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16 ans, grosse & moche!

20 décembre 2012

JEUDI 20 DECEMBRE 23h10 : BILAN MI-FIGUE MI RAISIN

La journée se termine et j'observe le bracelet. Celui que je dois rendre. Il a été si facile de le voler, il va être très difficile de le rendre : comment, où,... Je ne peux pas dire la vérité sans me faire passer pour une folle.

J'ai pris quelques photos avec mon portable. On ne sait jamais si je trouve une occasion rapide pour réparer mon erreur. Je n'aurai plus de trace et ces photos seront le seul souvenir lointain de mon bracelet... même si ce n'est pas le même. La trace autour de mon poignet a presque disparu. C'est fini. Je coupe le cordon avec le passé, avec mon enfance. La dernière trace s'efface et toute piste avec...

Ce trimestre s'achève en demi-teinte :
1/ Je renoue avec Yunso, ça ne fait aucun doute.
2/ J'ai peu d'espoir avec David, on a franchi un point de non-retour.
3/ La guerre avec les Pestes est en pleine trêve après les événements, jusqu'à quand?
4/ On est 31 dans la classe et je suis 16ème, bah voilà 2ème moitié c'est ce que j'avais dit. Mais je ne suis pas dernière en sport, seulement avant-dernière. Grâce au javelot?

Ai-je vraiment avancé en 4 mois... Seul bilan positif et en-est-ce un? Le nombre de visites sur mon blog. A l'échelle du net c'est minuscule (et beaucoup moins que le petit chat qui chante en playback) mais à l'échelle de ma vie et du peu de gens avec qui j'ai parlé, c'est ENORME!

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20 décembre 2012

JEUDI 20 DECEMBRE 19h10 : BAD LUCK

Oh non... je suis arrivée en atelier « décors » avec l'espoir quasi acquis que tout allait capoter une bonne fois pour toutes. Par manque d'argent.

La prof est arrivée à l'heure. Remise de ses émotions d'hier. Comme si rien ne s'était passé. Et aucun regard noir, ma culpabilité n'est pas évoquée. Il manquerait plus que ça...alors qu'elle m'oublie à chaque fois, visage et prénom.

Le visage de la prof était même souriant : « Mes plaintes ont été entendues! Notre budget va considérablement augmenter. Au moins on ne sera pas obligés de réduire ma réserve à peau de chagrin. »

Son enthousiasme débordant tranchait avec ce qu'on ressentait, les geeks et les deux « tartes » du décors.

Mais en cette période de crise, où trouve-t-elle son argent? C'est peut-être l'argent de l'assurance de l'incendie d'hier. Non les dégâts étaient vraiment minimes... heureusement parce que sinon j'étais bonne pour passer en cour martiale en tant que pyromane. Et là j'ai l'impression qu'il n'y aura pas d'histoire. Elle a quand même dû se faire remonter les bretelles.

Elle a braqué une banque? Gagné au loto ou au casino?

« Les recettes de la fête de Noël de demain, grâce à la générosité de notre Proviseur, seront consacrées à notre atelier. Entre nous, le petit événement brûlant d'hier a dû faire pitié, tant mieux! »

Mon Dieu, le « petit événement », c'est l'incendie... et qui est responsable indirectement de ce remplissage inopiné de caisse?...

« On va pouvoir construire de nombreux décors, acheter un logiciel de son et de lumière. Hourra! Mais ça va nous faire plus de travail, et nous allons doubler les séances en fin de saison. C'est une vraie implication de votre part et je vous remercie de votre généreuse collaboration spontanée dans mon atelier. ». Elle avait l'air sérieuse, non elle ne sait pas...

Pourvu que cette fête de fin de Noël demain soit un flop : allez tous au régime! Raison de plus pour ne rien ramener demain. J'imagine déjà la mère d'Alyssa faire 10 gâteaux afin de racheter sa fille aux yeux du Proviseur...

Ou alors je ramène un gâteau avec un laxatif dedans... mmmh de quoi ruiner la fête...

19 décembre 2012

MERCREDI 19 DÉCEMBRE 19h45 : ON FIRE!

Tout est éphémère, le bonheur, l'amitié... et peut-être même l'amour! Voilà mon état d'esprit morose de ce jour.

Alors quand je suis arrivée en cours d'Arts Plastoc avec un sapin déstructuré à imaginer, je me suis dit « éphémère »! Mais comment mettre ça en pratique...

Une œuvre éphémère... qui se dégrade dans le temps... Un sapin ça ne dure pas longtemps, mais bon c'est un peu facile. Je suis allée voir dans la réserve de la prof. Depuis le temps qu'on en parle de cette réserve...mais qu'est-ce que c'est?

