerpissiez !
- SORCIÈRE : On verra bien qui tiendra le plus longtemps... Ton père est d'accord avec moi, il est temps que tu prennes ton indépendance, tu verras ce que c'est quand y'aura plus personne pour te torcher le cul...
- DAVID : Vous croyez que je fais comment depuis 3 ans sans ma maman, vous croyez que c'est mon père qui s'occupe de moi ?
- SORCIÈRE : Ben de trop...
- DAVID : Vous êtes chez ma mère ici, pas chez vous...
- SORCIÈRE : T'inquiète pas, ça va pas tarder...
- DAVID : Qu'est-ce que vous entendez par là ?
- SORCIÈRE : Tu verras bien...
- DAVID : Que de la gueule...

Ça m'a choquée, sûrement parce que la Sorcière me rappelle la Vieille.

J'étais en train de lire dans la chambre quand David a fait irruption dans la pièce... en furie :
- DAVID : Je vais la buter cette salope...
- MOI : Du calme... Elle peut pas te virer comme ça, ton père voudra jamais...
- DAVID : Elle l'a hypnotisé... Elle me rend dingue, je pense à ma mère...
- MOI : Tu peux aussi partir tu sais...
- DAVID : Tu te fous de ma gueule ? T'es dans son camp ?
- MOI : Pfffff...

Il ferme alors sa porte à clé et se met alors à pousser un cri étrange...
- MOI : C'est quoi ce râle ?
- DAVID : Ben vas-y toi, à ton tour...
- MOI : Hein ? Tu cherches à faire quoi ?
- DAVID : T'es naïve ou quoi ? Vas-y simule... Oui oui oui...

Mince alors, il voulait qu'on « simule » bien ce que je pensais...
- DAVID : Ouais, ouais... encore... à toi !
- MOI : Mais pourquoi tu veux faire ça ?
- DAVID : T'es con ou quoi ?
- MOI : Ben si je suis conne compte pas sur moi pour t'aider...
- DAVID : Ah c'est boooooooooooooooonnnnnnnnnnnnnn !!!

Il se met alors à prendre une voix de crécelle très féminine... De quoi me faire rougir définitivement. Le malaise était à son comble...

D'abord de le voir faire cette démonstration vulgaire de sexe ! C'était une confrontation brutale avec sa vision de la chose... De quoi me dégoûter et me convaincre de ne jamais rien faire avec lui... ni avec personne d'ailleurs ! Je suis pas actrice porno, non mais !!!

Et puis l'autre source de malaise, c'était de retrouver des ondes négatives entre nous alors que nous avions vécu une fusion amicale presque parfaite à New York. Mais la magie n'est pas éternelle... Était-elle liée à la Grosse Pomme ? Aux vacances ? A l'éloignement de tous les problèmes parisiens ?

Face à cette situation gênante, j'ai fait mon sac, et je suis partie dans la minute. La Sorcière était cachée derrière la porte !

Mon départ brusque enlevait alors tout doute sur le stratagème idiot de David pour la faire enrager.

Ça tombait bien, j'avais une porte de sortie agréable le soir-même, un dîner chez ma kiné et mère de Yunso.

Mon espionnage a fini par porter ses fruits... Rémy est toujours dans le quartier ! Malgré mon absence... Est-ce que ça pourrait signifier que finalement il n'en a plus rien à faire de moi... et qu'il est venu vivre ici à 100 mètres de moi totalement par hasard ?

À chaque fois que je l'ai entraperçu au loin, il avait l'air heureux, souriant, équilibré... Mais au fond de moi je n'oublie pas son regard de psychopathe cette nuit-là où je me suis défendue... Et les deux visions sont en contradiction.

Je ne sais pas, je ne sais plus. J'aimerais me dire que tout le monde a droit à une seconde chance.

Et puis, à force je me trouvais ridicule de jouer à la touriste incognito comme ça... Sans parler de la vie chez David, de plus en plus insupportable au quotidien, d'abord à cause sa nouvelle belle-mère qui nous cherche des poux en permanence, puis à cause de son père qui me regarde vraiment bizarrement et enfin avec David qui est sur les nerfs.

Et je vous laisse imaginer la situation... faire croire qu'on est en couple alors qu'on ne l'est pas... vivre à deux dans une chambre exigüe alors qu'on n'est pas les bienvenus dans le reste de l'appartement... Un cauchemar...

