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16 ans, grosse & moche!
28 janvier 2013

LUNDI 28 JANVIER 21h05 : QUELLE SALADE !

La Vieille, de plus en plus maigre (ou bien c'est moi qui suis de plus en plus grosse), commentait lors du dîner (enfin de l'apéritif végétal) « le mariage pour tous » et la manif d'hier, et visiblement elle n'est pas sur la même longueur d'ondes que son mari :
- Tous ces ramassis de perversion...
- Mais laisse-les tranquilles, laisse-les vivre tranquille, ça changera pas ta vie...
- Toujours ton laxisme, on sait où ça nous a menés...
- Y'a aucun rapport...
Puis quelques minutes plus tard :
- La race humaine est pourrie jusqu'à l'os et ça, ce truc-là, ça va tuer la race humaine !
- Qu'est-ce que tu racontes comme conneries...
- Et ta connerie alors ? Ta fille hein ? C'est une connerie aussi ?
- Ta gueule...

Elle est montée en pression, en mode cocotte minute, et lui a balancé la salade verte à la figure. Tant mieux pour lui elle n'avait pas mis de sauce dedans évidemment. Elle est partie chialer dans la chambre secrète, puis il est allé grogner dans son bureau.

Je me suis dit chouette, je mangerai pas de salade ce soir. Puis je me suis dit mince, qu'est-ce je vais me mettre sous la dent ?

Le Chien est venu inspecter la salade, mais n'en a pas voulu. Alors si lui n'en veut pas...

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28 janvier 2013

LUNDI 28 JANVIER 13h45 : DÉJEUNER DE FORTUNE...

David m'a relancée pour l'addicto-machin, j'ai dit oui face à ses grands yeux de cocker, voilà je suis dans la panade... Alyssa a bien séché l'atelier « décors » la semaine dernière mais elle devait déjà avoir magouillé son transfert au pays des stars. Voilà mon guet-apens de la semaine.

David ne mange plus à la cantine ces derniers temps et du coup j'ai pas l'occasion de recréer cette courte habitude avec lui. Aujourd'hui j'ai dû m'asseoir seule, à une table pleine de Terminales, et je n'avais pas vu qu'à l'autre extrêmité il y a avait le Tatoué et sa copine Gothique. J'ai senti les regards se déplacer sur moi à un moment alors que parallèlement mon cou se tordait à 180 degrés dans le sens inverse pour oublier que j'étais là... mais j'ai l'ouïe fine et c'est mon problème... :
- Elle va se faire un torticoli !
- C'est pour ça qu'elle a le cerveau tordu, c'est une contorsionniste !
- Une supercherie oui !
- Tout ce qu'elle fait c'est nul et l'autre foldingue adore !
- Entre tarées...

Mmmh sympathique. Ce qui m'a choquée le plus c'est leur opinion sur la prof, le Tatoué est bien ingrat car elle l'idolâtre... mais c'est sa deuxième année avec elle et peut-être qu'il n'est plus au sommet de sa gloire ???

Pendant ce temps-là je me gavais de fromage, de pain et de beurre sans m'en rendre compte. Mais comment ces choses ont atterri sur mon plateau ? Je me souviens pas...

En revanche je me souviens bien des conseils de Jany « les bons tuyaux » il y a quinze jours : « manger un peu de tout de façon équilibrée » puis les conseils de Saeunn13 : « ne te prive pas de féculents ». En résumé du solide et du très varié, ce que je traduirais par : des pizzas aux frites, des pâtes bolo (à gauche) et carbo (à droite) et enfin du riz au ketchup avec la quiche aux 5 fromages. Je suis parée !!

Bon sur le coca les avis sont partagés... mais comme dit Saeunn13, chaque chose en son temps.

Il y a toutefois un sujet non abordé jusque là, depuis que je n'ai plus ma table solitaire et protectrice, je mange avec un lance-pierre, surtout quand à trois mètres de moi des pignoufs sont en train de me tailler un costard et sans aucun scrupule. Aie ça va pas aider...

