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16 ans, grosse & moche!

27 mai 2013

LUNDI 27 MAI 9h55 : FLIPPE PROGRAMME!

Mercredi 19 Juin 2013 8h-12h : Français
Vendredi 21 Juin 8h-9h30 : Sciences

Voilà ce qui résume notre vie durant les trois prochaines semaines. La pression monte encore d'un cran cette semaine. D'un côté les profs qui nous terrorisent et de l'autre la rumeur persistante dans les couloirs parmi les élèves que le bac est donné à tout le monde et qu'il faut être absolument débile pour ne pas l'avoir.

Sauf que je ne sais pas trop où me situer...

Bref j'hésite entre l'angoisse ou le lâcher-prise.

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26 mai 2013

DIMANCHE 26 MAI 19h10

Message de la mère Lawson pour me réinviter à faire du babysitting cette semaine, mais j'ai été obligée de lui dire non. En semaine je ne peux pas faire d'écart avec les Vieux qui veillent sur ma cellule et mon absence de liberté.

Je suis rassurée que l'invasion de la poudre bleue dans tout l'appart' de la dernière fois ne l'ait pas refroidie sur mes capacités de babysitter !!! (cf posts du 17 mai avec la bêtise très utile de Jessica)

26 mai 2013

DIMANCHE 26 MAI 15h05

J'ai ouvert la fenêtre pendant mes révisions du bac, et rebelote, l'odeur fétide issue de la trappe bouchée vient faire frétiller mes narines. Toujours cette odeur de bois humide putride. De terre ? De pluie ? J'ai tapé tout ça dans Internet et ça ne donne rien à part un site de pêche avec des asticots à vendre.

Super l'enquêtrice !

David qui a toujours des bonnes idées n'en a aucune.

Et quel intérêt aurait le Vieux à faire du trafic d'asticot dans un appartement de Paris ???

26 mai 2013

DIMANCHE 26 MAI 11h25 : MON CABOT

Je suis inquiète. Alors que le Chien allait mieux, il s'est remis à miauler hier soir. Et il a retrouvé ses vieux tics, il ne tient pas en place.

J'ai envie de le ramener chez le véto, mais j'ai plus un rond. Et ce ne sont pas les Vieux qui vont m'aider. Pourtant samedi avant ma longue absence tout allait parfaitement bien, il récupérait totalement.

Quelle bêtise a-t-il encore fait, ce vieux cabot, pendant que j'étais pas là?

25 mai 2013

SAMEDI 25 MAI 17h50 : UNE AMIE

Sur le chemin du retour Yunso m'interroge sur le bracelet et si j'ai vu son ami.
- C'est le chaos, il se contredit un peu.
- Il a beaucoup de boulot j'imagine. Et il a beaucoup d'ambition !
- Je suis pas rassasiée sur le bracelet mais je suis un peu découragée.
- Je ne sais pas pourquoi ça t'intéresse autant...
- C'est un souvenir d'enfance. Une enfance totalement effacée de ma mémoire.
- C'est vrai ??? Mais je savais pas !!! Tu aurais dû me dire... On pourrait aller voir un autre bijoutier ?
- Oui on pourrait...
- On y va maintenant ?
- Mais lequel ?
- Au pif ! On va faire du shopping entre filles.

Bon ça n'a pas été très constructif. Le bijoutier nous a ri au nez. Il n'a même pas voulu voir la photo que j'avais sur moi. La description ne lui disait rien. Et il a demandé plusieurs fois si on voulait acheter quelque chose.

On a dit oui puis non. Deux greluches complices en furie ! On est parties en se moquant de lui. C'est ça qui m'a fait du bien. Un peu d'amitié entre filles. Même si l'écart d'âge reste un grand fossé entre nous.

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25 mai 2013

SAMEDI 25 MAI 14h55 : DÉJEUNER SECRET !

Je retrouve Yunso au Zenzoo, le resto asiatique loin de l'immeuble. C'est un peu comme un nouveau QG secret. J'ai un peu mal vécu au début qu'on soit obligées de se cacher comme ça pour discuter.