J'ai commencé à me dire qu'il était temps de réintégrer mes pénates ! Mais je voulais ma réponse avant mon comeback, je voulais vérifier mon hypothèse née du compte Twitter de Ash et de ses mails, et qui me paraissait évidente...

Une hypothèse qui pouvait tout faire basculer et notamment l'avenir de Ash chez moi...

Tandis que sur le front de l'enquête sur le « cadeau new-yorkais », rien n'avançait...

Et que ma rentrée se rapprochait...

C'était le jour de l'automne, et pourtant il faisait beau et chaud !

Dans le petit Zenzoo étriqué, nous étions en nage ! Sûrement un problème de ventilation...

Mais le plaisir de la revoir effaçait tous les désagréments...
- MOI : Tu sais, quand je suis arrivée dans le quartier, y'a deux ans, ben t'as été la plus accueillante...
- YUNSO : T'es trop mignonne...
- MOI : C'est vrai, t'as même été la seule... Et aujourd'hui tu es la première du quartier que je retrouve... Tu crois que c'est un signe ?
- YUNSO : Ma mère le penserait sûrement... Bon c'était comment New York ?

Mon enthousiasme aura déployé ses ailes frémissantes au moins durant toute la commande, l'attente des plats, la réception, la dégustation... Bref, j'étais in-taris-sable !

- YUNSO : Tu nous as beaucoup manqué...
- MOI : LOL !
- YUNSO : Enfin à moi oui... et puis ma mère n'arrête pas de me demander de tes nouvelles... Et puis Kamil et Marco te regrettent un peu aussi, surtout par rapport à ta remplaçante...
- MOI : Ah bon ? C'est à ce point-là ?
- YUNSO : On la connaît, Ash, elle est polie, toute gentille, toute pleine de minauderies faux-culs mais bon, qu'est-ce qu'elle prend comme place...
- MOI : Comment ça ?
- YUNSO : La musique, la télé, les fêtes, elle en fait un boucan... Et puis ses poubelles qu'elle laisse sur le palier...

Dire que pendant des années, le Vieux s'est plaint du bruit qui venait des colocataires en face, Yunso, Kamil et Marco... C'est l'arroseur arrosé ! Maintenant c'est eux les victimes !

- YUNSO : Sans parler de ses orgasmes volcaniques !
- MOI : Grrrrr... Elle avait promis d'être sage...
- YUNSO : Et puis elle est toujours en train de mijoter des trucs bizarres... Plusieurs fois, on l'a vue passer avec des bâches, des pots de peinture, des pinceaux...
- MOI : Quelle horreur ! C'était donc vrai...
- YUNSO : Quoi ça ?
- MOI : Ce qu'elle disait sur Twitter... Et y'a pas un mec qui l'a aidée ?
- YUNSO : Oui... attends que je me souvienne... oui elle sortait avec lui à un moment... mais ça a pas dû durer longtemps, je l'ai pas revu, le mec...
- MOI : Il était comment ?
- YUNSO : Ben blond-châtain, grand, mignon quoi...
- MOI : Il habite dans le quartier ?
- YUNSO : Non... enfin je pense pas... mais pourquoi toutes ces questions ?
- MOI : J'ai comme un vilain pressentiment...
- YUNSO : Toujours à cause de son twitter ?
- MOI : Oui et ses mails...
- YUNSO : Tu le connais ce mec ?
- MOI : J'ai peur de le connaître...

Au moment des Zenzoo (la spécialité de la maison, boisson lactée au tapioca), je suis partie sur un nouveau sujet...
- MOI : Et la Mamie ? La grand-mère de Marco quoi...
- YUNSO : Ah... Elle est partie en août, m'a dit Marco... Je l'ai jamais revue...
- MOI : Tu pourrais tenter d'en savoir plus ?
- YUNSO : Oui... mais Marco va se douter de quelque chose si je le cuisine trop...
- MOI : Je comprends, t'inquiète pas...
- YUNSO : Tu l'adores hein, cette Mamie ?
- MOI : Elle me le rend bien... c'est la deuxième personne qui m'a bien accueillie dans ce quartier avec toi et ça je l'oublierai jamais...
- YUNSO : Bon je vais faire le max pour être la bonne fée...

