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16 ans, grosse & moche!

11 novembre 2012

DIMANCHE 11/11/2012 20h : FIN DES VACANCES

La dernière journée est difficile. j'aurais voulu faire tant de choses : aller voir les jeunes pour les remercier encore et encore, chatter avec David pour savoir s'il boude, espionner le passage dans la rue, distiller quelques vacheries sur Alyssa auprès de Marco ou de sa si gentille grand-mère, prendre des photos avec mon nouveau portable (3MP pas mal, mieux que rien en tout cas), aller au ciné voir tous les films que je voulais voir, écrire enfin ce qui s'est passé au foyer avant mon arrivée ici et qui a fait basculer ma vie...

A la place j'ai travaillé sans relâche et sans entrain sur tout ce que j'avais à faire pour le retour au lycée demain. J'ai vraiment fait du chemin pendant ces deux semaines de liberté, mon chemin...

Et ce petit pas en avant me donne soudainement de grandes ailes : je veux une amie, je veux savoir si je peux aimer et ce qui m'attire, je veux savoir si je suis vraiment la plus grosse des moches, la plus moche des grosses...

Et je me surprends à tripoter mon petit bracelet métallique au design si mystérieux et qui fait partie de moi depuis si longtemps. J'ai grandi dedans et il a façonné ma peau, mon corps, j'ai dû l'élargir au fil du temps. Mon assistante sociale n'en sait rien et m'a toujours connue avec. Une chose extérieure qui fait partie de moi. Mais extérieure signifie quelqu'un d'autre qui me connaît et que je n'ai jamais connu. Et qui pense peut-être à moi ? Quelqu'un qui hante mes rêves...

Bizarrement c'est la première fois que je parle de mon bracelet à mon blog, la première fois que j'y repense depuis que je suis là... C'est comme un ange gardien qui prête attention à vous mais auquel on ne prête pas attention...

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11 novembre 2012

DIMANCHE 11/11/2012 0h05 : EPILOGUE

Yunso et moi avons échangé des sms dans la soirée :
« Est-ce que tout se termine bien? YS»
« Vous êtes mes sauveurs : comment vous remercier? »
« Kamil te devait au moins ça et le vélo est vraiment pour toi »
« Et pour l'ordi, super idée !!!! :-)»
« On écoutait derrière la porte, le vélo était prévu mais l'ordi impro totale de dernière minute! »
« Touchée, impressionnée. Ça leur en bouche un coin »
« Ça aussi ça nous a plu »

Je ne saurai jamais ce qu'il faisait, Kamil derrière le canapé. Je frapperai toujours désormais. Et l'ordi je le garde ?????????????????????????

10 novembre 2012

SAMEDI 10 NOVEMBRE 19h55 : FATAL ERROR – RESET?

Il m'est arrivé des anecdotes bizarres aujourd'hui.

Je suis passée chez les voisins, personne ne répondait, j'ai ouvert comme je fais souvent maintenant. Ils me laissent accès à l'ordinateur la journée à n'importe quelle heure et je n'hésite plus depuis le début des vacances. Je me suis assise discrètement au bureau et j'ai allumé le PC. Puis j'ai entendu des petits couinements, des respirations d'efforts. Genre salle de musculation : un mélange de douleur et de soulagement. Impossible de savoir d'où ils venaient au début, puis j'ai vu une tête transpirante dépassant du canapé. C'était Kamil.

Mon dieu! Je ne savais pas quoi faire. Partir immédiatement avec le risque de me faire voir entraînant une irrémédiable honte pour tous. Ou bien ne rien dire et me cacher sous peine de me faire passer pour une voyeuse perverse. Pas de doute sur ce qu'il se passait derrière le canapé...

Je pense que que si j'avais été une fille décomplexée, je serais restée, j'aurais écouté, j'aurais appris. Mais non je préférais le risque de me faire prendre en m'enfuyant. Je suis trop jeune ou trop prude ou trop fragile pour entendre un film porno à trois mètres de moi. Pas besoin d'un nouveau sujet de thérapie, j'ai déjà du boulot.

Je m'enfuis lourdement, mais finalement sans attirer son... leur attention. J'ouvre la porte au moment d'un petit cri masculin. Ouf sortie d'affaire...? A l'instant où je m'apprête à refermer la porte, la Vieille me tombe dessus, je sursaute, et elle me fait claquer la porte maladroitement. Plutôt que de se fermer elle rebondit et s'ouvre en grand. Un moment d'horreur qui me fait rougir de honte :
- la Vieille sur le palier d'un côté qui se demande ce que je fais chez les Jeunes aussi souvent, ce que je viens de faire là tout de suite alors que des bruits bizarres viennent de derrière le canapé.
- Kamil de l'autre côté qui doit se demander ce qui se passe en plein, en pleine, au beau milieu de , bref à un moment très intime qui ne vous regarde pas. Il arrête sa... son et sort le visage transpirant de l'arrière du canapé et nous jette un regard noir.
- Et moi la reine des gourdasses au beau milieu, les joues violettes, le cou tâché de plaques rouges, les mains tremblantes comme si j'avais fait quelque chose de très mal, prise la main dans la sac.