Mais j'ai tellement une image pourrie de moi-même que je me sens flattée que cette fille aime parler avec moi même dans le secret.

Nous sommes au milieu des boissons au thé-tapioca, qui ont donné le nom au restaurant, tout petit, tout mignon, tout authentique, tout bruyant. Une adresse minuscule très fréquentée, et aussi branchée. J'ai l'impression d'être fashion et ça m'arrive pas souvent. Merci Yunso.

Quelques extraits de nos conversations décousues...

- MOI : Kamil s'est vexé la dernière fois qu'on a parlé...
- YUNSO : Ah bon ? Il m'en a pas parlé. Ça devait pas être si grave.
- MOI : Il m'a envoyée un peu sur les roses...
- YUNSO : Vraiment ? Pourtant je crois qu'il ne pense que du bien de toi.
- MOI : Je pense aussi qu'il pense beaucoup de bien de toi...
- YUNSO : Qu'est-ce qu'il est encore allé raconter... je croyais qu'il s'était calmé.
- MOI : Pas besoin d'en parler... ça se voit qu'il t'aime beaucoup.
- YUNSO : C'est du passé tout ça, il n'est pas pour moi.
- MOI : Tu as quelqu'un d'autre en tête...
- YUNSO : Oui mais je préfère pas en parler...
- MOI : Je le connais ?
- YUNSO : Sarah...
Mais elle sourit, elle rougit, elle aimerait tout balancer mais elle se censure.

Normal ! Une fille comme elle ne va pas se confier à une fille comme moi. Moi j'ai très envie de me confier...
- MOI : Comment on sait qu'on est amoureuse... ?
- YUNSO : Ah c'est compliqué et je sais pas si je suis bien placée pour répondre...
- MOI : T'as jamais été amoureuse ?
- YUNSO : Si je crois, mais j'ai jamais été en couple avec un garçon que j'aimais vraiment.
- MOI : Tu aimes ou tu as aimé quelqu'un avec qui tu n'es pas en couple.
- YUNSO : C'est à peu près ça, c'est compliqué, c'est pas clair dans ma tête et pour lui j'en sais rien. On est très proches mais c'est tout.

J'adore écouter les autres. Ça me fascine. Même quand c'est « compliqué ». C'est comme un bon feuilleton. Je suis prise par l'histoire. Et là je sais très bien de qui elle parle... même si elle crache pas son nom. Dans toutes les conversations que j'ai surprises entre elle et Kamil, Marco revenait tout le temps.

Je me fais peut-être un film. J'en ai pas le cœur net. Mais j'ai tout l'historique de mon blog pas si inutile : cf post du 4 novembre 1h et du 15 décembre 2012 12h. Je suis un peu naïve mais pas idiote non plus et j'ai beaucoup d'expérience...télévisuelle. Toutes ces années de séries et de « feux de l'amour » aiguisent mon intuition. Mais malheureusement ça ne marche que sur les autres, pas sur moi-même.

Et malgré les perches tendues, Yunso n'en a saisi aucune : ni celle sur sa vie sentimentale, ni celle sur la mienne. L'intérêt que les gens ont pour moi reste limité, mais bon je me contenterai avec bonheur de la vie des autres.

24 mai 2013

VENDREDI 24 MAI 14h10 : L'A...

C'était tellement difficile de trouver un rendez-vous avec ma kiné préférée, Mme PhamVan que j'ai dû le mettre à l'heure de la cantine aujourd'hui.

C'est pas une grosse perte, l'appétit du midi n'est pas revenu.

Je n'avais pas beaucoup eu de rab avec elle après mon genou explosé à la piscine. Et c'est de nouveau ma dernière séance avec elle... J'ai décidé d'en profiter un maximum et de libérer ma parole autant que possible pour une coincée de l'oral comme moi.