Une fois dans la rue, j'ai pas pu m'empêcher de lui parler de son moral...
- MOI : Dis donc t'as l'air super en forme toi...
- YUNSO : C'est fini, les idées noires, je repars du bon pied... il faut dire que je me suis un peu réconciliée avec ma mère, elle m'a beaucoup soutenue, et elle a remis ma vie en ordre...
- MOI : Ah ça me fait plaisir...
- YUNSO : Et puis vraiment j'étais trop conne de penser que Marco et Kamil pouvaient sortir ensemble...

J'ai pas relevé... Mais bon, moi je commence à avoir les mêmes doutes qu'elle il y a 3 mois ! Parce que la main aux fesses de l'autre jour c'était tout sauf amical, c'était sensuel ! Et puis il y avait le cinéma en juillet, c'était bizarre... (cf post du LUNDI 21 JUILLET 2014 14H05 : AU CINÉ CE SOIR...) Bref, ça ne me regarde plus !!!

- YUNSO : Tu reviens quand ? Parce que la Ash, on n'en peut plus... Faut que tu la canalises un peu si tu veux la garder avec toi...
- MOI : Je veux m'assurer d'un truc avant...

Garder Ash avec moi ? Quelle drôle d'idée...

Une fois seule dans le métro, j'ai envoyé un sms...

« Yunso va super bien, je suis rassurée »

Réponse immédiate de la destinataire...
« Oh oui Sarah ! Et c'est grâce à toi, heureusement que tu m'as prévenue avant de partir, j'ai purifié tous ses chakras, il y avait du boulot ! »

Hé oui, je crois bien que la mère (ma kiné Mme Phamvan) et la fille (Yunso ou Mathilde au choix !) se sont réconciliées grâce à moi...

Moi aussi je peux être une bonne fée, et ça me fait du bien !

« Sarah... Sarah ? Mais c'est toi ? »

J'étais en train de faire ma petite ronde journalière dans mon quartier avec mon accoutrement de touriste. Je me cachais très discrètement derrière une gouttière et la voix est venue de mon dos !

Me faire trahir par mon dos ?????????????? Rien de plus vexant...

Je me suis immobilisée en espérant un miracle... Puis j'ai fini par me retourner afin que cette voix n'attire pas toute l'attention du quartier !

« Sarah, mais... qu'est-ce que tu fais avec ce déguisement ? C'est quoi ce sweat à capuche avec écrit I Love NY dessus ? C'est kitsch»

Oui j'avais aussi oublié de vous parler du sweat... la totale quoi !

Qui pourrait être aussi critique en matière de mode qu'une spécialiste du stylisme ???Yunso !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

On s'est jetées dans les bras l'une de l'autre!

- YUNSO : Mais quand est-ce que t'es revenue ?
- MOI : Y'a quelques jours, ça me fait trop plaisir de te revoir...
- YUNSO : Moi aussi ! Je me demandais si t'allais revenir un jour... Et on n'a pas gagné au change...
- MOI : Aïe, tu parles de Ashley...
- YUNSO : Mais pourquoi tu te caches ? Et ce look horrible ????
- MOI : On pourrait se parler ailleurs qu'ici ?
- YUNSO : Ben oui, mais t'en fais des mystères... T'as l'air bizarre !
- MOI : On se retrouve demain au Zenzoo ?

Je vais tout lui raconter... mais elle aura, elle aussi peut-être, quelques révélations à me faire.

« Vous êtes là ? Réveillez-vous, c'est Sarah !!! S'il vous plaît... »

J'ai tambouriné à sa porte pendant un quart d'heure. C'était l'heure des Feux de l'Amour, j'avais un espoir qu'elle soit là.

Ben oui, la personne que je n'ai pas oubliée pendant ces 45 jours d'absence, c'est la Mamie, ma Mamie. Je rêvais qu'à mon retour rien n'ait changé, qu'elle m'ait attendue sagement...

J'ai retenté tous les jours pendants une semaine... en vain.

En tout cas, personne ne m'a reconnue, comme quoi, la grosse touriste américaine, ringarde et moche est un rôle qui me va à merveille !!! Enfin pour un temps...

