Comment la Mamie s'est-elle retrouvée dans ce fichu parking ? Y-a-t-il un parking qui communique officiellement avec mon immeuble ? Pas le temps de me poser toutes ces questions ! La Mamie est en train d'agiter au loin son bras et de me faire coucou le plus innocemment possible !
David est juste à côté de moi. S'il la voit, il va tout de suite me saborder, et elle avec ! Ma chance du jour est qu'elle s'agite... dans son dos !!!! Il ne le voit pas encore, mais il peut l'entendre.
Dans ces moments-là, il faut trouver une diversion, même la pire... celle qui va finir par se retourner contre moi au final. Mais aux grands maux les grands moyens. J'attrape la main de David, chose que je ne fais jamais !!! Je ne suis pas très tactile... et ça vous le savez. Ce geste le fait sursauter, il me fixe... Je dois maintenant trouver une histoire plausible pour accompagner ce geste sorti de nulle part...
- MOI : David, j'ai de la chance de te connaître...
- DAVID : Mais moi aussi...
- MOI : Grâce à toi, j'ai enfin découvert où menait cette porte...
- DAVID : Ça te sert à quelque chose ?
- MOI : Peut-être que le Vieux sortait son cannabis par là...
- DAVID : C'est plausible... Mais je vois toujours pas à quoi ça te sert... En tout cas, ça me plaît de t'aider... ça me plaît... que tu... me... prennes la m...
Oups... Il finit par rapprocher son visage du mien en me fixant dans les yeux. Gloups... Il rapproche sa bouche...
Mon dieu, il n'a pas oublié ce baiser manqué, et pourtant ça a failli nous éloigner une bonne fois pour toutes... Et là il recommence... Je lui tends en retour... ma joue ! Et je lui fais la bise des 2 côtés, en « bons potes ».
« Merci mon David, je t'en dois une, allez je te raccompagne... »
Il a tenté de prolonger par un dîner, un jogging, un ciné mais j'ai prétexté une dissert' urgente. Ouf...
Je le ramène dans l'appart', je le fous dehors et je reviens dans le parking, la Mamie a disparu... C'est normal, elle n'a pas dû comprendre pourquoi je la snobais. A cette occasion, je découvre qu'en fait c'est un parking public, ouvert librement sur l'extérieur. Je retourne dans la cave en me demandant comment elle a fait pour passer de l'un à l'autre... Personne...
Ça y est, elle s'est échappée pour de bon...
Malheur ! Désespérée, je vais la chercher dans la rue... nada. Cauchemar, me dis-je alors... je fais tout pour la garder avec moi et ça la conduit dehors...
Je rentre dépitée dans l'appart'... et je la vois sortir des toilettes !!!
« J'avais trop envie de faire pipi alors je suis sortie, c'est tout ce thé japonais que j'ai bu à midi... »
J'en aurais pleuré de soulagement.
« J'avais vraiment envie... et puis je me suis perdue en sortant de la cave... je me suis retrouvée dans un parking... et j'ai cru te voir, mais j'ai dû me tromper... mes yeux, je ne leur fais plus trop confiance... »
Je l'ai prise dans mes bras et ça l'a rassurée.
- MOI : Je crois que j'ai trouvé une solution pour que vous sortiez librement sans vous faire prendre...
- MAMIE : Ça serait formidable...
Effectivement, ce parking est une porte de sortie idéale... Il donne sur l'allée derrière l'immeuble. Une allée bien discrète de l'autre côté du quartier vivant dans lequel je vis. En passant par l'escalier de service condamné, elle va se retrouver directement dans le parking qui mène à l'allée... C'est un peu glauque comme trajet, mais c'est un moindre mal. Toute liberté a un PRIX...
Et c'est l'idée secrète que j'avais en tête -sans trop y croire- en explorant cette porte, trouver une sortie de secours pour la Mamie enfermée « à l'insu de son plein gré ». J'imaginais que ça menait aux caves de mon immeuble, voire aux égouts ! Il y avait surtout tous les indices qui laissaient penser que le Vieux utilisait ce passage désaffecté pour son trafic de stupéfiants et donc que ce passage était discret et menait bien vers l'extérieur... Bingo, je pouvais pas rêver mieux.
J'espère en tout cas que personne ne l'a vue quand elle est revenue dans l'appart' comme une fleur...
Pour conclure cette journée spéciale Feydeau, j'ai reçu un SMS de David : « Laisse-moi passer une soirée chez toi le week-end prochain... »
Finalement la leçon du jour c'est que cacher la vérité est un combat de tous les instants, épuisant et usant, et qui a un PRIX à payer sans crédit, cash, le jour même...
Finalement, on en revient toujours à la même devise : Liberté, Vérité, PRIX A PAYER... Pfffff