28 janvier 2013

LUNDI 28 JANVIER 11h40 : PETITE FILLE DES MONTAGNES

Bon je l'avoue je me sens un peu coupable d'avoir baladé ma pauvre AS, la mère Rondin. Parce que, quand je ferai le bilan de mes 16 premières années, il ne restera qu'elle. Cette petite bonne-femme est ma famille. On va pas dire qu'on est proche, et même si je n'ai jamais senti de tendresse entre nous (interdit par son travail j'imagine), j'ai toujours lu du respect, et... comment dire, un a priori positif... oui c'est ça, elle croit en moi et c'est la seule !

Et enfin, cette nuit, j'ai rêvé cette que j'étais Heidi en Suisse : je gambadais pieds nus dans les verts pâturages et mon bracelet était un cadeau de mon grand-père, juste avant que je sois enlevée par... la mère d'Alyssa qui souhaitait revoir toute mon éducation à la ville. Et du coup mon seul ami devenait le Chien... qui m'a réveillée à ce moment là en me léchant la main. Puis impossible de se rendormir, le Chien ronflait, et... pétait. J'ai dû ouvrir ma fenêtre en plein hiver.

Pas glamour la vie d'Heidi et puis surtout où sont Peter et Clara ???? Je vois pas la suite de l'histoire là. La Suisse, c'est un cul-de-sac en fait !

27 janvier 2013

DIMANCHE 27 JANVIER 22h15 : MULTI-VERSIONS

David, mon nouvel ex-ami m'a confirmé qu'il avait pris rendez vous jeudi à 18h. Chouette... Non j'ai atelier... si je pouvais choisir, je l'accompagnerais plutôt que de faire des vitraux et des toits de Paris. Mais comment échapper à cette punition officielle sans finir dans le bureau du Proviseur puis d'un psy choisi par Rondin ? Et David, si je lui réponds que je ne peux pas, il va croire que je le fais exprès après tout notre chaos de ces dernières semaines.

Bon, en attendant, je vais faire un mail à la mère Rondin et lui dire rien que la vérité, toute la vérité, je le jure.
« Bonjour Mme Rondin
Je voulais vous dire que tout va bien, que j'ai des bonnes notes dans toutes les matières, que la vilaine fille qui m'a attaquée sans raison se prosterne devant moi à chaque fois qu'elle me voit, et que le CPE m'a évité 10 ans de thérapie chez un psy grâce à ses remarques pertinentes et positives. J'ai désormais un moral d'acier pour résister à l'adversité. Je me trouve belle et j'ai perdu 10 kilos... »

Non non n'importe quoi, rien de tel pour se faire choper. Bon à moi d'être subtile maintenant.

« Bonjour Mme Rondin
Je voulais vous dire que ça va mieux. J'ai quelques bonnes notes en Français et en Arts plastiques, mais le sport reste un traumatisme pour moi. A chaque fois, je me fais huer et je reviens avec des bleus partout et je finis à l'infirmerie. Le CPE m'aide beaucoup à accepter ma mochitude et ma grossitude... »
Re-non, tu t'emballes ma pauvre Sarah...

« Bonjour Mme Rondin
Je voulais vous dire que ça va un peu mieux. J'ai quelques bonnes notes en Français mais sans plus. La moyenne comme d'habitude quoi. Mais je fais le maximum. La tension avec la fille s'est calmée même si elle continue à me regarder de travers et à me faire peur. Je vois le CPE tous les 15 jours, c'est très utile et je me dis que je fais des progrès. Je pleure beaucoup et ça me fait du bien. Peut-être grâce à lui. Bon je suis très grosse, toujours, mais il m'encourage à m'accepter comme je suis. »

Voilà c'est parfait. Un gros mensonge dans un océan de vérité, y'a pas mieux. Quoi ? C'est vrai que je chiale tout le temps comme ça on me fiche la paix. Je vois bien le CPE tous les 15 jours, bon ça dure pas très longtemps car il n'a rien à dire, mais c'est pas important. Si je me sens mieux et je m'accepte mieux c'est le principal, que ce soit lui ou un autre. PARFAIT SARAH ! Tu es une gentille petite embrouilleuse perverse.

Que le châtiment divin s'abatte sur moi ! Il peut toujours, moi j'ai l'habitude après ces dernières années lol.

