L'équipe est partie à minuit... Il a fallu que je commande les pizzas les plus grasses à 22h45 chez Domino's pour les récompenser.

Mais aujourd'hui c'est une journée que pour moi... Studieuse et égoïste.

Mince... Mon téléphone résonne... c'est David... Un sms !

« Envie d'aller au ciné, trop de révisions, tête farcie... trop chaud dans mon appart'... besoin clim'... et amie... »

Putain mais c'est pas possible !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Je crois que le Saint-Patron du bac ne veut pas que je l'aie, ce maudit diplôme... Et il met des tentations sur ma route...

Non je dois réviser...

C'est vrai qu'il fait chaud.

Sinon je vais me refaire une crise de panique comme l'autre soir...

Le pauvre David, il a l'air d'avoir besoin d'une amie...

Sarah, tu veux être la seule à rater ton bac ?

Il a l'air d'avoir besoin de se confier, David, quand même...

J'avais prévu tout un plan de révision aujourd'hui...

Je me demande ce qu'il y a de bien au ciné...

« Suis là, t'attends, suis en bas... »

Malheur !!! Si tous les jours je subis un débarquement alors je n'ai aucune chance, je vais finir par battre en retraite comme les Allemands...

On entend parler du Débarquement à la télé, et on ne peut pas le rater ! Ce fut un débarquement massif, brutal, et inattendu...

Exactement ce que j'ai vécu vers 15h cet après-midi... Deux grosses racailles et une princesse idiote ont décidé de s'incruster en se donnant le mot...
- FATIMA : Maintenant que tu nous as dit vendredi qu'Alyssa, elle nous avait toutes défiées...
- TINA : Ben notre réussite au bac...
- ASH : C'est ta responsabilité !!!

Comme si ma réussite en jeu n'était déjà pas suffisante... Mardi, les deux Segro s'étaient déjà tapé l'incrust'... Voilà qu'elles sont trois maintenant.

J'ai fini par les laisser s'empoigner dans le salon, devant la télé avec des paquets de Snickers.

La pression que je ressens est déjà lourde à porter. Si en plus je dois aider les autres...

Je me suis enfermée dans ma chambre. Et puis j'ai fini par me sentir coupable de les avoir abandonnées...

Je découvre à 17 ans que j'ai des amies et elles ne peuvent même pas compter sur moi ! Alors qu'elles m'ont montré ces derniers temps que je pouvais compter sur elles sans relâche.

Alors je sors de mon cachot, et j'éteins la télé !
- TINA : Ohhhh !
- FATIMA : Héééééééééééééééééééé...
- ASH : Moi j'ai besoin de la télé pour réviser sinon mon esprit se balade, et c'est encore pire...

Je leur prends le paquet de snickers...
- TINA : Hééééé, j'ai faim...
- FATIMA : Je peux pas réfléchir sans sucre...
- ASH : Je me sens pas bien...
- MOI : Bande de sales gosses ! Je vous rendrai les Snickers quand vous aurez au moins travaillé une heure !
- TINA : Pour qui elle se prend la meuf ?
- FATIMA : T'es pas ma reum !!!
- MOI : Dis donc, c'est pas vous qui êtes arrivées la bouche en cœur mardi après-midi en me disant que vos parents vous avaient envoyées ici pour que je vous donne l'exemple ?
- TINA : Euh...
- FATIMA : Bah...
- ASH : Tu veux dire qu'elles ont pris de l'avance les deux tonneaux, là ? Elles ont un traitement de faveur ? Je suis dégue...
- MOI : TAISEZ-VOUS !!!!!!!!! Au travail et que ça saute... Sinon je vous fous dehors...

Je suis retournée dans ma chambre, mais quelques instants plus tard...j'ai entendu la télé marcher ! Je suis sortie de mes gonds. J'ai fait irruption dans la pièce, j'ai pris la télécommande et j'ai mis la chaîne parlementaire, LCP , j'ai coupé le son et je suis repartie avec ma télécommande dans ma chambre...

Et toc ! Pas de risque qu'elles se déconcentrent...

« Bah on peut changer de chaîne sur la télé » s'exclame Ash, revancharde.

Mais je suis pas née de la dernière pluie, les boutons de la télé marchent plus, à part le bouton ON/OFF...

