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Elle m'a traînée dans la fameuse pièce du fond à gauche. La pièce qui équivaut à la pièce secrète de mon appartement, quelques étages en dessous.

Je n'ai jamais appris grand-chose à cet étage jusque là, à part le diplôme de la mère qui me donnait aussi son deuxième prénom mystérieux qui commençait par un S (cf post du 14 avril). J'avais découvert que malgré mon espoir son deuxième prénom n'était pas Sarah mais Sophia. Je rêvais qu'il y ait une autre Sarah dans l'immeuble et un autre destinataire des tarots.

Surprise...les meubles ont bougé dans ce bureau depuis la dernière fois. Et je remarque immédiatement une énorme trappe d'aération qui était sûrement cachée par un des meubles la dernière fois.

Mmmh ça relance l'idée que l'odeur pestilentielle de ma chambre pourrait venir de cette pièce du fond à mon étage...

Malheur ! Jessica a disparu et quand je la retrouve elle a piqué le fard à paupières bleuté de sa mère !!!! Et elle l'ouvre devant la trappe d'aération qui aspire tout. Ouf au moins il n'y aura pas de ménage à faire. C'est pratique...

J'entends la mère mettre la clé dans la porte. En une fraction de seconde, Jessica disparaît et va se coucher. La petite maline, elle veut faire croire à sa mère que quand je suis là elle est bien sage.

Je retrouve la mère dans le salon :
- Hi Sarah ? Tout s'est bien passé ? Elle dort ?
- Je viens de vérifier, elle dort ou elle fait semblant.
- Easy night ?
- Euh un peu moins que d'habitude.
Je ne veux pas non plus lui avouer que j'ai complètement perdu le contrôle.

Et là, la mère Lawson fait une remarque pertinente : « Il y a comme un brouillard dans l'appartement non ? C'est moi qui ait trop bu ? »

Elle a raison, il y a une chape poussiéreuse qui n'était pas là... Mmh mais d'où ça vient ?

La mère se balade dans l'appartement et confirme cette impression, tous les meubles sont enduits de poudre...bleue. Elle va ensuite vérifier dans la buanderie (à mon étage c'est la pièce de ma chambre!!!!) et là elle découvre cette trace bleutée sur ses draps tout blancs.

Je jette un œil, je vois une trappe qui est au même emplacement que dans ma chambre. La fenêtre de la buanderie est ouverte.

« Est-ce que ça vient de dehors ? Ou bien du dedans, the inside ? Sarah ? Une idée ?»

J'ai fait mine de ne pas savoir. Mais j'ai vu naître un doute suspect dans l'œil de la mère.

Adieu babysitting ! Peut-être sans regret... c'était trop dur ce soir.

Et je repars avec une info ferme : quand la fenêtre de la buanderie est ouverte, ça a l'air de créer un appel d'air du système d'aération de bout en bout. Hé oui, tout le monde l'aura compris le fard à paupières bleuté jeté par Jessica dans la trappe s'est retrouvé partout, et surtout dans la buanderie.

L'odeur pourrie que je sens dans ma chambre vient bien de la pièce secrète du Vieux ! Et quand j'ouvre la fenêtre c'est pire !!!!

Raison de plus pour savoir enfin ce qu'est cette odeur...

Une bêtise de Jessica très utile en somme !

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Jessica est surexcitée, fait tout l'inverse de ce que je dis. Elle montre une face d'elle que je n'aime pas du tout. Elle est en pyjama et déjà lavée. Mais elle est de nouveau toute sale.

Je la suis à la trace dans toutes les pièces où elle va car je crains qu'elle se fasse mal ou même qu'elle se blesse.
J'ai dû l'empêcher de :
- prendre une casserole dans la cuisine.
- renverser la poubelle recyclable dans la cuisine.
- renverser la télé dans le salon : c'est un magnifique écran plat HD tout neuf.
- renverser une chaise sur la télé.
- renverser un vase sur la table basse.
- uriner sur la moquette du salon.
- mettre sa main dans les toilettes.
- boire l'eau des toilettes/
- mettre le rouge à lèvre de sa mère sur les murs puis sur elle.

Je sais plus quoi faire. Ce babysitting est un cauchemar.