« Votre genou y'a plus de problème... Ça se voit c'est réglé, mais il y a quelque chose de nouveau en vous que je n'avais jamais vu avant. »
Non elle aussi l'a vu ?
« Oui vous êtes transformée ! »
Une de plus qui s'en rend compte... Ça me scie. (cf post d'hier, selon un geek, je ne suis pas « une fille »
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Je suis curieuse...
- C'est peut-être la jungle dehors qui me rend plus masculine... Je deviens un mec pour me défendre...
- On parle pas du tout de la même chose... Je dirais que je vous sens plus féminine.
- C'est parce que j'étais très masculine avant ? C'est par comparaison ?
- Vous y êtes pas du tout...
Et elle sourit niaisement !!!

Bon ça va, le coup de « l'homme en moi » ça n'a pas l'air de la marquer tant que ça. Mais qu'est-ce qu'elle voit alors... Mince je crois que j'ai compris.

Hier j'ai écrit « Grosse, moche, cruche... et maintenant camionneuse !!! »

Grosse et moche ça n'a pas changé j'en suis sûre. Camionneuse, ça n'a pas l'air d'être le sujet. Alors c'est la cruchitude qu'elle a vue en moi, elle est trop forte.
- Vous êtes trop forte !
- Vous avez compris de quoi je parle ?
- Oui je crois mais j'arrive pas à mettre un nom dessus.
Je vais pas lui parler de « cruchitude », c'est pas dans le dico et il faut avoir lu tous mes posts du mardi pour comprendre...
- C'est récent hein ?
- Quelques semaines...
- C'est réciproque...
- Trop pas...
- Ah...
Et là elle est toute dépitée. Mais moi je suis folle de joie de pouvoir en parler avec quelqu'un et elle ne comprend pas ma joie soudaine.
- Je suis trop contente que vous lisiez ça en moi...
- Je dois pas être la seule...
- Si, personne ne me regarde alors que vous, vous voyez tout sans qu'on vous parle. Votre fille a une chance incroyable d'avoir une maman comme vous.
- Si elle pouvait vous entendre...
- Vous savez tellement bien décrypter les gens. Je suis fascinée, et ça me fait tellement de bien que quelqu'un me comprenne sans avoir à chercher plein de mots...
- Avec ma fille c'est malgré les mots... on ne se comprend pas. L'autre jour je lui ai demandé où elle en était de ce côté-là, elle m'a répondu qu'elle était dans l'attente. Je lui ai demandé dans quelle attente. Elle m'a répondu dans l'attente de savoir si c'était réciproque. Vous au moins vous savez que non.
- Moi c'est plié...
- Mais elle, elle va encore s'embourber dans ses histoires compliquées inutiles... je suis sûre que c'est un de ses deux coloc'...
- Ah bon ???
- Elle vit en colocation avec deux garçons... ça aide pas...
- Deux garçons et une fille ? Elle s'appelle comment votre fille ?
- Mathilde...
Ouf j'ai cru un instant que sa fille était Yunso !!!

A la fin de la séance, on est reparties sur moi :
« Vous inquiétez pas, vous êtes jeune, vous avez tout le temps... »
Je suis d'accord mais c'est très long... Puis j'avais besoin de revenir sur ce qu'elle m'avait apporté :
- Je vous remercie beaucoup beaucoup, vous m'avez beaucoup apporté...
- Oh c'est mon humble ressenti, après vous faites ce que vous en voulez...

Et ça s'est fini comme ça. J'aurais tellement voulu lui dire mille fois plus. C'est elle mon CPE en fait... attentive, intuitive, communicative, rassurante. Tous les talents que l'autre boulet du lycée n'a pas.

Enfin, ce qui est incroyable c'est qu'on a parlé de cette « chose » sans citer son nom pendant une demi-heure. Elle a sûrement compris que je ne voulais pas mettre ce mot-là sur ce que je ressentais.

Cette petite kiné extra-lucide va beaucoup me manquer. Mais je ne vais pas me casser des membres sans arrêt pour aller la revoir. On va éviter de ruiner l'assurance-maladie en faillite.

23 mai 2013

JEUDI 23 MAI 18h45 : ECHANGES DE GEEK !

Atelier décors. La prof n'est pas là mais elle m'a laissé une « to do list » impressionnante. Elle est folle. Et en plus, elle me laisse tomber. Je me retrouve seule à faire tous les nouveaux décors, notamment une « crypte enchantée » qu'elle m'a dessinée et que je dois reproduire en carton-pâte.