Hé oui, le débarquement ne s'est pas fait en un jour... la bataille se gagne sur le terrain ! A l'usure... Et pour l'instant, elles sont calmes depuis une heure...

Vide hier soir, vide ce matin... ma boîte ne veut plus cracher aucun courrier.

Mais ce qui m'inquiète le plus c'est qu'elle n'en crache plus depuis au moins 3 semaines... Et qu'elle ne se ferme plus.

J'ai beau tourner la petite clé dedans... Rien !

Ma boîte est ouverte 24h/24...

Coïncidence ou vandalisme sauvage ou attaque ciblée ???

J'arrive à peine sur le parvis du lycée que je vois Tina et Fatima en train de se battre avec la Gothique. Ash les regarde passivement avec malice. Mais Sonia vient s'en mêler et bouscule Ashley qui se défend immédiatement en tentant de lui donner une gifle.

J'assiste alors en spectatrice à un champ de bataille en devenir, des claques, des tirages de cheveux, des hurlements, des cris...

Comme je suis crevée, je n'ai pas le courage de m'interposer... Une voix familière vient me sortir de ma torpeur toute molle : « T'admires le spectacle ? »

C'est Alyssa, qui vient se délecter du crêpage de chignons !
- ALYSSA : T'es contente de toi ?
- MOI : Qu'est-ce que tu veux dire ?
- ALYSSA : Tu les as toutes montées contre moi...
- MOI : Contre toi ? Qui est en train de se battre là ?
- ALYSSA : S'attaquer à mes copines c'est comme s'attaquer à moi.
- MOI : Elles sont moins influençables, les miennes, que les tiennes...
- ALYSSA : Et Ashley elle est pas influençable ? Elle est si bête ! Mes copines elles ont pas eu besoin de moi pour se liguer contre toi, elles ont compris toute seules qui t'étais...
- MOI : C'est sûr, c'est leur seul point commun, elles peuvent pas me sentir et depuis le premier jour...
- ALYSSA : C'est NOTRE point commun tu veux dire...
- MOI : Je me demande bien pourquoi... Ça vous plait de vous attaquer aux grosses, comme ça vous vous sentez plus belles...
- ALYSSA : J'ai pas besoin de toi pour me sentir belle...
- MOI : C'est vrai ça, toi t'es au dessus de la mêlée, tu mets plus les mains dans le cambouis, t'as tes esclaves... Je t'ai jamais aimée, t'es prétentieuse et tordue, tu te prends pour une princesse...
- ALYSSA : Toi t'es jalouse de moi, ça crève les yeux...
- MOI : J'aimerais pas avoir ton cerveau, t'es moche à l'intérieur...
- ALYSSA : Toi t'es moche à l'extérieur... et on verra bien qui s'en sortira le mieux dans la vie...
- MOI : Pourquoi tu veux te comparer à moi ? Ça te sert à quoi ? On n'est pas nées avec les mêmes chances dans la vie... Alors à quoi bon ?
- ALYSSA : C'est ça que je déteste chez toi, tu te fais toujours passer pour une victime... Mais tu caches bien ton jeu avec ta gueule de fouine, j'ai tout de suite vu que t'étais pas nette comme fille... Et j'ai bien fait de me fier à mon intuition... Y'a eu l'histoire avec mon frère qui m'a piqué mon mec que t'as balancée à tout le monde... Ça t'a fait jouir hein ?
- MOI : C'est tout ce que j'avais trouvé pour calmer Fleur de Lys, il fallait bien sauver le spectacle où t'étais la star...
- ALYSSA : Toi aussi t'as voulu montrer que t'étais la star comme moi... tu veux toujours me copier, tu m'envies hein !
- MOI : Tais-toi !
- ALYSSA : Et puis y'a eu ma grand-mère que t'as tenté de me voler... t'es chtarbée comme fille... Un jour tu vas te déguiser en moi tellement tu crèves d'envie... Y'a un truc que t'auras jamais c'est mon mec... Il te plaît bien mon beau Grégoire, tu baves hein ?
- MOI : Ok, je suis d'accord avec toi, on va bien voir qui s'en sort le mieux dans la vie. Tu verras que j'ai rien à t'envier morue !
- ALYSSA : Rien qu'au bac, je vais t'écraser sale truie...
- MOI : Ah ouais c'est ce qu'on verra...

