Je l'ai attendu, le petit chat... J'avais déjà préparé un petit bol de croquettes dans l'espoir de nos retrouvailles... Après cette journée désespérante, je me faisais une joie de jouer à la « maman » au moins pendant quelques secondes...

Pas un miaulement, pas un bruit, pas de grattouillis à la fenêtre de la cour... J'ai fini par me lever pour aller voir, j'ai ouvert la fenêtre dans la chambre d'Émilie, j'ai attendu...

Pas de signe de mon nouvel ami... Je me suis allongée sur le lit, puis assoupie.

Pendant un long moment.

Il y a 10 minutes j'ai été réveillée par un bruit hargneux de chat, genre bataille de chats de gouttière... Je me précipite à la fenêtre avec un petit espoir... Rien ! Mais alors rien du tout...

Le bruit de bataille entre félins enragés ne vient pas de là... Et en plus ce combat de fond de gorge reprend de plus belle...

De la rue peut-être ? Je vais dans ma chambre cette fois et je ré-ouvre les volets clos depuis 23h... Deux chats hirsutes attirent mon attention et s'enfuient dans un coin sombre de la rue piétonne...

Ce n'était que ça... Je remplis mes poumons de l'air frais nocturne...

Un type passe sous le lampadaire sur le trottoir d'en face. Et rentre quelques instants plus tard dans l'immeuble d'en face...

Il faut bien quelques secondes avant que mon cerveau réagisse et reconnaisse ce visage. Mon cœur se met à trembler. Non... Non, je me trompe... C'est pas lui... C'est la nuit qui trompe mes sens.

La porte cochère se referme derrière lui avec tous ses mystères.

Je claque les volets brutalement. Je referme ma fenêtre malgré la chaleur, je vais vérifier ma porte d'entrée et je boucle tous les verrous.

Je vais m'asperger le visage d'eau glacée. Ai-je eu une vision ? Est-ce que toute cette angoisse que la Mamie a (re)fait naître dans mon esprit me donne des hallucinations ?

Je vais aller me coucher en espérant avoir tout oublié demain...

Les traits du Vieux sont aussi tirés que la dernière fois... Mais mes questions semblent le réveiller et l'énerver...

- LE VIEUX : Qu'est-ce qui te dit qu'on s'intéresse à ton bracelet ? Tu sais bien que j'ai eu d'autres chats à fouetter ces derniers mois...
- MOI : Qui aurait pu venir voler mon bracelet ?
- LE VIEUX : Je croyais qu'il avait disparu lors du cambriolage...
- MOI : Y'en a eu un deuxième...
- LE VIEUX : Ça n'a ni queue ni tête ton histoire...

Et il a disparu discrètement en décembre 2013 (cf post SAMEDI 14 DECEMBRE 16H10 : FOLLE), pile au moment où j'avais retrouvé mon vrai bracelet et je jonglais avec les deux à chacun de mes poignets... J'ai sûrement ré-attiré l'attention à ce moment-là... Et qui étaient les mieux placés pour voir ces bracelets ???
- MOI : Y'a un truc louche dans cette histoire... C'est pas possible que je me fasse piquer deux fois le même modèle de bracelet caché sous mon matelas...
- LE VIEUX : Tu l'as peut-être égaré...
- MOI : Je vous fais pas confiance, ni à votre femme, ni à vous...
- LE VIEUX : Moi non plus... Je crois toujours que c'est toi qui a poussé ma femme dans l'escalier... Mais tu la tenais pour je ne sais quelle raison... C'est pour ça qu'elle t'a jamais balancée... une preuve Sarah... Une preuve que tu y es pour rien.
- MOI : Bah tout votre discours c'est une preuve que vous savez quelque chose...

Voyant la stérilité de tout ça, je préfère partir... et à ce moment-là, le Vieux m'alpague de nouveau... : « Si tu me le ramènes, je pourrai peut-être faire quelque chose pour toi... »

Il parlait du bracelet, non ?

Tout ça renforce mes questionnements en boucle... Est-ce qu'il ne ferait pas tout ça simplement pour savoir qui a poussé sa femme ??? Avec une fausse carotte à la clé ???

Je ne sais plus où j'en suis... Je vais aller acheter des croquettes pour chaton... On ne sait jamais !

J'ai réussi à organiser un rendez-vous parloir avant le transfert du Vieux... Il est temps qu'il crache le morceau !

Le chaton est de retour, il miaule sur mon rebord de fenêtre en pleine nuit !

Je vais le voir et là... je réalise qu'il m'a fait du caca partout... Sûrement mon lait ! Heureusement que j'ai une spécialiste des chats à ma rescousse...