Mail envoyé, bonne conscience car taux de vérité 80%. Pas mal pour une ado !

27 janvier 2013

DIMANCHE 27 JANVIER 17h30 : VOISINAGE

J'ai fini par vraiment manger chez les voisins où il restait une omelette géante aux oignons. Une « tortilla » selon eux. Délicieux.

Et puis j'ai commencé à faire mon idiote avec Marco :
- Ta sœur va bien ?
- Oui elle va bien, je crois...
- Tu crois ?
- Elle est pas là ce week-end.
- Ah oui, elle est partie où ?
- Avec son petit ami je crois.
- Ah tiens...
- Vous avez fait connaissance un peu ?
- Oui de loin. Mais elle est très occupée, et très entourée.
- Ça elle a du succès en amitié et en amour.

Je rigolais intérieurement. En amour et en amitié, peut-être plus pour longtemps. A moins qu'elle ait officiellement changé de copain. A voir dès lundi...

Kamil boudait et est parti s'enfermer dans sa chambre. J'ai regardé YunSo de manière incontrôlée et elle s'est sentie obligée de me répondre : « sa mère est très malade ». La preuve qu'elle a compris que j'imaginais autre chose. Pour les retardataires, Yunso et Kamil ont eu une petite histoire, mais Yunso l'a envoyé sur les roses et je pense qu'il ne l'a pas bien vécu. J'ai appris ça dans un local poubelle (cf post du 4 novembre 2012) puis en tombant sur un mail qui n'était pas pour moi et qui m'a bien confirmé tout ça (cf post du 15 décembre).

Pendant que je mangeais le reste de tortilla avec du fromage, j'ai remarqué que Yunso plaisantait avec Marco et qu'ils étaient très complices. Est-ce que Yunso finalement ne coucherait pas avec Marco et c'est ça qui déprimerait Kamil ? Elle a préféré la sensibilité au séducteur, tant mieux, c'est une fille bien ! Mais là c'est plus de l'ordre du fantasme, même s'il y a quelques indices bizarres. Marco et Yunso vont hyper bien ensemble, ils sont beaux à croquer, je pourrais leur écrire une love story : un amour impossible empêché par l'intrusif et possessif Kamil.

Et avant de partir, le ventre plein, Yunso m'alpague :
- Hé Sarah, j'ai eu une info supplémentaire sur ton bracelet.
- Ah bon ? Mais comment ça ?
- Tu sais mon ami joailler était parti à l'étranger, et j'ai chatté avec lui sur facebook. Et je lui ai demandé de quel pays venait l'original de ta vulgaire copie. Il m'a répondu, la Suisse !
- La Suisse ? Ah bon ? Et il est comment l'original ?
- Ah ben je lui ai pas demandé, tu m'avais pas dit... Tu veux connaître la différence... pffff il va m'envoyer sur les roses. Il a déjà trouvé ça étrange que je lui pose toutes ces questions. T'es bizarre toi !
Bon elle a dit ça en rigolant, mais je pense qu'elle le pense, et je pense aussi qu'elle a vu que je pensais qu'elle le pensait. Ouh Sarah, tu as des talents d'écrivain « je pense que je pense qu'il pense non ? »

Bref je l'ai remerciée, je comprends qu'il ne faut pas insister. Mais alors que j'avais rangé ma curiosité et mon imagination débordante au placard, voilà que tout revient au galop me brûler les lèvres. D'ailleurs je les mordille depuis ce moment-là pour les rafraîchir. Je vais en rêver cette nuit c'est sûr...

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27 janvier 2013

DIMANCHE 27 JANVIER 13h10 : INDISCRETION DE RUE

Définitivement, mon occupation favorite du dimanche est l'espionnage et l'observation sociologique de la rue. C'est une petite vie par procuration pour une ermite comme moi. Et évidemment, parfois, je tombe sur une perle rare.