Pendant cet échange subtil à bâtons rompus, toutes nos brebis égarées ont continué à se battre comme des chiffonnières.
- TINA : Fati, attrape la Gothique...
- FATI : Je la tiens par le piercing...
- ASH : Arrachez-le c'est tout ce qu'elle mérite...
- SONIA : Tu veux que je te morde l'oreille, idiote ?

Alyssa siffle alors bruyamment, ce qui fige la bataille. Elle fait signe à ses brebis de s'arrêter et battre en repli... « On n'est pas des sauvages nous, on va vous laminer... mais sur un autre terrain... on verra bien qui aura son bac, je me marre d'avance... allez on se casse ! »

En passant devant moi, Sonia me fait un doigt d'honneur et Rosette la Gothique me montre son œil au beurre noir que je lui ai fait au badminton en serrant les dents.

Alors oui c'est puéril, oui c'est navrant à lire, et surtout oui elle a un peu raison Alyssa... J'envie des choses qu'elle a et que je n'aurai jamais.

Raison de plus pour l'avoir, ce fichu bac... et avec un peu d'honneur ! Il ne faudrait pas qu'elle ait raison jusqu'au bout.

- TINA : On les a bien massacrées hein ?
- FATIMA : Un rouleau-compresseur !
- ASH : Ça m'a fait du bien... Je me sens mieux...
- MOI : Vous êtes vraiment lamentables !

Tina a sa chemise déchirée, Fatima a une griffure sur la joue, et on dirait que Ash a passé ses cheveux dans une machine à laver puis un sèche-linge... LA-MEN-TABLE !

Hier soir, en me couchant, j'ai été prise d'une angoisse terrible. Une prise de conscience brutale...

Je venais de vivre mon dernier jeudi au lycée, et j'allais vivre mon dernier vendredi. Mais c'est dramatique ! Comment surmonter cette horrible réalité ?

Et puis j'ai commencé à penser au bac, à me dérouler minute par minute la chronique de ce marathon... la panique des dernières révisions... les nuits blanches juste avant... l'angoisse du sujet qui tombe et que j'ai oublié de réviser... l'angoisse de la page blanche... la vessie qui me fait perdre une heure sur 4 heures d'épreuve et qui attire l'attention des surveillants sur moi...

D'ailleurs, j'ai fait pipi toute la nuit et je n'ai pas dormi un instant.

J'ai essayé de me raisonner, mais rien ! C'était plus fort que moi... J'étais déjà en train de m'imaginer rater une épreuve... Comment se remobiliser pour la suite quand on se dit que tout est foutu ?

Et puis surtout, le jour J des résultats, comment réagir quand on est seul à ne pas l'avoir ? On nous répète à longueur de journée qu'on le donne à tout le monde... C'est encore pire de ne pas l'avoir dans ce cas-là !!!

L'angoisse se renforce quand le jour commence à se lever vers 5h du matin et qu'on se dit qu'on n'a pas dormi... Qu'est-ce que ça va être quand je serai dans la semaine des épreuves écrites ?

Je suis alors allée dans la chambre d'Émilie... qui est devenue la chambre de la Vieille... puis celle de la Mamie... Depuis que la Vieille y a tout cassé, il n'y reste pas grand chose. Je me suis posée sur le lit... et j'ai retrouvé des odeurs de parfums de la Mamie qui m'ont réconfortée un instant.

Elle aurait su trouver les mots... C'est dans ces moments-là qu'elle me manque terriblement. J'aimerais me blottir contre une maman qui me dirait que tout va bien se passer. Mais la seule que j'ai est toutes celles que je vois dans les séries et que j'agglomère en une seule. Une maman virtuelle...

Je suis arrivée ravagée au lycée...
- ASH : T'as fait la fête toute la nuit ou quoi? Non... t'as fait des folies ???
- MOI : Tu me donnes mal au crâne...

Elle au moins n'angoisse pas. La lucidité, l'anticipation, elle connaît pas... Elle vit au jour le jour naïvement et ne s'en porte pas plus mal... Parfois, j'aimerais avoir un bout de cerveau en moins... comme elle !

Je suis comme chaque semaine aux répétitions de la comédie musicale. Comme à mon habitude, je suis là sans être là, on m'entend mais on ne me voit pas. Je suis une voix de l'ombre.

Jusqu'à ce que...

