Lors de mon déjeuner hebdomadaire (ou presque) avec Yunso, la cuisiner sur sa mascarade du week-end dernier me brûlait les lèvres : pour qui ? pour quoi ? (cf post du 16 juin) Mais j'ai trop de respect pour notre petite amitié pour lui rentrer dans le lard sur ce sujet...

Du coup elle a trouvé que j'étais un peu « éteinte » : « c'est la faute du bac ! » ai-je rétorqué !

Mais au fond de moi ça bout !

Il a fallu que je raconte mes exploits au bac et j'ai résumé en une phrase : « L'espoir fait vivre ! »

En gros elle voulait parler de sujets qui ne m'intéressent plus, et moi je voulais lui parler de sujets que je n'ose pas aborder !!!

Finalement on s'est retrouvées sur un sujet commun : le, les bracelets.
- Tu as eu des nouvelles pour un antiquaire spécialisé dans les bijoux ?
- Non c'est bizarre, il m'a pas rappelée. Peut-être parce qu'il y croyait pas trop. Je me demande si ça l'a pas vexé qu'on remette en cause ses compétences...
- T'es sûre qu'il est compétent ?
- Ben oui, on a suivi les mêmes cours.
Tiens c'est prétentieux ce qu'elle vient de dire... Faut dire que j'étais peut-être un peu sèche !

Mais elle a vraiment bon cœur avec moi, et elle a tenté de l'appeler devant moi. En vain ! « Et si on allait le déranger à sa boutique ??? »

J'ai acquiescé, trop touchée qu'elle prenne cette histoire de bracelet à cœur. Depuis qu'elle sait une partie de la vérité, elle est encore plus motivée que moi.

Mais attention, c'est là où ça va se compliquer très sérieusement...

Avant de se quitter, on a parlé du dernier épisode du bac à venir :
- Tu passes quand l'oral ? me demande-t-il.
- Le 1er juillet.
- Ah bon ? T'es sûre ?
- Ben je crois...
- Parce que je pensais que tous les oraux avaient lieu la semaine prochaine... moi je passe lundi.

Ça m'a mis le doute, et j'ai vérifié, en rentrant, sur ma convocation ! Argh...je passe mercredi prochain alors que je pensais avoir 10 jours pour réviser !!! La boulette ! Ça aurait pu être pire : oublier de se présenter le bon jour par exemple !!!

Comment j'ai pu me tromper comme ça...

Je crois que j'ai confondu avec le spectacle de fin d'année qui a lieu le 1er juillet. Sûrement deux stress comparables...

Sauf que pour la comédie musicale, j'ai 999 chances sur mille de ne pas avoir à la faire ! Les starlettes tiennent trop à leur rôle et à leur public ! Et une star ne déçoit jamais son public malgré les grippes, et les angines et tutti quanti!

Si je pouvais avoir la même probabilité de ne pas passer l'oral du bac...

On s'est donné rendez-vous à un concert de rue. Il y avait une tonne de monde, la musique était forte. Mais le regard parlait pour nous. Des petits sourires gênés, des yeux qui demandaient pardon. On était bien tous les deux, simplement, sans bavarder.

Puis sur le chemin du concert suivant, un petit échange s'est engagé :
- J'aime pas quand on se fait la tête, lance-t-il comme une bouée à la mer.
- Moi non plus.
- J'aime pas quand tu dis des bêtises sur moi.
- J'aime pas quand tu dis des bêtises tout court.
- J'aime pas quand tu comprends pas mon humour.

Nouveau concert, nouveau silence dans un brouhaha sans nom.

Nouvel échange en direction d'un autre concert mais de ma part cette fois :
- Ça s'est bien passé le bac ?
- Super en sciences, mais la cata en français...
- Ben moi c'est tout l'inverse... On aurait pu s'aider...
- Ou faire les épreuves à deux...
- Cool...
Des discussions creuses mais pleines de sens...

Je me demande comment il va faire car les épreuves anticipées ne sont pas les mêmes pour les L et les S et il a passé des épreuves de L... Mais j'évite d'aborder tout sujet qui fâche... Mais lui le fait sans hésiter!
- Tu m'en veux pas de t'abandonner l'année prochaine... ?
- Non mais ça me rend triste... Tu vas m'oublier...
- T'es conne...
- T'es con...
Et ça ricane bêtement !

C'est une vraie réconciliation, certes, mais on n'a pas parlé de ce qui m'embête et de son « homo-intolérance ».