Mais qu'est ce qu'ils s'imaginent??? Finalement un mot est sorti de ma bouche, en me tournant vers l'un puis l'autre : « je suis désolée, je voulais pas... » et les deux en simultané et en osmose pour la première fois de leur vie : « mais qu'est-ce qui se passe ici? »

Je me suis enfuie dans l'escalier et la Vieille m'a hurlé dessus : « Tu vas voir, sauvageonne, ce que va en dire mon mari! ». Il était quoi...16h30?

J'ai ramé deux heures dehors en retournant le problème dans tous les sens, en cherchant la meilleure stratégie. Et finalement vers 18h30, alors que j'avais le cul vissé sur mon banc préféré, deux éléments inconciliables arrivent vers moi chacun de leur côté. Yunso et le Vieux! Comment faire pire?

Mais Yunso voyant le Vieux change de direction tout en m'adressant un clin d'œil. Le Vieux qui voit assez mal sur les côtés ne la voit pas puis s'adresse solennellement à moi : « Sarah, ma femme m'a appelé en urgence, il faut qu'on parle tous les trois, ça ne va pas du tout! »

Je me fais penaude et j'obéis en le suivant. Je vais passer à la casserole c'est imminent et ça va chauffer.

Une fois dans l'appartement la Vieille m'attend sur le canapé les bras croisés dans un silence religieux. La télé a été éteinte pour l'occasion et le chien a été enfermé dans une autre pièce (il risquerait de prendre ma défense). La Vieille jouit de cette situation où le Vieux va se déchaîner sur moi avec elle, une association vengeresse de Thénardiers. Tu parles, elle n'attendait que ça alors que le Vieux se rangeait régulièrement de mon côté ces derniers temps. Elle n'attendait plus que ça dans sa vie : me prendre sur le fait. Elle sait que les voisins, c'est mon talon d'Achille. C'est la fin de ma liberté. Et si encore elle m'avait simplement vue sortir de l'appartement, mais en plus il y a l'autre obsédé sexuel qui était en train de s'ébattre derrière le canapé et qui a montré son visage rouge et suant d'effort. De quoi imaginer le pire.

La Vieille entame le débat avec houle : « Voilà on en a la preuve maintenant, elle passe son temps chez eux , et elle assiste ou participe à des choses indignes de mon toit. Je n'accepte pas qu'une ado perverse vive sous mon toit. C'est le moment de la renvoyer et de tout dire à l'assistante sociale. Je n'accepte pas ses mœurs bizarres, elle a 16 ans. C'est une honte. Elle fait honte à notre foyer et à notre fille Emilie. Je ne veux plus la voir. Je ne me sens pas en sécurité »

Le grand jeu, pire que ce que je pensais. Le Vieux intervient, mécontent : « je t'avais dit de ne pas les fréquenter sous peine de t'y brûler les ailes, qu'as-tu à dire pour ta défense? »

Je suis paniquée, je ne sais pas quoi répondre, je me sens coupable en fait. Oui j'ai assisté à quelque chose là-bas et le Vieux a raison. La Vieille enfonce le clou : « Tu vois elle rougit. Elle est coupable. Et quand je l'ai prise sur le fait tout à l'heure, elle tremblait, elle était rouge, elle a foutu le camp. Et elle n'a rien à dire pour sa défense. »

Le Vieux me jette un œil de désespoir, de déception liée à un acte irrémédiable. Je me demande alors comment on a pu en arriver là en si peu de temps. Et au fond de moi je ne crois pas au départ, le Vieux ne peut pas me faire ça.

L'assemblée-juge sursaute lorsque la sonnerie vient retentir comme un gong. Tout le monde se regarde surpris : en effet la sonnerie personne ne l'utilise puisque personne ne vient jamais ici. Les Vieux n'ont pas d'ami, et je suis leur exemple! Alors qui peut bien venir mettre les pieds dans le plat à ce point? Est-ce le lynchage final ou bien le sauvetage divin?

La Vieux va ouvrir la porte alors que le Chien, brutalisé dans ses habitudes également, grogne derrière sa porte. Et là, l'assemblée tombe à la renverse...

Dans un feuilleton on aurait pu imaginer le retour d'Emilie!!! Et bien c'était Kamil, tout en sueur et en suie, ou plutôt en cambouis :
« Excusez-moi je viens apporter à Sarah le vélo que j'étais en train de lui réparer tout à l'heure... »

Mon visage s'illumine, la Vieille me mitraille pour lire la vérité sur mon visage, le Vieux fronce les sourcils et désavoue sa femme en haussant les épaules et en soupirant de ras-le-bol. La Vieille fulmine.

