Pendant toute l'après-midi, Ash m'a snobée : ni parole, ni sms, rien.

C'était trop pour moi... à la sortie du lycée, je me suis précipitée sur elle :
- MOI : Ash, écoute-moi...
- ASH : Non je parle pas aux petites voleuses...
- MOI : Non, viens avec moi s'il te plaît, je t'offre un chocolat chaud, et je te raconte tout de A à Z...
- ASH : Non, insiste pas... j'aime pas le chocolat... mais si c'est une bière alors Ok !

Ça m'a soulagée. Je l'ai emmenée au Rialto qu'elle n'avait pas visité depuis plusieurs mois. Mais ça avait l'air de l'amuser de se montrer là-bas, encore plus avec moi !

J'ai tout déballé sans rien omettre... Elle est passée du rire au choc quand j'ai parlé de David en train d'attraper le bracelet par la fenêtre de sa chambre dans l'immeuble de Saint-Ouen où elle habite avec sa mère depuis un an. Elle en a même frissonné...

Puis j'ai raconté le don de mon bracelet (qui me rend folle) à une personne qui compte pour moi -je pouvais pas lui dire que c'était Paola, le Monstre de la cantine, elle aurait fait une syncope-. Puis j'ai parlé du cambriolage de mon appart' et du bracelet d'Alyssa, de mon enquête sur mon bracelet bien singulier, du bijoutier-ami de Yunso qui se contredit, de sa boutique qui a brûlé... Du bracelet bis qui réapparaît il y a un mois, le jour de l'anniversaire de Alyssa, comme cadeau de sa grand-mère qui lui offre le même présent d'une année sur l'autre... Bref une histoire vraie... à dormir debout, plus rocambolesque que Plus Belle la Vie.

Elle garde le silence, les yeux dans le vide, apparemment toujours déçue, puis prend la parole :
- ASH : Ben dis donc...
- MOI : Je te demande pas de me pardonner...
- ASH : Je suis sur le cul...
- MOI : C'est tout ce qui me rattache à mes origines que je connais pas... Et ça me fait faire n'importe quoi...
- ASH : Je m'en remets pas... Faut vraiment que je compte un peu pour toi pour que tu me racontes tout ça... Tu vois, je t'intéresse quand même un tout petit peu même si je suis complètement stupide... Ah bah ça me fait plaisir... J'ai bien joué la fille offusquée hein ?
Mince... Elle m'a totalement soufflée là... Et encore plus quand elle a sorti le mot « offusqué ».

Mais elle a sûrement raison... même si ça me paraît un peu bizarre !

Mince... je suis en retard pour le KFC ! Très en retard...

Quoi de mieux comme cachette pour mes bracelets... que moi-même ??? Un à chaque poignet !!!

Celui de la Mamie 2013 passe difficilement. Mais mon vrai bracelet d'origine s'ajuste parfaitement, lui... Comme la pantoufle de vair de Cendrillon !

C'est très étrange d'avoir le même bracelet à chaque poignet. Même si, quand on y regarde de près, on voit tout de suite la différence. Ben oui le mien est bien plus usé que celui acheté par la Mamie. A l'intérieur du mien, il n'y a pas de numéro à l'inverse de celui de la Mamie... Faut dire que le numéro en question est le même que l'autre exemplaire, celui de l'année dernière... ça serait bien un bracelet industriel que ça ne m'étonnerait pas. Mais il fait beaucoup plus beau que le mien !

Bref, pendant toute la matinée, j'ai admiré mes poignets. Sans trop faire gaffe. Et à la fin du derniers cours, Ash m'a soudainement agressée :
- ASH : Dis donc, je les reconnais ces bracelets...
- MOI : Hein ? Quoi ? Euh...
- ASH : Tu sais pas mentir ! Par contre tu sais voler...
- MOI : Non c'est pas ce que tu crois...
- ASH : J'ai des yeux pour voir même si je suis complètement idiote...
- MOI : C'est pas le bracelet d'Alyssa...
- ASH : Et mon cul c'est du poulet !
- MOI : Non tu te trompes...
- ASH : T'es un peu klepto, sauf que tu voles tous les bracelets en forme de serpents. Ou alors t'es grave fixée sur un modèle... Montre voir !
Elle m'a attrapé le poignet, retroussé la manche, puis l'autre poignet et l'autre manche...
- ASH : Ah ouais, identique... Chelou, t'es chelou...

La sensation des mains de Ash sur mes poignets, sur mes manches... OHHHHHHHHHHHHHHH

J'ai alors eu un souvenir qui m'est revenu en pleine face... : cf post du 17 mars 2013 22h10. Ce geste un peu brutal, ça m'a rappelé cette drôle d'agression sans conséquence. On m'a bousculée, projetée en arrière, et je me suis réveillée les manches retroussées, le cerveau engourdi.