Au beau milieu d'un air de trompette, je lui chuchote un mot à l'oreille... ou plutôt je lui hurle dans les oreilles :
Pourquoi t'as pas répondu à mes SMS ?
Mon père est rentré, c'est un peu compliqué...

Je comprends mieux les fenêtres ouvertes et l'ombre derrière le rideau. C'était son père, pas un David fuyant.

Tout s'éclaire même si nos langues restent réservées. C'est vrai que la musique « adoucit les mœurs » et le cœur...

Miracle à 18h22 :
« La musique adoucit les mœurs »
Résurrection à 18h27 :
« Fête de la musique rien que tous les deux ? »
C'est David, à 5 minutes d'intervalle.

Je lui réponds « Alléluia !»

On se retrouve à 20h.

Même centre d'examen, même classe... et mêmes surveillants ! Dont celui qui m'a définitivement dans le pif depuis l'épreuve de français.

En voyant les questions, j'ai soupiré bruyamment, mon surveillant m'a repérée immédiatement et il est venu vers moi, puis il est resté planté là cinq minutes, dix minutes...quinze minutes ! Debout, tourné vers moi, faisant semblant de regarder ailleurs alors qu'il avait les yeux rivés sur mon bureau, mes mains, mon stylo, mes brouillons.

Il ne me piégera pas, il n'y a rien à piéger... mais il me distrait... il va me faire foirer mon épreuve à décortiquer tout ce que j'écris. Comme si chaque mot renforçait ma culpabilité...

Affreux de se sentir coupable alors qu'on ne l'est pas.

J'en pouvais plus, il me paralysait. Je me disais que c'était sa vengeance à lui... « J'ai pas réussi à te prendre sur le fait en français et ben tu vas voir en sciences, je vais te ligoter les mains ! »

Il m'a surtout ligoté le cerveau.

Je me décide alors à réagir, je le fixe méchamment. Et il me répond par les yeux, il me nargue ! C'est une guerre des nerfs !!!

Il est 8h30 et je n'ai pas foutu grand chose. Il est temps de prendre le taureau par les cornes, je demande à aller aux toilettes alors que j'ai pas envie du tout ! Évidemment c'est MON surveillant qui m'accompagne et une fois dans le couloir il me sort un « évidemment ». Mais pas question de me laisser faire :
- Il faut que vous arrêtiez de me coller dans la salle, ça me déconcentre...
- Ah, on a des choses à cacher !
- Oui ! C'est sont toutes les inepties que je vais écrire. Je suis nulle en sciences !
- Un peu mince comme argumentation.
- Bon si vous voulez que je me plante totalement, vous allez y arriver.
- Vaut mieux se planter que tricher !
- Je vous garantis que je vais me planter sans envie de tricher et seulement à cause de vous. Alors surveillez-moi mais de loin...
- C'est mon boulot de vous surveiller.
- Votre boulot c'est de choper les gens qui trichent vraiment, ouvrez les yeux au bon endroit...
De quoi détourner un peu son attention.

Aux toilettes, je n'ai fait aucun bruit et je suis restée trente secondes, de quoi renforcer encore plus ses suspicions.

Avec tout ça il est 8h45 soit la moitié du temps. Je n'ai sûrement pas fait la moitié des questions...

J'ai passé les 45 minutes restantes à gratter ma copie comme une furie, oubliant le reste du monde et mon surveillant harceleur...

A 9h30, tout le monde était encore là dans la salle, même Alyssa. Et quand le surveillant a annoncé la fin de l'épreuve, il y a eu un mouvement de révolte... « c'est trop court », « vous êtes fou »...

Le brouhaha était intense et les surveillants ne savaient plus où donner de la tête... Tout le monde commençait à échanger sur le contenu de l'épreuve malgré les hurlements des surveillants.

Bref j'ai rendu ma copie à 9h37 et j'étais pas la dernière...

Bien fait !

Pas de nouvelles de David malgré mes SMS de mardi. Il boude sévère.

Pour les Sciences, j'aurais pu le relancer mais ça m'aurait pris plus de temps de négocier notre réconciliation que de me dépatouiller toute seule avec ces révisions. De plus ça l'agaçait profondément la dernière fois que nous avons révisé ensemble cette matière, je n'arrivais pas à suivre son rythme.

Du coup notre silence s'étire un peu en longueur. Mais dès demain après l'épreuve du matin (8h-9h30), il faut qu'on reprenne contact.