Je ne comprends rien, j'y arrive pas et les voix des chanteurs me déconcentrent. Tout me stresse...

Dans une crypte y'a des zombies non ? Des goules ? Des fantômes ?

Les Geeks sont empêtrés dans des problèmes techniques de son et de lumière. Si la lumière n'angoisse personne pour le moment, le son est déjà une source intarissable de plaintes...
- ALYSSA : « Y'a quelqu'un au son ? Parce que je m'entends pas là... », « J'ai trop de reverb là, je m'entends trop... », « Y'a trop d'aigus dans mes graves », « J'entends pas la musique du coup ça me fait changer de tonalité », « La PBO est trop forte, ça couvre ma voix... »...
- FLEUR DE LYS : « Mais pourquoi son micro est plus ouvert que le mien ? », « Elle écrase ma voix c'est pas normal ! », « Quelqu'un a déréglé ma balance, c'est du sabotage et du favoritisme ! »

Chacune trouve une excuse à sa mauvaise prestation ! Facile d'accuser les autres !

Moi je sais pertinemment que mes décors sont à chier et c'est entièrement de ma faute !

En attendant, j'ai de la peinture jusqu'au cou et les Geeks sont pétés de rire. On finit par discuter, ils en ont ras-le-bol :
- Y'a personne pour nous dire quoi faire ! se désespère le Geek boutonneux.
- Les deux profs n'y connaissent rien et se renvoient la balle ! ajoute le geek black à lunettes.
- Elle s'intéresse qu'aux décors et lui qu'au chant ! confirme un des deux geeks asiat'
- Y'a comme un no man's land au milieu ! conclut l'autre geek asiat'.
Ça fuse dans tous les sens comme d'habitude... c'est un feu d'artifice ceux-là :
- Nous, on s'en fout, on monte pas sur scène...
- Qui se paiera la honte de sa vie ?
- Les deux fi-filles !!!
- Y'en a une qu'est jalouse de l'autre et tout est prétexte...
- L'autre dès qu'elle a une extinction de voix c'est la faute au micro...
- Laisse tomber, elles ont qu'à crever...
- J'ai trop envie de me faire une petite partie de jeux vidéo...
- Ah ouais, le temps qu'on a perdu dans ces coulisses de chiotte, vivement la fin...
- J'ai les yeux explosés...
- Trop de lumière artificielle
- On est en manque d'écrans !
- De bugs...
- D'overclocking...
- De speedtest, de ping !
- Et de pong...
Ils ricanent bêtement de leur dernière blague mais j'aime bien leurs échanges...
- Y'a que des pongs ici pas assez de pings...
- Y'a que des cons ici...
- Surtout des connes...
Je les écoutais sagement jusqu'à maintenant, mais là je réagis... :
- MOI : Merci pour moi...
- T'es con ! Toi, t'es une exception...
- T'es la seule à pas rien branler.
- Puis toi t'es punie aussi...
- Puis toi t'es pas vraiment une fille...
- MOI : Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Ben t'as rien d'une fille...
- MOI : Je suis un mec moi ?
- Mais on n'a jamais dit ça...
Voyant qu'une tension inattendue est en train de naître, un autre geek tente de changer le sujet :
- Vivement que ça se finisse. Trop la honte de végéter là, j'ai trop le sum.
- Ouais on est tous en train de faire une overdose de sum !

J'ai fini par retrouver le sourire avec tous leurs dialogues désabusés.

Mais je vois pas ce qu'il voulait dire l'autre geek, sur le fait que je suis pas « une fille ». J'ai l'air d'un garçon manqué ? Il manquait plus que ça !

Grosse, moche, cruche... et maintenant camionneuse !!!

22 mai 2013

MERCREDI 22 MAI 16h55 : L'ALTRUISME DE L'ART

La prof d'arts plastoc annonce à toute la classe que nous allons chercher et trouver des idées de mise en forme pour le gala artistique annuel : « Nous allons écrire une histoire à partir de tout ça et tout le monde va participer. C'est aussi un travail d'art que de mettre en valeur les œuvres des autres ».