Encore un babysitting épique. Je suis arrivée à 20h. Jessica était en train de dîner. Elle m'a sauté au cou. Mais passé la joie des retrouvailles, elle s'est inquiétée :
- Where is your doggy ?
- My dog ? Oh he is sick, ill, disease. Broken bone.
- Ohhhhhhhhhhhhh poor doggy.
Bien me voilà débarrassée... !

Hé bien non, car une minute plus tard, la voilà qui me relance :
- I want your doggy !
- No he is sick, broken, kaputt !
Voilà que je parle allemand. Le seul mot que je connaisse.
- Let me take care of your doggy. I've got good medicine.
- No he is sleeping.
- Wake him up !
- No he is sick.
- I want to see him !!!!!!!
Elle a répété ça dix fois avant de se mettre à chialer. Elle ne m'avait jamais fait une crise pareille.

La soirée s'annonce bien. Il est 20h15 et la mère vient de partir. Je dois gérer la caractérielle toute seule. Je sais que la solution serait de ramener le Chien. Mais il doit rester tranquille, ordre du véto.

Message de la maman Lawson cet après-midi sur mon phone : du babysitting pour ce soir, super ! Ça faisait longtemps et je commençais à croire qu'elle ne voulait plus de moi.

Ça tombe bien, mes caisses sont vides.

En revanche j'ai peur pour mon pauvre Chien. Il n'est pas en état d'être maltraité par Jessica. Je vais peut-être le laisser à la maison.

J'ai déjeuné avec mon ami David et je n'ai pas pu m'empêcher de mettre les pieds dans le plat face à son manque d'appétit :
- Tu manges rien, t'as pas l'air bien.
- Oui mais ça va passer. C'est rien.
- T'es sûr ?
- Oui je suis sûr que c'est rien.
- C'est quoi alors ?
- Mais tu veux tout savoir ?
- Euh...non...
- C'est une gastro Sarah, j'ai passé la nuit aux toilettes. Ça te va ?
- Ah oui ça me va très bien. Ça me fait plaisir.
- Hein ?
J'étais très sérieuse en disant ça. Je ne voulais pas lui montrer que je n'avais pas confiance. Mais le mal est fait. Quelques bouchées silencieuses plus tard, son visage s'éclaircit :
- DAVID : Ah ça y est j'ai compris pourquoi t'étais inquiète...
- MOI : Mais j'étais pas du tout inquiète.
- DAVID : Si si t'étais inquiète que j'aie repris la beuh.
Je me tais le nez dans mon assiette. Il semble adorer ça :
- DAVID : Tu sais pas mentir, t'as même pas besoin de parler.
- MOI : Mais mentir sur quoi ?
- DAVID : Je kiffe quand tu t'inquiètes pour moi. Tu m'as mis de bonne humeur. Mais cette fois-ci je te promets que tous mes problèmes sont seulement dans mon ventre.
Et là son ventre a émis un énorme gargouillis bruyant. Je suis restée toute gênée. Il a ri puis moi aussi.

Voilà un malentendu vite dissipé.

David est arrivé ce matin avec une tête de déterré. Mes suspicions de « vieux démons » reprennent le dessus. Depuis la rentrée je n'ai plus mes petits messages quotidiens de « sobriété ».

Ashley et Alyssa passent désormais leur temps à se chamailler :
- ASHLEY : Tu me fais la gueule ?
- ALYSSA : Oui.
- ASHLEY : Pourquoi ?
Et l'autre ne lui répond pas. Hum j'aimerais bien savoir ce qui se passe dans leur amitié modèle. Mais je repense à la méfiance d'Alyssa lors de la conversation que j'ai entendue par mégarde (cf post du 13 mai). Et mes petites insinuations de l'ascenseur y sont peut-être pour quelque chose.

Alyssa doit lui mettre la pression pour que son idiote de sœur jumelle crache n'importe quel morceau suspect. Et même si l'instigatrice n'est pas sûre qu'il y ait un morceau à cracher. Mais je sais moi qu'il y en a un gros, assez indigeste.