Pendant ce flashback curieux, Ash continuait à déblatérer sans que je puisse me défendre...

Elle a fini par conclure : « T'as une tête de coupable ! »

Oui je le suis... d'avoir volé le bracelet de Alyssa par la fenêtre de Ash il y a un an : cf posts du 1er et 2 décembre 2012.

C'est bien la preuve que ce bracelet m'a rendue folle à l'époque. J'ai avoué ma faute à Alyssa qui en était la vraie propriétaire... (cf post du 6 mai 2013 14h20), mais jamais à Ashley. Et comme Alyssa ne parle plus à Ash, cette dernière n'est pas au courant de l'histoire...

Je dois tout lui raconter.

Mais à quoi bon ? Je m'en fous de ce qu'elle pense de moi puisque je me fous d'elle...

Ash commence vraiment à stresser sur le Conseil de classe :
- ASH : J'ai vraiment peur, ça me fout les jetons. Et si je dis des conneries sans m'en rendre compte ? Et si j'oublie d'écouter ? Et si j'oublie ce que j'ai entendu ? Et qu'est-ce que je dois faire pendant le Conseil ? Et si tout le monde se rend compte que je suis une imposture ?
- MOI : C'est bien que tu t'en rendes compte toute seule...
- ASH : Et si tout le monde réalise qu'ils ont voté pour moi par erreur, que j'ai rien dit, rien fait contre le prof de philo nullos...
- MOI : Ah ben enfin la prise de conscience !
- ASH : Toi t'as un cerveau, dis-moi ce que je dois faire, je suis paralysée !
- MOI : Ben tu vas prendre des décisions et tu vas t'y tenir !
- ASH : Des décisions ? Non mais allô... Tu sais bien que c'est pas mon fort...
- MOI : Tu veux dire qu'on a toujours décidé à ta place ?
- ASH : Ben oui, tu sais bien qui décidait à ma place ! Pffff Et puis y'a ma mère aussi...
C'est sûr que quand elle se confie comme ça, j'ai un peu envie de la guider.

Du coup à la pause, je suis allée demander à Quentin -le délégué de l'année dernière- comment ça se passait un Conseil de Classe :
- QUENTIN : Mais pourquoi tu veux savoir ça ?
- MOI : Je m'angoisse, ça sent pas bon pour moi...
- QUENTIN : Ben t'as eu des sales notes au bac de Français ?
- MOI : T'imagines même pas...
- QUENTIN : Ouais, c'est vrai que je me souviens que c'était pas terrible tes conseils...
- MOI : Ah bon ?????????????
- QUENTIN : Ah ouais ils passaient trois plombes sur ton cas, ils disaient que t'étais autiste...
- MOI : Vraiment ?????
- QUENTIN : Enfin, balise pas trop, tu peux redoubler si ça peut te rassurer... Y'en a qui ont besoin de deux ans...
- MOI : Hein ? Je reste pas un an de plus ici, plutôt crever...
- QUENTIN : Ben c'est dur la vie sans le bac...
- MOI : Non mais hé j'en suis pas là...
- QUENTIN : Si tu le dis...

Résultat : ce type m'a fait stresser réellement ! Et au final, j'ai obtenu aucune info. Coup double dans le vide.

- ASH : Alors , alors ? Qu'est-ce qu'il a dit ?
- MOI : Qu'il voulait pas t'aider, que t'avais qu'à te débrouiller...
- ASH : Le rat ! Mais t'as quand même pas dit que tu venais pour moi...
- MOI : Il est pas con, lui...

Le stress ne me rend pas très sympa...

J'ai un toc depuis quelques jours...

Je vérifie sans cesse si mes deux bracelets sont bien cachés sous mon matelas. Le matin au lever, le matin avant de partir au lycée... le soir en rentrant, la nuit avant le passage du marchand de sable...

Je passe mon temps à glisser ma main sous mon matelas... Faut dire que c'est pas très intelligent de les cacher là où j'avais mis le précédent et là où je me le suis fait piquer le jour du cambriolage de mon appart' il y a 10 mois.

Mais pourquoi ai-je donc eu cette idée saugrenue ? Ah oui, quelle meilleure cachette que celle qui a déjà été découverte... en gros la foudre ne tombe jamais au même endroit !

Mais ça ne me rassure pas, il est temps de rendre MON bracelet à Paola. C'est le sien maintenant. Je voulais le montrer à la Mamie, mais elle est partie, peut-être pour toujours.