Et là, Ashley se promenait avec Kevin et ils se chamaillaient comme de grands amis, non je dirais plutôt qu'ils jouaient : je te lance une vanne, je te fais rire, je te touche par-ci par-là, je ris à nouveau, puis je te regarde sans que l'autre le voie et vice versa. Je ne suis pas experte, mais ça sent comme un échantillon de séduction. ET NON je ne me suis pas trompée sur les prénoms, c'est bien Ashley, la meilleure amie d'Alyssa, et Kévin le petit ami d'Alyssa, en tout cas aux dernières nouvelles. C'est vrai que je ne l'ai pas vue depuis longtemps avec lui.

Et comme je suis bien placée, je décide de prendre quelques photos avec mon mobile tant qu'il remarche et mon zoom pourri. Résultats médiocres, je n'en ferai rien. Il faut que je trouve un moment la semaine prochaine pour remettre le bracelet dans le sac de Ashley.

Tout ça me met la puce à l'oreille et je me décide à aller chez les voisins, faire une petite enquête. Mais à ce moment-là, la Vieille nous annonce que c'est l'heure du déjeuner. Pour quoi faire ? Oui c'est une bonne question car les portions ont encore diminué ces derniers temps. Le Vieux mange dehors de plus en plus souvent et la Vieille ne mange rien. Mais vraiment rien. Je me demande si elle est pas anorexique... moi je suis boulimique alors comme ça c'est le pompon. Mais si j'étais nourrie correctement, peut-être que je ne me jetterais pas sur toutes ces cochonneries.

Une fois ma feuille de salade avalée je file chez les voisins.

26 janvier 2013

SAMEDI 26 JANVIER 16h10 : QUELQUES SECONDES DE FIERTE

Ces derniers jours, des posts très sympas m'encouragent à écouter Paola qui me répète de ne pas abandonner. Et il y a un écho dans ma tête à ça, sans que je comprenne pourquoi. Je l'ai déjà écrit, et je me répète, mais ça me travaille. Mon esprit ne sera pas tranquille tant que je n'aurai pas compris pourquoi... j'ai déjà vécu ça.

En parlant de posts, ça me fait penser que je souhaiterais mettre un petit poème à l'honneur, écrit par un fidèle lecteur.

Herbe fine piétinée
Oasis asséché de larmes.
Nettoyer les plaies
Taches indélébiles
Emmurées dans la mémoire

La vie peut-être en somme...
je me permet de vous donner une gomme
pour effacer grossitude et mochitude
avoir la positive attitude
croquer la vie comme une pomme
en rejetant au loin les pépins
il suffit parfois de tendre la main
pour que pestes et compagnie
lâchent le leste de leur mépris
ainsi va la vie...

© Baladeur

Oui j'ai souri, puis j'en ai eu les larmes aux yeux. C'est sympa de recevoir un petit poème d'auteur connu, certes un peu facile. Mais là c'est un poème sur mesure, écrit par quelqu'un qui ne me connaît pas, en tout cas pas physiquement. Je réalise tout l'effet papillon provoqué par un blog, mes quelques mots influencent quelques secondes de la vie d'autres gens qui créent de nouveaux mots qui viennent influencer ma vie quelques secondes et même des minutes et des heures.

Lorsque j'ai commencé à raconter ma vie le 1er septembre 2012, je ne pensais pas que je serais lue. Écrire et exorciser était déjà le max à espérer pour moi. Puis quelques visites, puis quelques posts (impatients ou un peu agressifs) puis des messages consistants de tous les âges, des conseils, des encouragements, des petits contacts sincères et sains. Je ne pensais pas que je pourrais créer une toute petite interaction dans ce monde, je me résignais à être spectatrice du monde comme je suis spectatrice de la télé.

Bon mon chiffre de visite ne doit pas faire rêver Canalblog, mais moi il me laisse pantoise. Plus de 900 en 5 mois... j'ai le vertige. Et quand je tape dans « Gogol » quelques mots clés comme « 16 ans grosse » mon blog ressort en quatrième, il suffit que je rajoute « moche » et hop en premier ! Bon faut avoir l'idée vraiment saugrenue de taper tous ces mots dans le moteur de recherche. Mais ça me suffit à tourner de l'œil. Quelques grammes de fierté pour mon égo dans les chaussettes, ça ne me fera pas de mal. Rassurez-vous, suis pas une star dans l'âme, mes chevilles ne peuvent pas enfler ! Au lycée je reste le boudin de l'indifférence !