C'est un stock de bric et de broc, fermé à clé, une caverne d'Ali Baba sans valeur... mais on y trouve tout. De l'utile comme de l'inutile. Un escabeau, un four à micro-ondes, une télé cathodique sans verre, un aspirateur de table, une commode sans tiroir, une collection d'ampoules et de bougie, des louches, des spatules, une poubelle « jaune », des plantes mortes (normal y'a pas de lumière du soleil ici), des robes des années 70 qui ont déjà été dépecées par d'autres élèves, des barils, des malles rétros, des antennes de voitures (ça existe encore??), des essuie-glaces... Des anciens décors de théâtre. Je vais m'arrêter là avant de miner ma très faible audience. Effectivement ce lieu est une mine d'or.

Tiens des bougies comme on voit dans les films d'animation : au XIXème on mettait des bougies sur les sapins. Je vais prendre une grosse bougie et je vais planter des branches de sapins dedans. Génial! Comme c'est mauvais elle va adorer.

Vite fait mal fait! J'allume la bougie avec un briquet qu'on me prête (rappel : je ne fume pas encore et encore moins ce que fume David, mon très ancien ami). La bougie se ramollit, je coupe des branches, je les plante dans la cire en la ramollissant avec le briquet. Finalement ça ressemble à un sapin... qu'est ce que je vais faire de mon tronc de petit sapin. Bon sang, mais c'est bien sûr... dans la réserve il y a une râpe, je vais râper le tronc sur les branches : de la neige à la sciure de sapin. Excellent ça. Je m'épate.

Mais l'œuvre du jour est la boule sapin du Tatoué, c'est superbe. A l'intérieur d'une boule grillagée et ouverte, qu'il a recouverte délicatement et intégralement d'aiguilles de sapin, il a récréé un mini-sapin de Noël à partir d'une branche et il a trouvé des lampes à LED pour l'illuminer. Ça pourrait se vendre 150€ à Lafayette Maison. Et la prof est en extase, il est fier. Bref tout revient dans l'ordre.

D'autant plus qu'en passant devant mon œuvre, elle fait la moue. Et me demande ce qu'est cette neige : « de la sciure de sapin !». Son visage s'illumine puis se referme en un instant. Non elle n'y voit pas de génie, je suis enfin démasquée.

Elle nous demande d'entasser nos œuvres dans un coin et félicite le Tatoué : « c'est merveilleux, on comprend bien que Noël est une prison dorée, un carcan euphorique. C'est d'une profondeur. Comment magnifier l'horreur de cette fête! »

Ce cours m'a déprimée. Il est devenu politiquement correct de tailler Noël en pièces. C'est pour ça que ça ne lui a pas plu mon chef d'œuvre, j'avais tendance à dire que Noël était trop court, comme les bonnes choses de la vie.

En sortant sur le parvis du lycée, je cherche David du regard. Je me sens pousser des ailes d'ange gardien. Il n'est pas là. Alors que je m'apprête à partir, l'alarme incendie se déclenche dans l'école. Encore un type qui a fait un sale coup. Je reste par curiosité malsaine, pour savoir ce qui se passe.

Mince, ça a l'air sérieux. Les pompiers arrivent en trois minutes, sortent la lance, et reviennent cinq minutes plus tard en rigolant. Le dernier pompier escorte la prof d'Arts Plastoc qui a le visage noirci et qui parle dans le vide : « celui qui a fait ça a tout compris, Noël est un brasero qui consomme tout sur son passage. C'est pour ça qu'il y a autant de suicides. C'est destructeur Noël, je lui mettrai 20 sur 20 à cet élève »

Elle avait visiblement perdu une case depuis la fin du cours. Elle a dû avoir peur. Mais vu le temps passé à l'intérieur, les pompiers n'ont pas dû avoir grand chose à faire.

Et soudainement je réalise que je suis la reine des cruches. Et je me précipite vers la salle de cours d'Arts Plastoc. Les fenêtres sont ouvertes pour aérer, il n'y a pas de dégâts dans la salle, mise à part les œuvres du jour... Sarah, tu n'avais pas éteint la bougie avant de partir : la sciure s'est enflammée, les branches ont brûlé, l'œuvre du Tatoué a grillé en ne laissant que la boule en métal. D'autres œuvres insipides ont aussi été touchées. Ce qui reste intact est la bougie! Elle a résisté à tout, même au petit incendie.

L'ironie du sort c'est qu'un pompier ou la prof a utilisé un extincteur dessus, et maintenant les œuvres sont enduites de poudre blanche...de la neige quoi.

Je crois que le message est clair : le sapin n'a pas aimé être déstructuré, il s'est vengé. Et il a fini recouvert de neige comme il se doit. On ne touche pas à Noël impunément.