Et l'autre bracelet, hé bien, c'est celui offert par la Mamie cette année à sa petite-fille. Un cadeau qu'Alyssa a fini par mettre à la poubelle le jour même. Et que j'ai immédiatement récupéré.

D'un côté j'ai ce vieux bracelet qui m'a toujours appartenu, qui m'a rendue folle l'année dernière et que j'ai préféré donner à Paola comme cadeau d'adieu. Il est mystérieux, silencieux, et cache rageusement tous ses secrets. Il me nargue depuis si longtemps, il joue avec mes nerfs et ne lâche rien malgré tous mes efforts et toute mon imagination.

De l'autre côté, j'ai ce bracelet tout neuf, acheté par la Mamie et qui a fini dans une poubelle dégueulasse, abandonné, rejeté, méprisé. Ce bracelet qui me rappelle ma tendre complice, fan des Feux de L'amour, et qui a 70 ans de plus que moi. Ce bracelet qui cherche une propriétaire pour prendre soin de lui. Au moins celui-là ne cache rien, son histoire est claire et triste. Il me parle, il se confie, et se met à nu.

C'est le passé contre le présent.

Ouais, pas de regret , au diable les objets toxiques et les reliques !

Fin des courses d'orientation. Début de la piscine pour moi...

Je n'avais qu'une motivation, bien enfouie : revoir le beau maître-nageur de l'année dernière. Hé oui, on se booste comme on peut. Surtout quand il fait 3 degrés dehors...

Ben non, il était pas là... Mais mon horrible prof de sport l'année dernière était bien au rendez-vous, elle... si j'avais su... Ben voilà quand on a de mauvaises intentions, on est punie doublement.

Pas de Grégoire, mais le retour d'une vieille sorcière qui ne me porte pas dans son cœur... elle me prend pour une dégénérée. Sous prétexte que mon corps est enrobé de lipides, elle pense que mon cerveau baigne dans l'huile de palme et est dépourvu de neurones. Du coup elle me méprise... En plus j'ai toujours témoigné un dégoût profond pour les sports qui la passionnent : le volley, l'athlétisme...et j'en oublie ! Bref, on ne s'aime pas. Et je la soupçonne de faire de la discrimination fondée sur la beauté. Si tu es beau, tu es digne de vivre... si tu es moche alors RIP.

Dès qu'elle me voit (on peut pas me rater avec mon maillot de bain rose une pièce), elle lève les yeux au ciel. Elle en tient une couche cette mégère, moins féminine que le coach Beast dans Glee.

Et pour couronner le tout, qui je retrouve dans ce cours moisi... les pestes ! Alyssa et Sonia, plus copines que jamais.

C'est le pompon sur la Garonne.

Une fois dans le bain glacé, les larmes me montent : mes deux baleines désespérées me manquent, toutes ces aventures dans les rues, les parcs, les bois, les périphériques, les banlieues, les cars en panne, avec le prof dépassé, tout me manque cruellement.

Ce choix spontané de l'orientation m'a conduit à faire la plus belle expérience de cette rentrée. Pas un mercredi sans fou rire, sans moquerie, sans post en langage caillera. Je sentais bien que Tina et Fatima avaient besoin de moi, j'ai adoré les coacher. J'ai adoré les côtoyer, et pourtant elles sont si différentes de moi...

C'est pas dans le chlore que je vais rencontrer des gens originaux. Ici ça sent la compétition et le prétention. Pas de place pour moi.

Et le club des bébés nageurs n'existe plus : ils doivent estimer que si on choisit ça au bac, c'est parce qu'on sait bien nager...

Bouh...

Et plouf !

Mon succès n'aura pas duré longtemps.

En arrivant à la cantine, j'ai vu Tina et Fatima à une table, je me suis dirigée vers elles... Bilan : fin de non-recevoir en pleine figure...
- TINA : Si c'est pour qu'on se récupère l'autre boulet qui te suit partout, non merci !
- FATIMA : Ouais bien causé !

M'en fous, ma petite table m'attend... ah ben non y'a déjà quelqu'un : un prof qui mange tout seul en lisant L'Equipe...

Et aujourd'hui, il fait froid, la cantine est pleine, je me retrouve toute seule, debout avec mon plateau qui refroidit...

Il y a bien une place qui se libère à une table lointaine, mais il y a Alyssa et Sonia qui y ont planté leur campement, hors de question ! Plutôt manger debout...

Ben c'est ce que j'ai fait. Pas confortable.

Puis j'ai croisé Ashley, qui cherchait une place, je lui ai fait un clin d'œil en vain ! Elle a fini par se trouver une petite place douillette à une table exclusive de garçons, elle en a délogé un puis deux... M'étonne pas, c'est son rayon les garçons !