Le spectacle « Notre-Dame de Paris » aura lieu fin juin, une bonne occasion de revenir au lycée après le bac, chouette ! Et j'ai comme l'impression que ma prof préférée va m'en faire baver jusqu'au bout. Car elle vient de se réveiller avec de la haute pression... alors qu'elle est plutôt ultra zen en général.

« Il faut qu'on voie que les sous du Proviseur n'ont pas été jetés par les fenêtres !»
Je ne lui pas coûté cher en main d'œuvre en tout cas.

« Pas question qu'on ne voie que les chanteurs, je veux qu'on voie les décors aussi »
Pas sûr que j'aie envie que nos spectateurs se croient à Shanghaï... (cf tous mes posts du jeudi...)

« On va se retrouver tous les jours comme les cours s'arrêtent fin mai »
Parle pour toi ! Et le bac ?

« Lumière sur les coulisses, voilà ce que j'attends de vous tous ! »
Vous tous ? On est 4, moi sur les décors et les 4 geeks sur la lumière et le son. On aurait dit un plaidoyer politique devant une salle vide.

Elle a malheureusement eu des nouvelles idées pour moi pendant ses vacances :
« Trop de toits tue le toit ! »
« Le toit est mort, vivent les égouts. C'est romantique à souhait. »
« Le cimetière aussi serait un endroit parfait pour cette horrible chanson entre Esmeralda et Quasimodo »
« J'ai eu une révélation dans un rêve : une tombe qui se transforme en passage secret »

Décidément elle doit avoir encore beaucoup d'argent à dépenser... Ou bien elle a mangé du lion pendant les vacances. Elle me fait paniquer... Help, sortez-moi de Notre-Dame ! C'est un piège.

ELLE n'est donc pas parfaite... elle aussi a de l'égo, veut en mettre plein la vue, ne fait rien pendant 6 mois et se réveille à la dernière minute. Je croyais qu'elle venait d'une autre planète. Mais non, elle est bien humaine.

En début de cours d'arts plastoc, la prof fait une grande annonce : elle lit une liste de noms de gens qu'elle a besoin de voir en fin de cours. Et je suis dedans... le Tatoué aussi. On doit être une petite dizaine. Et elle garde le suspense pendant tout le cours.

Ça m'a déconcentrée et j'ai fait n'importe quoi. On était censé marier plusieurs techniques. J'ai décidé de faire une sculpture et une peinture. La sculpture étant au centre de la peinture posée à plat sur des tréteaux.

J'ai commencé à peindre, puis à sculpter... mais j'ai trop appuyé sur la sculpture et elle a fini par crever la toile de la peinture avant de s'écraser à terre en mille morceaux.

Commentaire de la prof : « Ce sont les aléas de l'art, la preuve que l'art ne sait pas être immortel »

Commentaire du Tatoué à sa copine gothique : « Enfin on se rend compte qu'elle est nulle ».

En fin de cours, la prof fait sa révélation, toute excitée : « Si je vous ai convoqués c'est pour avoir votre autorisation et aussi votre aide : vos œuvres vont être exposées à notre gala annuel ». Ah ce n'est pas une mauvaise nouvelle. Mais bon ai-je envie qu'on commente mes croûtes du mercredi ?

Commentaire du Tatoué : « Je pense que c'est moi qui vais avoir le plus d'œuvres comme l'année dernière ! ». Quel prétentieux celui-là.

La mauvaise nouvelle c'est qu'il ne me reste plus que deux cours avec cette prof excentrique que j'ai beaucoup aimée. Un petit goût de fin, déjà.

J'avais rendez-vous chez le CPE ensuite pour une énième conversation sans intérêt qui doit pouvoir justifier son salaire...
- Alors Sarah, prête pour le bac ?
- Ché pas. Dites, comment on sait quand on est amoureux ?
Lui qui semble n'avoir peur de rien et avoir un avis sur tout, le voilà à poil ! Il est embarrassé et n'a pas de réponse toute faite. Je me demande même s'il est pas en train de rougir. Du coup j'insiste :
- C'est quoi l'amour ? C'est quoi la différence entre un coup de foudre et l'amour ?
- T'as pas de philo cette année Sarah, c'est le bac anticipé, c'est Sciences et Français...
- Est-ce que vous pensez que l'amour existe quand on a seize ans ?
- Pense à ton bac Sarah sinon tu vas dans le mur et vu tes notes...
Il a pas dû voir mes dernières notes...
- Et la différence d'âge vous pensez que c'est possible ?
C'était le coup de grâce, il n'arrivait plus à parler à part bredouiller tout et n'importe quoi. Ça le gêne tant que ça de parler de ça ? Je suis déçue.