Pourquoi cette introspection aujourd'hui ? Parce que la mésaventure avec David m'a mis un peu de miel dans le cœur. Sentir que quelqu'un a un tout petit peu besoin de moi... Je me pose pour apprécier le présent. Et j'ai la sensation que le pire est passé... ou bien peut-être aussi que je me sens plus à l'aise avec quelqu'un, pour la première fois de ma vie. David a déballé tous ses problèmes face à moi, sans pudeur. Il s'est mis à nu, et j'ai l'impression qu'il ne peut plus me faire de mal, ou qu'il ne veut plus. C'est un déclic pour se laisser aller et se dévoiler, il ne me jugera pas, lui.

C'est comme une brique qui ne bougera plus, une petite histoire bouclée, que j'aime conclure par ce petit poème ci-dessus offert par Baladeur.

Bon c'est pas tout ça, mais après ce moment de réflexion Bisounours, je dois encore soutenir David, l'accompagner chez l'addicto-machin, supporter mes Vieux et mon CPE, me gameller en sport, ramer toute seule en atelier « décors », rendre le faux bracelet qui n'est pas à moi (depuis le temps que je le dis), oublier que je ne saurai rien de plus sur mon vrai bracelet, comprendre pourquoi la fille des Vieux a fichu le camp (ça me travaille depuis que je vois régulièrement la Vieille mater la vieille VHS), espionner un peu mes voisins pour savoir qui couche avec qui, oublier les « fondations », me prendre le bec avec les Pestes et leur glisser des peaux de banane quand je peux, faire des clins d'œil à Paola, comprendre ce que ma prof d'Arts plastoc a dans le cerveau...

Bref j'ai du boulot quoi ! Retour à la réalité ! Et avec mes 16 ans, ma mochitude et ma grossitude, j'avance deux fois plus lentement que les autres. Ho-Hisse !

XOXO mon petit blog

25 janvier 2013

VENDREDI 25 JANVIER 21h30 : VERITE ESSOUFFLANTE

Je suis venue, j'ai couru, et je n'ai pas vaincu... enfin c'est relatif. Voilà ce qui s'est passé à mon premier jogging volontaire... ou bien semi-volontaire...

On est rentrés chacun chez soi se mettre en tenue de sport. Moi j'ai mon survêtement qui me boudine. Il est venu me chercher à domicile, sûrement par crainte que je me débine. Mais il m'attendait sur notre banc, excité comme une puce. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vu aussi heureux. De courir ? Ou bien d'assister à ma perte en direct ?

Les premières minutes dans ma rue, faciles ! En cours de sport, on nous force souvent à faire ce petit échauffement, ça va.

Mais au bout du boulevard, ça se corse. Mes jambes s'alourdissent. Mes poumons se dilatent et ma gorge se resserre. Je ne vais pas tenir longtemps. Mais David m'encourage, s'arrête avec moi, m'incite à réguler ma respiration et à inspirer et expirer profondément. Il trottine sur place pendant que je reprends mes esprits. J'ai l'impression qu'il est content de me pousser, d'être un peu meilleur que moi. Moi ça me gêne pas de le valoriser si ça lui fait du bien. On repart.

Puis il me pousse à respirer comme une femme enceinte. C'est laborieux et ridicule, tout le monde nous regarde dans la rue, certains se moquent. Pendant un temps j'oublie la douleur, je suis à Pigalle, il y a des sex-shops partout et ça attire mon attention. Puis hop une rue plus facile que les autres ! Super je progresse... ah non c'est une descente c'est pour ça. Et avec mon poids je roule.

Mince la rue suivante c'est un cauchemar, pourquoi suis-je aussi mauvaise ? Ah ben voilà, c'est une côte ! Mais il a disparu mon acolyte, où est-il ? Je fais marche arrière, en marchant. Et je le trouve caché derrière une voiture en train d'hyper-ventiler sur le capot. Je panique, j'ai peur qu'il s'étouffe. Il est asthmatique ou quoi ? Il me regarde avec détresse, je lui demande si je dois appeler les secours, il hoche violemment non de la tête. Sa respiration se calme mais il est cassé. On va s'asseoir, et il se met à pleurer. Je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire. Je ne suis pas tactile, lui non plus. Mais on est assis collés l'un à l'autre et c'est suffisant. L'énergie passe.