Jusque là ça va. J'espère que mon œuvre sélectionnée ne sera pas reconnaissable et que je pourrai passer inaperçue. (cf post du 15 mai)

Puis elle demande à ceux dont les œuvres ont été sélectionnées d'aller les chercher dans le cagibi du fond de la classe : les œuvres nous attendent dans un coin.

En rentrant dans le cagibi, le Tatoué s'exclame de joie : « J'en ai plein, j'en ai plein, même la boule de Noël qui a cramé ! ». La Gothique le félicite. Il jubile. Horripilant. Ce type a inventé la vanité.

Ah mince, dans le fatras de la prof, je reconnais au moins deux de mes chefs d'œuvre, puis trois... c'est raté pour passer inaperçue...

Et c'est long et lourd de les ramener un par un. Le Tatoué annonce à tout le monde qu'il a 8 œuvres sélectionnées.

Mince je vois un quatrième chef d'œuvre à moi... Tout le monde a déjà ramené toutes ses œuvres et moi je suis encore là à faire le transport. Le Tatoué lance une vanne à sa copine que toute la classe entend : « Elle va mettre tout le cours à ramener ses trois croûtes, c'est pour qu'on la remarque, elle adore ça ! »

Il est peut-être bon en arts, mais pas en intuition. On peut pas dire qu'il m'ait bien cernée.

Tout le monde m'attend, mais ouf j'ai fini, j'en ai ramené 6, des croûtes.

La prof au bout de quelques minutes émet un doute : « Mais il en manque ! ». Le Tatoué réagit immédiatement : « Plus pour moi, plus pour moi !»

Elle va voir dans le cagibi, cherche dans son bordel : « Eureka ! J'en ai d'autres là ». Le Tatoué se précipite seul et ressort du cagibi les mains vides, le visage décomposé.

La prof ramène une puis deux puis trois œuvres au pied de la porte du cagibi. Je suis rouge pivoine.
« Ben alors, c'est à qui ces œuvres ? Son propriétaire n'en veut plus ? Elle se cache... »

Puis elle me fixe dans les yeux : « Allez faites pas la modeste Alina, y'en a à vous là-dedans non ? »

« Han, j'y crois pas, c'est à l'huître, regarde ! ». C'est le Tatoué qui parle de moi alors que je suis en train d'aller chercher... les trois œuvres sorties du cagibi. Ça marmonne dans la classe et mes oreilles sifflent.

Tout le monde me regarde bizarrement et une fille me lance une pique : « T'es la nouvelle chouchoute, c'est officiel ! »

Mais la prof voit bien qu'il se passe quelque chose : « Arrêtez donc de compter, on est en arts plastiques, pas en mathématiques. C'est pas un concours, pas une compèt ! Je veux que toute la classe s'approprie ces œuvres et fasse des propositions. L'appropriation c'est ce qui peut sauver l'Art de l'oubli.»

Si tout le monde pouvait oublier que j'existe ! Durant cet horrible brainstorming, tout le monde me regardait, attendait que je parle : « Bah propose ! Tout est à toi, on va pas se faire chier avec que tes œuvres » lance la Gothique, sûrement en guise de représailles.

Mais je décide de me taire. Le Tatoué fait le mort aussi : lui qui se réjouissait avec ses 8 œuvres, n'arrête pas de recompter mes œuvres et il arrive... bien à 9...

Mais trente minutes plus tard il se réveille : « C'est de la triche, y'a une de ses merdes qu'a été divisée en deux, donc ça fait 8, égalité, égalité ! »

Il tente alors de les réunir, mais la prof intervient : « Non c'est mieux séparé, c'est plus parlant, ce sont deux œuvres distinctes pour moi et qui se cherchent l'une l'autre! ». Il fait la moue.

Et là j'ai pas pu m'empêcher de lui montrer les neuf doigts de ma main. Il m'a répondu dans le même registre mais avec un seul doigt... charmant !