Mais que va dire le Tatoué quand il verra que mon œuvre a brûlé la sienne... Damned suis en danger. Le père Noël pourrait se transformer en ordure!

18 décembre 2012

MARDI 18 DECEMBRE 18h25 : CPE STORY

Quand faut y aller... Le problème est que je n'ai pas l'habitude de parler après les repas...enfin parler tout court. Et la digestion, comment dire, n'est pas le moment le plus propice à une élocution distinguée et claire. Je suis à peu près claire là? Trop de coca...

Je m'assieds, le CPE n'est pas très accueillant. Je pense qu'il a l'habitude d'avoir affaire à des gros durs et on m'a peut-être annoncée comme une dure à cuire. Un gros bulldoser écrase-tout! Ok il a un gros a priori sur moi. Et bien moi aussi sur lui : il sent la cigarette, il s'habille avec un haut de survêtement à zip, sûrement pour faire djeun's, il est coiffé en pétard et me parle comme si on avait élevé les cochons ensemble. Et il avale des Nicorette... c'est compatible avec la cigarette? Ou il ingurgite double dose de nicotine?

« Bon Sarah là, je vais pas y aller par quat' chemins. T'es sur la sellette, hein. On va pas se voiler la face. Bon on m'a dit que t'avais violemment agressé Alyssa qui t'avait rien fait. Et que c'est parce que tu supportes pas d'être orpheline quoi. Bon c'est bien résumé, non? »

Quand l'a priori se confirme...je dirais même que mon imagination était en dessous de la réalité. Je me tais en écarquillant les yeux.

« Non mais on va se parler franchement là. Alyssa, je la connais, hein, elle ferait pas de mal à une mouche. Elle est hyper appréciée, elle est déléguée de classe ». Il prend son air supérieur.

Première phrase qui sort de ma bouche et aussi méprisante que son ton à lui :
« Ah non elle est pas déléguée cette année »

Il me regarde comme une extra-terrestre idiote :
« Ah bon t'en es sûre? Parce qu'elle déléguée depuis la 6ème »?

Je suis consternée :
- Bah oui, je suis dans sa classe!
- T'étais là au moins le jour de l'élection?

Incrédule, il appelle le secrétariat pour vérifier :
« Ah bon? Mais comment ça se fait qu'on m'a rien dit, putain! »

Il lève les yeux au ciel et me regarde horripilé :
« Y me font chier! Prends pas exemple sur moi, j'ai de la merde dans la bouche. Mais au moins je parle comme vous! »

Sous-entend-il que je fais partie d'une catégorie? Et qu'il se met au niveau de cette catégorie? Non je pense modestement que je suis quasiment seule dans la catégorie des grosses moches mal dans leur peau mais avec un cerveau qui fume tellement je gamberge. C'est bizarre, on dirait un éducateur des banlieues chaudes... qui aurait eu une promo dans ce lycée public quand même très bourgeois. Mais avec qui sympathise-t-il et quels jeunes? Les dealers du lycée?
Désolée pour les cités qui me liraient : il me reste quelques préjugés! Pourtant j'ai regardé avec beaucoup de plaisir et de curiosité Sofia Essaïdi dans AICHA sur F2. Ca m'a presque donné envie d'aller habiter dans une cité et de vivre dans sa famille même si son père est un peu retors.

Je m'égare. Il me relance et s'ennuie avec moi puisqu'il fait autre chose en même temps (lire ses mails, draguer en ligne?) :
- Bon tu m'expliques?
- Elle m'avait poussée à bout.
- Alyssa? Pfff j'y crois pas.
- Elle a balancé à tout le monde que j'étais...
- Orpheline? Tout le monde s'en fout, c'est pas une tare. A part dans ta tête ma fille!
- Mmmh sûrement.

A-t-il saisi que ma dernière phrase était fortement teintée d'ironie? Non il est totalement déconcentré.
- Bah ouais tu vois!
- C'est vrai ça.
- Faut pas chercher midi à quatorze heures. C'est évident ça. T'en as déjà parlé?
- Non.
- Faut verbaliser là Sarah. Putain! Sinon tu vas droit dans le mur. Tu me comprends là? La vie c'est comme une route de montagne faut pas accélérer dans les virages. Tu me suis là hein?
- Oui pas trop vite dans les tournants d'accord.
- Et puis je me dis un truc. Elle est canon hein Alyssa, elle a tout pour elle cte nénette, tu me suis là hein?
- Euh...
- Ben ouais y'en a qui sont gâtés par la nature qu'est ce tu veux. Mais t'inquiète pas y'a pas que ça dans la vie. Bon on doit se voir tous les quinze jours c'est ça? Ou toutes les semaines?
- Ché pas...
- Moi non plus putain! On m'a rien dit! Bordel... On a bien avancé là non? Tu trouves pas?
- Ouais...
- On a gravi une colline là, je te sens à l'écoute, c'est bien, c'est déjà ça. Tu fais du sport? Faut que tu fasses du sport là, pour balancer toute ton agressivité. Tu peux pas te permettre d'agresser plus faible que toi. C'est pas la jungle ici. Tu comprends ça?