Je me suis dit qu'elle pourrait bien en déloger un autre pour me faire une petite place... Je lui souris... rien !
Elle va chercher un pichet d'eau, et me saute dessus en chemin : « Sarah, tu vas me pas casser mon coup, y'a un mec qui me fait craquer à c'te table, alors te ramène pas, tu pourrais le faire fuir. Et puis tes deux boulets grassous pourraient bien nous tomber dessus et massacrer toutes mes chances, alors basta, ouste ! »

Mmmh elle perd rien pour attendre... En plus elle est allée se rasseoir sans chercher le pichet, c'était une diversion pour me parler loin de ses « boys »...

Plantée à la fontaine à mayo, j'ai commencé à manger tant bien que mal mes lentilles pleines d'eau, ma salade de riz bourré de poivrons que je déteste... Exaspérée, découragée, j'ai mis de rage mon plateau à la poubelle sans oublier de reprendre mes deux canettes chéries de coca que je peux enfin me payer depuis que j'engrange des millions en vendant des poulets frits tous les week-ends.

Bref, un sale repas. Un jour portée aux nues, le lendemain mise au rebut.

Décidément je n'ai jamais eu autant de succès.

Une fois plantée au milieu de la cantine, les cailleras Tina et Fatima m'ont sifflée pour que je vienne m'asseoir avec elles. Une invitation qui n'est pas pour me déplaire... D'abord pour se raconter encore et encore les fabuleuses péripéties de mercredi en course d'orientation au Bois de Boulogne. Puis pour m'amuser de tous leurs tics de langage.
- TINA : Relou, meuf, le keum il est deguin !
- FATIMA : Trop pas, il cherche la fight avec sa reum et son daron, wesh cousine !
Non mais franchement, qui peut comprendre ce charabia...

Et le plus drôle c'est l'influence de la télé-réalité dans leur vocabulaire :
- FATIMA : Fratée, y'en a assez !
- TINA : Oim Fratée ? T'es frappée comme meuf...
C'est bizarre j'ai l'impression d'entendre un Marseillais chez les Ch'tis... Comprenne qui pourra.

Pas besoin de parler, il suffit de les écouter pour se faire plaisir... C'est un spectacle savoureux et passif...

Mais j'ai été touchée par leur mot de la fin :
- TINA : Meuf tu vas trop nous kéman...
- FATIMA : Trop... la chanteuse qui nous fait vivre trop d'aventures...
- TINA : Je reste québlo sur la Tatie Balboa...
- FATIMA : Tu fais quel sport demain meuf ?
- MOI : Je pars en piscine...
- TINA : T'es tordue de la chetron... ça caille...
- MOI : J'avais pas trop d'idée, et puis y'avait un beau maître-nageur l'année dernière...
- FATIMA : On sait pas nous, on a raté la piscine, il était si beau le keum ?
- MOI : Je vais garder ça pour oim, ok ?
- TINA : Pour oit ? Tu pourrais partager cousine !!!
- MOI : Il s'occupait bien des nullos comme moi...
- FATIMA : Un beau keum-nageur rien que pour les baleines en détresse?

Une personne inattendue est venue interrompre cette conversation hautement intellectuelle : « Salut Sarah, bon faut qu'on se voie... »

Ash en détresse ! Et pourtant ce n'est pas une baleine...
- TINA : C'est ta cops la bourge là ?
- ASH : A qui ai-je l'honneur ? C'est quoi ces choses ?
- MOI : C'est mes meilleures amies de sport...
Elle a fait la moue.
- ASH : Elles font du sport, vraiment ?
- FATIMA : Wesh la relou, la pauvresse, viens Tina, elle pollue mon air vital la meuf
- TINA : Bien parlé, on te checke pas meuf, tu dois même pas savoir faire...
Ash les a snobées :
- ASH : Tu devrais pas fréquenter ce genre d'engins, ça va ruiner ta réput' qu'est déjà pas brillante...
- MOI : C'est plutôt toi qui va me la ruiner...
Ash n'a même pas relevé. Je la vanne, et elle ne bronche pas. Faut dire qu'elle est allée à bonne école avec Alyssa, la vipère qui s'en est servi comme paillasson pendant tant d'années.
- MOI : Dis, t'es restée combien de temps amie avec Alyssa ?
- ASH : Ben ça date de l'école primaire... Elle avait besoin de quelqu'un pour lui porter son sac...
Tiens on se croirait dans Gossip Girl.
- MOI : Je comprends mieux...
- ASH : Il faut qu'on fasse un plan d'attaque pour le Conseil de Classe...
Ubuesque, me voilà aux premières loges pour guider la déléguée, c'est comme si c'était moi... un peu.