Mince j'avais pas réalisé... elle dure qu'une heure trente demain l'épreuve !!! Le temps de se réveiller puis d'aller 2 ou 3 fois aux toilettes, et hop ce sera fini !

Je me retrouve seule face à toutes ces sciences qui ne m'ont pas beaucoup marquée cette année... Ça devrait me parler pourtant, ça a l'air intéressant comme ça, il y a 4 sujets :

1/ « Nourrir l'humanité » : en gros la bouffe, ma spécialité. Bon le nutella n'a pas l'air d'être au programme. Peut-être un petit sujet sur l'huile de palme et l'obésité ? Je pourrais utiliser des exemples très « personnels ».

2/ « Représentation visuelle du monde » : les couleurs, la lumière tout ça, plein de sujets traités indirectement en arts plastoc, mais je sais pas pourquoi il faut toujours qu'ils compliquent avec des termes de martien : la « convergence », la « divergence », le « prisme »... on se croirait chez l'opticien et moi je vois très bien. Dommage, David porte des lunettes, il aurait pu m'aider, je ne sais plus s'il est hypermyope ou presmétrope. Ah ben non ces termes-là ont pas l'air d'exister, ils sont soulignés en rouge par mon correcteur... faut que je révise un peu plus.

3/ « Le défi énergétique » : en gros comment économiser l'électricité. Moi j'ai une solution : ne jamais être chez soi, passer son temps au café, au mc do, au cinéma, chez les autres. Bilan énergétique de la maison = zéro, la tête à toto. Je sais même pas comment se chauffe mon immeuble... il y a des gros tuyaux brûlants partout mais les radiateurs sont toujours éteints. La Vieille prétend qu'il faut vivre avec 18° mais au lycée il fait 22° dans les classes. Ou alors il faut déserter les contrées froides et aller vers les pays chauds, voilà la solution ! Ah ben non il faudra payer pour la clim'... Hé mais je viens de faire une thèse-antithèse... Non pas besoin demain !

4/« Féminin / Masculin » : ouh la ! Là c'est un sujet sensible. Mais je pense que je connais ni l'un ni l'autre. Je ne comprends ni les filles, ni les garçons. Égalité partout balle au centre... non l'égalité des sexes n'a pas l'air de faire partie du programme...

Finalement tout ça me saoule, je vais basculer sur une autre science qui a son importance et qui va m'occuper pendant 2 h :
17H55 EPISODE INEDIT DES ANGES SAISON 5
18h25 SECRET STORY SAISON 7
19H LES MARSEILLAIS A CANCUN
Ben oui c'est de la sociologie tout ça et ce sont des cas sévères ! LOL

C'est quand même étrange que l'épreuve du bac soit tombée dans l'univers du « journal intime ». C'est comme si celui qui tire les ficelles de ma vie avait écrit une épreuve pour moi.

Et en plus je me sens un peu comme Robinson : j'ai échoué sur une île déserte peuplée de poules (les Pestes) et de sauvages (les Vieux).

Bizarre...bizarre... C'est un signe ?

Voilà, ça c'est fait.

Angoisse très forte en arrivant au centre d'examen qui est un autre lycée de mon arrondissement. Trouver son chemin est déjà un supplice.

J'arrive seulement 5 minutes avant le début de l'épreuve dans ma classe qui contient bien 40 personnes déjà. Je suis presque la dernière. Ça m'a facilité la tâche pour trouver mon petit bureau, en plein milieu de la salle.

Une carte d'identité et une convocation plus tard...il est déjà 8h du matin et on nous distribue les sujets. J'entends des murmures de jeunes qui se parlent à eux-mêmes : des « merde j'ai pas révisé », des « super j'ai revu que ça », mais aussi des regards perdus, des regards de panique, des regards de confiance en soi, des regards pour comptabiliser qui est content et qui ne l'est pas... et dans cette catégorie, je reconnais un regard et un visage trop familiers, la peste Alyssa.

Je ne vais pas lui jeter la pierre puisque je faisais la même chose qu'elle... à savoir décrypter la réaction des autres. Un surveillant lance un « chut » et tique déjà sur deux filles qui étaient en train de communiquer avec les yeux.

8h03
Bon il est temps de s'y mettre... mais j'ai du mal à me concentrer... j'ai une seule chose à l'esprit, une envie très très pressante, mais je vois au tableau : « sortie toilettes à partir de 9h et jusqu'à 11h30 »

Hein ???? Mais j'ai très envie moi...