Yunso qui restait cachée derrière Kamil et le vélo, intervient : « Sarah on t'a aussi réparé l'ordinateur dont tu as tant besoin pour travailler et que tu n'as pas chez toi, tu vas pouvoir avancer comme ça ».

Je ne savais pas où était le vrai (le vélo?) ou le faux (l'ordi pour travailler lol) mais tout était extrêmement bien pensé, même machiavélique! Ces jeunes qui devraient n'en avoir rien à foutre de la grosse et moche du palier, viennent de me sauver la mise.

Le Vieux, agacé par la situation, n'écoute pas la fin de l'histoire et va s'enfermer dans son bureau.

La Vieille comprend que l'ordinateur est un reproche à son encontre et qui pourrait se retourner contre elle face à Rondin. J'en suis sûre. Elle sait très bien que son foyer d'accueil est « limite ».

Kamil conclut ce coup de maître : « Le vélo je te le laisse dans le local, il est à toi maintenant »

Les deux me font un petit coucou complice, ne saluent pas leur voisine et mettent les voiles.

Quelques secondes plus tard, je m'en vais vers ma chambre et je découvre en ouvrant la porte que la Vieille y avait enfermé le Chien. Il me saute dessus sportivement en me léchant le visage. Et je me laisse faire bouleversée par ce qui vient de se passer. Quelqu'un vient de faire quelque chose pour moi et un animal me témoigne une vraie tendresse que je ne lui connaissais pas.

Décidément ces vacances de la Toussaint auront été riches en événements et en révélations presque autant qu'en deux mois d'école.

Malgré ce petit tourbillon positif du jour qui assied ma présence durablement dans ce quartier, un petit os me turlupine : je ne sais pas faire de vélo...

10 novembre 2012

SAMEDI 10 NOVEMBRE 2012 13h20

Je suis en panique, je dois faire mes homeworks. C'est une cata. David m'a pas répondu, je l'ai vexé avec cette question. Peut-être qu'il n'appartenait à personne, peut-être à lui, peut-être qu'il l'a trouvé dans une poubelle. J'aimerais tant savoir. Et ma curiosité a jeté un froid. Il y a un mystère là-dessous, un de plus.

Décidément ces blousons qui se jettent sur mon chemin sont bien mystérieux. Je me demande ce que le Vieux a fait de l'autre blouson, celui qui faisait chialer la Vieille.

C'est un supplice d'écrire ces dissert' alors qu'écrire cet humble blog est un plaisir. Je suis une narcissique, je dois assumer. Tout ce que je reproche à Alyssa, je le suis un peu aussi. C'est navrant, je suis incohérente, grave!

9 novembre 2012

VENDREDI 9 NOVEMBRE 2012 21h10 : DEUX VIPERES!

Voilà une journée épique. Mon après-midi avec David. Évidemment ça a commencé dans le silence mais il était détendu et du coup moi aussi. La gêne était là, mais c'était pas pesant au point de vouloir se séparer vite. On s'est baladé, j'ai montré la fenêtre de mon appartement, le bar, les boutiques, mon banc, ma colonne Morris, le bar de la peste (ça l'a fait rire), et puis il m'a montré son quartier à 10 minutes d'ici, ses boulevards, sa vue sur la tour Eiffel, la vue sur le Sacré-Coeur, plus chic que dans mon coin.

Comme les blancs devenaient de plus en plus présents, on est allés au cinéma voir Paranormal Activity 4. Déjà 18h. On a décidé d'aller boire un coca. On a parlé du film où on était assez d'accord sans détailler non plus. Et puis je me suis mise à lui parler de ce qui me chiffonnait : « Tu sais quoi? Mes voisins sont trois étudiants assez sympas, et il y a deux jour j'ai découvert qu'un des trois était le frère aîné d'Alyssa! »
Il a ri puis a hésité avant d'enchaîner :
- Je la déteste! C'est une conne!
- Ah ben enfin quelqu'un qui l'a bien perçue!
- Pourquoi? Tu t'attendais à ce que je la prenne pour une sainte?
- Toute sa famille le croit oui!
- Non, incroyable! Elle porte un masque ou quoi...
- Et pire! Elle a fait croire à son frère qu'elle avait encore obtenu sa place de déléguée cette année!
- Ouh la menteuse!
Et voilà c'était parti pour une heure intarissable de quolibets sur Alyssa, sur son chien Ashley, sur son trophée Kevin.

Et j'étais le moteur de la conversation, et il riait, il m'encourageait. Je ne l'avais jamais vu aussi pétillant, et moi non plus d'ailleurs! L'adversité nous réunissait même si je sens que c'est pas son habitude de dauber comme ça. Je le déride, il se laisse aller. Un moment merveilleux de langue de pute.