Je n'ai pas vu grand monde de loin durant cette période de traque dans l'ombre... mis à part...
- Ashley de retour de courses avec un sac bien chargé et se dirigeant vers mon immeuble... Elle habite toujours là !
- Alyssa en train de tapoter sur son téléphone des mots doux à son nouvel amoureux... Comment je le sais ? Elle avait les yeux qui brillaient et ça n'arrive pas souvent dans ses yeux de poisson mort... Est-ce Grégoire le beau maître-nageur qui continue à l'épanouir comme ça ? En tout cas il m'avait tapé dans l'œil celui-là...
- Mme Rinaldi en train de s'engueuler avec M. Rinaldi, bien fait... sûrement à propos de la Mamie ! Je sais qu'il est de mon côté... enfin de son côté.
- Et... Kamil en train de mettre une main aux fesses... à Marco ! Ben mince, Yunso aurait-elle raison ?

Ben ouais, c'est tout. Aucune trace de Rémy ! Faut dire que la « touriste » essayait de rester discrète, alors je m'éternisais pas vraiment.

Mon petit manège a duré presque dix jours... jusqu'à la rencontre fatale...

Détrompez-vous, je ne suis pas allée chez David pour jouer à sa copine... Non...

Je voulais observer mon quartier sans pression et en tout anonymat avant de faire mon grand retour...

Les réseaux sociaux et les mails de Ash m'avaient suffisamment inquiétée...

Et surtout je voulais savoir où en était Rémy ! Ce qu'il mijotait dans sa marmite vaudou !

Rémy, souvenez-vous... Un horrible souvenir de foyer d'accueil... Ce mec a failli me faire du mal, vraiment. Depuis ce jour j'essaie de l'oublier. J'y étais presque arrivée, vraiment aussi... quand ce démon a fait son retour dans mon quartier.

Avec quelles intentions ?

Un monstre, aussi séduisant soit-il, ne change pas son âme comme ça !

Si sa présence est une coïncidence, ça ne veut pas dire que je crains rien... Il sait où j'habite maintenant...

Et si sa présence est arrangée, alors je peux m'attendre au pire.

Je croyais qu'il était sorti de ma vie pour toujours... Mais le diable rôde... À moi d'être plus forte que lui...

Des lunettes, une casquette, un col montant... voilà mon attirail afin de préparer mon retour !

« C'est Carnaval ? T'as trouvé ça où ? »

Ouais bon, David n'était pas pas convaincu... :
- MOI : Qu'est-ce qu'il y a ? C'est des souvenirs de New York...
- DAVID : Ça se voit... Y'a un drapeau américain sur ta casquette... et y'a une statue de la Liberté sur les verres de tes lunettes...
- MOI : Ben ça fait touriste américaine... Et puis avec mon poids je suis crédible !

À son tour de lever les yeux au ciel... Il n'aime pas quand je lui dis que je suis grosse. C'est pas de ma faute s'il est aveugle !

Lors de ma première expédition incognito, je me suis précipitée dans le seul endroit qui me tenait à cœur... Le seul après toutes ces semaines...

Dans la chambre de David, une heure plus tard...

- MOI : T'aurais pu me prévenir que j'étais ta petite amie...
- DAVID : Ben je viens de l'inventer là... Ça m'est venu comme ça !
- MOI : Ça va servir à quelque chose ?
- DAVID : Ben t'as vu ? Ça l'a calmée la sorcière !
- MOI : Mais je comprends pas comment elle a subitement tous les droits ici...
- DAVID : Ça fait longtemps qu'elle tourne autour de mon père... Elle a fini par emménager cet été pendant que j'étais pas là... Quand je suis rentré, elle avait rangé toute ma chambre, comme si elle était prête à me foutre dehors...
- MOI : Ton père laissera jamais faire ça...
- DAVID : Il est en admiration, c'est sa sauveuse, il a arrêté l'alcool grâce à elle...
- MOI : Elle est peut-être pas si mauvaise que ça...
- DAVID : C'est une sangsue, je peux pas la sentir... Alors on fait comme on a dit ?

Et voilà comment s'est passé mon retour en France, chez moi... en exil ! Loin de mon quartier, loin de mon appart', en fausse petite amie...

« TU VIENS CHÉRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIE ? »

C'est grossier, il hurlait afin qu'elle entende tout !

