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16 ans, grosse & moche!
27 novembre 2012

MARDI 27 NOVEMBRE 19h50 : BATAILLE SANGLANTE!

Je suis enfermée dans ma chambre et la Vieille est en train de parler avec Rondin. C'est une catastrophe, une guerre nucléaire vient de s'abattre dans ma pauvre existence. La bombe a explosé et c'est moi qui l'ai posée...

Tout s'est dénoué au cours de sport. Athlétisme aujourd'hui, où j'excelle bien sûr. Il y avait Alyssa mais pas Ashley : c'est bien elles alternent. Je ne sais pas comment elles font! En plus aujourd'hui ça ne fait aucun doute, elles n'ont jamais pu se concerter!!

Je pense que tout est parti d'un micro-événement : on n'a pas le droit de prendre son téléphone portable en cours de sport. Mais le délégué de ma classe, le type au jean Diesel, celui qui s'est récupéré ma colle en grosse quantité et qui a payé pour mes bêtises...et bien il a gardé son téléphone aujourd'hui. Il prétendait devoir rester connecté pour notre future fête de fin d'année. Mais il s'est fait choper par la prof et confisquer son smartphone.

Et quelques secondes plus tard, Alyssa qui survivait jusque là, s'est électrisée et s'est jetée sur moi verbalement:
- C'est toi hein? Je viens de comprendre!
- Je vois pas de quoi tu parles.
- Tu me mens tellement mal!
- Va voir ailleurs!
- Tu vas me le payer salope!
La prise de bec se transforme en prise de main et de bras : elle me pousse, je me recule passivement (ce qui est un aveu en soi).
- Tu vois tu réagis pas! T'as foutu en l'air mon amitié avec Ashley!
- N'importe quoi!
- Le téléphone, mon vieux téléphone! Le cinéma quand Ashley était malade, il n'y a que mon vieux tel qui peut garder une trace de ça...
J'ai haussé les épaules, l'air complètement coupable.
- Je vais te faire ta fête!
Elle revient sur moi et me tape, je me défends et ça se transforme en pugilat de filles qui agitent les mains. Un garçon vient nous séparer avant que la prof puisse remarquer quoi que ce soit.

Les différentes activités nous séparent enfin...mais elle continue à fixer son regard sur moi et je commence à avoir peur. Je réalise que ce n'est peut-être que le début. Mais je dois me consoler, si elle avait été plus intelligente elle aurait compris tout de suite que la fuite ne pouvait venir que de mon arme fatale. Son vieux tel mal nettoyé!

Quand je commence le javelot j'entends des insultes derrière : « je vais le tuer le boudin, elle va pas s'en sortir comme ça, je vais la griller au barbec, la rôtir et confire sa graisse. Je vais la rendre encore plus moche! Déjà que c'était pas pensable d'être aussi moche! »

Toutes ces agressions dans sa bouche concentrées en quelques mots me font monter les larmes et je lance mon premier javelot. Au loin quelqu'un se met à crier! Un blessé? Non la prof s'extasie sur un javelot, typique prof d'EPS ça. Elle sort son mètre, surexcitée! Deuxième lancer et la cinglée derrière moi repart dans ses élucubrations : « elle voulait voler un bracelet, c'est une voleuse. Mais ça m'étonne pas, je connais sa petite histoire, c'est une pouilleuse sans famille, une pauvre orpheline, ça je vais le dire à tout le monde »

Les larmes reviennent, je serre mon javelot avec colère et je me retourne vers elle qui me regarde victorieuse, elle me nargue, je ne lâche pas mon javelot. Dans cet instant je m'imagine lui envoyer mon javelot dans la tête et je l'imagine embrochée. David fait tomber mon javelot en douceur. Mais ma colère ne descend pas et je me jette sur elle, on tombe toutes les deux dans le sol humide.

Commence une bataille interminable de tirage de cheveux, de claques, de tirage d'oreilles. Le public du cirque applaudit et nous encourage dans notre rage. Un instant, je prends le dessus. Pour la première fois de ma vie, je domine quelqu'un.

La prof vient interrompre cette honteuse bataille avec un sifflet et nous demande d'aller chez le Proviseur en fin de cours.

Le bilan physique est déplorable : de la boue sur le jogging, des bleus, des griffures, les cheveux en éventail. Et une honte profonde de m'être donnée en spectacle.

Sur le chemin du retour, nous étions toutes les deux séparées et surveillées à chaque pas par la prof au milieu comme un fossé qui empêche artificiellement la reprise des hostilités. Elle jouait le rôle d'un arbitre dans un combat de boxe. Ou un combat de catch. J'ai encore toute la même haine en moi, mais il n'y a plus de rage physique. Je pourrais me dire que j'ai bien fait, que je me suis défoulée.

Mais le prix de cette guerre va dépasser tout ce que je redoutais : l'école va savoir que je suis une pauvre orpheline, en plus d'un physique bien ingrat ou gras tout court!

La prof, en nous déposant à 16h30 au bureau du Proviseur a conclu sobrement cette journée : « vous devriez employer autrement votre énergie! Tiens aujourd'hui quelqu'un a battu le record de javelot de tous mes cours. Hors limite! Prenez-en de la graine mesdemoiselles »

Ben si elle savait... que c'est moi qui ai envoyé le javelot sur la lune. J'ai honte encore une fois.

Le Proviseur n'était pas là, la secrétaire nous a donné un autre rendez-vous et nous a assuré que nos parents seraient prévenus. Moi je m'en fous... Personne à prévenir, personne à décevoir.

Le petite Aly, chouchoute princesse de ses parents, va boire la tasse.

Sur le départ, on s'est échangé quelques amabilités :
- Je vais te faire la misère, boudin!
Il était hors de question que je retrouve ma furie, mais une phrase spontanée est sortie de ma bouche :
- T'as vu de quoi je suis capable! Et pas que physiquement.
Ça l'a calmée, elle est repartie penaude. Oui, je lui avouais enfin que j'étais coupable de la dénonciation...

Quand je suis arrivée à la maison, la Vieille avait été prévenue par la secrétaire, elle m'a hurlé dessus, bien sûr, et m'a avertie de la réaction du Vieux, « seul soutien pour moi dans ce foyer ». Elle s'est empressée de déblatérer au téléphone auprès de Rondin dans les minutes qui ont suivi, victorieuse!

J'ai eu le temps de coucher tout ça dans l'ordi pendant son appel à l'assistante sociale.

Elle a raison, je n'ai plus aucun soutien.

Le Chien est venu se poser à mes pieds. Mon téléphone, objet du démon, m'indique 6 SMS. C'est David.
« Je ne te connaissais pas sous ce jour! Championne de javelot et de catch»
« Ce qu'elle a dit la peste, peut-être tu m'en parleras? »
« On déjeune demain? »
« Rassure-moi que tu vas bien. »
« S'il te plaît fais-moi un signe. »
« Je vais t'aider pour le bracelet ok? Promets moi de pas recommencer »

Il m'a sauvée quand il m'a poussée à laisser tomber le javelot...

Je vais pleurer toute la soirée, voilà un bon programme.

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