« Alyssa, mais tu chantes comme une casserole aujourd'hui ! Y'a un truc qui va pas... »

« Sonia, on t'entend pas, t'as une extinction de voix... »

Le prof s'excite dans son coin : « Mais qu'est-ce que vous avez tous aujourd'hui ??? Et la choriste ? Hé ho ? Elle est là ? Elle est où ? Ah bah voilà pourquoi plus rien ne va...»

J'entends mais je n'écoute pas... J'ai la tête ailleurs. Je me demande ce que fait la Mamie, ce qu'elle devient, si elle pense à moi, si elle se souvient de moi.

Je me demande si elle a reçu mon courrier, si elle va me répondre... Chaque soir, en rentrant, je regarde ma boîte en aux lettres qui est désespérément vide.

Cette expérimentation de vie solitaire n'est pas si facile que ça en avait l'air. Oui, je ne dois plus rien à personne... Mais ça me paraît vain de ne vivre que pour soi, surtout quand on sait qu'il y a quelqu'un quelque part à qui on pense et qui peut-être pense à soi.

A l'heure où certains ne pensent qu'à vivre seul, j'aimerais ne pas l'être. A l'heure où certains pensent à larguer leur famille une bonne fois pour toutes pour s'envoler, moi je cherche encore à comprendre ce que signifie le mot famille...

« Laura, mais qu'est-ce que tu fabriques ??? T'es dans la lune ? Les chanteurs t'attendent là...». Le prof vient de me faire sursauter !

Laura... Pffffff !!! On ne connaît pas mon prénom, mais le spectacle ne peut pas avancer sans moi... C'est un comble !

Ça tombe bien c'est l'heure du « blues du businessman », un sentiment de circonstance.

Mon dernier cours de sport de lycée... Mon dernier cours de sport tout court ! Enfin, peut-être...

C'était hier après-midi... et ça ne s'est pas passé du tout comme j'aurais pu l'imaginer.

Il y a plusieurs personnes qui ne m'avaient jamais parlé avant et qui sont venues me féliciter... à leur manière... Un type en particulier...
« Tu t'es bien battue la semaine dernière contre la Gothique, pourtant j'aurais pas parié sur toi... Enfin j'ai pas parié sur toi et j'ai gagné, mais bon tu m'as donné des sueurs froides, tope-là ! »

Je n'ai pas bien compris tout de suite quand il m'a tendu la paume de sa main. Face à mon manque de réaction, il a levé les yeux au ciel... Ce n'est qu'après que j'ai compris qu'il voulait faire ami-ami avec moi avec un rite barbare ringard !

Au final, c'est moi la ringarde... On ne me changera pas.

Ce cours final était l'occasion de nous noter une dernière fois. Une note qui compte au bac.

Au programme ? Une multitude de rencontres entre filles... Un genre de tournoi sans queue ni tête...

Tina et Fatima ont tenté de négocier :
- TINA : Dis Sarah...
- FATIMA : Tu voudrais pas...
- TINA : Nous laisser gagner ?
- FATIMA : Ça nous fera quelques points...
- MOI : Si vous voulez...

Chacun tente de gagner, à sa manière ! Sauf qu'elles ont été tellement nulles, que j'ai fini par gagner en ne faisant aucun effort. Vraiment aucun ! J'y peux rien, quand je vois un volant faut que je tape dedans sans réfléchir.

Puis j'ai dû affronter en match mon amie Ash...
- ASH : Bon, tu sais bien que j'ai pas eu des très bonnes notes en français, alors si tu pouvais me donner quelques points...
- MOI : Ben et moi, tu crois que j'ai eu des bonnes notes ?
- ASH : Je sais que je suis un peu stupide... mais pas à moi ! En tant que déléguée, j'ai assisté aux conseils de classe... Et j'ai bien compris que t'étais pas traitée comme tout le monde... Le Proviseur, y voit que par toi. T'es un genre d'ovni...Enfin bon si tu me laisses pas gagner je raconte à tout le monde que t'as eu des notes incroyables au bac de français...
- MOI : Bon ok tu veux gagner en combien de sets ?
- ASH : Ah, ça y est j'ai mis le doigt sur ton secret... C'est ça qui excite tant les profs hein ?
- MOI : Allez viens, tu vas m'écraser...

Je crois qu'elle a fait exprès de perdre ! Pour pouvoir raconter ça à tout le monde !