- MOI : Mais jamais un ado appellerait sa copine CHÉRIE !
- DAVID : Ben d'abord on n'est plus ado !
- MOI : On n'est pas des vieux non plus...
- DAVID : Ma louloute ?
- MOI : Ridicule ! J'ai l'impression que c'est un raccourci de loutre...
- DAVID : T'es ma petite loutre ?
- MOI : Tu veux une claque ?
- DAVID : Mon poussin ? Ma puce ? Ma caille ? Ma girafe ? Ma cochonne ?
- MOI : Vas-y enfonce-toi... J'aime pas les bestiaires...
- DAVID : Mon amour ?

Je me souviens avoir levé les yeux au ciel à m'en décrocher les globes oculaires !

Une heure plus tard, je sonnai à une porte qui n'était pas la mienne. Une femme ridée et à la voix grinçante vint m'ouvrir...
- DAME : Oui, vous êtes qui ?
- MOI : Ben je suis...
- DAVID, apparaissant derrière elle... : Je la connais ! Alors laissez-la entrer !
- DAME, agressive : T'as l'autorisation de ton père ?
- DAVID : Je suis chez moi ici, je fais ce que je veux...
- DAME : C'est aussi chez moi maintenant...

La dame me claqua la porte au nez ! David vint immédiatement me rouvrir et je pus assister au combat final...
- DAVID : Vous vous prenez qui, vous, hein ?
- DAME : Je suis la nouvelle femme de ton père...
- DAVID : Et ça vous donne tous les droits ?
- DAME : Ben ouais ! C'est qui elle ? Hein ?
- DAVID : Et ben Sarah, là, c'est... c'est... c'est ma nouvelle petite amie !!!

Gloups !

De quoi couper le souffle à tout le monde, même à moi !

Avec ces 200 000 miles, j'aurais pu allègrement voyager en Business ou en First... Mais je me suis dit qu'il fallait se réhabituer à la vie normale et vite !

Et puis surtout je ne suis pas faite pour ce luxe tombé du ciel, je me sens vite coupable de mettre les pieds dans tout ce caviar. Je crois que mon subconscient m'envoie le message que ça se mérite, tout ça...

Et moi, j'ai rien fait qui mérite récompense ou cadeau...

J'avais à un moment la crainte que ce voyage soit un piège, mais finalement c'était un cadeau sans contrepartie... Pour le moment !

Au décollage de l'aéroport JFK, j'ai retrouvé les sensations de l'aller : la peur, l'excitation, la tristesse... Comme si je vivais un grand moment, rare et peut-être même contre-nature pour un être humain. L'Homme n'est pas fait pour voler ! Et puis j'ai versé ma larme en voyant les tours de Manhattan dès les premiers mètres au dessus du sol. Qui sait si je reviendrai un jour...

En « éco », ben on est très serrés, surtout quand on est un peu plus large que la moyenne. C'était très gênant ! J'étais obligée de toucher mon voisin pendant tout le vol, d'abord coude à coude... puis à un moment il a touché mes bourrelets avec son avant-bras. Sûrement par lassitude de se compresser comme dans une boîte de sardine. Une humiliation sans nom ! La prise de conscience a été douloureuse. Comment font les plus gros que moi dans l'avion en classe de « monsieur tout-le-monde » ?

Cette question ne m'avait pas effleurée un instant dans ma spacieuse Première de l'aller.

L'atterrissage, après cette promiscuité insupportable et interminable, m'a soulagée. Mais à ma sortie de l'avion, j'ai ressenti une énorme angoisse qui a brûlé tout mon thorax.

Qu'il était bon de se couper de sa propre vie, même de l'oublier ! C'était la première fois que je me débarrassais du poids de ma vie... et ça pendant plus d'un mois !!!

C'était comme si j'avais marché sur la Lune pendant des jours et que je revenais sur Terre brutalement. Le retour à la gravitation terrestre pour un astronaute doit être épouvantable à vivre.

Comme un astronaute, j'ai contemplé la beauté du Monde pendant ces dernières semaines par delà les nuages et l'atmosphère terrestre. En ce 10 septembre 2014, je me retrouve sous les nuages du Monde et de ma vie.

Lol, après la sardine, l'astronaute !