Mais il a coupé court :
- Je dois rentrer, mon père va s'inquiéter.
- Ah ok, moi je suis pas pressée.
- Et tes parents?
- Je t'ai dit tu sais j'habite pas chez mes parents...
- Ah bon tu vis chez de la famille lointaine? Un oncle?
- C'est un peu ça. Et tu m'as dit que c'était chelou dans ta famille?
- Oui c'est pas facile de recevoir avec mon père, mais un jour où il est pas là, je te montrerai. Et toi tu me montreras?
- On verra...

On a hésité avant de se faire la première bise de notre vie. Et on s'est trompé de côté, ça a pris des plombes Et oui, quand on s'est retrouvé au début à 14h, on n'a pas osé à part un « salut » gêné.
Puis, après la bise, au loin, il m'a sifflée, je me suis retournée, il regardait mon blouson, touchait le sien et a fait un signe positif du pouce. J'ai souri bêtement avant de lui envoyer un SMS alors qu'il disparaissait :
« j'ai oublié de te remercier pour le blouson »
« j'ai oublié de te dire qu'il t'allait parfaitement »
« Je te le rends quand? »
« Jamais »
« il appartenait à qui? »

Aucune réponse depuis. C'est une question qui fâche?

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8 novembre 2012

JEUDI 8 NOVEMBRE 2012 17h40 : UN DEMON QUI SE CACHE BIEN

Je viens d'avoir une discussion décourageante avec Marco. Je n'ai pas pu m'empêcher de lui poser des questions sur sa famille.
- Je t'ai vu l'autre jour à l'anniversaire.
- Oui c'était celui de ma soeur, Alyssa.
- Tes parents possèdent le bar?
- Oui le Rialto, j'y travaille de temps en temps.
- Ta sœur aussi?
- Non elle a beaucoup de boulot, elle est en 1ère. Moi je suis à la fac... plus cool. Mais tu la connais peut-être, elle va au lycée juste à côté...
- Oui vaguement.
- T'es en quoi toi?
- En 1ère...
- Quelle spécialité? Elle est en L.
- Oui, tiens moi aussi.
- Et vous vous connaissez pas? Tout le monde la connaît, c'est la star de l'école. Mais elle n'en abuse pas. C'est une fille sympa, vous pourriez devenir copine, je vous présente?
- Non je veux pas, euh, je veux pas abuser, et puis je suis timide.
- T'inquiète pas elle met les gens à l'aise, tout le monde s'entend bien avec elle, et elle est toujours élue déléguée de classe!
- Pas cette année...
- Hein?
- Je disais je sais pas qui est élu cette année.
- Ben c'est elle comme depuis la 6ème. C'est une fille populaire. J'aurais aimé avoir sa popularité, moi j'étais plus réservé.
- Ah c'est elle la déléguée?
- Oui elle me l'a confirmé hier! Toujours au top la frangine. Tu veux que je l'invite à dîner un soir, vous ferez connaissance?
- Non je suis au régime!
- Un apéro?
- Idem les sodas, les curly trop de tentation. T'as vu le résultat? Non mais j'aurais trop honte et puis j'aurais trop envie. Trop dur à gérer.
- Mais tu mangeais une pizza l'autre jour?
- Les bonnes résolutions de la Toussaint...
- Bon dommage... mais tu rates une bonne copine, c'est un ange, elle te plaira.
- J'en suis sûre!

Oh là là...je suis pas sûre en tout cas qu'il connaisse bien sa sœur. C'est vraiment une comédienne cette pétasse.

Bon je vais avancer sur une dissert' à la con. Non Candide j'aime bien c'est rigolo. C'est un peu ce qu'ils sont tous face à Alyssa, des candides.

8 novembre 2012

JEUDI 8 NOVEMBRE 12h : CONSTRUIRE UNE AMITIE

Je me suis vite endormie, mais je me suis réveillée très tôt. Ça ne m'arrive jamais dans ce sens là. C'est la preuve que l'événement d'hier me travaille. J'ai parfois l'espoir de devenir un peu moins moche mais il y a toujours quelqu'un d'agréable pour vous ramener à la réalité.

Et puis je voulais aussi trouver une réponse pour David. Parce que à ce rythme là, il n'y aura plus de vacances et on sera déjà lundi en cours. Alors qu'est ce que je vais mettre? Faut dire qu'il m'a bien aidée avec son dernier message. Mais s'il a mis autant de temps à répondre c'est qu'il hésite à me voir, ou qu'il se sent obligé. Mince, j'avais pas vu ça comme ça hier soir. Mais moi aussi je mets trois plombes à lui répondre et ça ne veut rien dire. Bon ok, doutes évacués.

