DIMANCHE 9 JUIN 19h10 : LA FACE CACHÉE...
Révisions chez David cet après-midi pour l'épreuve anticipée de sciences. Je ne comprends rien, il tente de m'expliquer, mais je percute pas et ça l'agace.
Et dans cet agacement général, je ne sais pas ce qui m'a pris mais j'ai eu envie de revenir sur le sujet glissant de l'homosexualité avec lui :
- MOI : Toi t'es sûr à 100% que t'es attiré par les filles ?
- DAVID : Ben oui !
- MOI :Parce que tu sais, j'ai vu à la télé, on peut changer de bord en cours de route.
- DAVID : Ça va pas ! Je sais ce que j'aime et ce qui me dégoute. Et toi tu sais aussi !
- MOI : Ben non moi je sais pas...
Ma réponse ne lui plaît pas du tout. Mais, je dois avouer que je jette volontairement de l'huile sur le feu là... parce que depuis l'histoire du maître-nageur, je commence à avoir une petite idée qui lui donne raison... Malgré tout, je continue à jouer :
- MOI : De toute façon, tu m'as dit la semaine dernière que deux femmes ensemble ça te déplaisait pas, alors...
- DAVID : Ben, dis-moi, toi, Sarah, quelle fille t'attire ?
- MOI : Je t'ai dit que je savais pas où j'en étais...
Il hausse les épaules et va dans la cuisine. Mais je n'ai pas envie d'en rester là :
- MOI : Et arrête de dire que deux garçons c'est dégoûtant. Peut-être qu'un gay trouve aussi qu'un homme et une femme c'est bizarre.
- DAVID : Ouais, enfin une fille et un mec c'est naturel.
- MOI : Et pas les autres ? Ben je suis pas d'accord. Bon toi, c'est clair, t'es contre le mariage pour tous...
- DAVID : Non ça n'a rien à voir.
Je sens qu'il est en train de bouillir :
- DAVID : Qu'est-ce que tu cherches là, Sarah ?
- MOI : J'essaie de comprendre le fond de ta pensée.
- DAVID : Je t'ai déjà tout dit.
- MOI : Non, y'a des trucs pas nets dans ton opinion là...
- DAVID : Dis tout de suite que je suis homophobe...
- MOI : Ben je me demande...
A partir de là, il n'a plus ouvert la bouche et m'a fait comprendre qu'il était temps que je parte. Je ne me suis pas fait prier : « Je m'en fous, je me tire, tu me saoules et je perds mon temps. »
Ben voilà comment s'engueuler avec rien :
- sur un sujet épineux mais qui nous concerne pas directement.
- dans une ambiance de stress pré-bac.
- avec le poids de toutes les ondes négatives de ces deux derniers jours.
C'est notre vraie première dispute selon moi. Lors des fois précédentes, on n'osait peut-être pas monter d'un cran. On est trop à l'aise, quoi !
Le fait qu'il se vexe comme ça, c'est qu'il ne se sent pas homophobe. Il y a peut-être un degré de différence alors... l'homophobie qui s'exprimerait par des gestes et des mots, et « l'homo-méfiance » ou bien « l'homo-incompréhension » qui est moins répréhensible...
Résultat : une heure après mon départ, je me sens coupable de l'avoir cherché inutilement comme ça et surtout de ne pas avoir cherché à le comprendre.
Coupable, toujours coupable...