Mmmh tout dans la finesse cette homme. Je me demande si ses méthodes sont très académiques. J'avais regardé Victoire Bonnot avec la Damidot : bon c'est pas très réaliste, comme si dans un lycée on avait des élèves alcooliques et suicidaires, des CPE qui se déplacent chez les parents. Bref, l'image que j'ai de cette Victoire Bonnot est un minimum de finesse psychologique. Mais lui il a copié tout le côté rentre-dedans vulgaire de la Damidot-Bonnot (M. et Mme ont un fils...) tout en étant aussi psychologue qu'un joueur de foot en Equipe de France.

Son téléphone a sonné, il est resté quinze minutes en ligne, il jurait puis se marrait, lançait des ouais à tout-va, m'a proposé deux fois des Nicorette. Bref le temps était long et cet entretien pathétique. Une fois le téléphone raccroché, il a repris son monologue :

« Bon écoute on s'arrête là aujourd'hui. Je suis content là, t'écoutes, tu rebondis, t'es ouverte à la discussion c'est pas mal. On se verra après les cours la prochaine fois. Je peux pas te faire sécher comme ça. En plus tes notes sont moyennes... »

Me faire mariner quinze minutes pour conclure. Et la politesse, c'est pour les Chiens?
- C'est quoi le cours là que je te fais manquer?
- EPS...
- Merde!!!! C'est celui que t'as le plus besoin, pourquoi tu me l'as pas dit? Allez file, va taper dans un punching-ball, pas contre une gentille camarade qui t'a rien fait. Ouste!

Euh, j'ai seize ans donc une psychologie balbutiante au niveau des pâquerettes. Mais j'ai l'impression d'être plus avancée que lui dans ce domaine? Non? Un commentaire? Une remarque? SOS ce moment était navrant, suis la seule à m'en rendre compte? J'étais contente de quitter ce bureau puant et même d'aller en sport, bon c'est relatif.

Il a fallu que je me tape la honte en arrivant au sport une heure après tout le monde. Déjà que je me fais remarquer sans rien faire, alors si en plus je fais tout pour me faire remarquer, y'a plus rien à faire!!!

Je n'ai rien compris à l'organisation des groupes autour des agrès de gym. Alors je me suis bornée à faire des roulades avant quand la prof regardait dans ma direction. Ça va pas suffire pour l'illusion. Alors hop un petit coup de cheval, heu saut de cheval? Heu cheval d'arçon? Non je vais tenter les barres... Heu je sais pas si j'ai bien fait en tout cas, je me suis « viandée » et le flop du boudin sur le tatami a résonné dans toute la salle. Un écrasé de boudin.

En somme une après-midi écrasante.

18 décembre 2012

MARDI 18 DÉCEMBRE 13h20

David ne m'a pas décroché un mot hier, ni ce matin. Et je n'ai pas envie d'aller vers lui après sa brutalité et son indifférence vendredi. Il n'a pas l'air d'aller mieux et il somnole en cours. Bref ce ou ces joints ne lui réussissent pas du tout. En plus, il pue l'herbe mélangée à la sueur alors qu'avant j'avais droit au déo Narta à la Pierre d'Alun (et à un peu de sueur quand même).

Est-ce que ce produit si insignifiant aux dires de tout le monde peut provoquer un tel changement de comportement? David est un drogué? J'ai un junkee à côté de moi?

Non je me raisonne, ce type reste David, le garçon pince-sans-rire qui m'a épaulée sans hésiter. Je dois réfléchir. Je lui dois un petit quelque chose, un dernier.

Le CPE m'a donné rendez-vous à l'heure du cours de sport et le CPE a tous les droits. Si ça pouvait devenir un moyen de sécher le sport...Mais il m'a dit de prévoir de retourner en cours après notre rendez-vous. Moi qui rêvais que ce rendez-vous dure 2 minutes, et bien maintenant je prie pour qu'il dure deux heures. Va falloir que je parle encore et encore...

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17 décembre 2012

LUNDI 17 DECEMBRE 18h55 : LES CHIENS FONT DES CHATS?

Demain j'ai mon premier rendez-vous avec le CPE. Berk... Il va faire des expériences avec mon cerveau. J'en ai rêvé la nuit dernière : j'imaginais le type avec des électrodes et une machine des années 70 avec plein de boutons clignotants. Ou bien la machine de Lost dans laquelle il faut rentrer les mêmes chiffres toutes les heures...