- T'as été super Sarah. Tu fais tout cet effort pour moi alors que tu détestes ça. Tu m'as jamais menti alors que moi je suis un roublard, je suis qu'une merde.
- N'importe quoi ! T'as fait un effort énorme ces derniers jours, t'es allé voir le type à l'hôpital, tu veux t'en sortir quoi !

Il se remet à pleurer et n'ose pas me regarder, je comprends où il veut en venir :
- Tu l'as pas fait...
- Non j'ai pas eu le courage, je me disais que j'allais m'en sortir seul. Il fallait simplement que j'en aie la volonté. Mais tu vois je suis un déchet. Je t'ai baratinée pour te faire plaisir.
- Je m'en fous que tu me fasses plaisir, dis-je avec colère.
- Je déçois tout le monde, ma mère doit être dégoutée là où elle est, elle qui m'encourageait à courir le marathon.
- N'importe quoi. Ta mère elle voudrait que tu te soignes et bien.
- Toi aussi t'es dégoutée par moi.
- Non c'est pas vrai...
- J'ai lu ce que tu grattais dans ton journal intime...
- Ben fais comme chez toi !
Il se relève pour partir, mais je ne veux pas que ça se finisse comme ça.
- Non mais attends ! Ce qui me dégoute c'est ton comportement depuis que tu fumes tes merdes. Ça me dégoûte ce que ça te fait. T'es plus toi même. J'aime trop le mec que j'ai rencontré à côté de moi et qui m'a pas traitée en paria. J'aime pas du tout l'autre type que je vois en toi.
- Je sais plus qui je suis...
Il vient se rasseoir sur la marche. Et se remet à pleurer dans ses mains. J'hésite avant de poser une main sur son bras. Je suis maladroite, je reviens je repars, je pose ! C'est la première initiative tactile de ma vie. Il sursaute, me regarde droit dans les yeux, et se jette sur mes genoux, enfin je dirais plutôt mes cuisses, comme le Chien aime bien faire.

Je l'observe, médusée. J'aimerais pouvoir me lâcher comme ça, pleurer, me jeter sur quelqu'un. Mais je suis un glaçon. Lui il s'en fout, il se calme, puis reprend ses inhibitions et se détache de moi. Je ne veux pas lâcher le morceau, mais il prend les devants : « Tu viendras avec moi là-bas? »

J'ai été saisie d'un courant de 10 000 volts dans tout mon corps. Mes poils se sont hérissés. Mais comment décrire par des mots ce sentiment énorme, cet électrochoc ? Non je n'ai jamais vécu ça. Cette sensation de compter pour quelqu'un, ce quelqu'un qui a besoin de moi. Je suis bouleversée et je n'arrive pas à répondre alors que j'ai envie de dire oui. Puis il me relance sur une autre question :
- Tu reviendras courir alors quand j'irai mieux ?
- Oui, je viendrai avec toi... voir l'addicto-machin.

Il a souri. Il a trouvé le moyen de me faire dire oui !!!

On est repartis en silence, je l'ai raccompagné chez lui. Et on s'est fait une double bise comme des vrais amis. C'était la première fois ? Non la deuxième, je pense. Aussi la deuxième fois que je faisais une simple bise à quelqu'un. Navrant à 16 ans.

24 janvier 2013

JEUDI 24 JANVIER 22h10 : LA PRINCESSE ÉTAIT UNE SORCIÈRE !

Mon atelier est une vraie corvée, mais j'arrive pas à décevoir la prof. Et sans Alyssa, il faut maintenant mettre les bouchées doubles. Seul petit plaisir : voir les 4 geeks se chamailler, et ils en rajoutent devant moi, j'en suis sûre. Je suis leur public et les stars ce sont eux. La lumière brille dans les coulisses, et moins sur le devant de la scène pour le moment !!! En effet il y a quelques nuages de l'autre côté du rideau. Voilà les quelques noms d'oiseau qui parviennent jusqu'à mes oreilles :

- Non mais pour qui tu te prends la pimbêche ?
- Pour une fille qui chante mieux que toi !
- Tu fais ta pétasse comme Alizée.
- Et tu hurles comme Lara Fabian. Les gueuleuses c'est terminé !
- Et les putes aussi !
- T'es grave ma fille ! Elle est grave cette fille ! Elle m'a traitée de pute !
- Je vais la frapper ! Elle va pas me piquer ma place comme ça !
- La rançon du talent ! Mh !