La prof était un peu plus active que les autres fois et elle observait de loin les terrains en alternant avec sa revue du jour, probablement palpitante.

En plein match avec une autre fille qui ne savait plus où donner de la tête, quelqu'un est venu me mettre la main sur l'épaule et ça m'a fait sursauter...

« Bon toi, tu vas jouer avec les mecs, là ça sert à rien, je peux pas évaluer ton niveau. »

La prof ! Qui m'envoie en enfer ! A mon tour de passer un sale quart d'heure, et de me mettre à suer sang et eau ! Sans aucune discrétion...
- TINA : Regarde, elle est toute rouge...
- FATIMA : Elle va imploser de l'intérieur...
- ASH : Elle dégouline, c'est dégoûtant...
- TINA : C'est mérité...
- FATIMA : Avec ce qu'elle nous a fait baver...

J'aimerais les y voir ... à ma place !!!

Ça aurait pu se finir comme ça... mais non. Parfois le destin aime boucler ses histoires.

En fin de calvaire, la prof vient m'alpaguer avec sa finesse habituelle :
- LA PROF : Hé toi !
- MOI : Moi ?
- LA PROF : Qui d'autre ? Mais quelle gourde !
- MOI : Bon j'y vais, je suis plus obligée de vous voir, maintenant...
- LA PROF : Écoute ce que j'ai à te dire... T'es douée dans ce sport... J'ai beau détester le badminton, ce sport de gonzesse, t'as un truc...
- MOI : Bon, ok... Vous me l'avez dit la dernière fois.
- LA PROF : Tu mérites une bonne note...
- MOI : Ah merci...
- LA PROF : Un dernier conseil...Écoute pas tout ce qu'on te dit.
- MOI : C'est valable pour aujourd'hui ?
- LA PROF : Laisse tomber ! Allez file !

De retour au vestiaire, ou plutôt juste avant l'entrée de la porte des vestiaires, je vois une revue posée sur une chaise... La curiosité me brûle, je jette un œil rapide...

Un magazine psycho... La page est ouverte... L'article est édifiant : « Comment demander pardon avant de tourner la page... »

A sa manière, je suppose... The End

Point d'espion égaré à la porte hier après-midi, seulement... les deux grosses Cailleras désemparées...
- TINA : Mon daron m'a pris le chou...
- FATIMA : Moi c'est ma daronne...
- TINA : Si on n'a pas le bac...
- FATIMA : Ben ils nous fichent dehors...
- MOI : Et vous venez voir si tata Sarah elle pourrait vous accueillir en cas de catastrophe ?
- TINA : Porte-nous la poisse frangine...
- FATIMA : Mawak meuf, pas question qu'on le rate ce bout de papier !
- TINA : Mon daron, y m'a dit... tu devrais réviser avec une fille comme...
- FATIMA : Comme Sarah... Elle est sérieuse, tu devrais prendre exemple sur elle...
- MOI : Je comprends pas, c'est le daron de Tina qui parle encore ?
- FATIMA : T'as rien dans le ciboulot... c'est ma daronne...
- MOI : Ah, la daronne de Fatima finit les phrases du daron de Tina...
- TINA : Bref on a apporté des réserves...
- FATIMA : Coca pas light...
- TINA : Chips au bacon et au barbecue à la graisse hydrogénée...
- MOI : Et vos fiches ? Vous venez révisez sans fiches ?
- TINA : Ben toi...
- FATIMA : T'en n'as pas ???

Voilà comment s'est terminée la journée... Elles ont pompé mes fiches et mes cours pour les matières qu'on a en commun... Histoire-Géo par exemple... Enfin qu'est-ce je ferais pas pour mes copines... !

Mais qu'est-ce qu'elle feraient pour moi hein ? A part m'envoyer au casse-pipe au badminton la semaine dernière...

Tiens c'est mon dernier cours, la dernière note cet après-midi... Je me demande comment ça va se passer...

Cet après-midi c'est révision à la maison... Dans ma chambre, tapie dans l'ombre !

Je suis plus concentrée que les autres jours, sûrement parce que le moment crucial est imminent. Seuls les hululements de mon Chien m'interrompent.