Les avantages sans les inconvénients...

Finalement, ma petite table de paria est restée toute seule aujourd'hui. Tout le monde veut de moi ! T'inquiète, tout ça est une passade, je vais vite revenir vers toi.

Décidément Ash est complètement désemparée. Et elle n'a plus aucune crainte à me parler en public. A la sortie du dernier cours ce soir, elle m'a sauté dessus dans le couloir :
- ASH : Bon Sarah, écoute-moi ! T'es peut-être pas la plus belle, et pas la plus mince, mais t'es surtout pas la plus bête...
- MOI : Alors que toi si ?
- ASH : Oh tout doux ! Je viens en paix et en amitié...
- MOI : Hypocrite...
- ASH : Ouais un peu. Mais bon c'est déjà un gros effort pour moi, j'ai toujours dit ce que je pensais...
- MOI : Sans réfléchir...
 -ASH : Je dirais « sans imaginer les conséquences ». Mais je dois devenir une adulte maintenant... car j'ai une grosse responsabilité sur les épaules...
- MOI : Ah bon, je croyais que tu avais banni le terme « grosse » de ton cerveau, trop encombrant !
- ASH : Hein ?
- MOI : Pfff...
- ASH : C'est exactement ce que je veux dire... t'es beaucoup plus intelligente que moi...
- MOI : C'est pas difficile...
- ASH : Mais je suis beaucoup plus belle que toi...
- MOI : Pas difficile non plus...
- ASH : Ma mère m'a dit un truc intelligent ce week-end, et je l'ai retenu. Alors ça disait un truc comme ça... « Le secret des plus grands est d'assumer d'être le plus petit et de s'entourer de bien plus grands que soi afin d'avoir l'air encore plus grand...» Tu me suis... je sais c'est un peu...
- MOI : Ça va, je suis pas neuneu... Dis donc tu m'épates là...
- ASH : A défaut de devenir les meilleures amies... Ben on peut faire un pacte... un échange de compétences tu vois...
- MOI : Qui te dit que ça m'intéresse tes compétences... ?
- ASH : Tu vois, c'est encore la preuve que t'en as plus que moi...T'as de la répartie !

Elle commençait un peu à me saouler. Alors j'ai conclu en lui promettant d'y réfléchir. Sans en penser un traître mot.

Mais avec le recul, je me connais, je peux pas résister à une demande à l'aide... Et j'avoue que devenir la Cyrano de Bergerac de la déléguée de classe m'amuse énormément.

Je commence à me demander si c'est une bonne chose que Ash soit devenue notre déléguée... Le Conseil de Classe se rapproche et elle ne manque pas une occasion de se la péter...

« Je vous demande à tous de me communiquer avant vendredi des messages à faire passer en Conseil... », lance-t-elle lors d'un intercours aujourd'hui... Humpf !

L'ancien délégué Quentin n'était pas aussi formel... Oui ça confirme bien qu'elle se sent investie d'une mission, elle va nous sauver, c'est sûr. De l'Apocalypse, au moins.

De quoi exaspérer Alyssa et Sonia, qui semblent avoir renoué des liens... sûrement dans l'adversité ! Elles vont sûrement s'en donner à cœur joie, et m'oublier définitivement.

Ça c'est au moins une victoire....

Tiens en voilà une deuxième, Ash est complètement perdue :
« Help Sarah, person est venu m'parler... je dois les relancé ? »
« Je sé même pa coman se pass 1 konseil, tu pe demander à Quentin ? »

Et ma réponse dans la foulée : « Tu l'as voulu, tu l'as eu ».

Bon je sais bien qu'elle ne l'a pas voulu... mais elle a tellement l'air de le vouloir maintenant, qu'elle mérite bien de se débrouiller toute seule...

Hé hé hé, je savoure bien ma petite vengeance.

J'ai retrouvé David pour aller courir à la tombée de la nuit... avec toujours l'espoir de parler avec lui un peu plus en profondeur... Mais je n'ai pas pu résister, je lui ai raconté mes péripéties de mercredi en épreuve d'orientation, j'avais tellement besoin de partager cette aventure avec un être cher, et de prolonger cette histoire...

Mais il n'a pas été très réceptif... : « Tu regardes trop de séries américaines Sarah... »

Ce qui ne m'a pas encouragée à lui dévoiler plus de ce que j'ai sur le cœur...

Trente minutes de jogging pour rien... et un fossé entre deux êtres séparés par la vie en quelques mois...