En attendant je suis allée faire un tour dans mon bar préféré, le Rialto. Avec une toute petite inquiétude : allais-je être la bienvenue?

Marco était aux commandes, j'ai été reçue royalement. Ok Alyssa n'a rien dit, ça ne cadrerait pas avec son image de petit ange. La mère n'est pas là et d'ailleurs y est rarement. Ouf, je peux continuer mes petites habitudes : siroter une menthe à l'eau tout en faisant croire que c'est du Get27, jouer à l'adulte qui dépense son argent de poche quoi! Trop cool. De la bonne musique et du wifi gratos pour taper sur le clavier ailleurs que dans ma chambre. Entourée d'un monde vivant qui s'amuse et dont je me nourris par procuration.

Une heure passe, et je m'enivre de cet instant, seule et entourée à la fois. L'ambiance de Noël est perceptible, les Parisiens hargneux sont euphoriques. Est-ce que les Pestes sont elles aussi euphoriques?

Cette pensée n'est pas une coïncidence!! Alyssa vient d'entrer dans le bar avec sa mère. Au secours fuyons! Mais Alyssa me remarque... Que faire, s'incruster ou fuir? Résister ou se protéger? Mince elle parle à sa mère en me montrant du doigt. Si je suis assez solide aujourd'hui pour me battre contre la fille, ce n'est pas le cas contre la mère...

Je décide de capituler mais au moment où je referme la porte de la fuite, la mère se jette sur moi avec un œil de tueuse à gages et une langue acide tout en bloquant la porte : « vous n'êtes pas la bienvenue ici! ». Je ne réponds rien, je ne sais pas quoi dire, je rougis, je suis sur le départ et je n'y remettrai jamais les pieds.

« Claudia, laisse-là ». C'est une voix dure de dame âgée qui vient de s'élever au loin. C'est la mamie douce des lieux, celle qui me regarde toujours avec bienveillance. Claudia se retourne et m'ignore comme elle ignore la vieille dame et va pester dans son coin.

La Mamie me regarde avec bonté. Sait-elle que j'ai tiré les cheveux de sa petite-fille, que je les ai baignés dans la boue, que je l'ai enduite de boue, que je lui ai serré le poignet et que je l'ai quasiment giflée... Sait-elle que sa petite-fille me harcèle depuis mon arrivée, m'insulte sur ma mochitude et ma grossitude sans scrupule et me hait sans raison...

Elle me fait un petit signe, je lui souris et je pars remplie d'amour. Une inconnue peut-elle donner de l'amour à une autre inconnue? En tout cas quelques mots écrits récemment sur mon blog m'ont aussi fait ressentir ça.

Mon Dieu, je viens de réaliser que cette douce Mamie pouvait avoir une poigne de fer et qu'elle ne peut pas piffrer la Claudia. Sa fille? Ou plutôt sa belle-fille... ça expliquerait tout. Mmmmh

Le vautour qui est en moi reprend le dessus un court instant! Mais la grâce de Noël revient m'inonder...

16 décembre 2012

DIMANCHE 16 DECEMBRE 17h10 : TU AVOUES OU TU AVOUES PAS?

Je me suis réveillée ce matin en pensant au bracelet, celui que j'ai honteusement volé et qui est une copie quasi-conforme du mien. Celui qui me rappelle tous les jours que je suis une sale voleuse et que j'ai perdu le seul objet qui comptait pour moi.

Je me dis que si le destin l'a mis sur ma route, ce fichu bracelet, ce n'est pas pour rien. Et si j'ai perdu l'autre non plus. Alors je me décide à porter le faux bracelet à mon poignet. Et je me dis qu'il va se passer quelque chose. Rien. Bon je vais le garder toute la journée, on verra. Mais il est vraiment trop petit pour moi, il ne passe pas, c'est affreux.

Le mail d'hier me donne envie d'aller visiter les voisins. Il y a de la curiosité à regarder leurs visages maintenant que je sais plein de choses que je ne devrais pas savoir. Il y a de la culpabilité secrète à balayer en étant gentille et attentive. Ça va se voir que je ne suis pas naturelle non? Mais si je creuse au fond de mes envies c'est le manque qui me fait franchir ce palier, le manque d'amitié. David c'est foutu et ça me fend le cœur. Marco c'est mal parti avec sa sœur en embuscade, elle va me détruire si ce n'est déjà fait. Kamil est mal à l'aise depuis la boulette derrière le canapé.