Oui je reconnais bien sûr une des deux, c'est Alyssa. Bien sûr l'histoire est claire, même en sourdine derrière un rideau rouge. Pas besoin de voir la scène. Alyssa voulait briller et elle a piqué le rôle de l'autre fille.

Alyssa sème la zizanie partout où elle passe. C'est une fouteuse de merde. Elle veut tout pour elle au détriment de tous les autres. Alors qu'elle a déjà presque tout.

Et une dizaine de minutes plus tard, oh surprise, la conversation houleuse repasse dans les haut-parleurs de l'auditorium! Les geeks... les petits malins...ils ont enregistré la conversation avec un micro caché et en font profiter tout le monde. Trop fort ! Ils se tapent dans la main. Je les aime et je les applaudis et ils adorent.

Et l'assemblée entend la fin de la conversation qui me manquait de l'autre côté du rideau :
- Tu vas pas l'emporter comme ça !
- Ouh j'ai peur. Ta grosse voix c'est tout ce que t'as. Tu t'imaginais pas jouer Esmeralda avec un physique balourd comme ça. Esmeralda c'est pas un éléphant.
- Je vais te saigner pouffiasse !
- Essaie toujours, je suis dans les petits papiers du Proviseur, et des profs, tu crois que je suis arrivée comment ici ?

Il y avait des sifflements de joie dans l'auditorium. Ou d'exaspération ? Mais un prof de chant est venu passer sa tête en coulisses et a demandé aux geeks d'arrêter ce carnage. Même s'ils ont fait semblant de ne pas maîtriser leur logiciel, ils n'ont gagné que quelques secondes avant que le prof vienne fermer l'ordinateur d'un coup sec.

On a juste eu le temps d'entendre une dernière phrase : « T'as pas que des amis, t'en a même pas du tout, tout le monde te déteste même ! ».

Ahhhhhhhhhhhhhhhhh ! Voilà une phrase qui m'électrise. Cette fille qui a l'air si parfaite a bien quelques failles. Et je ne suis pas la seule à la trouver détestable. Et son ennemie de chant l'a vraiment poussée à bout, elle n'en a pas moins dévoilé un petit bout de son vrai visage. Cette superbe fille de 16 ans qui maîtrise la beautitude et la mincitude est une sorcière et son âme sent le rance !!!!!

Halléluiah !

24 janvier 2013

JEUDI 24 JANVIER 17h10 : ESSOUFFLEE A Y PENSER

David n'a pas arrêté de me parler de notre futur marathon tout au long de la journée et il jette sans cesse de l'huile sur le feu :
« A fond, à fond, t'es prête à cracher tes poumons ? »
Les siens doivent être un peu encombrés après tout ça.
« Allez on va secouer nos popotins !»
Facile ça, pour quelqu'un qui n'en a pas ! Moi ça compte double...
« Échauffe toi avant, je voudrais pas que tu me claques entre les doigts. »
Comment on s'échauffe ? Sais pas moi. En tout cas il commence à me chauffer.
« On va transpirer j'adore ça. »
Moi je déteste mariner dans mon jus.
« Vas-y respire que je checke si tu vas pas t'étouffer. »
Je me suis étouffée en passant chez lui l'autre jour, ça pourra pas être pire.
« Putain on va battre un record, on va aller au bout du monde »
Moi j'irai au bout de la rue ça ira, et je simulerai un malaise.

Tout ça ne me rassure pas. Il va me tuer. Mais c'est surtout lui qui m'inquiète, il est surexcité. C'est pas normal.

Je suis en atelier et j'ai dû mal à me motiver... je suis déjà en train d'agoniser en pensant à l'exploit de demain.

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