8h17
Ma vessie m'empêche de lire les textes du sujet, je pense qu'à elle, elle me brûle tout le bas du ventre. Si j'étais arrivée un peu en avance, j'aurais eu le temps de me soulager. Encore quarante cinq minutes, ça va être long...
Bon Sarah relis les textes, relis les sujets, enlève de ton esprit cette vessie...

8h25
Je crois que je vais faire pipi dans ma culotte.

8h26
Non le ridicule va me tuer, je préfère que ma vessie explose de l'intérieur.

8h32
Bon je vois le topo, on a 4 textes autour de Robinson. Le sujet cette année c'est la réécriture... un terme chic pour dire « remake » avec des « prequel » et des « sequel ». D'ailleurs aujourd'hui, il n'y a plus que ça, des remakes ! Ben là c'est tous les remakes de Robinson Crusoé : c'est comme si je faisais une thèse sur tous les Starwars ou bien les Superman. Lol

8h34
2 minutes de perdues à penser à ces films. Retour à la réalité et tentative de réponse à la 1ère question : « À quoi sert le journal dans Robinson de Daniel Defoe (texte A) ? » Question débile, il doit y avoir un piège... Je pense à moi et mon blog... moi aussi j'écris un journal ! Bon je parle pas du temps dehors comme Robinson... encore que... il fait chaud et humide ce matin, on se croirait sur une île tropicale !

8h39
Je ne tiens plus, c'est officiel j'ai très mal à la vessie. Je viens de perdre quarante minutes sur 4 heures, soit 40 / 4x60 donc 40/240 soit 18,6666% du temps pour l'épreuve. Si j'étais en maths, j'aurais tout bon au problème. Mais là je suis en français et littérature et ça part très mal car ce n'est pas très poétique, ni théâtral, ni romanesque. C'est juste très con...

8h42
J'appelle un surveillant, je ne tiens plus...
- Dans un quart d'heure mademoiselle.
- Je vais crever si vous m'emmenez pas aux toilettes...
- La règle c'est la règle je suis là pour la faire respect...
- Je suis en train de me pisser dessus.
- On y va...

8h46
Je me soulage aux toilettes et je fais beaucoup de bruit pour montrer au surveillant qui m'attend derrière la porte que je ne triche pas. Quand je sors, il fronce quand même les sourcils.

8h50
Ça y est, je suis opérationnelle. Mais ça m'angoisse d'avoir perdu 50 minutes. Et cette angoisse est en train de me faire perdre mes moyens. Je regarde autour de moi, tout le monde est en train de gratter, il est temps que je réponde aux questions du début.

9h
Bon, dissert ? Commentaire ? Écriture d'invention ? Il faut que je prenne ce qui me prendra le moins de temps.

9h07
La dissert' ça ne m'inspire pas : « Pensez-vous que toute création littéraire soit, d'une certaine manière, une réécriture ? ». J'ai envie de répondre oui, oui et oui. Rien à mettre dans le « non » et le « peut-être ». Ok poubelle...
Le commentaire de texte... l'auteur est un illustre inconnu (Patrick Chamoiseau???), le style est prétentieux, voire ampoulé, Robinson est en train de devenir un animal et perdre son humanité mais il écrit comme un auteur précieux. Il se regarde écrire celui-là... Si je le commente, je vais finir par dire que je déteste...

Reste l'écriture d'invention. Et comme on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même... Et en plus comme moi j'écris un journal sous forme de blog, c'est pour moi. Sauf qu'il faut que je me prenne pour Robinson. Ben oui on est dans un remake...

Ça commence comme ça obligatoirement :
« Robinson.
Solitude.
Création du loisir. Conservation.
Temps vide. Ornement.
Danger de perdre tête, de perdre tout langage.
Lutte. Tragédie. Mémoire. Prière de Robinson.
Imagine des foules, des théâtres, des rues.
Tentation. Soif du pont de Londres. »

...???!!!

Bon, identification : Robinson écrit son blog sur canalblog sur une île déserte... C'est parti !

9h10
Malheur, je crois que j'ai de nouveau envie de faire pipi. Bon c'est supportable.

9h45
Ça n'est plus supportable. J'appelle le surveillant :
- J'ai encore envie...
- Vous avez un problème médical ?
- Pas à ma connaissance...
- Bon on y va !

9h55
Quand je sors de ma cabine de « soulagement », le surveillant a un air très suspicieux, qu'est-ce qu'il imagine ??? Tricher en français ça ne sert pas à grand chose...