J'y vais, et il n'y a que Yunso, tant mieux. Yunso est aujourd'hui naturelle et bavarde :
- Tu la connais un peu Alyssa non?
- Pourquoi?
- J'ai senti un gros malaise...
- Oui de loin.
- Tu n'étais pas comme d'habitude et tu as mis les voiles tout de suite... Tu ne l'aimes pas trop hein?
- Ca se voit tant que ça... Désolée.
- Non t'as pas à te justifier... Elle n'a rien laissé paraître, elle...
- Ca m'étonne pas...
- Mmmmh je lis en entre les lignes. Tu sais Sarah, même si tu l'aimes pas t'es toujours la bienvenue dans cet appart'. Je sais que tu as moins l'occasion de venir depuis les événements... et depuis que tu as le vieil ordi...
- Je te le rends quand tu veux.
- Non il est à toi, notre wifi aussi, je veux juste te dire que tu manques un peu à cet appart'.
Je pouffe de gêne. Mais elle a l'air sincère.
- Sérieusement! Sens-toi comme chez toi. Les problèmes sont résolus, tu ne tomberas plus sur quelque chose que tu ne dois pas voir. Je veux qu'ici il n'y ait que des bonnes ondes et qu'on conserve avec mes deux colocs une vraie amitié.
- Je suis désolée de vous avoir dérangés, c'est pour ça, et puis...
- Non c'est de notre faute et l'un de nous a brutalement changé les règles.
- Oui mais je m'en veux parce que...
- Non Sarah, keep cool, s'il te plaît oublie. Et quand tu auras 18 ans je te promets qu'on en reparlera. Tu veux boire quelque chose?
Elle rit et je n'ai plus le cœur à lui sortir les aveux qui me trottaient dans la tête.

Oui, je n'en pouvais plus. Elle était tellement attentionnée et sincère, le poids de la culpabilité d'avoir enfreint son intimité s'accentuait au fil de la conversation, il fallait que ça sorte... Et puis non! Pourquoi tout gâcher... Puisque je saurai tout dans un an et demi, lorsque j'aurai 18 ans.

Yunso me sert un verre de jus de fruits et me le pose sur la table basse en verre. Au moment de récupérer le verre, alors que j'étais débout le bras tendu, gros bruit de verre... le bracelet vient de tomber sur la table basse.

Yunso s'inquiète que cette œuvre d'art de déco soit abimée. Non tout va bien. Je reprends le bracelet et soudainement mon début de journée me revient en tête. Et si le bracelet venait de me parler...
- Tu pourrais m'aider Yunso pour un truc...
- Oui ce que tu veux.
- Tiens, ça te dit quelque chose ce bracelet?
- Non rien du tout pourquoi?
- J'aimerais savoir d'où il vient...
- Tu veux savoir si c'est une babiole à 10 euros ou une pièce de milliardaire?
- Non... oui?
- Montre...
Elle l'observe dubitative, puis ses yeux s'éclaircissent :
- Ça a l'air d'un travail de qualité. Tu l'as trouvé?
- Oui c'est à peu près ça.
- Tu me le laisses?
Je m'apprête à dire oui puis je m'inquiète qu'Alyssa tombe dessus. Alors j'invente une excuse bidon :
- C'est un cadeau mais je dois le rendre demain.
- Ah bon ? D'un amoureux?
Elle doit se douter quand même que ce genre de sentiment n'est pas encore arrivé jusqu'à moi. Avec mon physique, l'amour c'est jamais ou bien après trente ans c'est-à-dire après la chirurgie esthétique...Comment se sortir de ce guêpier...
- Non pas pour moi!
- Ah je comprends...mais tu hésites encore?
- Oh non!

Bref elle ne comprend plus rien, moi non plus. Elle n'insiste pas, jette un coup d'œil au bracelet sous toutes les coutures, puis est intriguée par le numéro. Elle finit par me le rendre et voit bien que j'ai du mal à l'enfoncer. Elle rit. Je cache ma vexation! Elle pense qu'un type m'a fait un cadeau mais que, comme il n'a pas vu que j'étais un boudin, je le largue avant qu'il s'en rende compte??? Je suis quand même pas si susceptible...bah si puisque elle vient de me vexer. Contradictoire Sarah...

15 décembre 2012

SAMEDI 15 DECEMBRE 12h : ANGE OU DEMON

Je suis foncièrement horrifiée par ce qui s'est passé hier. Ce type a plusieurs facettes? Et on lit tout et n'importe quoi sur le cannabis. Les habitués sont bienveillants! Mais l'accoutumance n'a pas l'air si drôle que ça : tremblements, yeux rouges, désocialisation... David n'en est pas là.

Je ne suis pas sûre de pouvoir lui trouver une excuse : il m'a méprisée avec son pote, il m'a poussée.

Là tout de suite, je n'ai plus envie de le revoir. Si c'était une peste, un inconnu, j'aurais déjà oublié ce moment. Mais là c'est un garçon que je croyais devenir mon ami. Le rejet est à la hauteur de la déception et des attentes... Bref!