Alors sur ses précieux conseils je lui donne de l'eau, mais ça ne l'intéresse pas... Pourtant j'ai fermé la fenêtre pour ne pas l'effrayer...

Il disparaît... Je rouvre pour récupérer la soucoupe pleine... Il revient... Est-ce que c'est moi qui l'intéresse ?

Je vais aller me balader sur les sites des chats perdus... mais j'aurais surtout besoin d'un sarah.perdue.org...

J'hésite à l'apprivoiser, je pourrais lui faire du mal sans m'en rendre compte, comme avec le lait... ou je pourrais m'attacher...

On n'était pas loin de la fermeture de la boulangerie ! Je le briefe de long en large... sur la baguette à acheter lol ! Je ne l'accompagne pas afin de ne pas éveiller les soupçons... Mais nous restons connectés par téléphone portable... En vrais espions !

Ça tombe bien, David porte une chemise aujourd'hui, avec une poche sur le devant... Un endroit idéal pour mettre un téléphone allumé...

L'expédition commence...
- LA BOULANGÈRE : Bonjour jeune homme...
- DAVID : Je voudrais vous acheter une baguette pas trop cuite...
- LA BOULANGÈRE : Alors... pas trop cuite pour le jeune homme...
- DAVID : J'ai entendu parler aussi que vous aviez un appartement à louer dans le quartier...
- LA BOULANGÈRE : J'en ai même plusieurs et c'est à moi qu'il faut s'adresser...

Quelle menteuse celle-là ! Elle m'avait assuré que c'était son mari qui gérait les locations... Et en plus elle est d'une politesse avec David, du jamais vu. Elle m'a vraiment dans le pif, cette pie !
- DAVID : En fait j'ai entendu parler de l'appartement qui est juste au-dessus, au 3ème étage, il est idéalement placé et j'ai d'excellentes références, mon père serait caution et j'ai hérité de ma mère beaucoup d'argent...
- LA BOULANGÈRE : Quel dommage alors... il n'est pas disponible... On me l'a tout de suite repris ! Je sais pas comment vous êtes au courant d'ailleurs, on n'a pas passé d'annonce...
- DAVID : Vous savez, tout se sait ici, et puis vos appartements à louer ont une très bonne réputation...
- LA BOULANGÈRE : Ah ça me fait plaisir, c'est vrai qu'ils sont très beaux, très bien placés, c'est pour ça qu'ils ne sont pas donnés...
- DAVID : Mais comment le nouveau locataire a fait pour me griller ?
- LA BOULANGÈRE : Ah bah ça... c'est comme vous... il s'est présenté spontanément... Il doit être du coin, je l'ai déjà vu quelque part, c'est peut-être un client... Vous, je vous avais jamais vu avant...
- DAVID : Pourtant je me déplace exprès pour venir acheter vos délicieuses viennoiseries...
- LA BOULANGÈRE : Ce sont les meilleures de Paris ! Bon bah revenez fin août, j'aurai un appartement libre dans le coin... Vous voulez me laisser vos coordonnées ?
- DAVID : Je repasserai, ça me donnera l'occasion de venir goûter à votre très bon pain...

Il a été excellent ! Avec elle, il faut lui cirer les pompes afin de lui tirer les vers du nez.
- DAVID : On n'a pas appris grand chose...
- MOI : Si ! On sait que le nouveau locataire a un lien avec l'ancien... Et qu'il a déjà traîné dans la boulangerie. Je crois que cette histoire est loin d'être terminée...

Mais est-ce que je saurai l'élucider ?

David est arrivé à l'heure... Il faut dire que je n'étais pas prête à le rater... J'observais le banc depuis ma fenêtre au moins une heure avant l'heure annoncée...

Il ne s'est pas tourné vers ma fenêtre avant de s'asseoir... me laissant un premier message silencieux très clair... Il n'est pas content !

Je ravale un bout de ma fierté et je pars l'amadouer afin d'obtenir quelques vérités...
- MOI : Salut toi...
- DAVID : Salut...
MOI : Tu es venu...
- DAVID : Comme toujours...
- MOI : T'as l'impression que je viens jamais vers toi...
- DAVID : Oui...
- MOI : Je suis venu vers toi le jour de la fête...
- DAVID : Pour disparaître ensuite...
- MOI : J'ai disparu moi ?
- DAVID : Je suis revenu te chercher quelques minutes après... Il fallait que je clarifie les choses avant de revenir vers toi... libre... Et tu avais foutu le camp !
- MOI : Je pensais pas que tu reviendrais...
- DAVID : Et puis après, silence total hein...
- MOI : De ta part aussi...
- DAVID : Ben c'est toi qui viens vers moi, puis après c'est toi qui pars... J'ai compris que tu regrettais...
- MOI : C'est pas vraiment ça... Et ta copine ?
- DAVID : C'est mon affaire...
- MOI : Tu pars avec elle à New-York bientôt ?
- DAVID : Je pars seul mercredi prochain...
- MOI : J'avais peur que tu sois déjà parti...
- DAVID : Une gentillesse, une !