10h30
Il me reste une heure trente, je viens de finir mes huit lignes suivantes... je peux être fière de moi, ça tient en un quart de page...

11h05
Je panique, j'aurai jamais le temps de finir. Je vais avoir zéro, c'est horrible.

11h28
Ça y est j'ai encore envie... mais on n'a plus trop le droit, enfin si encore pour quelques secondes. J'appelle encore une fois le surveillant :
- Vous vous fichez de moi ?
- Je contrôle plus là.
- Vous avez trente secondes...
- Je vais faire ce que je peux.

11h32
- Mademoiselle vous avez dépassé l'heure limite, je suis obligé de le signaler sur votre copie.
- C'est pas de ma faute.
- Tricher ne vous servira à rien.
- Mais je triche pas...
- Vous êtes sûre que vous n'avez pas un téléphone portable sur vous ?
- Ben fouillez-moi.
- C'est quoi le truc dans votre poche de pantalon, là ? La main dans le sac... j'en étais sûr.
Je ne sais même pas ce qu'il y a dans ma poche. J'imagine à un moment que j'ai oublié mon portable dans ma poche, c'est foutu.

11h33
Je glisse ma main avec frayeur dans ma poche et j'en ressors... une barre chocolatée ! Je suis tellement énervée que je prends la barre et je fais mine d'appeler quelqu'un avec : « Allô, non mais allô quoi ! Je passe un coup de fil avec un Snickers».
Le surveillant n'apprécie pas du tout, mais il se retrouve très con.

11h45
Retour en classe, je mets le turbo... et là Alyssa se lève pour rendre sa copie ! Elle nargue l'assemblée et moi en particulier... Comment a-t-elle fait ??? La garce...

11h55
Le surveillant me rôde autour... pour vérifier si je ne sors rien de suspect. Mon inspiration c'est suspect ???

11h59
Il ne reste que deux élèves dans la salle et le surveillant est bien décidé à m'arracher ma copie une minute avant la fin. Il met les mains dessus mais je lui montre l'horloge, il hausse les épaules.

12h
« Allez c'est fini maintenant ! Mademoiselle je vais écrire que vous dépassez le temps sur votre copie ».

12:00:58
Je rends ma copie, ou plutôt mes deux copies doubles. J'ai vraiment bâclé la fin. Je mange mon snickers, enfin, et je maudis ce surveillant envahissant.

12h05
Dans le couloir, je suis derrière mon surveillant qui parle à une autre surveillante :
- Je te jure j'en avais une dans mon groupe, elle avait la tête d'une coupable, il a fallu l'emmener aux toilettes trois fois. J'ai tout fait pour la coincer.
- Tu l'as eue ?
- J'ai failli mais tu les connais, ils ont plus d'un tour dans leur sac.
Pas besoin d'avoir son bac pour comprendre qu'il parlait de moi ! Plutôt que de se concentrer sur moi, il aurait mieux fait d'ouvrir l'œil ailleurs, car il y avait bien quelques échanges de petits papiers coupables ou non autour de moi...

Bons tricheurs, mauvais surveillants !!!

Avec le recul, je pense que j'ai sauvé les meubles, mais quel gâchis ! Quelle perte de temps et de concentration... Et maintenant que j'ai des toilettes à disposition, je n'ai plus du tout envie d'y aller...

Je vais regarder la télé puis réviser un peu les Sciences, mais c'est peine perdue dans cette matière qui ne m'aime pas.

La discussion avec la Mamie m'a donné envie d'aller voir David. J'ai sonné chez lui mais pas de réponse. J'ai jeté un œil à ses fenêtres à l'étage, et j'ai croisé une ombre qui a bougé. Une des fenêtres ouvertes battait au vent. L'appartement n'était visiblement pas vide...

Malheureusement tout concorde, il m'a vue arriver et n'a pas souhaité me parler.