Alors que je surfais sur internet, je suis arrivée par hasard sur un hotmail. L'identifiant est apparu tout seul, comme le mot de passe, j'ai cliqué sur ok. Et voilà que je débarque sur la messagerie hotmail de... Kamil!!!!

Son prénom apparaît en haut à droite, c'est le pseudo qui ressort quand il envoie un mail. Et quel autre Kamil... Bravo la confidentialité, si on peut plus avoir de vie privée, c'est honteux! Ça c'est Google Chrome avec toutes ces options pré-remplies : plus besoin de mot de passe... C'est ptet Google qui se venge de Hotmail/Microsoft...? Pauvre Kamil. Il est temps de refermer ça tout de suite. Je suis pas une fouineuse. Et je suis pas Big Brother. Et l'intimité alors?????

Il y a un mail non lu qui attire mon attention, l'objet étant « Mise au point » et l'expéditeur est Yunso. Ben oui ça me confirme qu'il se passe quelque chose entre eux... Enfin je suis pas tout à fait sûre...c'est peut-être un mail sur la copro et ses dysfonctionnements. Enfin pourquoi ferait-elle un mail alors qu'elle vit à côté de lui et qu'elle peut lui parler de ses chaussettes sales qui trainent à tout instant...non c'est louche mais ça ne me regarde pas.

Et cette conversation dans le local poubelle me revient... C'était dans un post du 4 novembre à 1h, 8ème point! Une conversation très ambiguë à laquelle j'ai assisté. Enfin c'était pas si clair... Faudrait pas que je fasse de gaffe... si je pouvais savoir si mon intuition est bonne... si je pouvais un peu mieux les connaître. Bon allez je clique et je regarde une seconde de quoi ça parle. Si c'est vraiment intime, je pars tout de suite.

Mon Dieu, Kamil se prend un énorme vent dans ce mail, han... c'est pire que ce que je pensais.
« Je t'aime bien mais c'est tout »
« Ok on a pris du plaisir tous les deux. Mais c'est pas ce que je recherche »
« Je ne pourrais pas vivre avec toi. Je ne pourrais pas vivre sans Marco »
C'est terrible : Kamil a un coup de coeur pour Yunso qui est amoureuse de Marco!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Pauvre Kamil, pauvre Yunso. Je vais peut-être pouvoir les aider maintenant que je sais ça...

Et voilà le mal est fait, j'ai honte d'avoir lu ça. Je suis idiote, comment une gamine comme moi avec une telle immaturité pourrait les aider! Je suis minable. Je suis voyeuse, perverse, je ne vis qu'à travers les autres, ma vie est vide. Pathétique. Chaque lecteur pourra m'insulter, me conspuer. Je suis bonne pour me confesser.

Mais c'est énorme. Et concernant Yunso et Marco je n'ai rien vu. Trop fort. C'est un scoop incroyable et passionnant.

Je suis qu'une crotte, je me pince pour me punir de ma curiosité malsaine.

Fascinant!

J'ai tout fermé, je ne le referai plus jamais. J'ai effacé tout l'historique et tous les cookies. TOUT.

14 décembre 2012

VENDREDI 14 DECEMBRE 18h10 : POMME POURRIE

A la sortie des cours vers 17h, c'est une rupture douloureuse qui s'est produite.

J'arrive sur le perron extérieur de l'entrée du lycée avant d'aller me balader. Et j'aperçois au loin une silhouette qui pourrait ressembler à David derrière un arbre. Je n'en suis pas certaine. Je contourne par la gauche en faisant mine de rentrer chez moi. Et j'ai l'impression qu'il fume. Il est accompagné d'un mec qui fume avec lui. Je repasse de l'autre côté si bien qu'au final je finis par former un cercle autour de lui.

C'est bien David. Et le type chelou qui fume avec lui me montre du doigt. N'importe qui d'autre que moi ne se ferait pas repérer. Bref. David me voit et lance une vanne à son pote, puis il m'ignore et son pote me dévisage tout en faisant des commentaires. Je ne me cache plus et mon cerveau fume...

Je me rapproche sans savoir ce que je vais faire. David et son pote mettent les voiles. Je pue ou quoi? J'arrive dans l'espace qu'ils occupaient précédemment et l'odeur de cigarette est inhabituelle, ça sent le gazon fumé, ou les herbes de Provence au barbecue. J'ai beau être d'une naïveté navrante, mon sang ne fait qu'un tour : David fume un joint très odorant. Du cannabis quoi!

Je ne vais pas me poser en « mère-la-pudeur » (j'adore cette expression) surtout que comme tout le monde j'aimerais bien essayer. Mais je me demande si son œil vitreux, sa perte de poids et son agressivité ne sont pas le fruit des « Herbes de Provence ». J'y connais rien mais il faut que je fasse quelques recherches... j'ai toujours cru que cette petite fumette faisait rire et détendait... ce n'est pas ce que je vois.