Ce qui est foncièrement ridicule ou navrant, c'est que je me pose mille questions comme une amoureuse alors qu'en fait je ne veux qu'être amie avec lui. L'amour fait peur c'est normal, mais l'amitié c'est pas fait pour ça. J'ai tellement aucune expérience d'amitié que ça me stresse. Et je crains même que ce soit insurmontable : je crève d'envie d'avoir n'importe quel ami, mais je suis terrifiée de la période où on construit une amitié. Comment on fait pour se faire le premier ami de sa vie? J'ai pas la clé moi.

Le seul truc qui me rassure c'est que je le sens bienveillant avec moi, et maladroit lourdingue, un bolos comme moi.

Je me lance.
« Cinéma? Snack? »
Réponse quasi instantanée.
« Tu me fais visiter ta maison? Ton quartier? »
« Mon quartier oui, ma maison non, suis pas chez moi. Et tu me fais visiter aussi chez toi? »
« Quartier oui, pas chez moi mauvais moment familial »
Je me suis tortillée une dizaine de minutes, j'aurais voulu qu'il prenne les devants, je savais pas quoi rajouter, quoi proposer. Et bingo il a pris le taureau par les cornes.
« Demain 14h ?»
« Ok ça me va on se retrouve à l'angle de ma rue... »

Je réalise en me relisant que j'ai l'air d'une groupie amoureuse. Mais je souhaiterais mettre les points sur les i et les barres sur les t et les tremas sur les u à mes nombreux lecteurs... non je ne suis pas amoureuse et pour de nombreuses raisons :
- Quand on est amoureuse on doit sentir quelque chose de fort, là je ne ressens rien à part ma morosité habituelle. Pas de papillon, de grenouille, d'étoile ou autre connerie du genre dont on entend parler à la télé.
- David ne m'attire pas : il est moche et maigre et je sais de quoi je parle, en tout cas sur le premier adjectif.
- Peut-être suis-je lesbienne? Ou asexuée. Bref rien de déterminé et rien qui me donne envie d'essayer quoi que ce soit.

7 novembre 2012

MERCREDI 7 NOVEMBRE 18h : CARICATURE!

A défaut de faire mes devoirs, j'ai décidé de faire chauffer la carte imagine'R aujourd'hui et je me suis retrouvée dans le funiculaire de Montmartre. Faut pas m'imaginer prendre les marches dans ce sens là. Mais au retour, je ferai un effort promis.

Sur la place du Tertre, il y a de plus en plus de terrasses de café et de moins en moins de portraitistes. J'ai observé sur une chaise et avec mon coca à 4€ spécial touriste gogo le va-et-vient des passants, la file pour se faire tirer le portrait, le résultat pas toujours au rendez-vous. Et puis cette odeur de graisse répugnante d'arrière-cuisine, même pour moi.

Dans les passants je reconnais la Gothique aux piercings de mon cours d'Arts plastiques, celle qui est collée au Tatoué super doué. Elle semble être toute seule, et se balade. Puis elle tombe sur moi, me regarde sans me reconnaître. J'esquisse un petit sourire poli, mais elle ne réagit pas. Normal je suis une 1ère, elle une Terminale. Mais elle continue à me tourner autour comme si elle cherchait où elle m'avait vue.

A force ça m'agaçait et j'ai pris mon masque de bouledogue en remplacement drastique de mon petit sourire forcé hypocrite. Une tronche qui disait « dégage ton regard de moi! » avec des yeux qui oscillaient de tous les côtés et qui la mitraillaient toutes les dix secondes.

Et ce manège a duré bien quinze minutes, me gâchant cette volontaire bouffée d'air frais (et gras). Il était temps de mettre les voiles. Une fois debout avec mes bottes, j'ai découvert qu'elle se tenait à côté du Tatoué, caché par quelques passants et qui effectuait des portraits sur son petit tabouret. Je croyais qu'il fallait une licence pour ça? Il n'avait pas de client et se marrait face à son chef d'œuvre. Et la Gothique aussi s'est mise à ricaner en voyant le résultat. Bon tant mieux ça signifiait qu'elle allait me lâcher la grappe.

Je commence doucement à m'en aller. Et puis la curiosité me ramène vers le Tatoué... Je voulais savoir ce qu'il avait dessiné et pourquoi c'était si drôle. Je fais donc mon espionne de haut vol, de touriste en touriste (facile avec les Américains de se cacher derrière, moins facile derrière un Chinois, ben oui je vous laisse imaginer pourquoi). Et là j'aperçois enfin l'objet de ma convoitise, une superbe caricature. Encore une fois ce type a du talent et n'est pas ici par hasard.

Superbe la caricature? Plus je m'approche, et moins je comprends pourquoi ils riaient. Il a dessiné sa mère? Ou une prof tiens? Des gros seins bien mis en avant, des bonnes grosses joues, des yeux de vache, une coiffure incompréhensible signe d'une tignasse mal domptée. Et ce monstre porte un blouson marron et un T-shirt blanc, quel drôle de look!