Comme les garçons sont compliqués... Moi qui croyais que c'était que les filles qui l'étaient... Mais ce bout de réconciliation a le mérite de détendre l'atmosphère. Il m'a alors raconté que sa mère avant de mourir avait déjà tout organisé... Même le lieu pour dormir ! Elle lui a écrit dans une lettre tous les endroits qu'il doit visiter... C'est comme un pèlerinage en fait. Ça me touche beaucoup... Il me raconte l'heure de son vol sur Air France, l'aéroport d'arrivée, le taxi pour rejoindre Manhattan... Je visualise parfaitement son périple qui va être génial...

- DAVID : J'ai l'impression que ma maman va revivre dans ce voyage... J'aimerais que tu sois avec moi...

Je déglutis, soudainement mal à l'aise. C'est pas que je ne voudrais pas... mais je ne peux pas. Je reste silencieuse. Ce qui recrée un malaise... Je finis pas enchaîner... Je veux des réponses :
- MOI : Tu m'as pas dit pourquoi tu étais allé voir la Mamie...
- DAVID : Je t'ai déjà répondu par SMS...
- MOI : Euh...
- DAVID : Je vois pas de quoi tu parles...
- MOI : Ah ?
- DAVID : Je vois pas pourquoi j'irais la voir, je sais même pas où elle est...
- MOI : C'était pas toi alors ? C'était peut-être son imagination... Je crains que son cerveau ne déraille... Elle m'a parlé de mon bracelet, elle croit que je suis en danger...

Et là notre duo imparable s'est reformé en une fraction de seconde... Sur le terrain des mystères, nous sommes une équipe inséparable, imbattable et intarissable...
- DAVID : Qui savait pour ton bracelet ?
- MOI : Bah le bijoutier...
- DAVID : Ah oui... on l'a toujours trouvé louche... Mais comment il aurait eu accès à ta chambre ?
- MOI : Il y a eu un cambriolage en février 2013... je sais pas...
- DAVID : Les Vieux, ils connaissaient l'existence du bracelet ?
- MOI : Ben oui, je le cachais pas...
- DAVID : Et quand tu t'es fait voler ton deuxième bracelet...
- MOI : Y'a pas eu de cambriolage !
- DAVID : Ils sont peut-être dans le coup Sarah...
- MOI : Ils auraient été plus directs non ? Patienter autant de temps sans rien demander...
- DAVID : Ouais... Comme t'as encore des contacts avec lui tu devrais lui demander...
- MOI : Dis, si je te parle de laser rouge, tu penses à quoi ?
- DAVID : Euh, feux d'artifice, sons et lumières...
- MOI : Non... si je te dis laser braqué sur moi...
- DAVID : Sniper ?
- MOI : Ben oui tu penses comme moi...
- DAVID : Mais c'est peut-être aussi du matériel d'espionnage, des jumelles infrarouge ou numériques, ou les deux...
- MOI : Tu pourrais me rendre un service ?
- DAVID : Ça dépend quoi...
- MOI : Tu pourrais aller m'acheter une baguette ?

Il éclate de rire... La pie n'y verra que du feu !

Plutôt que de ne pas savoir, il me serait facile d'en avoir le cœur net... Je voudrais savoir pourquoi David, si ça se vérifie, est venu parler avec la Mamie et surtout comment il a su où elle se trouve...

Je me décide alors à faire le premier pas... un vrai cette fois-ci... pas comme mon SMS agressif de l'autre jour qu'il a très mal pris.

Je lance donc une bouteille à la mer... « Il y a de la place sur notre banc cet après-midi... »

Dans les quinze minutes, il m'a répondu... « Il sera peut-être occupé vers 18h... »

Petite visite auprès de la Mamie :
- MOI : Vous avez besoin de rien ?
- LA MAMIE : Non de rien à part la liberté...
- MOI : Je suis désolée...
- LA MAMIE : Je sais que je suis responsable de ce qui m'arrive...
- MOI : Pas vraiment...
- LA MAMIE : Tu sais, je préfère être ici, prisonnière de mon appartement... mais proche de ma famille, proche de toi... Plutôt qu'à Triffouilly-les-Oies...
- MOI : C'est où ça ?