Je travaille sur des sujets de philo et des plans. Et bizarrement, le meilleur moyen que je trouve pour étayer l'argumentaire, ben c'est ma vie ! Il faut dire que je suis tellement habituée à la raconter. Contempler mon nombril est devenu une spécialité...

Bon je vais un peu regarder celui des autres...

Tiens tiens tiens, encore Kamil et Marco dans la rue, ça se taquine, ça se touche de partout...Mmh heureusement que Yunso n'est pas là pour voir ça !

Ouh la, si si si elle est là, elle les observe discrètement à une cinquantaine de mètres... Ils avancent vers le coin de la rue... elle les suit ! Hé c'est pas la seule à jouer aux enquêtrices... Mais là elle se fait vraiment du mal.

Han, en face... la lumière s'est allumée !!! L'appartement du photographe ! Faut dire qu'il fait tellement sombre aujourd'hui à Paris. Il vient d'arriver visiblement... Et comme il a mis la lumière... je vois tout son intérieur... vide ! Son appart' est aussi vide que mon cerveau pour le bac !

Ah ! CQFD, il s'est pris un petit pied-à-terre ! Pour observer mon immeuble... Mmmh... Il prend son appareil photo, enfin je dirais plutôt son téléobjectif... ouais... il prend pas des photos en fait, c'est ce qu'il fait croire !!! Tout ça, c'est un substitut de jumelles...

Il balade son arme de gauche à droite... Et puis il s'arrête net ! Je vois parfaitement son visage à ce moment-là, il se décompose... L'espion se précipite sur l'interrupteur ! Et le voilà dans le noir...

Mmmh étrange ! En tout cas ça signifie qu'il a fait une faute et qu'il s'en veut ! Quelqu'un l'a-t-il regardé de mon immeuble ?

Décidément... Yunso espionne Kamil et Marco, j'espionne l'immeuble d'en face... pendant qu'un type espionne mon immeuble. Et là, la chaîne se casse car l'espion vient de réaliser que quelqu'un l'espionne en face ! Mais qui ? Où ?

Je dois absolument voir où il dirige son appareil la prochaine fois... A quel étage ?

Mais il ne fera pas l'erreur deux fois... Hmmm je me réjouis d'être plus présente les prochains jours. Vivent les révisions du bac !!!

Zut, on sonne à ma porte... C'est devenu un point de rendez-vous, celui des égarés ? Ou des espions ?

Ashley n'en démord pas, normal c'est son sujet préféré :
- ASH : Moi je sais pas avec qui y aller, au bal... autant te dire que j'ai l'embarras du choix...
- MOI : M'étonne pas...
- ASH : Ça se bouscule au portillon, je peux t'en prêter un si tu veux ?
- MOI : Je fais dans la qualité moi !
- ASH : Toi tu fais plutôt dans le désert affectif...
- MOI : Toi c'est plutôt le métro aux heures de pointe...
- ASH : Mmmh je sais pas si elle est très gentille ta remarque...
- MOI : Alors n'insiste pas... Qui s'y frotte qui s'y pique...
- ASH : Je peux aussi faire dans le genre proverbe... Y'a que la vérité qui blesse...
- MOI : Balaie devant ta porte...
- ASH : Rien ne sert de courir, il faut partir à point !
- MOI : Euh...

Et ça se finit en éclat de rire idiot à la cantine à s'en décrocher la mâchoire. Ce qui n'est pas du goût de tout le monde...

David m'a alors lancé un regard noir, puis, à quelques tables de là, Alyssa et ses deux ouailles nous ont imitées méchamment.

- ASH : Mais qu'est-ce qu'elles veulent celles-là ? Je vais en gifler une...
- MOI : Vas-y, ris...
- ASH : Mais pourquoi ? C'est pas drôle...
- MOI : Ris bien fort !!!
- ASH : Bah vas-y toi...

Je me prends d'un faux fou-rire... qui attire tous les regards sur nous. Ash commence à me suivre... Et le faux se transforme en vrai...

De quoi horripiler le reste de la cantine : rien n'est plus énervant d'entendre rire bêtement à côté de soi sans y être convié... En somme, de quoi mettre à terre tous nos ennemis du jour !

Ah c'est bien vrai ça... la meilleure arme... c'est le rire ! Vrai ou faux... C'est peut-être même le pouvoir absolu. Et l'auto-dérision aussi...

Et ça c'est un truc que je manie bien ! N'est-ce pas ?