Alors que je continuais à décortiquer l'œuvre en fronçant les sourcils, la Gothique a mis sa main sur l'épaule du Tatoué qui l'a regardée puis s'est tourné vers moi. La Gothique m'avait repérée! Tout le monde semblait gêné à première vue, puis la Gothique s'est mise à pouffer de rire bêtement. Et lui s'est laissé glisser vers un regard diabolique et perçant dans ma direction. Il a fini par m'alpaguer :
- Hé salut viens voir, lance-t-il au loin
- Oh non fais pas ça..., avertit-elle
- Bah viens, faut pas avoir peur la chouchoute!
C'est moi la chouchoute? Je me rapproche, la Gothique se retient d'exploser de rire.
- Viens me dire ce que tu penses de ce portrait?
- Salut, bah c'est pas mal...
- Comme la prof te reconnaît pas mal de qualités j'aurais voulu avoir ton ressenti.
- Ben c'est une caricature...
- T'es pas si perspicace que ça. Caricature, le terme est un peu insultant.
- Ben désolé, j'y connais rien...
- Ah bah c'est bien de l'assumer. C'est un portrait.
- Ah?
- Et je garde jamais les portraits, je les rends toujours à ceux qui m'ont inspiré. Bon d'habitude je me fais payer, mais là comme on est dans la même classe, je vais faire un petit effort. Tiens je te le donne.

La Gothique explose littéralement de rire et ne peux plus s'arrêter. Explosion qui contamine le Tatoué et qui me tend le dessin. Évidemment, tout en saisissant naïvement le dessin, je comprends avec quelques secondes de décalage ce qui renforce l'effet comique. Et oui cette caricature c'est moi avec mes vêtements du jour. Il devait me voir au loin? Ou alors c'est alors elle qui lui a fait une description en temps réel. Un grand moment de honte pour moi. J'avais plusieurs options :
- chialer directement face à mon portrait : les larmes ne venaient pas, trop de monde autour!
- partir sans rien dire, ou plutôt m'enfuir comme une dératée : souffle et jambes coupés garantis malheureusement!
- tout casser : oui dans mes rêves les plus fous, mais je ne suis pas Hulk.
- gifler un des deux : le dessin est dans ma main droite et je ne suis pas gauchère...
- brûler le dessin : pas de briquet, je ne fume pas (encore)...
- ou bien pousser l'un sur l'autre : et imaginer les voir engloutis par la foule? Mmmh pas mal ça.

Finalement le cri du cœur m'oriente vers une dernière option inattendue de ma part :
- Tu crois que je peux le revendre sur ebay?, sort de ma frêle bouche
- Ça dépend de la valeur du sujet !!! , répond-il méprisant et défensif.
- Et de l'artiste?

Mais ça ne pouvait pas durer plus longtemps, je n'ai pas la répartie nécessaire pour lutter. Ça tombe bien, un troupeau de Japonais vient nous séparer et j'interprète ça comme le signal du lever de camp. Quelques minutes plus tard je suis avenue Junot et j'observe tranquillement le « portrait ». Celui d'une grosse et moche. Et c'est difficile à accepter. Le seul moyen de m'en sortir est de devenir un mannequin hideux loué pour son physique hors norme. Des larmes viennent brouiller le bas du dessin. J'étouffe et je veux mourir. Finalement un coup de crayon vérité m'aura fait plus de mal que deux mois d'Alyssa et d'Ashley.

Deux heures plus tard je reçois un SMS de David qui me sort de ma torpeur morbide, et de ma réclusion à domicile pour toujours : « Tu veux qu'on se voie? »

Ça arrive au bon moment et je me suis mise à écrire tout ça.

6 novembre 2012

MARDI 6 NOVEMBRE 23h05 : LE NEZ AU MILIEU DE LA FIGURE!

La journée avait si bien commencé, et pourtant...

En fin de matinée je suis allée poser ma graisse chez les voisins. Faire un peu de voyeurisme. J'avoue c'est un peu comme de la télé-réalité de palier. Et en ce moment il ne faut pas rater un épisode. De toute façon je fais partie du décor. Je ne dérange pas, je ne passionne pas. Une petite compagnie, un personnage secondaire qui assiste au lavage de linge sale en famille.