La cacophonie s'est finie en pugilat : personne n'était d'accord sur la marche à suivre ni sur l'histoire à raconter, ceux qui n'avaient pas d'œuvre sélectionnée s'en fichaient, les autres tentaient à tout prix de mettre en avant leur rejeton au détriment des autres. Et le Tatoué tentait de mettre mes œuvres en danger par jalousie, il les mettait dans le passage afin d'être sûr que quelqu'un marche dessus.

Qui a dit que l'Art était altruiste ???

En fin de cours, je suis restée seule devant mes croûtes de toute sorte, tentant de comprendre pourquoi autant avaient été sélectionnées. Aucun fil rouge, aucun schéma directeur : un amas sans queue ni tête de peintures, de fusain, de sculptures, d'art contemporain, un concentré de maladresse ingénue, un éléphant dans un magasin de porcelaine, voilà ce que je vois.

Puis la prof me surprend dans ma réflexion et sourit : « Vous pouvez être fière de vous, c'est très inspiré, très sincère, très profond, plein de maturité. Je suis avare de compliments généralement car on n'est pas là pour ça mais prenez les, Sarah, ils sont mérités. »

On ne m'a jamais parlé comme ça de toute ma vie. J'en tremble... sans pouvoir la regarder.

« Je lis dans tout ça toute la souffrance, tous vos doutes, toutes vos émotions. C'est comme un roman. Le roman de votre année scolaire ».

Mince alors, quelqu'un a vu quelque chose dans le brouillard épais de mon âme.

Sur le moment, je suis émue, je la remercie, ses mots ont une grande valeur pour moi. Elle quitte la classe discrètement. Et je reste devant mon « roman » qui n'a toujours aucun sens pour moi. C'est dur à dire mais je crois que je suis une imposture artistique... peut-être la marque des plus grands !!!

21 mai 2013

MARDI 21 MAI 18h30 : LA CASSEROLE

Ce CPE m'a fait patienter 45 minutes de plus, parfait pour se ronger les sangs avant la sentence... Oh, je dois quand même avouer que le cours de piscine a un peu atténué le choc : ça m'a enlevé toute l'énergie nécessaire à l'angoisse. Je me sens un peu anesthésiée avant de me faire brûler sur le bûcher.

Mais ça commence fort dès que j'entre dans son bureau :
- Bon Sarah. C'est pas normal, tu t'attaques toujours au même genre de filles.
- Quoi ? Quel genre ? Je vois pas...
- Ben c'est évident... Alyssa, Sonia... des filles gentilles, des filles innocentes, des filles avec du charisme...
Ben vas-y remets-en une couche. Il veut surtout dire « Belle » pas comme moi. Il continue à parler mais je l'écoute à peine et je pense à ma petite déception du jour, la statue qui s'est un peu fissurée.
- Mais tu pleures ? s'exclame-t-il. Des larmes de crocodile ça !
Pour une fois que je pleurais sans me forcer, des larmes 100% naturelles. Et ben voilà, il n'en veut pas. Mon arme fétiche ne marche plus. J'ai besoin de parler, il va en faire les frais :
- C'est dur de se tromper sur quelqu'un.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? Je vois pas le rapport.
- On imagine rencontrer quelqu'un qui est enfin à l'image de ce dont on a toujours rêvé.
- Ouh la va pas trop vite, je comprends rien avec tes tournures ampoulées.
- On pense qu'on sera comprise, choyée, protégée par cette personne, qu'on est unique pour elle et là c'est la chute.

Tiens, ma dernière phrase le rend silencieux. Je le regarde, il est gêné et détourne les yeux. Je hausse les épaules. Il tente de reprendre le fil...
- C'est l'alter, la cation c'est l'altercation ? Oh puis merde...
Tiens je l'avais jamais entendu bégayer. Et il me balaie du geste afin de me mettre dehors illico.

C'est tout ? Pas de sermon interminable ? D'heures de colle ? Trop chelou !

J'aurais dû me réjouir de m'en sortir aussi bien, mais je m'en fous.

J'ai très faim, mon pot de Nutella du mois d'avril m'attend impatiemment, presque plein et il me tend les bras depuis un mois...

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