Sur le retour, j'errais telle une âme en peine, quand j'ai fait une rencontre inattendue, mon délégué de classe. Enfin mon ancien délégué, Quentin, celui qui a subi mon courroux « collant » massacrant ainsi son jean diesel, par erreur ! Et nous étions un peu gênés de tomber l'un sur l'autre. On ne se parle pas vraiment en classe. Il faut dire que je ne parle à personne, à part David. En voyant Quentin, j'ai même failli faire semblant de ne pas le voir sur le trottoir... mais il a décidé d'assurer le service minimum, sûrement en bon politicien :
- QUENTIN : Ah salut...
- MOI : Salut... bon bah bonne chance pour le bac.
- QUENTIN : Faut pas dire ça, t'es folle ! Moi je te dis merde !
- MOI : Hein ?
- QUENTIN : Tu comprends rien, faut dire merde...
- MOI : Ah oui m...
- QUENTIN : Au fait je suis un peu curieux, et j'ai une question...
- MOI : Une question pour moi ?
- QUENTIN : Oui. Je me suis demandé si ton voisin de classe l'autre jour ne parlait pas de toi. C'était toi ?
- MOI : De quoi tu parles ?
- QUENTIN : Le dernier jour, vendredi. Lorsque chacun a évoqué son meilleur souvenir de l'année...
- MOI : Je sais pas, j'ai pas entendu ce qu'il a dit...
- QUENTIN : J'ai pas entendu ce que t'as dit d'ailleurs...
- MOI : Bah j'ai rien dit... mais qu'est-ce qu'il a dit, David ?
- QUENTIN : T'as vraiment pas entendu ? C'est pas pour semer le doute ?
- MOI : Si j'avais entendu et que je souhaitais semer le doute je te demanderais pas de me dire ce qu'il a dit et que toi tu as a priori bien entendu ?
- QUENTIN : Je te suis pas... désolé c'est le bac, je suis fatigué.
- MOI (soupirant d'impatience) : C'est quoi le souvenir de David ?
- QUENTIN : Un truc bizarre du style qu'il avait trouvé cette année son meilleur ami...
- MOI : Ah... c'est ça qui est bizarre ? Son meilleur ami ça doit être un de ses potes de 1ère S.
- QUENTIN : Attends j'ai pas fini, c'est pas bizarre ça, c'est surtout aussi cucu que ce que tout le monde a dit.
- MOI : J'ai bien fait de rien dire...
- QUENTIN : Tu veux pas savoir ce qu'il a dit...vraiment ?
- MOI : Non...finalement non.
- QUENTIN : Ben je vais te le dire quand même. Il a ajouté qu'il n'avait jamais imaginé que le meilleur ami, qu'il ait jamais eu, puisse être une fille...
Il me laisse pantoise. David a des amis, oui mais il n'a pas d'amie, ça j'en suis sûre à part une seule. Mes yeux me trahissent...
- QUENTIN : Moi j'ai que des amies filles alors rien d'extraordinaire, mais lui...Enfin bref ! Je voulais savoir de qui il parlait, mais je crois deviner ta réponse vu ta réaction. Alors je vais te redire merde pour le bac demain !
- MOI : Quentin, je te dis mille fois merde parce que tu me fais un beau cadeau...
- QUENTIN : Ah...

Puis je me suis enfuie face à un Quentin assez circonspect. Cette révélation m'émeut. Mais je n'ai pas réagi au bon moment et maintenant IL ne veut plus me parler. Je décide de rentrer, je dois me calmer pour le bac demain matin.

Mais à mon retour, la Mamie est encore (ou est revenue) sur notre banc et elle me fait signe de venir :
- Sarah, je finissais cette délicieuse tarte toute seule quand un jeune garçon tout maigre a débarqué sur le banc. Il s'est assis à côté de moi et est resté longtemps. Il me disait quelque chose, vaguement. Il a souvent regardé vers ton immeuble, vers ta fenêtre. Puis il est parti. Quelques minutes après, ma mémoire qui me joue des tours s'est réveillée. Je l'ai déjà vu avec toi ce garçon...
- Il a des boutons ? Il est très très maigre ? Tout l'inverse de moi ?
- On peut voir ça comme ça...
- Merci, c'est un beau cadeau que vous me faites en plus de la tarte délicieuse...
- Si je peux te rendre un peu plus heureuse aujourd'hui, ça suffit à mon bonheur !
- Vous êtes formidable...
Je l'ai serrée contre moi, c'est un acte que je n'ai jamais fait, jamais osé. Mais l'émotion était trop forte et tranchait avec l'ignoble Vieille bique de chez moi.

Je m'apprêtais à retourner chez David en espérant le trouver chez lui cette fois-ci. Mais j'ai entendu un sifflement qui venait de mon immeuble, d'une fenêtre... Le Vieux !!! Il me fait signe de rentrer et hurle par la fenêtre :
« Le bac !!!!!!!!!!!!!!!!!! Rentre ! »

Et là mon cœur balance... mais le bac est une réalité urgente alors que David est pour l'instant, seulement virtuellement, disposé à me parler. Ma raison prend le dessus.