Marco était en train d'étudier, et je surfais sur internet. Et on s'est mis à discuter comme jamais. C'est lui qui a commencé, il avait besoin de faire une pause. Ça s'est transformé en interrogatoire pas désagréable. Même si je n'ai pas grand chose à raconter :
- Où étais-tu avant?
- J'étais au foyer pendant quelques mois.
- Et avant le foyer?
- Quelques familles d'accueil...
- Tu as beaucoup changé?
- Beaucoup trop, mais c'était pas de ma faute.
- Et tu changes d'école à chaque fois?
- Oui, mais on essaie de faire des années entières au même endroit avec mon assistante sociale.
- Et là pas trop dur de s'intégrer dans un nouveau lycée?
- Moyen, c'est toujours bizarre!
- Tu t'es fait des amis?
- Non.
- Des relations?
- Non. Le plus sympa c'est mon voisin de table. Par contre je me suis fait des ennemis! Deux pestes.
- Des filles?
- Oui deux tarées fashion, deux idiotes, méchantes, calculatrices et omniprésentes. En plus je les croise toujours dans la rue ces boulets...

Il a ri, sûrement surpris d'assister soudainement à ma transformation en moulin à parole. C'est un sujet qui me travaille beaucoup! Et que je n'évacue pas assez! Son rire m'a encouragée à en rajouter :
- Bon elles sont belles, et séduisantes, mais rien dans le ciboulot. L'une est le toutou de l'autre. Y'en a une qui a mis de la colle sur ma chaise. Et après elle a voulu devenir déléguée comme chaque année!
- Heureusement j'en connais pas des petites garces comme ça! Ma sœur a cet âge-là mais c'est un ange fleur bleue qui ne ferait pas de mal à une mouche.
Puis il s'interrompt, jette un œil à sa montre et m'annonce qu'il doit me laisser car c'est justement un anniversaire de famille, toute la famille déjeune ensemble. Il en avait peut-être marre de la conversation?
Je réalise que j'ai parlé d'une fille qu'il connaît peut-être!!! Dire qu'à un moment je pensais qu'il sortait avec Alyssa, lol! Il est amoureux de Yunso et est jaloux et puis c'est tout!

En début d'après-midi, je vais lire dehors sur un banc dans la rue. J'étouffe un peu dans ma chambre en ce moment. Et puis j'ai des tomes à lire. Fallait pas prendre la filière littéraire ma pauv' dame.

Mes yeux commencent un peu à fatiguer. Et j'observe un peu autour de moi. Les magasins, les gens qui passent, le bar, sa terrasse. Tiens Mamie sort en tenant Alyssa par le bras, puis c'est la mère qui vient les rejoindre. Les trois prennent place en terrasse. Le père arrive, s'assied puis se lève, va saluer une table, fait un signe de doigt au serveur en montrant la table. Le serveur ramène quelques coupes de champagne à la table. Sympa le père. Puis il parle avec le serveur discrètement qui s'exécute. Et va derrière le bar! C'est le patron c'est sûr! Mince les parents d'Alyssa sont les propriétaires du Rialto, le bar le plus sympa du coin. Mais c'est vrai que tout convergeait : Alyssa habite le quartier, sa grand-mère est très souvent au bar, et je crois que j'ai vu la mère d'Alyssa derrière le comptoir.

Non c'est pas ça la révélation finale. C'est pas fini. Les plus attentifs l'auront vu venir. Mais j'avoue avec le recul que j'aurais pu imaginer ce que j'allais voir. Je suis idiote.

Le père revient à table, fait un grand sourire. Et là un gâteau avec des bougies sort de la pâtisserie du coin! Le gâteau est déposé sur la table d'Alyssa, enchantée. Tout le monde la regarde, elle souffle ses bougies! Mon dieu si c'est son anniversaire, faites que... et badaboum, qui porte le gâteau? Un serveur? Oui. Un serveur que j'ai déjà vu au Rialto, oui! Le serveur embrasse Alyssa. Qui est le serveur? Ben oui, quelqu'un qui m'a dit avoir un anniversaire à fêter. A moins que ce ne soit une coïncidence...le serveur reste à table. Le serveur est un membre de la famille. Il y a Mamie Rinaldi, charmante avec moi, il y a les parents Rinaldi, la mère est classe, le père est fatigué et plus âgé, il y a Alyssa au centre, le petit ange et il y a son grand-frère, le serveur, celui qui prétend qu'elle ne ferait pas de mal à une mouche. Bien sûr le serveur est Marco, le grand-frère est Marco. Tout s'explique, tous les liens, le passage d'Alyssa dans l'immeuble, sa fuite à l'arrière avec la clé de son frère.

Mon dieu, je ne me suis pas aperçue qu'en état de choc traumatique, j'ai fait tomber mon livre dans le caniveau. Maintenant, il faut le récupérer, il est ouvert à cheval dans l'ouverture. Ça pue, c'est dégueulasse. Et qui passe à ce moment là? Kevin tête d'ange et le toutou Ashley. Évidemment ils me voient et éclatent de rire :
- T'as vu la dinde elle fait les égouts! , lance à haute voix Ashley
- Ouais elle fait sa petite crotte comme lui a appris sa maman , réplique Kevin avant de se rendre au bar rejoindre la petite famille.