Elle a éclaté de rire... Si au moins je peux lui offrir ça !
- MOI : Est-ce qu'il est revenu le garçon de l'autre jour ?
- LA MAMIE : Le garçon... quel garçon ?

Aïe, son cerveau torturé a peut-être tout inventé... Au moins il me permet d'alimenter mon blog...

Entendu chez la boulangère en fin de matinée...
- LA BOULANGÈRE : Ah vous savez les locataires, ça va, ça vient... C'est pas facile...
- CLIENTE : Je vous plains, ça doit être compliqué à gérer tous ces appartements...
- LA BOULANGÈRE : Ah j'envie les braves gens tranquilles qui n'ont pas tous ces soucis...
- CLIENTE : Et c'est la petite Rinaldi, alors, qui part ?
- LA BOULANGÈRE : Pensez-vous ! Elle est pas près de partir la cht'iotte, elle va faire ses études à Paris... Non c'est un autre locataire... Celui du 3ème... Vous voyez ?
- CLIENTE : Mais il est là depuis pas longtemps celui-là...
- LA BOULANGÈRE : A peine deux mois... Ah bah ça, ça nous met en difficulté...

3ème étage ? Depuis moins de deux mois ? Tout coïncide... cf post du LUNDI 2 JUIN 2014 16H20 : MOI PARANO ? La boulangère est la loueuse du photographe !!! Et il vient de mettre les voiles pour de bon...

J'aimerais la cuisiner, la pie boulangère, mais elle ne me dira jamais rien vu notre état de communication...

Et si le photographe est parti, c'est qu'il a peut-être trouvé ce qu'il cherchait ? Et si c'est le cas, ça n'a rien à voir avec moi... Ouf... Ouf ?

Petit dialogue avec la Mamie aujourd'hui afin de m'assurer que tout va bien...
- MOI : Quelqu'un vous nourrit ?
- LA MAMIE : Mon fils ou ma belle-fille... Ils m'apportent un plat chaud à tous les repas... Je ne peux même pas allumer ma gazinière, elle a été débranchée... Et mon four, on me l'a enlevé !

Je n'ose pas lui dire mais c'est peut-être mieux comme ça...
- MOI : C'est quoi les moments que je dois éviter pour pas tomber sur eux... ?
- LA MAMIE : Ils savent qu'il faut pas m'embêter pendant les Feux de l'Amour et comme maintenant ça dure une heure et demie tous les jours...
- MOI : Je passerai vous voir à chaque épisode...
- LA MAMIE : J'ai cherché sans relâche où j'aurais bien pu mettre ton bracelet Sarah... je ne sais plus...
- MOI : Au moins il est en sécurité... bien au chaud, au fond de votre mémoire...
- LA MAMIE : Oui... mais toi tu l'es peut-être pas... Est-ce que tu l'as beaucoup porté ? Est-ce que tu t'es montrée avec ?
- MOI : Je le porte plus depuis longtemps...
- LA MAMIE : Est-ce que tu l'as montré sous toutes ses coutures à quelqu'un ?
- MOI : Oui mais c'était vraiment y'a longtemps...
- LA MAMIE : Est-ce qu'il t'est arrivé des choses étranges après ?

Je cherche dans ma mémoire sans répondre... Oui il s'est passé des choses étranges...
- MOI : Non, rien de particulier...
- LA MAMIE : Tant mieux, j'imagine le pire...

Tout part de ce bijoutier, plus ou moins ami avec Yunso, que j'ai interrogé et qui m'a prétendu que mon bracelet était une copie tout en s'embrouillant... Puis il y a eu sa disparition dans la nature après l'incendie de sa boutique...

Il y a ces deux bracelets qu'on m'a volés... A presque un an d'intervalle... Dans ma chambre en plus ! Sous mon matelas...

Il y a eu cette sensation d'intrusion dans ma chambre la nuit il y a quelques mois...

Et puis je pense à ce faisceau rouge depuis l'appartement d'en face que je me suis pris en pleine face...

- LA MAMIE : Sarah, tu es silencieuse... Parle moi... Je deviens folle encore... Elle est pas là... Je suis Jeanne d'Arc...
- MOI : Non rassurez-vous je suis bien là...
- LA MAMIE, au loin : Je vais me prendre un cacheton, ça ira peut-être mieux...

C'est moi qui devrais prendre un cachet, tout ça me donne mal au crâne... Partagée entre incrédulité et Rocambole !!!