Instinctivement, je continue à le suivre sans réellement savoir ce que je fais : le protéger? Me protéger?

Et David se retourne brutalement, avance vers moi et m'agresse verbalement :
- Va te faire voir!
- Mais...
- T'es pas ma mère ni mon père ok?
- Ben non c'est pas nouveau, mais je croyais que...
- Tu croyais quoi? J'ai besoin d'air avec des potes...
- Tu fumes de l'herbe...
- De quoi je me mêle. Est ce que je te fais remarquer que tu bouffes trop et que tu t'engloutis trop de coca? Hein est-ce que je te le dis?
- T'es con.

David n'apprécie pas cette remarque et me bouscule au passage pour s'enfuir dans l'autre sens. Son pote de fumette le suit comme un bon toutou et me toise en ricanant.

J'observe, dégoûtée, les deux zombies qui ne savent pas bien où ils vont.

Je ne réalise pas les premières minutes, mais le ver est dans la pomme, le virus est dans mon corps. Des paroles et un geste violent... des souvenirs qui me donnent l'envie de vomir remontent à la surface... cette amitié branlante est en train de pourrir. Dans quelques jours la planche qui nous maintenait tous les deux en équilibre sera toute vermoulue...

13 décembre 2012

JEUDI 13 DECEMBRE 19h30 : NOTRE GEISHA DE SHANGHAI

La frénésie de Noël commence à s'emparer de l'école. Il y a une fête de fin d'année organisée par les délégués de classe (la raison pour laquelle Quentin avait pris son tel au cours « spécial javelot »). Je crois qu'ils voulaient faire une soirée mais ça se transforme en goûter vendredi 21 décembre entre 16h et 18h. L'occasion de tous se retrouver, en amis fidèles, en bons camarades, dans une ambiance solidaire et complice comme le reste du temps, bien sûr! Des gens doivent ramener des gâteaux! On doit acheter 50c la part. Pour remplir les caisses de l'école? Ça sent le Proviseur philanthrope à plein nez.

Punition « Théâtre ». Cet atelier est toujours assez mal organisé. La prof arrive en retard. Les geeks ne savent toujours pas quoi faire et ne s'imaginent pas en constructeurs de décor. En revanche ils ont fait des recherches sur des logiciels de lumière et de son. Alyssa regarde encore et toujours ce qui se passe derrière le rideau. Et moi j'attends...

C'est parti pour une heure de carton-pâte autour des toits de Paris. Alyssa demande si on doit faire des antennes sur le toit et des paraboles. La prof répond: « des antennes télé au XVème siècle voilà une merveilleuse idée ».

Le ton de la prof détonne avec celui d'Alyssa : la peste était bien sûr très ironique et la prof, pas du tout : « allez dans ma réserve chercher du métal ». Alyssa est partie, les yeux écarquillés et n'est pas revenue. J'ai dû trimer toute seule en copiant ce que faisait la prof : on aurait dit des toits chinois comme dans Kung Fu Panda. Elle va être sympa la comédie musicale : « Notre-Geisha de Shanghai ».

Tiens la Alyssa se ramène discrètement les mains vides. Tout le monde l'avait oubliée, elle ne sert à rien et défie sa punition. Malheureusement la prof lunaire ne se rend compte de rien sur sa planète et a oublié entre temps cette histoire d'antenne... La prof va de l'autre côté du rideau chez les artistes qui braillent. Alyssa nous regarde, moi et les geeks, méprisante et dégoûtée, puis va fouiner dans les coulisses. Pendant que les geeks jouent avec le carton pâte mouillé.

A 18h30, mon cerveau est farci de chansons niaises. Bilan :
- trois mètres de toits à moi toute seule.
- les geeks ont fait une momie vivante.
- Alyssa est restée de ce côté-ci 30 minutes en tout et pour tout. Non 20. Et n'a pas mis les doigts dans la mélasse.

Je prie pour échanger cette punition avec des heures de colle.

En plein départ, j'entends la prof d'arts plastoc discuter avec le responsable artistique de la comédie musicale (serait-ce le prof de musique?) et se plaindre qu'elle n'a pas assez d'argent pour son atelier et que les chanteurs lui prennent tout : « Tu comprends j'ai plein de bonnes âmes dévouées qui ne savent pas quoi faire, j'ai un budget ridicule, 100 fois moins que toi et je dois te faire une ville, une cathédrale, un autel, un bûcher, non non non va falloir partager sinon tu feras ta comédie avec un rideau noir. »

En voilà une bonne idée, on va coudre un rideau noir, chouette, on aura fini fin 2012.

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