Une famille réunie autour de la fille si parfaite, si douce. J'observe le spectacle soufflée. Le livre à la main noirci. Au loin les 2 retardataires embrassent Alyssa et me montrent du doigt. Ils se marrent. Et je reste paralysée, en voyant ça.

Déçue de ne pas avoir compris plus tôt ou d'avoir imaginé que Marco pouvait sortir avec elle. Déçue que le monstre soit de la même famille que le gentil Marco. Déçue qu'il ait l'image inverse de la réalité de sa diabolique sœur. Tout le monde doit la prendre pour une sainte. Le diable est pourtant là face à vous.

Tout ça me déprime car le diable se rapproche de moi et il porte un masque maintenant! Et ça me révolte. Il me reste une seule envie, envoyer un SMS à David...mais je baille, et je sais pas trop quoi lui répondre... et je sais pas trop ce que je veux. Alors voyons : quelqu'un de mon âge, pas trop méchant, pas trop extraverti, mais pas trop introverti pour pouvoir remplir les blancs. Non en fait il me faut quelqu'un qui ne m'a jamais déçue.

Et finalement David ne m'a jamais déçue.

« Cool moi il me reste tout à faire pfff. J'ai besoin de sortir ». En réponse à son SMS d'hier...est-ce que c'est bien clair?

5 novembre 2012

LUNDI 5 NOVEMBRE 17h35

J'ai croisé Yunso sur le palier qui avait l'air de porter une croix virtuelle sur les épaules. Elle m'a à peine dit bonjour avant de se sentir « obligée » de me proposer de recoudre le blouson.

J'étais mal à l'aise qu'elle « m'achète » comme ça. Et elle aussi d'ailleurs. Elle qui était auparavant volubile est devenue une couturière muette. Au moment où elle travaillait sur le blouson, j'ai reçu un SMS de David. Un signe sûrement :
« Hi t'as un 06 now? Un tel? Je fais rien, fini les dissert' hier, suis trankil jusko bou »

Argh, il m'aide pas beaucoup. Faut que ce soit moi qui fasse le premier pas. Mais on peut aussi se dire qu'il a fait un grand pas en me prêtant ce blouson. Ce qui me gêne et me freine c'est que je ne voudrais pas qu'il y ait une mauvaise interprétation de sa part. Vous voyez ce que je veux dire! Ce genre de chose ne fait pas partie de ma vie, il ne m'intéresse pas de ce côté là. De toute façon je ne suis pas faite pour ça.

Cette peur de mauvais décodage pourrait me paralyser définitivement. Mais une petite voix en moi me dit que je lui suis redevable et que je dois m'intéresser à lui. Il y a du devoir avant tout. Mais je ressens aussi une envie d'en savoir plus sur lui. J'ai l'impression qu'il souffre beaucoup comme moi, qu'il est renfermé comme un vieux placard moisi comme moi. C'est comme si la souffrance nous réunissait malgré nous. Mais peut-être que j'imagine tout ça chez lui. C'est peut-être simplement un gars comme les autres avec une vie normale, des parents normaux, avec une apparence de geek.

Il n'a pas le profil d'un 1ère L. Pas du tout. Ni le look, ni l'attitude, ni la culture littéraire. Je le vois en matheux débrouille, le genre à avoir 20 au bac en maths et physique-chimie, et 10 dans les autres matières. Il est en cela très loin de moi!!!!

« Sarah je voulais te parler de ce que tu as entendu hier ». Yunso m'a interrompue dans mes pensées. Brutalement. Je tentai d'atténuer un peu le choc :
- J'ai pas entendu grand chose...
- C'est nos histoires, ne t'inquiète pas, des trucs d'adultes, enfin je veux pas dire que tu pourrais pas comprendre. Mais c'est des trucs d'étudiants un peu immatures qu'on n'assume pas. C'est pas un bon exemple à donner tout ça. On va se plonger dans le travail et dans trois jours ça ira mieux.

A ce moment là, Marco passe et ignore Yunso. Et là elle a perdu la bonne figure qu'elle tentait de tenir. Et puis elle est partie pleurer dans sa chambre.

Marco n'apprécie pas visiblement qu'il se passe un truc entre Yunso et Kamil. Marco devait être intéressé par Yunso, et ce fourbe de Kamil lui a piqué. Fini leur belle amitié! Passé la joie de décrypter ce qui se passe, j'ai été envahie de tristesse. Ce petit havre de paix sur le palier est en train de s'effondrer. Et j'en suis la première victime. Pas de quoi se réjouir finalement d'avoir compris une partie de la vérité.

Mon blouson est comme neuf j'ai l'impression, Yunso avait fini avant de partir s'enfermer. Je lui ai écrit un petit mot de remerciement puis je suis partie.

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