En tout cas j'ai trouvé un nouveau moyen de rabattre le caquet des trop bavards : après les larmes dont j'ai bien abusé, il y a « la question qui tue et qui embarrasse...». Mmmh je dois réfléchir à cette nouvelle parade !

Ça me fait penser à la pub pour le lait : « Papa, comment on fait les bébés ? » LOL

Ben oui, vous vous en doutiez, la dispense de sport n'aura pas tenu face au beau Grégoire, mmmh.

J'ai bien été transférée chez les « bébés nageurs » de nouveau. Mais la situation se complique, car Alyssa est encore là et plus que jamais. D'ailleurs l'alternance en cours de sport (cf posts du 2 avril -9 avril 16 avril) n'a plus lieu car Ashley est aussi de la partie, mais elle est restée dans le grand bassin...

Et visiblement, Alyssa souhaite marquer son territoire : « Grégoire, tu peux me réexpliquer », « J'y arrive pas, viens m'aider », « J'ai peur toute seule », « Ouh je me noie », « Aide-moi à bien faire les mouvements ». Même si j'ai été atteinte par la même cruchitude ces derniers temps, je n'en suis pas là...

Au début j'ai pris le parti de faire l'adulte, la bonne élève pour me démarquer d'Alyssa. Grégoire n'a donc pas arrêté de me féliciter : « Ça y est, tu sais nager la brasse, t'as plus besoin de moi, et sur le crawl tu es vraiment bien partie. Je suis très fier de toi ». Je pouvais pas m'empêcher de me noyer dans le bleu de ses yeux quand il m'encourageait comme ça.

Mais le revers de la médaille est qu'il ne s'occupait plus de moi, seulement de la grande comédienne Alyssa. Il n'y en avait plus que pour elle et mes camarades « bébés nageurs » commençaient à jaser :
- Elle va y arriver la pute...
- Ouais t'as raison, il va se la taper...
- Elle l'allume comme un briquet !
- Et il s'enflamme comme du gaz...
Je ne peux pas accepter ça...

« Aïe aïe aïe, j'ai trop mal » puis « Comme j'ai mal, ouh je souffre ». Non ce n'est pas Alyssa mais la seule parade que j'ai trouvée. Mais je joue beaucoup moins bien qu'elle. Et ma fausse comédie a fait marrer les autres « bébés nageurs ».

Même Grégoire n'y a pas cru, il n'est pas venu me sauver. Bon faut dire que juste avant les vacances, j'avais déjà bu la tasse et pour de vrai !

Ma comédie à 2 euros n'a pas du tout pris la tournure que je pensais... Les « bébés nageurs » sont venus me voir, j'ai cru qu'ils allaient me dézinguer... :
- T'as vraiment raison, elle est exactement comme ça la pétasse!
- Ouais tu l'imites bien, l'allumeuse... elle le chauffe à blanc exactement comme ça!
Ils n'y ont tellement pas cru qu'ils ont pensé que je me moquais d'Alyssa. Ouf j'ai au moins sauvé ma réputation...

Mais ils n'ont pas été les seuls à mal décrypter ce que je voulais faire. Alyssa m'est tombée dessus :
- Toi la grosse, viens pas te foutre de ma gueule, tu sais que tu pourrais le regretter !
- T'es trop grotesque !
- En tout cas ça marche et c'est ça le principal...
- Lâche-le, il s'en fout de toi de toute façon...
- Mmmh ça m'étonnerait, intuition féminine... tu sais, contrairement à toi je m'y connais en garçons.

Je bouillais et j'ai failli lui sortir quelques armes cachées. Mais le sifflet de la prof qui sonnait la fin du cours pour tout le monde est venu mettre un terme à ce terrain dangereux.

Fin de la bataille. Pour aujourd'hui.